La macronie ne recule devant rien pour ouvrir la voie à une société de plus en plus mortifère. Et de ce point de vue la crise du covid 19 et la tyrannie sanitaire dont elle a été le théâtre et le prétexte favorise ses desseins. De même que l’on facilite les procédures et que l’on raccourcit les délais pour divorcer, de même que le Parlement a voté la possibilité de changer de patronyme sans aucune raison, au moins une fois dans sa vie, ce qui détruit encore davantage la famille, le rattachement à des racines et efface encore un peu plus la figure du père décidément honnie, de même qu’a été légalisée la PMA sans père, voici que par un décret publié le 19 février il est désormais possible d’avorter en téléconsultation jusqu’à neuf semaines d’aménorrhée. Mise en place pendant le confinement en 2020, cette mesure consistant à permettre aux femmes voulant avorter d’être reçues en téléconsultation par un médecin ou une sage-femme et de pouvoir retirer leur prescription mortifère dans une pharmacie proche de leur domicile et d’avorter seules chez elles avait été présentée comme provisoire. C’est toujours ainsi que les tenants de la culture de mort et du meurtre de masse procèdent : on présente des mesures objectivement criminelles comme expérimentales, transitoires, à l’essai et finalement non seulement on les inscrit dans la durée mais on en aggrave sans cesse la nocivité et l’horreur. Le délai de l’avortement médicamenteux à domicile est donc officiellement et définitivement rallongé, passant de cinq à sept semaines de grossesse, soit de sept à neuf semaines d’aménorrhée. Tout est fait, on le voit, pour faciliter, favoriser, démultiplier l’accès à l’avortement. Et naturellement on ment de manière éhontée en faisant croire aux femmes que l’acte en lui-même est anodin et n’a rien de traumatisant. Or, une jeune femme ayant hélas avorté à domicile confiait ces jours-ci sur Twitter que, contrairement à ce qu’on lui avait dit, ces avortements à domicile ne s’apparentent nullement au simple fait de prendre un cachet : « Hier, j’ai avorté. Et je crois qu’il faut que j’en parle parce que ce que j’ai vécu est finalement très loin de l’idée que j’en avais. […] J’ai l’impression qu’on cache une partie de la violence du procédé. » Eh oui, tuer un être humain, la chair de sa chair, le fruit de ses entrailles, c’est tout sauf un acte anodin, cela ne peut se réduire à prendre un cachet et se dire : après, c’est fini, on passe à autre chose. Il y a un mensonge énorme dans la propagande abortive qui est de faire croire que pratiquer une IVG, comme ils disent, c’est un acte banal, sans conséquence, comme prendre le métro ou faire ses courses.

Et ils vont toujours plus loin dans l’horreur et la folie : ce mercredi 23 février, l’Assemblée nationale vote en dernière lecture la proposition de loi du député, Madame Albane Gaillot, qui étend les délais pour avorter, cette fois-ci de manière chirurgicale, de douze à quatorze semaines de grossesse. La loi sera promulguée dans les jours qui viennent. Un allongement des délais qui conduit à écraser la tête du fœtus, à s’acharner sur lui pour qu’il meure alors qu’il a déjà tout d’un être humain, un cerveau, un cœur qui bat et qui ne demande qu’à aimer et à être aimé, des bras et des jambes, une âme immortelle. Les parents sont toujours émerveillés de la première échographie de leur enfant où déjà se dessine un petit homme, où prend forme dans le ventre de la mère leur progéniture, ce qui sera leur plus grand bonheur, leur plus grande fierté, où l’échographiste donne à entendre les battements du cœur du bébé.

On nous parle beaucoup pendant cette campagne électorale du Grand Remplacement. Le bigame Eric Zemmour en fait le cœur, le centre de ses discours et de ses préoccupations. Valérie Pécresse elle-même a employé à plusieurs reprises ce terme pour essayer de retenir ses électeurs tentés par la thématique de l’ancien journaliste. Désormais Jordan Bardella, président par intérim du Rassemblement national, utilise également ce concept que rejetait pourtant il y a peu encore Marine Le Pen qui y voyait sottement la marque d’un esprit complotiste. Mais ce qu’aucun des candidats à la présidentielle ne dit, c’est qu’il n’y aurait pas de Grand Remplacement, ou plus exactement que ce phénomène n’atteindrait pas l’importance, la gravité qu’il revêt s’il n’y avait pas chaque année en France l’avortement, c’est-à-dire le froid assassinat, d’environ 220 000 enfants français parfaitement viables et éliminés, sacrifiés sur l’autel de l’individualisme, de l’irresponsabilité, d’un égoïsme monstrueux, d’un refus de la vie et de la transmission.

