Supplique aux évêques pour la Vie par Véronique Lévy
Grands textes
par Véronique LEVY
Très beau texte de Véronique Lévy pour interpeller l’épiscopat français sur les dangers actuels liés à la Vie
Chers évêques, apôtres du Christ,
Marie pleure ses enfants… la consolerez-vous ? Une clameur monte des chambres froides de la Santé Publique… silence glacé des innocents dont le sang n’en finit pas d’être versé, dont l’être est profané et arraché aux entrailles maternelles, au lieu saint de leur conception réservé à Dieu Seul.
Dans la révision de la prochaine loi bioéthique c’est l’embryon qui est sacrifié et c’est l’Humanité qui est violée en sa source et toute entière, l’Humanité, icône de Dieu créé à Son Image et à Sa ressemblance… à travers cette enfance à naitre ou à mourir, cette enfance martyrisée, c’est Jésus qu’on crucifie, qu’on insulte, qu’on défigure encore jusqu’à la fin des temps, jusqu’à ce que Son Visage «n’ai plus face humaine.»
La PMA pour toutes est le cheval de Troie masquant l’abîme de lois légitimant déjà, toujours plus loin bientôt, et sans retour, ce que la conférence d’Oviedo avait nommé si justement un « crime contre l’Humanité. » Le 6 octobre prochain, la Manif pour tous choisira le «Pas d’enfant sans père» comme mot d’ordre de bataille. Mais au-delà de la paternité de l’homme, c’est la sainte Paternité de Dieu qui aujourd’hui est prise pour cible. Le sanctuaire de la conception est envahi par les vautours, l’autel de chair où fut tissé Son Cœur à notre cœur est renversé. Le Seigneur ne nous a-t-Il pas prévenus : « Là où est le corps, là seront les vautours.» ? Ce corps dont Saint Paul nous dit qu’il est le temple du très Haut, ce temple de chair appelé à la résurrection, ce temple constitué de 46 chromosomes comme il fut bâti en 46 jours, et que Le Christ nous a promis de ressusciter avec Lui et en Lui… Ce corps est attaqué en sa genèse. La PMA génère en son principe une spirale de cercles concentriques viciés en leur dessin, parfois en leur dessein. Séparant la conception de l’unité du don, elle ouvre la boîte de Pandore des manipulations génétiques, qui, autorisées de loi en loi – Celles de 1994, 2004, 2011, 2016 et jusqu’à la dernière-, réifient le petit de l’Homme, effaçant toujours plus profondément la Memoria Dei au cœur de l’être. Dès sa manifestation.
Le critère médical d’infertilité qui jusqu’ici en conditionnait l’accès va être supprimé. Sous prétexte d’équité, la PMA pour toutes proposée désormais aux femmes lesbiennes ou célibataires, discriminera l’enfant à naître, créant un orphelin sans père. Elle ouvrira ensuite le gouffre de la GPA instrumentalisant le ventre des mères tels des bras d’ouvriers, enfin celui de l’utérus artificiel. La recherche sur l’ectogénèse, active depuis 2011, éludera à terme la gestation maternelle. Elle ouvrira la voie d’un eugénisme procréatif d’Etat, la fabrication d’enfants parfaits labellisés conformes ou +++, choisis sur catalogue de gamètes et d’embryons attendant réfrigérés à -196° aux chambres fortes des CECOS… Le trafic est hors frontières dans le Meilleur des mondes où triomphe déjà un messianisme sans Christ.
Banques de gamètes, stock d’embryons surnuméraires, prélèvements de leurs cellules souches pour l’expérimentation médicale, tri sélectif préimplantatoire et destructions des embryons défaillants, injections de cellules souches embryonnaires humaines dans des ovocytes de porcs ou de singes dont les organismes chimériques deviendront des banques d’organes à disposition… Hélas, tout cela n’est pas un mythe. Ce cabinet de curiosités digne des collections particulières des pires médecins nazis, fut inauguré dès le « droit » à l’avortement, puis par les lois bioéthiques successives, qui l’une après l’autre, firent sauter les scellés des portes de l’enfer, libéralisant les élevages de cellules souches de petits d’Homme sérialisés dès leur balbutiement. Le clonage humain reproductif est autorisé désormais. Sous prétexte de contourner la transmission d’une maladie maternelle, on utilise un embryon énuclée dont on préserve les cellules mitochondriales puis on lui inocule le noyau d’un autre. Cette manipulation provoque l’élimination des deux embryons pour la fabrication d’un nouvel être, transgénique.
