Parmi les expressions toutes faites, la France « pays des droits de l’homme » a fait de l’usage, et la Grèce, mère de la démocratie, continue d’orner les remises de prix scolaires – au risque de faire sourire dans leur tombe les spartiates compliqués, leurs éphores et leurs rois, ou Denys Tyran de Syracuse.
Les Grecs modernes se font pourtant une gloire de cette dénomination. Ils se voient en accoucheurs de la démocratie avec le même rengorgement niais que nous nous proclamons fils de la révolution française. Telles sont les bécasseries du roman national. Et comme ils demeurent encore un peuple assez fier, ils célèbrent cette illusion avec faste. Le « week-end » du 28 octobre, le pays pavoise de blanc, de bleu et de croix, on offre le café à la sortie des églises, les villages rôtissent le porc et l’agneau, les voisins mettent des drapeaux grecs partout, comme Mélenchon rêve qu’on fasse avec des drapeaux palestiniens. Le pays fête trois jours durant le « jour du non », : voilà 84 ans, le premier ministre Metaxas rejetait l’ultimatum que lui avait adressé Mussolini, commençant ainsi la guerre entre Italie et Grèce. On en connaît la suite, les troupes tricolores envahissaient l’Hellade, mais le guerrier grec restant mauvais coucheur, l’Italie demeurait en échec, et même reconduite avec pertes et fracas en Albanie, tant et si bien que Tonton Adolf dût intervenir, ce qui retarda finalement l’opération Barbarossa de trois semaines et lui coûta cher.
Quoi qu’il en soit le démocrate grec moyen d’aujourd’hui pense que ce jour du non fut celui du « non au fascisme ». Voilà une interprétation aventurée. Ioannis Metaxas, militaire de carrière formé en Prusse et admirateur de l’armée impériale allemande, s’opposa à Venizelos, démocrate partisan des alliés pendant la première guerre mondiale, et demeura fidèle au roi Constantin. De retour d’exil il fondait en 1923 un petit parti d’extrême droite, le parti de la libre opinion. Appelé au pouvoir en 1936 par le roi George II, fils de Constantin, il établit l’état d’urgence pour juguler les communistes, s’inspirant des méthodes de Mussolini. Il gouverna durant cinq ans de dictature en exaltant la civilisation grecque et la solidarité entre citoyens. Malgré sa parenté avec le fascisme, Metaxas ne pouvait souffrir l’expansionnisme de Mussolini. Il répondit à son ultimatum d’une phrase en français : « Alors, c’est la guerre », que la légende nationale transforma en : « Oki » (non).
Voilà pourquoi on fête le jour du Non. Mais le non à quoi ? Ce que les Grecs ont repoussé en 1940, comme à Marathon et à Salamine, ce n’est pas le fascisme, c’est l’invasion étrangère. L’Italien est charmant, sa musique et sa peinture supérieures, son fascisme intéressant par sa tentative d’inventer un socialisme à visage humain, mais son armée n’a rien à faire chez moi, dit le Grec. Dehors. Il a raison. De même aime-je le moka, la calligraphie arabe, les contes des mille et une nuits, mais l’immigration de masse n’a rien à faire chez moi. Oki à l’immigration de masse, forme actuelle de l’invasion. Certains nomment cela de la xénophobie. Pourtant il n’y entre ni haine ni peur. Il s’y exprime un besoin de mesure que nous nommerons xénométrie. Rien de trop : la Grèce déteste l’excès, l’hybris, folie maléfique. Seuls les vieillards édentés prennent leur café polygliko, très sucré. Une dame bien élevée le prendra métrio, modérément sucré. Le Grec ne méprisait pas les barbares. Thémistocle travailla pour le grand Roi et Alexandre jeta son manteau pourpre sur le corps de Darius. Mais les étrangers, c’est comme tout, il n’en faut pas trop. Trop de différences tuent la différence. Trop d’étrangers tuent le bénéfice de l’extranéité. Il faut donc modérer l’étranger. Tel est le sens de la fête du jour du Non. La Grèce est la mère de la xénométrie.
Martin Peltier
« Alors, c’est la guerre ».
Autour de ce sujet, une idée, parmi tant d’autres un peu plus floues que je n’aurais pas la cuistrerie de faire partager avec de preux chevaliers qui doivent certainement y avoir pensé plus en avant que Moi:
Comme il a été signalé sur ce serveur, la raie « publique » « française » se défend fort bien, et est déterminée dans sa défense (sûrement augmentée par des forces extérieures, mais c’est un(e autre annexe) (autre) (de) sujet).
Je ne sais quel est le niveau de la vaillante guilde en matière de protection des échanges d’informations – et peut-être qu’après tout tant sur le plan des messageries que des téléphones, il y a technique ou méthode- mais même s’il a été suggéré de ne pas craindre de se découvrir, il est bon de se rappeler qu’échanger ingénument revient à se donner en pâture.
L’occasion ici de dénoncer la moquerie de figure du peuple qu’aura été, quels qu’en aient été les tenants et les aboutissants, l’affaire dite des « écoutes illégales ».
Souffrez quelques émojis: 😂🥳🤡
Je peux vous dire cuistrement que l’exécutif écoute qui il veut, quand il veut, où il veut.
Alors, de la méthode, il en faut mon Colonel rebelle. Exemple de structure très générale, tellement bon qu’il peut être annoncé sans compromission: quelque chose de dés-électronisé, de dés-électromagnétisé, le tout noyé dans de feints anonymats, les plus nombreux possibles, leurres de saturation (« ils » ne pourront pas consacrer et encore moins faire descendre quatre pékins à 5h30 du matin à ne serait-ce que 100 000 adresses).
Ce n’est pas vraiment de l’action… Mais celles et ceux qui sont responsables de la situation savent l’ampleur de ce qu’ils ont fait. Et des gens qui savent ce qu’ils ont fait sont souvent mieux et plus tôt conscients de la possibilité d’une réaction de leurs victimes que ces dernières.
C’est pourquoi les remarques présentes flirtent avec l’effet d’une action.