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Entretien avec David Miège

Entretien avec David Miège

Action Française : Cher monsieur, nous vous remercions d’avoir bien voulu nous accorder cet entretien pour l’Action Française. Nous tenions à vous interroger, tant vos dessins, que nous pouvons admirer dans diverses publications comme Rivarol ou Présent, nous semblent questionner nos sociétés adeptes de contradictions et de discours formatés et calibrés, qui empêchent qu’aucune possibilité de lien avec le réel ne se fasse. Face à l’abrutissement généralisé, à la matière humaine indifférenciée, telle qu’elle fut théorisée par Renaud Camus, et à l’unicité des vues que l’on nomme  « le politiquement correct », vos dessins frappent fort, frappent juste. Mais avant que nous ne poursuivions, pouvez-vous vous présenter ? Qui êtes-vous exactement ? Quel fut votre parcours ? Et, surtout, pourquoi – ou plutôt pour quoi – vous battez-vous ?

David Miège : Je suis né à Aix-en-Provence où j’ai fait mes études scolaires et, me suis confronté, plus tard, à l’art contemporain, puisque je suis diplômé des Beaux-Arts d’Aix. J’y ai pratiqué pendant cinq années, l’art conceptuel et d’autres divagations post-soixante-huitardes… Une expérience malgré tout enrichissante, ne serait-ce que pour étudier de l’intérieur les rouages de l’art officiel et subventionné ! (Rires). En même temps que mes débuts balbutiants en peinture, j’ai commencé à collaborer à de nombreuses publications régionales, publiant mes dessins ici et là. Je dois préciser que mes convictions royalistes n’ont pas facilité les choses dans les différents milieux culturels, où j’ai évolué! (Rires). Puis, ce fut la montée à Paris et la rencontre avec de grandes plumes comme Serge de Beketch, Jean-Claude Valla, Alain Sanders ou encore Francis Bergeron… Avec le plaisir de travailler pendant de nombreuses années au défunt Minute ainsi qu’à Présent ou dans d’autres publications plus ou moins (surtout plus) incorrectes.

Action Française : Pour aborder votre travail, nous aimerions commencer par la forme. Comment vous est venu ce type de dessin particulier – d’ailleurs, comment le définiriez-vous? -, comment sont nés ces traits que vous pratiquez ?

David Miège : Mon « trait si particulier » comme vous dites s’est imposé petit à petit, avec l’univers qui va avec. Je tente d’avoir un graphisme le plus épuré possible… Ce qu’on nomme « la ligne claire ». Tout jeune j’admirais des dessinateurs comme Bosc, Chaval, Peynet… sans oublier Cocteau qui, on l’a souvent oublié, fut un talentueux dessinateur de presse. J’aime que mon trait soit le plus lisible possible… c’est comme une forme d’écriture… Je suis un écrivain de l’image.

Action Française : Avant d’aborder des sujets d’actualité, j’aimerais revenir sur votre formation. Vous êtes diplômé des Beaux arts d’Aix-Marseille, que pouvez-vous nous dire de l’ambiance qui y régnait ? Y avait-il une mainmise toute puissante de l’art contemporain ? Savez-vous si la situation a changé ?

David Miège : L’ambiance qui régnait aux Beaux-Arts était complètement déjantée… ça partait dans tous les sens ! Le meilleur y côtoyant le pire! C’était, et cela est toujours, le lieu de la pensée unique et obligatoire, le diktat de l’art conceptuel, la dictature du laid… La beauté étant considérée comme réactionnaire ; du coup, des générations d’étudiants et de créateurs talentueux ont été sacrifiés au nom d’un art officiel, destructeur de nos racines et de notre identité.

 

Action Française : J’aimerais maintenant aborder vos dernières œuvres, parmi celles-ci, le conflit russo-ukrainien semble occuper une large place. Que vous inspire-t-il ? Pourquoi vous mobilise-t-il autant ?

David Miège : Le conflit russo-ukranien est le modèle type de la désinformation (thème inventé par le regretté Vladimir Volkoff). Cela m’inspire un profond dégoût à l’égard de nos élites politico-méditatiques qui sont toujours le bras armé de l’oligarchie et de la haute finance. Quel cynisme de faire de cet occident décadent, le fossoyeur d’Etats et de civilisation qui ne correspondent pas aux standards de la consommation macdonisée et de l’abrutissement des masses. Poutine n’est certes pas un modèle de vertu, mais il me semble que l’Europe ait raté un rendez-vous historique avec la Russie. La guerre peut s’étendre sur tout le continent européen… il nous manque un Bainville pour nous éclairer sur notre avenir et les conséquences désastreuses qui s’annoncent par la faute de nos dirigeants corrompus et aveuglés. A mon humble niveau, je tente de donner une autre perception des événements… mes seules armes sont mes petits dessins, c’est-à-dire pas grand-chose !

