Israël a fait l’objet de frappes de missiles iraniens le 1er octobre. Cette opération vient en représailles à celle exécutée le 31 juillet dernier, sur le territoire iranien. Israël avait alors violé la souveraineté de l’Iran en assassinant l’un des dirigeants du Hamas palestinien qui se trouvait à Téhéran. 

Quelques mois auparavant, le 1er avril, l’entité sioniste avait procédé à une frappe visant le consulat iranien en Syrie et provoquant l’assassinat de 16 personnes, notamment des diplomates iraniens qui se trouvaient dans ce bâtiment (territoire iranien selon la convention de Vienne). La riposte iranienne à cet acte avait été très mesurée. La nuit du 13 au 14 avril, une centaine de drones inoffensifs ont été envoyés vers Israël, dans une démonstration de force. Cette opération baptisée « Promesse honnête » s’est voulue inoffensive de la part de l’Iran. Elle avait pour objectif d’adresser un message de dissuasion à l’Etat hébreu. La disproportion de cette riposte a démontré, en toute objectivité, une retenue de l’Iran et sa volonté de ne pas envenimer la situation pour empêcher un embrasement régional. 

C’est la poursuite des actes internationalement illicites menaçant la paix et la sécurité de tout le Moyen-Orient, commis par Israël -notamment l’assassinat de Ismail Hanieh et les attaques contre le Liban qui assiste à une nouvelle invasion israélienne à l’issue de l’assassinat du chef du Hezbollah libanais- qui a conduit à cette opération de représailles. Il a été constaté que les frappes iraniennes ont épargné, au mieux, les civils en Israël, nonobstant quelques dommages collatéraux. Elles n’ont visé que des objectifs militaires et, notamment, les installations d’extraction du gaz dans la Méditerranée. 

Cet embrassement de la situation est déplorable dans la mesure où il pourra conduire à une guerre entre deux axes : celui des États-Unis et de leurs alliés impliqués déjà dans la guerre menée contre la Russie sur le territoire ukrainien, et celui composé par l’Iran, ses deux alliés russe et chinois ainsi que tous les pays opposés à l’hégémonie américaine, que ce soit sur le continent sud-américain, africain, européen (notamment les pays proches de la Russie en Europe de l’Est) ou asiatique, les pays du Moyen-Orient compris. 

Malheureusement, la position de la France, pays légal, est alignée à celle des États-Unis, au lieu d’être un catalyseur et un médiateur pour la paix. Les médias traditionnels jouent le jeu des États-Unis et de leurs alliés en attisant la haine et en diffusant des informations approximatives et propagandistes pour amadouer l’opinion publique et justifier cette position. 

Ainsi, pour avaliser l’assassinat de Hassan Nasrallah, dirigeant du Hezbollah libanais, et les attaques perpétrées contre le Liban en ciblant non seulement les positions de ce groupe (salué à l’époque par l’ancien président Jacques Chirac en 2000 pour avoir libéré le sud Liban de l’occupation israélienne), mais aussi les civils et les lieux de culte, les médias ainsi que certains de nos responsables politiques ont cherché à faire le lien entre le Hezbollah libanais et l’attentat du Drakkar commis contre nos soldats qui participaient à une opération de pacification du Liban en 1983, dans le cadre d’une force multinationale. Mieux encore, cette propagande cherche à mettre la responsabilité de cet attentat commis il y a 40 ans sur le dos d’Hassan Nasrallah. Or, en 1983, Nasrallah avait 22 ans. Il n’avait aucune responsabilité en particulier exécutive au sein du Hezbollah, fraîchement créé et en litige à l’époque avec les Palestiniens. À cette date et dans son litige militaire avec les groupes armés palestiniens qui se trouvaient au Liban, l’Iran envoyait des munitions pour soutenir ce groupe par l’intermédiaire de la frontière israélienne. Le contexte géopolitique était donc complètement différent à cette époque où l’Iran était en conflit avec l’Irak. Ce dernier était alors soutenu par la France et par d’autres pays occidentaux. Par ailleurs, jusqu’à nos jours, les commanditaires de l’attentat du Drakkar voire même la façon dont cette attaque a eu lieu n’ont pas été élucidés. Les rescapés de cet attentat ont remis en cause la version officielle d’une attaque par un camion piégé. Ils ont parlé d’une déflagration qui a été faite de l’intérieur de ce bâtiment qui était préalablement le quartier général des renseignements syriens qui occupait le Liban. Certains observateurs ont même accusé les services israéliens d’avoir commis cette attaque pour écarter la France du Proche-Orient et d’autre part, pour faire échouer l’opération de la force multinationale et, de ce fait, permettre à Israël qui avait envahi le pays du Cèdre en 1982, d’y rester. 

