Nous vous prions de bien vouloir nous excuser pour l’impudeur dont nous faisons preuve en détournant momentanément notre regard de l’Ukraine pour nous occuper d’un autre conflit, bien moins intéressant pour les médias, celui qui détruit lentement mais sûrement le Haut-Karabakh !
Après la guerre qui fit rage entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie en 2020 et après l’agression azerbaïdjanaise de mars 2022 où cette région du monde subit encore une fois une nouvelle invasion azérie qui provoqua de nombreux morts et de nombreux blessés – Nous vous renvoyons à notre précédent article sur le sujet : International : l’Artsakh est attaqué ! – L’Action Française (lactionfrancaise.fr), qu’en est-il aujourd’hui ? Quelles sont les dernières nouvelles de ce conflit ?
Malheureusement, ce peuple martyr subit encore de nouvelles agressions, non pas armées et retentissantes, celles-ci attirent bien trop l’attention – et encore ! -, mais d’autres, d’une manière plus fourbe et plus discrète… Quand le bruit du coup de fusil fait trop de bruit, ne vaut-il mieux pas étrangler doucement son adversaire ? Oui, la situation est dramatique pour les Arméniens. Le couloir de Latchine, qui relie le Haut-Karabakh à l’Arménie, est bloqué depuis deux mois par l’Azebaïdjan. Comme le souligne le chercheur Tigrane Yégavian pour Sud Ouest (15/02/2023) :
“Seule la Croix-Rouge peut encore rentrer. Les 120 000 habitants manquent de tout : aliments de base, médicaments, lait et couches pour enfants. Les réserves sont à sec, les gens ont des coupons de rationnement. Les écoles sont fermées… On ne peut plus évacuer malades et grands blessés vers les hôpitaux d’Erevan”.
Comme dans beaucoup de domaines, il existe de vrais blocus et de faux blocus, celui-ci est réel et total ! Les nombreux témoignages qui nous reviennent parlent effectivement de pharmacie vide, de nourrissons nourris à la farine – quand ils en trouvent ! -, d’habitants souffrant du noir et du froid, mais aussi de familles séparés qui ne peuvent se retrouver ! Le corridor de Latchin est coupé depuis le 12 décembre. Ce matin-là, vers 10h30 heure locale, des Azerbaïdjanais, se présentant comme des militants écologistes protestant contre des mines illégales dans la région, coupent la route reliant la ville de Goris à Stepanakert. Un faux prétexte, bien sûr ! Avez-vous déjà vu de tels mouvements écologistes dans un pays, l’Azerbaïdjan, qui ne vit que des énergies fossiles ?
Il s’agit bien de membres des services spéciaux azerbaïdjanais qui ont un objectif clair et affiché : créer une pression psychologique sur les arméniens pour que ceux-ci quittent le territoire tant convoité ! Les Arméniens craignent que la guerre ne reprenne et que leur pays soit littéralement dépecé, le grand loup turc attendant dans l’ombre l’heure où il pourra se jeter sur ce pays sans défense et sans allié !
L’Azerbaïdjan se sent plus que jamais les coudées franches, d’autant plus qu’il est activement soutenu et encouragé par la Turquie. S’installant de plus en plus dans une logique de retour à l’empire ottoman, Ankara compte bien mettre à profit son partenariat privilégié et sa communauté identitaire avec l’Azerbaïdjan pour poursuivre son rêve de restaurer l’espace turcique dans le Caucase et de faire de cette région un corridor vers les anciennes marches de l’empire ottoman que sont le Turkménistan et le Kazakstan. Le drame de l’Arménie est d’être au beau milieu de ce corridor, coincée entre les frères de Bakou et d’Ankara. D’ailleurs, qu’importe le parti qui remportera les élections en Turquie, il ne pourra que poursuivre cette politique délétère.
Oui ! L’Arménie se retrouve encore seule dans cette sombre confrontation ! Seule dos au mur, les prédateurs face à elle nombreux et voraces ! Certes, l’Iran apporte son soutien diplomatique, certes la Russie reste présente, mais bien occupée ailleurs. Quant à l’Occident, il est bien trop occupé à lorgner les énergies azéries pour soutenir ce petit pays si insignifiant, qui représente si peu dans le concours des nations !
Guillaume Staub