Action Française : Par ailleurs, ce conflit semble bénéficier à Emmanuel MacKinsey qui vient d’être réélu pour un second mandat. Sommes-nous prêts à affronter ce second mandat ? Quel tableau pourriez-vous dresser de ces cinq dernières années ? Quels en furent les événements saillants ? Bref, dans quel état se trouve notre pauvre Etat ?

David Miège : Avec François Hollande, nous pensions avoir touché le fond… il faut croire que l’on creuse encore avec Macron. Je désespère parfois de mes compatriotes qui s’accommodent d’une dictature rampante, qui s’immisce partout dans leur existence… le pire étant qu’ils en redemandent ! L’homo festivus est un esclave volontaire. Une note optimiste malgré tout : il subsiste un esprit frondeur (à commencer par l’Action Française) qui crée ses réseaux, ses médias, ses groupes, ses liens…

Action Française : Vous semblez également très inspiré par l’actualité littéraire et notamment par l’actualité célinienne. Que vous inspire Louis-Ferdinand Céline et plus généralement les infréquentables – Brasillach, Drieu la Rochelle, Lucien Rebatet ? Avez-vous des figures votives qui vous inspirent ?

David Miège : Je prépare un recueil de dessins sur les écrivains sulfureux qui s’appellera « Encre sulfurique », on y retrouvera un florilège d’auteurs et d’écrivains qui ont mis leur peau au bout de leur plume : Céline, Drieu la Rochelle, Rebatet, Cousteau, Brasillach, Léon Daudet, et tant d’autres. Une façon toute personnelle de leur rendre hommage, car ils ont, chacun à leur façon, éclairé un moment ou un autre de mon existence. J’espère faire partager ce patrimoine à travers cet album.

Action Française : Nous vous remercions d’avoir répondu à nos questions ! Comment peut-on suivre vos productions ? Comment pouvons-nous vous soutenir ?

David Miège : Vous pouvez retrouver mes dessins dans Présent, Rivarol, Le Méridional, Les 4 vérités, l’Homme Nouveau, etc.

Propos recueillis par Guillaume Staub

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Catholicisme et démocratie : entretien avec l’abbé Claude Barthe

Catholicisme et démocratie : entretien avec l’abbé Claude Barthe

Nous nous retrouvons pour un entretien avec l’abbé Claude Barthe, à l’occasion de la publication de son livre « La tentation de ralliement. Être catholique en démocratie » aux éditions de l’Homme Nouveau. Il va sans dire que l’annonce de cette parution nous réjouit particulièrement et cela pour une raison bien précise :  nous constatons, depuis de nombreuses années, que le clergé catholique a cessé de s’intéresser aux questions politiques fondamentales. Rares sont les critiques qui portent sur les nouvelles propositions de loi ou les cadres institutionnels, dans lesquels celles-ci sont prises ! C’est ici que l’auteur se démarque, en critiquant précisément ce qui était laissé de côté. Cette critique qu’établit l’abbé Barthe est, certes, une critique catholique, mais les réflexions menées peuvent intéresser également ceux qui se trouvent hors de l’Église. Voici un autre mérite de ce livre : en peu de pages, l’auteur parvient à saisir le cœur du problème auquel se heurte la conscience catholique et à nous l’exposer le plus clairement possible. Qu’il en soit sincèrement remercié, nous espérons que cette réflexion inspirera de nombreux catholiques.

Action Française : Monsieur l’abbé, nous vous remercions d’avoir bien voulu nous accorder cet entretien. Nous aimerions, premièrement et en guise de préambule, que vous éclaircissiez un point : quel regard porte traditionnellement, l’Église, sur la démocratie comme système politique « neutre » ? Ceci étant précisé, de quelle démocratie traitez-vous dans cet ouvrage ? Est-ce une forme de démocratie particulière, quels en sont ses éléments constitutifs ? En effet, vous écrivez dans votre livre : « Elle montre aussi le caractère hasardeux des déclarations ecclésiastiques contemporaines sur le « système démocratique ». Elles supposent en effet que ce système est en soi neutre, en le ramenant à l’une des formes possibles de gouvernement des sociétés politiques naturelles : monarchie, aristocratie, démocratie, régimes mixtes ; de ce fait, elles font abstraction de l’essence contre-nature et areligieuse, du régime considéré, celui de la démocratie moderne » (p. 64).

