L’Action Française ne pouvait pas ne pas réagir face à l’ampleur que prend le phénomène Zemmour. David Veysseyre analyse dans ce premier volet les raisons de ce phénomène, il reviendra ensuite sur le national-sionisme propre à Eric Zemmour avant de dresser un portrait de la France rêvée par le journaliste de CNEWS : une France inorganique, uniquement politique et républicaine.
En janvier 2019, j’écrivis un numéro spécial de 47 pages des Écrits de Paris dont le libellé du titre ne s’embarrassait pas de circonlocutions : L’imposture Zemmour. Il n’est plus disponible en numéro papier, uniquement par PDF. J’y faisais état de ma stupéfaction relative à la fortune que connaît ce forban de presse dans une partie de nos milieux de droite et de droite radicale et je mettais en garde notre famille politique contre la séduction qu’exerce à la fois ce héraut du national-sionisme par des discours prétendument radicaux, mais oh combien insidieux.
Horresco referens, on a pu ouïr ces derniers temps ici et là quelques voix qui s’élevaient implorant le journaliste prolixe et plumitif prolifique de se présenter à l’élection présidentielle. En ce 15 février 2021 par exemple, dans le journal maçon La Provence, Jacques Bompard vient de publier une tribune en faveur de la candidature à l’élection présidentielle du nouveau coryphée de l’espérance nationaliste. Cette tribune d’un homme si estimable et honorable en faveur de Zemmour devrait nous exhorter à la réflexion. Je rappelle que Jacques Bompard à Orange (son épouse Marie-Claude a fait le même travail à Bollène, mais moins longtemps) peut être considéré à maints égards comme l’ornement de notre famille politique dans la mesure où c’est le seul à avoir réussi à s’implanter depuis maintenant un quart de siècle dans une grande municipalité. Il a prouvé en cinq mandats, nonobstant toutes les conjurations de médiocres et d’envieux, sans compter toute la vermine gauchiste crasseuse (profs, associations diverses, syndicats professionnels, partis), qui se coalisaient contre lui, que la gestion d’une commune par des hommes traditionnels, classiques et enracinés était possible ; il a prouvé que la droite radicale n’était pas une tourbe de tranche-montagnes juste bons à discourir pour réaliser tout l’inverse ensuite, comme on l’a constaté tant de fois dans cette sentine d’incompétence et de nullité que fut toujours le FN et encore plus le néo-FN actuel. C’est pourquoi la parole de l’honnête homme Jacques Bompard compte et nous devons la considérer comme plus importante que les autres. Récemment, Ludovic Lefebvre, délégué du Parti de la France pour Paris, a rédigé également une tribune parue sur le blog de Thomas Joly. Il opine également que Zemmour devrait se présenter.
Il est constant que les arguments de Messieurs Bompard et Lefebvre ne sont pas du tout sots et ineptes, ils sont rationnels, je vous encourage à prendre connaissance de leur tribune respective. Marine Le Pen est un monument d’incompétence, d’inculture et de mauvais goût, elle nous fait honte et une candidature de Zemmour serait en effet un moyen d’en finir définitivement avec ce parti et de convaincre sa tenancière en chef de se consacrer à sa vocation profonde, vocation à laquelle elle n’aurait jamais dû forfaire : l’élevage de chats.
Je ne veux pas être polémique ici. Quand une nation n’est même plus capable de trouver parmi ses enfants des représentants dignes, elle se donne à n’importe qui. Rappelez-vous ce qu’aurait dit Jugurtha dans la guerre éponyme, le Bellum Jugurthinum narrée d’une main de maître par Salluste, le meilleur peintre de la décadence de Rome à la fin de la République. Le chef numide de Cirta (actuelle Constantine en Algérie) ayant stipendié tous ses juges à Rome pour avoir un jugement favorable, se serait récrié en revenant en Afrique :
Urbem venalem et mature perituram si emptorem invenerit, « Rome est à vendre et elle périra si elle trouve acquéreur ». Il en est de même pour la France.
Il n’y a plus rien à tirer de nos peuples en grande partie déracinés, hébétés, abâtardis, avilis depuis trop longtemps par des promesses égalitaires du plus bas aloi, devenir roi à la place du roi. Depuis 1789 chez nous, plus tard ailleurs, des millions de sous-prolétaires sont devenus rois, sans les supériorités d’éducation, de goût, de culture et encore moins de race (lignée qui s’enracine dans un passé millénaire s’entend) que l’on est en droit d’exiger pour qui veut parvenir et briller. On peut maintenant s’imaginer ce qu’un tel dépérissement enfante au plus haut sommet de l’État. Il suffit de s’aviser de la nullité, du désastre anthropologique et disons-nous de la sous-humanité de tous les derniers présidents de la Ve République.