Aujourd’hui, la science remonte le cours du temps jusqu’aux cellules germinales et sait créer des gamètes mâles et femelles. Cette technique ouvrira dans un futur proche l’auto fécondation de femmes ou d’hommes contournant la Loi naturelle pour engendrer des clones. Le 8 août 2001, le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi s’alarma : « Dans un certain sens, Hitler avait anticipé certains des développements modernes comme le clonage ou l’expérimentation médicale sur les embryons humains. Il est terrifiant de voir que certaines des puissances qui, il y a plus d’un demi-siècle, ont vaincu le nazisme, optent aujourd’hui dans le domaine scientifique pour des pratiques inhumaines comme le clonage. »
Narcisse se pare d’humanisme, il a le sourire lisse du jeune-homme trop poli qu’accueillit Padré Pio dans son confessionnal et qu’il démasqua… Satan n’aime que lui, étanche à toute altérité. Il hait l’incarnation. Il supervise le contrôle d’un empire de robots ! Il pave l’enfer de bonnes et belles intentions. Le désir d’enfants des couples stériles, puis celui des femmes seules ou homosexuelles, oh combien légitime, est manipulé par des lobbies internationaux ; va-t-il se substituer au respect du plus fragile dont saint Jean Paul II nous a dit dans Evangelum Vitae : « Celui qui est supprimé est un être humain qui commence à vivre, (…) Il est faible, au point d’être privé même du plus infime moyen de défense, celui de la force implorante des gémissements et des pleurs du nouveau-né. » ?
Ces minuscules sont le tabernacle de la mémoire vive où Dieu Se donne, où Dieu Se dit dans la promesse de l’Être, animé immédiatement dès l’apparition du génome, Cœur tressé aux 46 chromosomes du zygote et dont l’Amour encodé est l’Unique Clef. Ces embryons ne peuvent être considérés comme un amas de cellules … Mgr Aupetit l’a proclamé avec courage à la dernière Messe chrismale : « Un tas de pierres et un amas de cellules ne sont qu’un amoncellement informe. Mais dans une cathédrale ou une personne humaine, il y a un principe d’organisation, un principe d’unité, une intelligence créatrice. L’autre chose qui unit la cathédrale et la personne humaine, c’est l’onction qu’elles peuvent recevoir. »
« Mon amour, un sceau sur ton cœur » murmure le Bien Aimé à l’éveil de l’être, au Cantique des Cantiques d’une aube naissante… l’embryon porte la Présence silencieuse du Verbe. Le livrer à l’expérimentation, c’est profaner cette Présence. C’est l’abomination ultime précipitant le monde vers la désolation du Meshom, où « le mal est appelé bien et le bien appelé mal ». Irréversiblement. Le vingt-huit février 1998,le Pape Jean-Paul II déclare devant l’Académie pontificale: « l’âme spirituelle créée par Dieu est le fondement de la dignité de l’être humain, cette âme imprègne et vivifie le génome, dès la première cellule. » L’Ecriture Sainte le confirme : « C’est Toi qui as créé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère. (…)Mes os n’étaient pas cachés pour Toi quand j’étais façonné dans le secret, brodé aux entrailles de la terre. J’étais encore un embryon, Tu me voyais ; sur Ton livre, tous mes jours étaient inscrits, recensés avant qu’un seul ne soit ! » (Ps 138)
Les Evangiles sont le manifeste de l’Unique Révolution, elle est divine : elle rapatrie l’Homme à son éternité, à Sa Paternité originelle, à sa source d’amour inconditionnel se recevant de l’Être au lieu immaculé de la conception où Marie veille, cœur de l’Eglise telle une sentinelle de l’Amour irréductible. Pourtant le dragon guette pour dévorer l’enfant. Il singe la nouveauté en se parant de la modernité. Ses lumières artificielles tentent d’occulter l’archaïsme des sacrifices antiques, ce qu’il jalouse c’est la Paternité de Dieu nous liant frères en Sa Miséricorde. Ce qu’il cible, c’est le cœur battant au secret du génome pour y effacer la memoria Dei où l’Esprit ne fait qu’Un tissé à la chair. En son Principe.