 

Abbé Claude Barthe : Vous allez tout de suite au cœur du sujet. Jean Madiran, dans Les Deux Démocraties (Nouvelles Éditions latines, 1977), soulignait que la source de la confusion – volontaire ou pas – de ceux qui veulent « baptiser » la démocratie moderne, celle née de la Révolution, résidait dans le fait qu’ils l’assimilent à la démocratie « traditionnelle », celle d’Athènes ou des cantons suisses de jadis. Cette dernière est une forme de gouvernement parmi d’autres. On peut, et on doit discuter de son adéquation ou de son inadéquation avec tel peuple déterminé, mais elle peut en soi, permettre la recherche du bien commun de la Cité. En revanche, la démocratie de Rousseau, qui veut que le pouvoir souverain émane de l’ensemble des citoyens et que la loi soit l’expression de la volonté générale – deux principes gravés dans la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 -, va contre la nature de la société des hommes, dans laquelle le pouvoir, même s’il est exercé par le peuple, émane de Dieu, et dans laquelle la loi humaine se raccorde à la loi naturelle, inscrite par Dieu dans le cœur des hommes. Par le fait, si une nation est baptisée, ce décrochement se fait aussi par rapport à la Religion, dont le Prince ou les magistrats sont les défenseurs-nés (cf. le serment du sacre des rois de France).

AF : Ceci étant dit, nous aimerions vous poser une seconde question préliminaire. Vous écrivez : « User du monde comme n’en usant pas : vivant au sein d’un monde mauvais, il faut en sortir au moins moralement, en s’élevant contre lui, en se préparant effectivement à le remplacer. ». En quoi ce monde est-il mauvais ? En quoi les systèmes institutionnels, issus de la Révolution française sont-ils mauvais ?

Abbé Claude Barthe : Dans la mesure où l’élaboration de la loi humaine ignore par principe, la transcendance de la loi divine, totalement ou partiellement ; aussi longtemps que l’état de l’opinion reste influencé par le catholicisme, elle devient ce que Jean-Paul II qualifiait de « structure de péché ». Il parlait de la loi mauvaise, mais ce n’est pas seulement la loi démocratique qui est source de péché (elle peut d’ailleurs parfois être bonne, accidentellement pourrait-on dire), c’est le principe même, qui veut que la loi, émanant de la « volonté générale », cherche à s’accorder aux désirs des individus, qui est vicié. La subversion de la loi naturelle ne se réduit certes pas à celle de la morale familiale : ainsi le seul fait que la société soit laïque, c’est-à-dire athée est déjà contre-nature ; le Prince ou les magistrats ont, comme le père de famille, en tant que chef de famille, des devoirs religieux. Il ne faut cependant jamais oublier qu’une des grandes « conquêtes » de la Révolution va contre la structure familiale : la loi sur le divorce. La destruction de la société familiale est un marqueur de déstabilisation révolutionnaire. Aujourd’hui, avec l’accélération de la transformation individualiste d’une société de plus en plus sécularisée, l’envahissement d’un marché mondialisé, l’auto-asservissement idéologique des individus « libérés », la subversion du droit naturel est devenue maximale : sous nos yeux, de législature en législature, la « volonté générale » de Rousseau et de l’Encyclopédie, se traduit par une suite d’« avancées » libérales, qui sont en fait des compromis entre les désirs divers et parfois opposés, des individus.

AF : Voici donc devant nos yeux la nouvelle Cité qui s’est érigée après la Révolution française et qui s’est donné des institutions déterminées, une Cité diamétralement opposée à la Cité chrétienne. Pouvez-vous maintenant nous préciser ce que vous entendez par ralliement et nous donner les grands moments historiques de ce mouvement ? Nous connaissons tous celui de Léon XIII, le plus célèbre, mais certaines formes de ralliement n’existèrent-elles pas avant et après celui-ci ?

Abbé Claude Barthe : Entre ces deux bouleversements majeurs que furent la Révolution française pour la société et le Concile Vatican II pour l’Église, dans un espace de près de deux siècles, cette dernière a fonctionné sur deux registres. Son magistère pontifical a été sans discontinuité anti-libéral, condamnant les principes idéologiques de la société moderne, dont la principale forme, comme n’a cessé de le répéter Bernanos, est politique. De Pie V, condamnant la Constitution civile du Clergé, à Pie XII, rappelant les droits de la vérité dans la loi, Pie IX, Pie X, Léon XIII (Immortale Dei, sur la constitution chrétienne des États), Pie XI (Quas primas, sur le Christ-Roi).

Mais dans le même temps, la diplomatie des hommes d’Église – je prends ce terme dans un sens très large de négociation entre l’Église et la société – a cherché, dans l’intention de donner une place publique au culte chrétien, à l’enseignement catholique, etc., des accommodements semi-idéologiques avec les régimes issus de la Révolution. On peut discuter des avantages et inconvénients du Concordat signé avec Bonaparte, mais on ne peut douter que le fait que Pie VII ait accepté de sacrer l’héritier et le consolidateur de la Révolution, ait eu une portée morale de ralliement de l’institution ecclésiastique à l’État nouveau.

