La Croix titrait le 18 janvier de cette année : « La fin annoncée de l’adoption en Ukraine relance le débat sur la GPA », commentant : « La réforme de l’adoption doit être votée définitivement ce mardi 18 janvier. Elle limite davantage l’adoption internationale. Elle ne sera plus possible dans certains pays, comme en Ukraine, alors que dans ce pays perdure la gestation pour autrui, comme le dénoncent certaines associations. ». Cette bataille de la GPA, nous la perdrons, comme toutes les autres, la machine à broyer les consciences étant trop forte pour que nous puissions lui résister. Qu’importe, notre combat doit se poursuivre et nous devons lutter de toutes nos forces contre toutes les nouvelles barbaries.
Ne nous leurrons pas, le mariage pour tous fut une porte ouverte à la PMA, PMA qui elle- même nous commandera d’autoriser la GPA. Mais qu’est-ce que la GPA si ce n’est la chosification de l’enfant, la réduction d’une personne à un bien dont d’autres peuvent disposer pour assouvir leurs désirs ? La GPA est un nouvel esclavage. Quelle différence entre la mère qui portera en elle un enfant pour autrui et les marchés d’esclaves ? Un vendeur, un acheteur, un marché. La finalité de l’acte ? Je ne vois guère de différence et m’étonne que l’Homme blanc si friand de repentance ne s’offusque pas d’instaurer ce nouvel esclavage. Disons-le tout net, la GPA n’ira pas sans trafic d’enfants. Comment pouvons-nous en être aussi sûrs ? Nous n’avons qu’à regarder les pays européens qui pratiquent déjà légalement la GPA rémunérée : la Géorgie, la Russie, l’Ukraine et l’Albanie.
En Géorgie, le 25 août 2020, la ministre de la Justice Tea Tsulukiani a introduit les nouveaux amendements qui restreignent la loi sur les mères porteuses. Désormais, les parents d’intention, « impliquant à nouveau une femme et un homme seulement », doivent avoir vécu ensemble depuis au moins un an avant d’entamer les procédures de GPA. Marié ou non, le couple, confronté ou non à des problèmes d’infertilité, qui souhaite réellement avoir et élever un enfant, doit s’engager à l’éduquer et « ne pas prendre l’enfant en Géorgie pour violer ensuite ses droits ». Nous ne nous arrêterons pas sur la médiocrité de ces restrictions si peu contraignantes – marié ou non, confronté ou non à des problèmes d’infertilité, une seule année de vie commune, etc -, mais sur ce qu’elles signifient. Ces différentes décisions visent à empêcher – ou du moins à limiter – le trafic d’enfants ou la traite des nourrissons. Parlons clairement : si ces amendements furent faits c’est parce que ce trafic existe et est rendu possible par la législation à travers la notion même de GPA rémunérée.
Trois choses. Premièrement, la GPA en elle-même fait de l’enfant un objet. Deuxièmement, il est donc naturel qu’elle puisse être rémunérée, tout bien peut être l’objet d’un marché. Troisièmement, tout marché n’est contrôlable qu’à un certain degré et engendre des réseaux parallèles non surveillés. Qu’importe les amendements votés, la Géorgie s’est engagée dans une voie sans issue où la misère humaine sera exploitée et les enfants vendus. La GPA acceptée, aucune digue philosophique ne peut empêcher les pires dérives. Que penser de ces enfants commandés avant le confinement et qui ne purent être livrés à leurs « parents » d’adoption ? Ils subissent le même sort que les autres marchandises, c’est-à-dire qu’ils sont stockés en attendant de pouvoir être livrés ; la situation de ces bébés est particulièrement dramatique en Ukraine où ils sont réunis dans des pouponnières improvisées par les agences de GPA. Ces bébés passent leurs premières semaines en isolement, quel traumatisme cela peut générer et quelle abomination est présente sous nos yeux. « Même dans les cas où les commanditaires viennent réceptionner l’enfant, l’enfant est toujours séparé de sa mère de naissance, délibérément exposé au risque bien connu de la blessure d’abandon, un choc traumatique majeur qui, s’il est révélé par les circonstances présentes, existe dans toutes les GPA » (Infochrétienne.com). Et que dire des commandes qui seront abandonnées pour diverses raisons ? Nous nous rappelons de ce fait sordide qui eut lieu en 2014. Un couple d’Australiens commande une enfant en Thaïlande, malheureusement celle-ci était trisomique et souffrait de problèmes cardiaques ; ce même couple renonça donc à la prendre, abandonnant la commande, et prirent sa sœur en parfaite santé. Quand la qualité n’est pas au rendez-vous, on exige un échange ou un remboursement. Ou plus récemment, en 2021, ce couple d’Italiens qui abandonnèrent une petite ukrainienne : « « Une affaire qui fait froid dans le dos ». « Celle d’une petite fille d’un an née d’une gestation pour autrui commandée par un couple italien et ensuite abandonnée à Kiev, comme un objet entassé dans un entrepôt ». Simona Baldassarre, députée européenne, a porté l’affaire sur le plan politique. Les commanditaires italiens s’étaient rendus à Kiev en août 2020 pour avoir recours à une mère porteuse. Mais, après avoir pourtant reconnu l’enfant, le couple la confie « à une baby-sitter trouvée sur place par l’intermédiaire d’une agence d’intérim ». Aujourd’hui, suite à l’intervention du Service de coopération policière internationale, en collaboration avec la Croix-Rouge italienne, la petite fille va regagner l’Italie pour y être confiée à l’adoption » (Génèthique).
L’observation des horreurs qui se produisent dans les pays où la GPA rémunérée est légale doit être un de nos principaux arguments dans notre lutte contre cette pratique inique qui s’oppose fondamentalement à la dignité de l’Homme.
Guillaume Staub