La loi Veil, la loi d’avortement votée en 1973, ouvrit le long cortège des massacres silencieux dans la nuit interminable d’un brouillard blanc et glacé… Désormais ses ramifications se propagent jusqu’à l’abîme d’un génocide in-utéro et ex-utéro. Cette loi infanticide rencontra au temps de sa naissance une opposition timide de la part des évêques de France : à défaut d’éradiquer le mal à la racine, ils s’inquiétèrent surtout de ses corollaires, défendant la liberté de conscience. Simone Veil l’avoua : « Avec l’Eglise catholique les choses se sont mieux déroulées que j’aurais pu le craindre (…) Je me suis entretenue avec le prélat en charge de ces problèmes au sein de la hiérarchie catholique. Il n’a pas tenté de me dissuader. Il exprimait le vœu que la liberté de conscience soit assurée dans la loi et que nul ne puisse obliger un médecin ou un soignant à pratiquer un IVG. Il est vrai qu’à cette époque l’Eglise de France était très ouverte.» Composer avec les conséquences d’un principe empoisonné, n’est-ce-pas déjà dialoguer avec Satan ?
Désormais, l’eugénisme du tri embryonnaire est devenu licite, constitutif d’un système verrouillé de lois organisant le Bien commun ; les mises à mort sont remboursées et considérées comme un « droit » civique. Le droit à l’enfant ou le droit de ne pas en avoir occulte celui DE l’enfant. Le devoir de protéger le plus fragile s’est effacé devant le droit du plus puissant, du plus offrant : l’embryon humain est devenu matière première industrielle… ses cellules sont injectées dans des vaccins, recyclées par la recherche pharmaceutique et cosmétique. Il est l’esclave sans identité, sans nom, à l’origine anonyme ou déniée. Il alimente l’économie libérale d’une barbarie à visage post-humain. Saint Jean-Paul II dénonce dans Evangelum Vitae : « L’un des aspects caractéristiques des attentats actuels contre la vie humaine est la tendance à exiger leur légitimation juridique, comme si c’étaient des droits que l’Etat (…) devait reconnaître aux citoyens et, par conséquent, c’est aussi la tendance à prétendre user de ces droits avec l’assistance sûre et gratuite des médecins et du personnel de santé. »
Le commerce s’est insinué dans le sanctuaire de la conception, les marchands du temple ont profané l’innocence, accomplissant le péché originel dans l’Abomination de la Désolation annoncée par le prophète Daniel, l’évangéliste Matthieu et le Seigneur Lui Même. Est-ce de l’aveuglement ou du cynisme ? Cette civilisation s’élève contre la peine de mort mais elle livre les sans voix aux colonisateurs du gène exterminant la promesse faite chair aux extrémités de la vie, aux frontières de l’Être.
Justifiera-t-on avec Caïphe qu’un innocent meure pour le confort du plus grand nombre ? Désignera-t-on le handicapé, le vieillard, l’embryon, boucs émissaires du Nouvel Ordre consumériste mondial ?
L’Eglise doit affirmer avec saint Paul une parole forte : « Obéissons à Dieu plutôt qu’aux hommes ! » Il n’est plus temps de se soumettre à la diplomatie d’une loi civile pour ménager la paix consensuelle d’un compromis social. La tolérance n’est pas l’Amour. Elle ne le sera jamais ! La tolérance pactise avec le relativisme. Dans son silence poli, elle est complicité avec les « barbares en gants blancs» et les « tueurs à gage » de la Santé Publique que dénonça le Pape François. « Aucun compromis n’est possible concernant la vie humaine innocente. On ne peut accepter qu’un seul enfant soit arraché par la violence hors du ventre de sa mère », martèle Coda Nunziante, présidente de l’association Famiglia Domani, à l’arrivée de la Marche pour la Vie, à Rome, le 18 mai dernier… Cette fausse paix-là ne sera jamais la Paix du Christ, celle des Béatitudes, celle des témoins fidèles qui ont lavé leurs robes dans le Sang de l’Agneau ! La Paix de Dieu, amère d’humilité a l’éclat du diamant. C’est celle de l’amour implacable en sa trajectoire de vérité. Et l’amour fait la guerre, la guerre d’amour… Le Christ est miséricordieux mais Il hait le mal, Il le débusque de son ombre par Sa lumière. Sa Parole est un glaive séparant ce qui est pour la vie, l’arrachant à la mort.