Ensuite sont venus les consignes de ralliement de Léon XIII, par l’encyclique Au milieu des sollicitudes de 1892, demandant aux catholiques français d’adhérer « sans arrière-pensée » au régime fondé sur cette conception moderne de liberté que le même Léon XIII condamnait dans son encyclique Libertas. Léon XIII séparait, pour ce faire, les lois mauvaises de la IIIème République, du régime lui-même supposé neutre. L’adhésion au régime pouvant permettre, selon lui, par le biais des élections, de faire changer les lois…

Il y eut aussi ce qu’on a nommé le « Second Ralliement », à savoir ce concordat informel intervenu, à partir de la première guerre mondiale, à la faveur de « l’union sacrée », entre l’Église et la République française, qui aboutit, en 1921, au rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège ;  avec le retour des congrégations, chassées par la loi de Séparation, le tout dans une atmosphère d’entente cordiale entre les hommes d’Église et la démocratie, dont ils affirmèrent volontiers la « légitimité » au titre du pouvoir établi.

L’abandon des Cristeros, ces catholiques du Mexique, insurgés au cri de Viva Cristo Rey ! contre les lois laïques tyranniques, a résulté des arreglos du 27 juin 1929, aux termes desquels le culte était théoriquement rétabli, mais avec obligation pour les Cristeros de remettre leurs armes, ils furent dès lors, massacrés.

On pourrait continuer : le radio-message adressé au monde entier par Pie XII, le 24 décembre 1944, dans le contexte de  fin de  guerre avec l’Allemagne, faisait plus que jamais bénéficier la démocratie de la légitimité du pouvoir établi, mais en rêvant à une « vraie et saine démocratie » qui serait « fondée sur les principes immuables de la loi naturelle et des vérités révélées », avec laquelle n’avait rien à voir la démocratie à laquelle participaient activement les partis démocrates chrétiens en France, Allemagne, Italie, Belgique.

AF : Vous inscrivez dans ce mouvement, la condamnation de l’Action française – plus exactement de son journal et de certaines œuvres de Charles Maurras – en 1926 par Pie XI. Nous aimerions nous y arrêter car nous pensons que cette question est d’une importance capitale, il s’agit à vrai dire, d’une question nodale. Précisons qu’il ne s’agit pas du cœur de votre livre et que vous ne faites qu’évoquer l’événement dans un contexte plus large, ajoutons aussi, que la question est d’une réelle complexité et que la bibliographie qui traite de cet événement commence à être conséquente. Néanmoins, selon vous, est-ce que cette tentative de ralliement – on parle même de second ralliement – est première dans les motivations qui poussèrent à cette condamnation ? Est-ce qu’au-delà des questions doctrinales, ce qui mit en mouvement cette affaire est d’ordre politique ?

Abbé Claude Barthe : Il est sûr que dans le contexte de rétablissement des relations diplomatiques de la France avec le Saint-Siège, en 1921, la mise à l’index, cinq ans après, de L’Action française est apparue comme un cadeau inespéré pour la démocratie de Briand, qui a été, de fait ou intentionnellement, un des éléments de la négociation.

Tout était étrange dans cette affaire. D’abord, la « condamnation » n’était en réalité qu’une mise à l’index, c’est-à-dire une inscription sur la liste des écrits que les catholiques n’avaient pas le droit de lire, mais elle était assortie des peines dignes d’une excommunication pour les récalcitrants : refus d’absolution, refus des derniers sacrements et de l’enterrement à l’église. Ensuite, Pie XI n’a jamais explicité ses reproches doctrinaux. Il a seulement dit que Maurras faisait partie de ceux « qui mettent les intérêts des partis au-dessus de la religion et font servir celle-ci, à ceux-là », leurs doctrines étant « dangereuses tant pour la foi et la morale que pour la formation catholique de la jeunesse », sans autre précision (allocution aux cardinaux, 20 décembre 1926). On aurait pu reprocher à Maurras, l’agnostique, de ne pas faire du catholicisme de l’État, l’essence d’une restauration, comme le voulait le cardinal Billot, qui paya son amitié pour l’Action française d’une privation de la pourpre romaine. On aurait pu lui reprocher son naturalisme politique, mais le naturalisme de la démocratie chrétienne italienne qu’aimait Pie XI, était autrement manifeste.

La « condamnation » du principal mouvement antirépublicain a évidemment poussé vers la République un nombre de catholiques qui, déjà, depuis le Second Empire, se détachaient de la poursuite de restauration d’un État traditionnel. Un autre effet du ralliement de la « condamnation » tient à ce que, outre le cardinal Billot, tous les catholiques dits « intégraux », hostiles au Ralliement prôné par Léon XIII, entrèrent dans une période noire et furent marginalisés : par exemple, le P. Henri Le Floch, spiritain, supérieur du Séminaire français de Rome, dut se démettre, de même que le directeur de La Croix, l’abbé Bertois. Et surtout, au fur et à mesure que disparaissaient les évêques « intégraux » nommés ou poussés par saint Pie X (Marty à Montauban, Penon à Moulins, Ricard à Auch), étaient nommés des évêques démocrates : Feltin à Bordeaux, Liénart à Lille, Gerlier à Lyon, qui conduiront les destinées de l’Église de France jusqu’au Concile, et pour lesquels la contestation politique se réduisait à la défense de l’école libre.