Or ni Valérie Pécresse, ni Marine Le Pen, ni Eric Zemmour, ni aucun autre candidat susceptible d’obtenir d’ici le 4 mars les 500 précieux parrainages ne remet en question, même à la marge, ce permis de tuer, ces assassinats industriels. Pas plus qu’ils n’entendent limiter, restreindre, décourager la contraception de masse qui, elle aussi, est mortifère. Zemmour et Le Pen se sont publiquement prononcés pour la gratuité de la pilule pour les jeunes femmes jusqu’à 25 ans. Drôle de façon de vouloir lutter contre le Grand Remplacement. Car si les jeunes Françaises, les jeunes Européennes ne veulent plus d’enfants, à cause des contraintes que les grossesses et les naissances engendrent, alors, immigration ou pas, nous sommes perdus. Et c’est bien le problème actuellement : le refus de la vie. Lorsque j’étais au lycée à la fin des années quatre-vingt, j’étais déjà étonné de la façon dont on nous parlait de la grossesse qui était presque assimilée à une maladie, à un danger, à un grand malheur. Et les médecins qui venaient faire l’apologie du préservatif masculin censé protéger du sida insistaient surtout déjà sur les dangers d’avoir un bébé. On nous répétait qu’il fallait nous protéger avec le port de ce plastique infâme, comme on nous dit aujourd’hui de la même façon qu’il faut nous protéger avec le port du masque sur la bouche et sur le nez mais en réalité c’est la même logique mortifère et contre-nature qui est à l’œuvre : le refus de la vie, de l’engagement, de la transmission, du don de soi, le fait de considérer l’autre, non comme une personne à aimer, avec laquelle on peut construire quelque chose de solide, de sain, de durable, d’authentique si l’on s’entend bien et que l’on a des convictions communes, des centres d’intérêt semblables, mais comme un danger potentiel qu’il faut fuir ou dont il faut se défier en se protégeant par le port de masques ou de condoms. On est là à des années-lumière d’une société civilisée, raffinée, conquérante, pleine de vitalité, de joie, d’espérance, d’enthousiasme, qui aime et diffuse la vie, qui n’hésite pas à risquer, à se donner, à se sublimer, à se dépasser, à se transcender.


Certes, l’immigration massive que nous subissons à jets continus depuis des décennies est une menace sérieuse pour l’avenir de notre peuple, de notre nation, de notre continent, de notre civilisation. Mais il est plus grave encore que la submersion extérieure, c’est la subversion intérieure. Il y a un danger plus périlleux que les agressions externes, c’est la dissolution, l’effondrement, la démission interne, le suicide assisté.  Les Canadiens français, bien que dominés politiquement, ont résisté au Québec pendant plusieurs siècles face aux assauts du Canada anglophone et protestant grâce à leur foi catholique profonde, à leur vitalité démographique, à leur conscience nationale, à leur rayonnement spirituel. Mais tout s’est effondré à partir de la révolution tranquille de 1960 et des années et décennies qui ont suivi. De même les Espagnols catholiques ont mis plusieurs siècles à reconquérir leur intégrité et souveraineté territoriales lors de la Reconquista, mais ils y ont parfaitement réussi, précisément parce qu’ils avaient conservé de fortes convictions religieuses et nationales, qu’ils croyaient en eux-mêmes, à la justesse, à la noblesse de leur cause. On peut être minoritaire à un moment donné dans son pays, c’est certes un grand malheur qu’il ne faut souhaiter à personne. On peut toujours espérer reconquérir ce qui a été momentanément perdu, et en attendant conserver ce qui peut l’être, refuser le métissage, l’abdication de sa foi, de ses convictions, de son idéal. Mais si l’on n’a plus aucune certitude, aucune colonne vertébrale, aucune racine à laquelle se rattacher, si l’on ne sait plus d’où l’on vient, qui l’on est, où l’on va, si l’on n’a aucun attachement à la terre d’où nous venons et où nous retournerons, si l’on ne sait plus si l’on est un homme ou une femme, si demain on peut décider de changer de patronyme, de genre, d’identité, d’orientation sexuelle, de partenaire, de nationalité, de religion, comme l’on change de chemise, si l’on refuse absolument le principe de la transmission, de la vie, alors il n’y a plus aucun avenir, plus aucun espoir possible. Il n’est plus qu’à tirer l’échelle.
Macron règne actuellement sur les ruines de la gauche et de la droite non pas seulement à cause de la faiblesse et de la médiocrité de ses concurrents, et de l’atomisation, de l’éparpillement de l’offre politique mais aussi parce que les autres partis, les autres candidats, tout autant qu’ils sont, ne proposent en rien une réforme intellectuelle, morale et spirituelle. Ils ne sont en rien une véritable alternative au macronisme cosmopolite et mortifère. Aucun n’appelle, et pour cause, à une révolution des âmes, précisément parce qu’ils n’ont en eux aucune flamme, aucune doctrine, aucun principe directeur. Il n’est que de voir leur vie, leur parcours, leur profil, leur carrière pour s’en convaincre. Plus d’un quart des Français disent actuellement qu’ils ne se déplaceront pas pour voter lors de la présidentielle. Beaucoup de nos compatriotes considèrent cette campagne morne et sans intérêt. Mais comment pourrait-il en aller autrement lorsque l’essentiel est mis de côté, nié, occulté ? Car ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre mais de nourriture qui réchauffe le cœur, élève l’esprit, dilate les volontés, éclaire les intelligences et rassasie l’âme.

Source : Éditorial de Rivarol Gérome Bourbon

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