Après la soirée Valérie Pécresse vs Éric Zemmour, deux questions se sont posées. Un, Z a-t-il eu plus raison que VP ? Réponse, oui, cent fois oui. Pas toujours, mais dans l’ensemble. Deux, a-t-il remporté le débat ? Réponse tout aussi claire, non. Ce fut un match nul à tous les sens du terme, inaudible, pénible à regarder avec les tics appuyés de l’une et de l’autre, d’un niveau intellectuel regrettable, sans formule de choc ni argumentation irréfutable – et au bout du compte sans vainqueur. Le coq de C News, qu’on attendait sûr de lui et dominateur, n’a pas su prendre le meilleur sur la pintade d’Ile de France, et c’est en soi une défaite, une déception déterminante pour ses admirateurs et un enseignement capital pour les observateurs que nous sommes. Il semble désormais exclu qu’il parvienne au second tour, et, si par quelque hasard fantasque il s’y retrouvait quand même, il ne jouirait plus de l’avantage que lui prêtaient certains sur Marine Le Pen, sa supposée supériorité dans un débat-clef : n’ayant pas su maîtriser Valérie Pécresse, partirait-il vraiment vainqueur contre Emmanuel Macron ?
Maintenant que l’illusion de la candidature Zemmour, que nous dénonçons depuis longtemps, se dissipe aux yeux de beaucoup de bons Français qui l’ont partagée, il n’est utile ni qu’elle se dissipe trop aux yeux de la droite molle, ni de s’appesantir longtemps sur l’insuffisance du Z. Une campagne présidentielle ressemble en effet à une guerre, où l’on a un ennemi, qui veut vous détruire, et des alliés, avec qui on ne s’entend pas toujours bien mais qu’il ne faut pas détruire. Celle d’aujourd’hui oppose le côté de la France, auquel on peut rattacher Marine Le Pen, Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan au côté de l’anti-France.
Nous savons ici que la République n’est qu’un pis-aller et que ces candidats valent ce qu’ils valent, mais enfin le camp bleu-blanc-rouge vaut mieux que l’autre camp, l’inversion mondialiste arc-en-ciel, et ses cent têtes d’hydre, molles ou grimaçantes, Macron big reset, Mélenchon haltère-mondialiste, et toute la volaille, Pécresse, Hidalgo, Jadot, Roussel, Arthaud, Poutou – on classera Jean Lassale quand on comprendra ce qu’il dit.
La question pratique est donc : que faut-il espérer pour éviter le pire ? Réponse, un affaiblissement de Macron, par tous les moyens, et l’échec de l’opération Mélenchon montée par les médias et les instituts de sondage pour le porter au deuxième tour : lui et Macron ne sont que deux figures antithétiques du mondialisme arc-en-ciel dont l’antagonisme apparent mène au même but. Puis, au deuxième tour, on priera pour que ses conseillers pilotent bien Marine, et le meilleur conseiller est l’expérience de ses échecs. Puis, l’on fera tout pour que les reports du camp de la France se passent bien. De ce point de vue, ce que certains ont nommé la trahison de Marion Maréchal est paradoxalement une bonne chose. Elle pourra faire le go-between, le validire, en français, entre sa tante et son ami d’Algérie. En outre, ce qu’il reste de droite chez les républicains pourra voter Marine, puisque Éric Ciotti prévoyait de se reporter sur Zemmour. Enfin, et ce n’est pas le moindre avantage de mon point de vue, elle pourra faire valoir le poids de la tradition française et catholique auprès d’un RN qui s’est trop décalé sur sa gauche par opportunisme politique, quant à l’économie et aux questions de mœurs.
Ce débat raté aura été un déblocage historique.
Martin Peltier