AF : Monsieur l’abbé, selon vous, y a-t-il eu un véritable changement de politique, quant au ralliement, avec le second concile du Vatican ?

Abbé Claude Barthe : Jusqu’à Vatican II, l’adhésion à la démocratie libérale née de la Révolution, était d’ordre diplomatique, avec la pensée que cette adhésion vaudrait reconnaissance et liberté pour l’Église, mais le magistère rappelait invariablement les principes anti-libéraux qui, du point de vue politique, condamnait les principes de l’État « de droit nouveau ». Avec Vatican II, il y a eu adhésion de principe. Le retournement s’est fait techniquement de la manière suivante : la doctrine morale, et donc politique, classique, considère qu’on ne peut donner de droit au mal et à l’erreur ; cependant, pour éviter de grands désordres, dans certaines circonstances, on peut tolérer (c’est-à-dire ne pas punir) certains maux ou erreurs (l’édit de Nantes était un édit de tolérance typique). Mais la déclaration Dignitatis humanæ sur la liberté religieuse de Vatican II a fait de la tolérance un droit, en affirmant en son n° 2 que « tous les hommes doivent être exempts de toute contrainte de la part tant des individus, que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain, que ce soit ; de telle sorte qu’en matière religieuse, nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience ni empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres. » Bien entendu, on avait toujours affirmé qu’on ne pouvait pas agir en matière religieuse contre sa conscience : par exemple, il n’a jamais été permis d’obliger au baptême. En revanche, la doctrine traditionnelle enseignait qu’un État œuvrant à la recherche du bien commun, devait empêcher la diffusion de l’erreur et du mal, sauf légitime tolérance afin d’éviter des maux plus grands.

Le retournement de principe s’est notamment manifesté par le fait que Paul VI, dès la fin du  Concile, a imposé aux États qui se réclamaient encore à l’époque, de la doctrine du Christ-Roi, d’adopter la liberté religieuse. Et ce fut la fin des États catholiques. L’enseignement officiel postconciliaire a posé le principe de « non-confessionnalité de l’État, qui est une non-immixtion du pouvoir civil dans la vie de l’Église » (Jean-Paul II, lettre aux évêques de France du 11 février 2005, à l’occasion du centenaire de la loi de 1905), avec au reste les meilleures et très naïves intentions du monde : on croyait qu’une « bonne » laïcité pouvait être un contre-feu au laïcisme.

La suite nous est bien connue : l’Église est désormais considérée comme une association parmi d’autres. À l’occasion de ce que l’on a nommé la crise sanitaire, on a pu noter à quel point semblait naturel le ralliement du catholicisme aux institutions modernes. Dans le monde entier, avec quelques exceptions courageuses, les épiscopats nationaux, se sont soumis aux directives des États au sujet de l’exercice du culte, alors qu’ils auraient dû défendre le principe de la liberté native de l’Église (quitte à décider eux-mêmes, au nom du bien général, des règles de prudence). En France, en Italie et en d’autres pays, ils ont même anticipé les mesures gouvernementales d’interdiction du culte public. On a vu en France, l’épiscopat interdire la célébration de baptêmes et de mariages pour se soumettre aux règles étatiques.

AF : Vous nous dites : « Retrait de compromissions, à la longue mortifères, ce qui donnerait plus de force à l’annonce du message et d’absence de complexe dans la prédication, à propos de la mise en œuvre de la doctrine du Christ-Roi, qu’il s’agisse du but ultime et lointain à poursuivre, celui du rétablissement d’une Cité chrétienne » (p. 95). Pensez-vous que, durant cet exil, qui devrait atteindre les catholiques intègres, la politique d’Action Française soit viable d’un point de vue catholique ? Nous pensons ici à un point particulier, celui du politique d’abord, et de l’alliance dans un mouvement laïc, de chrétiens qui militent pour la France et pour l’établissement d’une Cité chrétienne, et de non-chrétiens qui ne se battent pas pour l’établissement d’une telle Cité mais pour que l’Église, en tant que saine institution, soit défendue et promue, sans que rien ne l’empêche d’établir cette Cité ? Selon vous, cette position peut-elle être tenue pour un catholique ou la condamnation de Pie XI porte-t-elle précisément sur ce point ?

Abbé Claude Barthe : La condamnation de Pie XI, encore une fois, n’a jamais été explicitée. On peut rêver : si Charles Maurras avait intégré dans sa doctrine la pensée du comte de Chambord sur les rapports de l’Église et de l’État ou celle des théoriciens du carlisme espagnol, on eût été dans un tout autre contexte.