Mon vieux maître Maurras, dans son plus grand livre, Mes idées politiques, livre qui fut toujours un viatique pour moi déplorant ladite sous-humanité des chefs modernes, disait déjà en 1937 au chapitre des « Conditions de l’autorité vraie, L’éducation des chefs »
Le trésor intellectuel et moral dont il [les chefs républicains] leur appartenait de recueillir l’héritage a été dédaigné et finalement s’est perdu. Ainsi en disposa l’esprit de la démocratie libérale qui a désorganisé le pays par en haut, (…), il a fait abandonner le seul instrument de progrès, qui est la tradition, et la seule semence de l’avenir, qui est le passé. L’histoire de la troisième République peut suffire à montrer l’inconvénient qu’il peut y avoir à livrer la législation, les armées, l’économie, la diplomatie, et toutes les formes de l’autorité et de l’influence à des esprits sans direction et sans culture, à des cœurs sans maîtrise et sans dignité. L’histoire symétrique de l’Angleterre conservatrice, où tout ce qui gouverna et servit dans les hauts emplois avait subi la dure et longue préparation intellectuelle et morale des vieilles universités, à grand renfort de vers grecs et de discours latins, vérifie combien il est certain que le bonheur réel des peuples dépend du bon dressage de leurs conducteurs. L’épée du conquérant, le bâton du pionnier, même le crayon de l’homme de bourse, toutes ces modalités de la force et de la ruse peuvent et doivent réaliser de grands biens à la condition d’avoir passé le temps nécessaire sous la férule de l’éducateur. Tout ce que l’on ôte à la férule n’est pas ôté à la férule ni à l’autorité qui la tient : cela est retranché à la masse entière du peuple ; c’est la nation et le genre humain qui sont les premiers dépouillés. La diminution du commun avoir intellectuel et moral est une perte pour tout le monde : les petits y perdront autant que les grands. Ils y perdront même beaucoup plus que les grands, car ce qui perfectionne, affine, élève les grands constitue, au profit des autres, la garantie la plus précieuse et souvent la seule, contre les abus du pouvoir auquel exposent précisément les grandeurs. Certaines nuances de vertu et d’honneur, certains beaux accents persuasifs de la voix qui commande sont les fruits directs de la seule éducation.
La Révolution, mère de tous nos maux
Ce qui est consommé est consommé, mais je tiens bien à démontrer ce que nous avons perdu en 1789 et ce que nous ne réussirons plus jamais à reconstituer aujourd’hui : une dynastie royale, des longues lignées qui s’enracinent dans la longue histoire millénaire de ce pays, un goût, une haute culture, mais haute culture ordonnée au bien commun (Maurras parle ci-dessus de vers grec et de discours latins, mais entendons bien ce que signifiait Maurras, savoir du grec et du latin pour avoir un concours ou briller en public est complètement vain, il s’agit ici de culture classique qui doit participer à la formation d’un homme ayant vocation à servir un pays et une civilisation, à incarner l’universel et le particulier à la fois, le meilleur dans ces deux ordres bien entendu), une attitude, un discours, un comportement rationnel, une continuité, etc.
Notre seule consolation est l’espérance qui est universelle, mais aussi un fait positif, tangible et historique : nous sommes certes le pays de la Révolution, mais nous sommes aussi celui de la contre-révolution et du légitimisme. Aux avortons et aux culs-de-jatte à l’orgueil blessé (c’est ainsi que Chateaubriand qualifiait certains révolutionnaires exaltés) Danton, Sieyés, Marat, Barras, Robespierre, Barrère font pendant la chouannerie, la chambre introuvable de 1815, Joseph de Maistre, Louis de Bonald, Blanc de Saint-Bonnet, Charles X, Chateaubriand, Balzac, Barbey d’Aurevilly, Bloy, Maurras, Daudet, Bainville, Drumont, Albert de Mun, René de la Tour du Pin, Frédéric Le Play, ainsi que de nombreuses phalanges d’écrivains toutes aussi brillantes, énergiques et inexpiablement hostiles aux idées modernes égalitaires et cosmopolites héritées de 1789. La dernière pléiade en date étant celle des Hussards du siècle dernier, dernières reliques de la France monarchique, historique et organique, magnificente droite littéraire et buissonnière de formation maurassienne (J. Chardonne, M. Aymé, R. Nimier, M. Déon, J. Laurent-Cély). Toute cette longue tradition devrait nous raffermir. Mais hélas, la loi de régression des castes dont parle Evola n’a jamais été autant confirmée qu’aujourd’hui.