Le Christ aime le pécheur mais IL ordonne : « Arrière Satan ! »
Dans ces temps qui sont les derniers, l’Eglise doit embrasser la périphérie, mais pour la rendre à l’unité où l’enfant est un don se recevant du don de la femme à l’homme dans le Pardon de Dieu. Offert de la crèche à la croix à la multitude… Corps rompu et sang versé pour la rémission des péchés… Pour que le dernier soit le premier, pour apercevoir à tout jamais dans le visage massacré du frère le plus minuscule, le plus pauvre, l’enfant de Bethléem où sourit le Dieu désarmé des armées de l’Amour… Nu dans l’Hostie diaphane et maculée de sang battant au cœur des embryons déchiquetés pour satisfaire « le projet parental». Ou pas. Leur vie est suspendue à ce désir, non plus à la promesse indéfectible de l’amour inconditionnel de Dieu la sacrant inviolable en Sa Vie, non plus à l’Alliance Nouvelle et éternelle consacrant tout homme dès sa conception, tabernacle de chair où brûle la Présence l’ayant couronné prince dès la Promesse faite à Adam : « Je t’ai créé à Mon Image », en guise de ressemblance accomplie sur le lit de la Croix, au pied de laquelle veille Marie avec saint Jean.
Avec lui, chers évêques, recueillez la Vierge au désert et protégez l’enfant du Dragon… Que son être vienne au monde et le Christ en son âme, au Lieu Saint de la conception immaculée dont Marie est la gardienne en sa virginité. Avec elle, proclamée Mère de l’Eglise par le Saint Père au lundi de Pentecôte, soyez les sentinelles de la Vie, les veilleurs sur les remparts du Temple de nos corps, pierres vives de Celui de Notre-Seigneur ; proclamez avec saint Jean Paul II que l’Evangile est pour la vie, qu’au nom de cette dernière on ne peut jamais donner la mort… On ne peut jamais profaner le sanctuaire de la conception, le Saint des Saints où Dieu se manifeste sans voile comme l’a proclamé le pape Pie XII dans son Encyclique Humani Generis: « Dieu y intervient immédiatement et sans voile. » Pour nous unir au jour de Son Retour à son éternité.
N’a-t-Il- pas promis : « Je ferai de toi une colonne de fer » et sur cette tête reposant sur la pierre d’angle rejetée par les maçons, « Je bâtirai Mon Eglise et les puissances de la mort ne l’emporteront pas sur elles » ? Chers évêques, rejetez d’un non radical, d’un non sans nuances ni concession, la révision de loi bioéthique de juillet 2019, loi de la mort greffée à sa racine, en ses origines et en ses métastases. Elle obéit à la loi des marchés et blasphème Celle de Dieu creusant notre cœur,
Notre chair assumée par la Sienne.
On ne peut servir deux maîtres. Dieu Premier Servi c’est l’Homme glorifié et l’Homme glorifié c’est l’Homme vivant ! Proclamez-le avec Saint Irénée de Lyon deux milles ans plus tard, lui dont la fête s’unit à celle du Sacré-Cœur transpercé d’où s’écoulent l’eau et le sang dans celui de Marie. Sous son manteau, à l’ombre du calvaire, Dieu enfanta la France… par le magistère de saint Jean transmis à saint Polycarpe, puis au Primat des Gaules… IL lui confia ainsi de cœur en cœur, de saint Rémi, Clovis, Saint Louis jusqu’à sainte Jeanne, sa vocation sacerdotale de fille aînée de l’Eglise éducatrice des peuples ? Pour que le droit du plus petit fasse loi jusqu’aux extrémités du monde et de la vie.
Véronique Lévy