Il n’est pas dans mon rôle de clerc de dire ce qui concrètement, peut ou doit se faire pour une reconstruction politique. Mais je ne me dérobe pas pour autant à votre question à propos de la politique d’Action française au regard du combat pour le rétablissement d’une Cité chrétienne. Je remarque à ce propos que le catholicisme intégral français s’est renouvelé après la guerre avec une jeune génération de laïcs, aujourd’hui morts, qui étaient issus des rangs maurrassiens ou très influencés par la pensée de Maurras : Louis Salleron, Jean Ous­set, Jean Arfel (Jean Madiran), et bien d’autres. Mais après le Concile et Mai 68, le thème qui devint le plus prégnant au sein du catholicisme intégral fut simplement celui de la nécessité d’une « formation intellectuelle et morale » : on étudiait le corpus des encycliques anti-libérales, on magnifiait, à juste titre, Quas primas, et par osmose, par « capillarité », pour reprendre un terme célèbre de l’organisation de la rue des Renaudes (Jean Ousset), on rêvait de réinvestir de l’intérieur, la société en la christianisant. On imaginait pouvoir renverser l’hégémonie culturelle adverse, non pas au moyen de l’action politique, mais en établissant une hégémonie culturelle chrétienne ; hégémonie qu’il était bien sûr, impossible à la pensée politiquement dominante, d’admettre. En clair, on abdiquait tout projet proprement politique. Il me semble que le « politique d’abord » doit se comprendre comme le fait que le roi de France se voulait – ce que manifestait le sacre de Reims – le lieutenant de Dieu et le protecteur de l’Église, et pour cela faisait d’abord de la politique. Salazar, très influencé par la pensée de Maurras, n’est peut-être pas modèle en tout ce qu’il a réalisé, notamment pour que son œuvre lui survive, mais il a fait  de la politique, d’abord pour tenter de rétablir des institutions justes et soumises à la loi du Christ. De la droite organisation de la Cité, qui encourage la vertu et prépare à recevoir l’Évangile, dépend le salut possible d’un grand nombre.

Malgré son glissement concret hors du politique, le fait qu’une pensée issue du maurrassisme (la Cité catholique, fondée par Jean Ousset en 1946, avec son périodique, Verbe, devenu Permanences en 1963, son livre de référence, Pour qu’Il règne, de 1959, préfacé par Mgr Marcel Lefebvre, alors Évêque de Dakar) ou se réclamant expressément du maurrassisme (l’abbé Georges de Nantes, et sa Contre-Réforme catholique), ait cultivé l’idée d’une restauration de la Cité chrétienne, indique que les arrières-petits fils de Maurras peuvent aujourd’hui parfaitement adhérer à une théologie politique du Christ-Roi. Qu’il y ait dans leurs rangs, ou dans les rangs de mouvements analogues, des non-catholiques, ne change rien à l’affaire si ces derniers servent le bien commun : Sully, un des plus grands serviteurs de la monarchie, ne partageait pas la religion de son Prince, mais servait pleinement ses desseins. Nous n’en sommes pas là. Le vrai problème, dans l’état de déréliction où se trouve la France, est celui de penser les étapes par lesquelles on doit concrètement passer afin d’aller vers la nécessaire restauration d’une Cité juste, autrement dit ? penser une transition semblable à la fameuse transition démocratique, comme celle de l’Espagne, mais en sens inverse, une transition de restauration. Ceci est aussi un problème, directement politique, le vôtre.

AF : Nous vous remercions d’avoir bien voulu répondre à nos questions ! Nous encourageons tous nos lecteurs à se procurer au plus vite cet ouvrage, bien utile pour poser les jalons d’une réflexion catholique sérieuse, sur les institutions dans lesquelles nous vivons, en tant que catholique ou en tant que Français.

Propos recueillis par Guillaume Staub


Barthe Claude, La tentation de ralliement. Être catholique en démocratie, Paris, Éditions de l’Homme Nouveau, 2022, 111 p., 13 euros.
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Culture, entretien avec Monsieur l’abbé Grégoire Celier