Dans les années 30, l’Action Française détenait le sceptre de l’intelligence dans toute la droite française et son magistère intellectuel s’étendait bien au-delà de ses frontières idéologiques. Proust était par exemple un fervent lecteur de la feuille de Maurras, Daudet et Bainville et il confessait même qu’il prenait de l’altitude mentale en la lisant.
Une issue à vue d’homme difficile à entrevoir aujourd’hui
Maurras parlait des hommes de la IIIe République, mais que dirait-il aujourd’hui d’un Chirac, d’un Sarkozy-Mallah, d’un Hollande, d’un Macron ? C’est d’autant plus grotesque que l’on nous présente ces histrions comme des éduqués, des distingués, l’élite, à commencer par les cacographes du journal Présent qui rêvent apparemment des palais de la Gueuse et de devenir énarques…
Dans nos solitudes d’Europe de l’Ouest affligées par l’absence de transmission depuis tant de décennies, à commencer par la France, dont l’histoire glorieuse s’abîma dans une révolution d’avocats ratés, de plumitifs crasseux, de prêtres défroqués et de fonctionnaires concussionnaires, il n’est donc pas surprenant qu’un animateur télé et un forban de presse feignant le palladium de la tradition et vociférant des discours aux accents conservateurs et nationalistes, soit l’ultima ratio regum d’un peuple de droite désespéré, désemparé, stupéfié et ne sachant plus à qui se vouer.
Mais comme toujours, l’homme est dupe et aime être dupé et il ne s’agit pas ici d’exhorter nos amis politiques à être méfiants, la méfiance instinctive est une attitude malsaine, la tradition catholique de notre culture, qui est aussi païenne (aristocratique basée sur l’honneur) ne l’oublions pas, nous invite en outre à être toujours confiant en notre prochain et charitable avec lui. Cette charité a cependant quelques limites quand notre patrimoine immatériel est menacé, pis quand il s’agit de confier sa protection et sa promotion à une personne, dont la fonction consiste en principe à honorer ces nobles obligations.
Dans les années 30, nous avions encore une Action Française très puissante, comme organisation politique et comme organe de presse, mais aussi pléthore d’autres ligues, de feuilles, d’organisations et de formations nationalistes diverses. Qui a remplacé aujourd’hui l’Action Française ? Qui a remplacé nos feuilles capiteuses, érudites et très engagées à la fois comme l’Action française, Candide, Je Suis Partout, Gringoire ? Zemmour !
Mais sans même disputer de la baisse de niveau, de goût, de lettres et de culture, partant de l’abîme résidant entre cet animateur-télé et folliculaire prolixe et toute la droite intellectuelle éblouissante hautement cultivée et brillante de l’entre-deux-guerres, c’est la fortune des idées de Zemmour qui ne laisse pas d’inquiéter et même de tourmenter des homme traditionnels et classiques désirant voir le pays où il sont nés demeurer dans un minimum de continuité anthropologique, ethnique, culturelle et historique. Il ne s’agit pas de blâmer Zemmour parce qu’il est juif, nous ne nous mouvrons pas à ce niveau, car ce procédé est indigne et vil ; encore moins de signaler sa parentèle interlope comme certains n’hésitent pas à le faire, procédé encore plus abject et que nous réprouvons avec la dernière énergie, il rappelle la Sippenhaftung des anciens Germains, le kanun des Albanais actuels et la vendetta de certaines régions italiennes comme la Corse. Nous ne sommes pas responsables des actes de nos ancêtres et des membres de notre famille. Peut nous chaut aussi le sionisme de Zemmour, Israël est un État souverain et les juifs ont le droit d’avoir leur État comme les autres. Nous connaissons également des juifs qui ont été des patriotes, voir même des hommes exceptionnels et accomplis, des gentilshommes, des nationalistes sincères comme le Badois Paul Nikolaus Cossmann et le Prussien Ernst Kantorowicz en Allemagne ou tout simplement des êtres d’une rare qualité, merveilles du genre humain à l’instar de la philosophe Simone Weil (ne pas confondre avec l’abominable avorteuse Simone Veil). Nous désavouons aussi toute analyse et démarche complotiste, quelle qu’elle soit ; le complotisme est la providence des sots et ruine le peu de crédit que nous avons.