En effet et après cet attentat, Israël a maintenu son occupation du Liban jusqu’à l’an 2000, date à laquelle il a été forcé de quitter ce pays à l’issue des opérations de résistance du Hezbollah qui avait bénéficié d’un statut constitutionnel qui lui a été accordé dans les Accords de Taef, sous impulsion américaine. 

Ces Accords signés à Taef, en Arabie Saoudite, avaient mis fin à la guerre du Liban en permettant uniquement au Hezbollah de maintenir ses armes dans un seul objectif : celui de libérer le Liban de l’occupation israélienne. 

Malheureusement, les Occidentaux y compris les États-Unis et la France avaient fermé les yeux sur l’occupation syrienne du pays. Mieux encore, lors de la conclusion de ces accords en 1989, les Occidentaux avaient donné le feu vert à la Syrie pour maintenir l’occupation du pays du Cèdre jusqu’en 2004. 

Enfin, concernant le Hezbollah, il convient de rappeler deux éléments occultés par les médias traditionnels occidentaux. 

-Le premier, concernant les négociations et les rencontres officielles entre Jean-Yves Le Drian, ancien ministre des affaires étrangères chargé de trouver une issue au blocage institutionnel au Liban, et le Hezbollah. Cet émissaire a rapporté, à maintes reprises, les positions les plus favorables du Hezbollah à l’initiative française par rapport aux initiatives américaines ou qataro-saoudiennes. De même, il convient de rappeler les réunions officielles entre notre chef de l’État, Emmanuel Macron, et Mohamed Raad, représentant officiel du Hezbollah pour les relations extérieures. Macron n’avait pas hésité à rappeler que le Hezbollah fait partie du paysage politique libanais et qu’il dispose de députés élus au Parlement libanais. En effet, ce parti avait conclu une alliance avec le Courant patriotique libre du Général Michel Aoun et avait permis à ce dernier d’être élu Président du pays en 2016. Au cours de la campagne électorale française, à l’instar du candidat Macron, Marine Le Pen avait tenu à visiter le Liban, pays lié à la France depuis Saint Louis, et rencontrer le Président Michel Aoun, l’allié du Hezbollah. 

-Le deuxième élément et pas le moindre qui est occulté par les médias, est relatif à l’engagement du Hezbollah dans la lutte contre Daesh en Syrie. C’est lui qui avait défendu les chrétiens de Maaloula contre ce groupe terroriste takfiriste et qui l’avait par ailleurs empêché d’émerger et d’attaquer le Liban notamment dans le Nord. 

Faut-il aussi rappeler que les principaux ennemis de Daech et d’Al Qaida sont les chiites considérés comme des hérétiques ? A ce sujet, nous constatons curieusement que Daesh ne s’est point attaqué à Israël, lui qui prétend défendre les musulmans. 

Or à Gaza, 85% de la population massacrée par Israël est musulmane de confession sunnite. L’État islamique s’est, en revanche, attaqué à l’Iran le 3 janvier 2024 en commettent un attentat à Karaman. De même, il s’est attaqué à la Russie en commettant une attaque identique au Crocus City le 22 mars dernier. 

Quel intérêt a la France de suivre aveuglément les Etats-Unis et l’OTAN dans leurs positions belliqueuses ? Comment peut-on reprocher à la résistance libanaise de soutenir les Palestiniens et empêcher une victoire d’Israël qui aurait sur eux des conséquences catastrophiques sur le pays du Cèdre avec un nouveau déferlement de réfugiés palestiniens sur son territoire à l’instar de ce qui s’est passé en 1947 et 1967 ? 

le Liban, en crise depuis 2019, accueille plus de 2 millions de réfugiés syriens sur son territoire. Cette donne pourra remettre en cause l’équilibre démographique libanais et entraîner le pays vers plus de problèmes socio-économiques. 

 Antoine AKIL

Correspondant de l’AF au Liban

N'hésitez pas à partager nos articles !