Culture, entretien avec Monsieur l’abbé Grégoire Celier

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour un entretien que Monsieur l’abbé Grégoire Celier a bien voulu nous accorder, à l’occasion de la sortie de son livre Le XIXe parallèle – Flâneries littéraires hors des sentiers battus, aux éditions Via Romana, et nous l’en remercions chaleureusement ! Nous vous invitons à vous procurer, au plus vite, cet ouvrage bien riche, qui nous permet de rencontrer, tantôt des figures bien connues, tantôt des personnages oubliés, qui appartiennent soit à ce que l’auteur appelle l’antilibéralisme catholique, soit au nationalisme. C’est un livre accessible, clair et, le plus important, qui nous projette hors des positionnements trop faciles, des idées toutes faites – que ce soit pour le camp du politiquement correct ou celui de nos milieux, trop souvent formatés et se laissant bercer par les facilités de l’idéologie. L’abbé Grégoire Celier nous bouscule, il nous interroge, et pour cela, qu’il en soit remercié ! Nous ne pourrons, malheureusement, nous arrêter sur chaque figure de ce livre, s’y trouvent représentés : Mgr Dupanloup, Maurice Barrès, Mgr Benigni, la Comtesse de Ségur, Louis-Ferdinand Céline, Louis Veuillot, Charles Maurras pour n’en citer que quelques-uns. Nous avons choisi de sélectionner trois figures : Louis-Ferdinand Céline l’inclassable, Charles Maurras et l’Action française, Melchior du Lac. Nous vous prévenons toutefois, en reprenant les termes (ironiques) de l’auteur, que cet entretien « n’est pas un “safe space”. Il comporte l’usage de mots inconvenants, choquants, crus, sans filtre, qui peuvent heurter les sensibilités, agresser certains esprits ; le lecteur risque d’en être blessé et meurtri » (p. 13-14). ,

AF : Monsieur l’abbé, avant de nous intéresser au fond de votre ouvrage à travers quelques figures, j’aimerais vous poser une question préliminaire. Pourquoi vous être lancé dans ces flâneries littéraires ? Est-ce seulement par goût ou également mû par un certain devoir ? Je m’explique. Les ecclésiastiques, et plus généralement les catholiques, ne se désintéressent-ils pas trop de la littérature et des arts profanes ? Des publications telle que la vôtre semblent bien rares.

Abbé Grégoire Celier : Il est évident, comme le rappelait le pape saint Pie X, qu’un ecclésiastique doit en priorité s’adonner aux sciences sacrées. C’est ce que je fais, car les livres (une quinzaine) que j’ai déjà publiés sont consacrés à la liturgie, à la philosophie thomiste, à la situation actuelle de l’Église. Mais il n’est pas interdit, il peut même être bon, si un ecclésiastique en a le temps et les dispositions, qu’il s’intéresse aussi aux réalités profanes. Rappelons que le fondateur de la génétique moderne, Mendel, était un ecclésiastique, tout comme l’était le chanoine Georges Lemaître, inventeur du concept du « Big Bang ». Ceci étant, mon dernier livre, celui dont nous parlons, qui traite d’histoire et de littérature, est consacré essentiellement à des figures catholiques, ou liées à l’Église (comme Maurras, pour lequel j’examine la condamnation papale de 1926). Seuls les deux derniers chapitres sont presque purement « laïcs ».

AF : Nous ne résistons pas à la tentation de commencer notre entretien par un chapitre qui me tient particulièrement à cœur, celui nommé « Une opinion sur Charles Maurras et le devoir d’être catholique », où effectivement, vous traitez de la condamnation de l’Action française par Pie XI en 1926. Cette question étant le principal sujet de nos études universitaires – que ce soit en théologie catholique ou en histoire -, nous ne pûmes qu’apprécier la manière dont vous l’abordâtes, c’est-à-dire avec des remarques pondérées, objectives et soigneusement pensées. La question est d’une réelle complexité, bien éloignée de toutes les caricatures, et mérite d’être approchée avec beaucoup de modestie et bien du courage ! D’autant que les implications doctrinales et les conséquences concrètes de celle-ci, semblent immenses et agitent encore de nos jours, le monde catholique et la vie politique. Il s’agit, j’ose le dire, d’une question nodale. Présentement, nous ne pouvons pas revenir ici sur tous les événements de cette condamnation, pour ce faire nous invitons nos lecteurs à lire votre ouvrage ainsi que la bibliographie indiquée dans celui-ci. J’aimerais que nous allions au cœur du sujet ! D’après vous, quelle fut la cause profonde de cette condamnation ? Fut-ce une condamnation politique recouverte d’excuses doctrinales ou peut-on discerner, objectivement, un fond doctrinal à cette condamnation, les événements historiques s’y greffant et obscurcissant l’affaire ?

Abbé Grégoire Celier : Il est difficile de déterminer exactement ce que voulait Pie XI, dans la mesure où il ne s’est jamais vraiment expliqué : dans cette affaire, il manque, une encyclique doctrinale. Je ne puis donc donner qu’une opinion personnelle, appuyée sur une étude attentive du dossier. Au départ, me semble-t-il, il y a l’Action française et l’Action catholique. Je m’explique. Pie XI est préoccupé du fait qu’un groupe politique, l’Action française, de surcroît dirigé par un agnostique déclaré, Charles Maurras, draine la plus grande partie des militants catholiques, et attire les intellectuels et les jeunes. Or, Pie XI possède en réserve une solution : l’Action catholique. D’après lui, si tous ceux qui adhèrent à l’Action française rejoignaient l’Action catholique, la situation religieuse et politique de la France changerait du tout au tout.