L’imposture Zemmour
Il s’agit donc de dénoncer ici Zemmour dans ses œuvres en quelque sorte, nous nous appuyons uniquement sur des faits positifs, au premier chef sa double-éthique, qui nous semble ici parfaitement juive et ensuite ses idées indigentes, très modérées et complètement républicaine. Rien ne distingue le polémiste de Cnews du Système, dont il est le pur produit. Nous voudrions simplement prévenir les hommes estimables et honorables comme Jacques Bompard et Ludovic Lefebvre, qui sont de bonne foi et d’honnêtes patriotes soucieux de voir leur pays se perpétuer et leur peuple se survivre. A l’instar de beaucoup de leurs pareils, ils abominent le RN et ils ont raison, mais prennent cet individu pour un homme défendant et promouvant des idées saines et traditionnelles. Le seul problème est que les tribunes de Messieurs Lefebvre et Bompard cachent une énorme forêt, qui est elle, peut-être beaucoup moins rationnelle.
Le nombre de sectateurs du journaliste vedette de notre famille politique, sectateurs ayant abdiqué tout jugement et même toute espérance, ne cesse également d’augmenter et cela nous consume d’affliction. Nous sommes donc en droit de faire connaître nos préventions et nos inquiétudes devant de tels ralliements et de tels enthousiasmes.
Que l’ancien militant d’extrême gauche Robert Ménard qui singe aujourd’hui le bourgeois de droite à Béziers mette Zemmour sur le pinacle, n’est pas trop grave, son parcours parle pour lui, le caractère, la gravité et la constance doctrinale ne doivent pas être ses premières qualités. Il en est de même pour Jean-François Touzé, dont il faut connaître les multiples positions depuis 20 ans, sans compter son admiration pour l’œuvre de Matzneff… Ce qui est plus inquiétant en revanche est de lire le journal Présent pour se convaincre de l’aveuglement, de la naïveté d’une grande partie de notre famille politique. Il fallait lire par exemple le principal soutien journalistique de la nef des fous marinistes fin 2018. Son rédacteur en chef Françis Bergeron avait décidé de faire concourir le énième livre de Zemmour, Le Destin Français, pour le prix des lecteurs du journal. Mais le paroxysme de cette hystérie collective fut atteint quand on a pu lire sous la plume exaltée de Françis Bergeron, sans doute transporté par la lecture du Destin français, une litanie de louanges à l’adresse de l’œuvre du nouveau prince de la droite. En voici quelques extraits qui sont représentatifs, emblématiques et symboliques de l’hystérie régnante : « l’érudition le dispute au talent polémique »; « une synthèse si brillante, si intelligemment émaillée de citations iconoclastes »; « œuvre qui mériterait de passer à la postérité », etc. Rien que ça !
Essayons ici de démystifier les zélateurs de l’animateur-télé en examinant tout simplement l’essence de la pensée de Zemmour : sa vision toute prosaïque et républicaine de la France s’inscrivant dans un national-sionisme d’un fort mauvais aloi.
Nous pouvons circonscrire l’idéologie de Zemmour à deux étais : le national-sionisme et la défense d’une France inorganique uniquement politique, républicaine et universelle, sans aucune identité historique, linguistique, charnelle et religieuse. Cette dernière est chez Zemmour de « droite », national-sioniste, c’est-à-dire indifférente aux communautés naturelles, mais individualiste, sécuritaire et défendant les honnêtes gens à commencer par tous nos boomeurs 68ards à la retraite qui ont ruiné 1500 ans d’histoire en 60 ans. Zemmour est le premier soldat de la république et de la démocratie libérale, c’est pourtant le régime qui souille tout, ruine tous nos héritages, hébète nos compatriotes, interdit toute transmission, corrompt nos gouvernants. Mais c’est aussi un gage de sécurité pour les juifs, qui eux se protègent et sont jaloux de leur culture. Si un juif était conséquent avec lui-même, il abhorrerait la république et tout le salmigondis républicain qu’on nous sert matin, midi et soir dans les médias, les discours politiques et à l’école. La république insulte normalement au judaïsme et à son attachement naturel aux traditions. Ce dernier est cependant invisible au milieu d’un peuple autochtone déraciné, avili et dépravé. Une république universelle, la France nouvelle de 1789 fût-elle de droite, ne sera jamais la France, elle reste un terrain vague, c’est la société ouverte de Popper, qu’il opposait aux sociétés fermées, sociétés qui ne sont pas du goût de Zemmour et de beaucoup de ses amis, à part en Israël…
David Veysseyre
Le prochain volet traitera du national-sionisme de Zemmour.
Ça donne à réfléchir. La suite est pour quand ? Merci à l action Française et à M. VEYSSEIRE que je n’ai pas l’honneur de connaitre