L’homme moderne est un enfant. Depuis la déclaration des Droit de l’Homme et du Citoyen, l’homme est un être sans racines, sans attaches, en perpétuelle situation de mineur. Il demande des autorisations pour tout : pour faire construire, pour conduire, pour chasser, pour instruire ses enfants chez lui, pour monter une école et aujourd’hui même pour aller au restaurant ou prendre un train.
Cette situation de mise sous tutelle des citoyens tient au fait que la figure du Père est confisquée par l’Etat. L’homme moderne n’est jamais père. Ni socialement, ni civiquement, ni politiquement. C’est si vrai, que la paternité moderne n’a pas de définition. La paternité d’un père se résume à la place que lui concède sa compagne, un rôle par défaut, qui ne recouvre de réalité qu’administrative.
L’Etat est allé très loin dans l’arasement de la notion du «père ». Ce qui est vu par les féministes comme la disparition tant souhaitée de « l’autorité paternelle », est surtout la mort du père en tant que pierre angulaire du Politique.
Avec la mort du Père – initiée par la mise à mort du Roi, a débuté l’explosion du rempart protégeant les familles : la disparition de la notion de « bon père de famille » dans notre droit en est le signe tangible. La Gestation Pour Argent en sera la déroute définitive. Chaque fois que l’Etat légifère intrusivement dans ce qui est des libertés familiales, la ruine progresse toujours plus : abolition de la fessée, quasi interdiction de l’instruction en famille, obligations vaccinales, partage des congés parentaux…
Les féministes ont préféré la mise sous tutelle de l’Etat de tous plutôt que de s’interroger sur la mise en œuvre des libertés. Elles ont préféré voir mourir le Politique contre des carnets de chèques bancaires et un droit de vote fallacieux, mensonger et inutile.
Pourtant la paternité – comme la maternité – est une caractéristique de notre commune humanité. Mais il y a une différence fondamentale dans la mise en acte de la paternité. La maternité est un état, elle se vit ; la paternité, elle, se choisit. Tout enfant est ” reconnu ” par un père, là où il naît d’une mère. Cet acte libre de reconnaissance est le plus souvent le fait du père naturel, parfois par d’un père adoptif ou symbolique.
En ce qu’elle est un acte de la volonté, la paternité est une liberté, elle est une responsabilité : elle est Politique.
La reconnaissance d’un enfant change profondément le rôle social de l’homme qui en fait acte. Par cette décision, il entre, en relation symbolique avec le féminin en vue de la sécurité, de la santé, de la salubrité et de l’éducation de sa progéniture. Autrement dit, il prend sa place d’homme en tant qu’axe anagogique dans le monde. Il prend ainsi sa place en tant que maillon de la chaîne de la transmission. Le père est donc par nature la figure anti droitdelhommiste.
Par l’acte de reconnaissance de ses enfants, l’homme pose dans l’ordre naturel, la pierre de fondation de la cellule prépolitique qu’est la famille. En découlent des devoirs et des responsabilités nombreuses, pour le bon exercice desquels la société lui octroie ses libertés publiques et privées.
La famille est la grande perdante des choix anthropologiques, juridiques et politiques de ces soixante dernières années du fait de la mort du Père.
Refuser cette figure du père, c’est s’attaquer à l’un des murs porteurs de la famille ; c’est dissoudre la structure même du corps social pour la remplacer par un agrégat d’individus atomisés et sans liens. La disparition du père, c’est la mort à terme de toutes nos libertés.
Sans un retour au pater familias, s’en est fini de la civilisation. Cessons donc d’être des mineurs, halte aux enfantillages pour que nos enfants soient à nouveau libres sur la terre ferme de leurs aïeux.
Monsieur K