Un militant lisant le journal de l'Action Française

Bien sûr, pas encore tout-à-fait morte, la république française ! Mais déjà dans une agonie avancée ! Usée qu’elle est par une vérole congénitale, qu’aggrave chaque jour son infatigable pratique politique ! A l’œuvre et à la manœuvre, le sectarisme idéologique et la bassesse morale des hommes en lesquels cette pitoyable institution s’est incarnée avec persévérance, ceux d’aujourd’hui n’étant finalement qu’un sommet un peu plus vertigineux que d’habitude.

Oh ! Certes, l’électeur-contribuable moyen, aussi addictif à son urne que le chien à ses déjections, ne peut évidemment se rendre compte de cette vérole galopante qui entraîne tout ; gorgé d’insanités médiatiques, tiré comme un paquet inerte par tous les poncifs du jour, à quelle réflexion un peu profonde, un peu réaliste le pauvre pourrait-il se livrer ?

Mais, stupeur ! Voici que tombe la révélation du symptôme le plus mortel, révélation toute drue, imparable ! Et, qui plus est, par la voix d’un journaliste appartenant pourtant au cercle le plus étroit des nantis de la cour présidentielle. Qu’a dit ce personnage officiel ? Il a fait deux constatations, absolument révoltantes selon la logique démocratique : d’abord que la contestation de l’impôt conduisait à la contestation de l’État ; ensuite que l’État ne tenait plus qu’à un fil, et que ce fil unique est … la police.

En effet comme, dans l’État démocratique, l’impôt est supposé procéder de la sacro-sainte « volonté générale », exprimée par les élus du « peuple souverain », la contestation du premier entraîne fatalement la mise en cause du second. Or, une telle contestation fut bien le point de départ de la jacquerie qui a été menée par les « Gilets jaunes », révélant qu’il y a lieu de faire une distinction entre majorité numérique légale, relative par nature, et souveraineté populaire : sujet fascinant !

Quant à ceux qui ne se soumettraient pas à l’équivalence légale entre majorité et souveraineté, et rejetteraient ainsi la pure légalité, le pouvoir de fait n’a que la solution de les contraindre par la violence ; et il est vrai que la police est la forme la plus primaire, la plus brutale, de cette violence ; comme on ne résout rien en la dissimulant sous le nom de force, on entre de toute façon dans le cycle du despotisme démocratique, qui ne se distingue en rien de la tyrannie d’un seul.

A l’image du fil auquel tient l’État moderne, et qui serait la police, on peut préférer l’image de la
colonne, car le rôle de support institutionnel à l’actuel pouvoir de fait est partagé entre deux institutions qui, au service du gouvernement, exercent la violence contre les citoyens : le gendarme et le percepteur, inséparables et complémentaires, colonnes tutélaires de la moderne tyrannie, les Jakin et Boaz du temple républicain en quelque sorte ! Mais l’homme a toujours su qu’il n’y avait que la violence qui puisse s’opposer à la violence !

Philippe Champion

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