Il a beaucoup plu en France ces derniers mois. Les nappes sont saturées sauf dans les Pyrénées Orientales. L’an dernier les Hauts de France ont été inondés plusieurs fois. Cette année, c’est la Bretagne. Normal, avec les tempêtes qu’il y a eu. Et cela continue. Chez moi, il y a de ces vagues, je ne vous dis pas! Dans le nord des Etats-Unis, il a fait un froid polaire, du jamais vu depuis des décennies. Même Trump a dû prêter serment à l’intérieur du Capitole, et non sur les escaliers comme la tradition le veut. A Los Angeles au contraire, il a fait plutôt doux, mais surtout très sec, et hyper-venté. C’est la Californie qui veut ça.

Quand les marchands de peur, au tournant des années soixante-dix, ont choisi de se renouveler un peu, levant le pied sur la bombe atomique et la surpopulation pour forcer sur le climat (U Thant, secrétaire général de l’ONU déclarait à New York en 1969 : « il nous reste dix ans pour sauver la terre »), ils ont fait preuve d’un profond sens psychologique. Qu’on soit surfeur, SDF, agriculteur ou concierge, on aime parler du temps qu’il fait. Cela apaise des angoisses profondément ancrées. Nostradamus, dans ses almanachs et pronostications, n’oubliait jamais, parmi ses prédictions effroyables, à côté des pestes, incendies, guerres, révolutions, de nommer les pluies, grêles, sécheresses et vents épouvantables. L’historien Denis Crouzet, qui a étudié ce qu’il nomme le réenchantement du monde, montre comment les humains de notre XVIe siècle décelaient, dans les catastrophes qu’ils étaient prompts à exagérer, autant de signes de la colère du ciel, autant de punitions pour les méfaits de l’humanité : c’est exactement ce que font aujourd’hui, avec les militants écologistes, les institutions internationales et les Etats signataires de l’accord de Paris, leur transition énergétique et leur Net Zéro.

Dans un monde réenchanté, on ne met jamais en doute ce que disent les sorciers. On craint la fonte des glaciers des Alpes, même si l’on sait qu’ils s’étendent aujourd’hui sur des hameaux jadis habités. On a oublié que Dunkerque était sous la mer du temps de Charlemagne. Que le Groenland que convoite Trump signifie pays vert. On assure que les optima climatiques signalés par l’histoire ne concerneraient que l’hémisphère nord – sans prendre garde que ledit hémisphère comprend les deux tiers des terres émergées et neuf humains sur dix. On tremble devant la température moyenne de la planète, même si l’on ne sait pas comment la définir ni la mesurer. On est sûr que le changement climatique fait de main d’homme provoque toujours plus de phénomènes météo extrêmes, sécheresses, cyclones, pluies diluviennes, alors même qu’un rapport scientifique déposé par un collectif de grands physiciens sous la direction de Richard Lindzen, cofondateur du GIEC, climatologue auteur de découvertes importantes, établit que ces phénomènes ne sont ni plus nombreux ni plus intenses que par le passé. En somme, on rêve et on se plonge volontairement dans un cauchemar.

Les terribles incendies de Los Angeles illustrent cet état d’esprit. La Californie est un laboratoire de l’arc-en-ciel. Le vert y est particulièrement militant. Le maire de L.A. a coupé les crédits des pompiers, le gouverneur interdit le débroussaillage. Or il a beaucoup plu en 2023 et 2024, ce qui a fortement accru la végétation, puis les précipitations se sont arrêtées, ce qui l’a fait sécher sur pied, puis il a venté, et, quelques mégots par-ci par là, sans doute pas tous accidentels, ont fait le reste. Ce que la malignité de quelques-uns et la sottise psittacisante de beaucoup ont provoqué, on le met ensuite sur le dos du changement climatique.

Donald Trump n’est pas le messie. En beaucoup d’occurrences, il décevra sûrement ceux qui l’adulent. Mais sortir de l’accord de Paris, exiger que les ayatollahs verts nous disent sur quoi ils se fondent pour condamner le CO2, tordre le cou au canular du réchauffement du climat par l’homme, c’est bien, important et fort. Sur cette imposture, comme sur l’imposture des genres, il est donc possible de faire quelque chose. Ploutocrate épaulé par l’autre ploutocrate, Elon Musk, Trump se comporte en l’affaire en monarque absolu, c’est-à-dire, comme l’enseignait Maurras, indépendant. Louis XIV était indépendant des féodaux qu’il avait matés et des puissances d’argent qui allaient bientôt peser sur tous les dirigeants. Le tandem Trump-Musk est de même indépendant, pour un temps (combien d’heures ou de mois ?) de ce composé philanthropique d’argent et d’idéologie qui décide de tout depuis que les démocraties se sont établies en Europe et en Amérique.

Martin Peltier 

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