Ensuite, Pie XI voit dans l’Action française, comme dans tous les partis politiques français de l’époque, une anomalie grave : il ne s’agit pas d’un mouvement catholique sur le plan politique (même si ses membres sont en majorité d’ardents catholiques). Or, n’oublions pas que Pie XI est le pape qui a institué la fête du Christ-Roi, contre « la peste du laïcisme », ainsi qu’il l’écrit. Une action politique qui n’a pas pour but ultime le règne du Christ-Roi, lui semble inconcevable pour un catholique.

Se greffe sur ce fond proprement doctrinal et ecclésiastique une question de politique européenne. Le Saint-Siège veut tout faire pour éviter le retour de la guerre en Europe, il lui semble que les efforts en faveur de la paix, déployés par Briand en France et Stresemann en Allemagne (accords de Locarno en 1925) sont très prometteurs. Or l’Action française combat ardemment ce rapprochement franco-allemand, qui lui semble utopiste et très dangereux pour la sécurité de la France. Contrairement aux affirmations de l’Action française de l’époque, je ne crois pas que cet arrière-fond politique soit la cause déterminante de la condamnation, mais il a certainement pesé dans la balance, quand Pie XI a décidé d’engager le fer.

Après, il y a eu le raidissement et la maladresse de Pie XI, le raidissement et la maladresse de l’Action française (reconnus par Maurras lui-même, des années après), des polémiques qui mettaient de l’huile sur le feu (de part et d’autre), des sanctions démesurées, etc. Ce fut un drame terrible et souvent injuste.

AF : Je vous avouerai, in fine, que votre analyse nous semble la bonne et c’est précisément là que réside le drame ! J’aimerais que nous allions plus loin ensemble et que vous répondiez, si vous le voulez bien, à une question épineuse qui ne cesse de nous agiter. Dans le cadre des nations modernes, peut-on encore tenir une position entièrement catholique ? Je m’explique. Nous nous trouvons dans un cadre politique que l’on nomme nation – je ne parle même pas de démocratie ou de République, j’évoque simplement le plus fondamental dénominateur commun, notre pays. Quand celui-ci est attaqué de toutes parts, quand les assauts se font incessants, ne faut-il pas s’unir pour le défendre, partant du principe qu’il s’agit d’une entité bonne et bénéfique pour son peuple ? Or, notre pays est profondément déchristianisé et un parti catholique, seul, semble incapable de le défendre. Dans ce cas, ne faut-il pas créer un mouvement laïc au sein duquel catholiques et non-catholiques pourraient  agir ensemble,  avec un objectif commun respectant les finalités propres des deux composantes ? Car il semble que demander à un non-catholique, c’est-à-dire une personne n’ayant pas encore accompli une démarche de foi, de se battre dans un mouvement catholique, serait une contradiction. Elle  peut, certes, se battre pour la liberté de l’Église en tant qu’institution, bonne pour le pays, mais non comme un soldat interne de l’institution,  se trouvant hors de celle-ci. Pardonnez-moi cette assertion osée, mais la position de Pie XI n’est-elle pas seulement une position de chrétienté ? N’est-ce pas une impasse dans laquelle les chrétiens s’engouffrèrent et qui les perdit ? Devrions-nous, en 2022, en tant que catholiques, refuser tout engagement politique, laïc ? J’aimerais que vous nous exposiez ce que vous pensez être la position catholique la plus classique et la plus traditionnelle.

Abbé Grégoire Celier : La question que vous posez manifeste précisément tout l’intérêt politique à revenir sur la condamnation de l’Action française : il ne s’agit pas des cendres du passé, mais bien d’une question brûlante de notre époque. Dans quelles conditions des catholiques peuvent-ils intervenir politiquement, en une société multireligieuse et multiculturelle ? La situation a encore beaucoup évolué depuis 1926, puisque la majorité des Français ne sont plus baptisés, et que seulement 5% vont à la messe le dimanche.

La difficulté est la suivante : Il est évident que dans un système électoral où il faut rassembler une majorité, les catholiques, qui ne sont plus qu’une minorité, ne peuvent agir seuls, et doivent donc s’unir à d’autres. Il est évident aussi que si les catholiques n’ont pas leurs propres structures politiques, pour poursuivre leur but spécifique (disons le règne du Christ-Roi, comme objectif final), ils n’auront aucun poids politique, et seront noyés dans la masse, donc sans influence. Toute la question est de savoir comment articuler ces deux nécessités. Sur le plan théorique, on peut évidemment envisager un cartel électoral. Sur le plan pratique, c’est beaucoup plus compliqué : Avec qui s’allier ? Sur quel point de doctrine ne pas transiger, sur quel autre faire des concessions, pour avoir une chance de gagner ? Peut-on, dans le monde où nous vivons, affirmer clairement (dans des structures franchement catholiques) que l’on veut le règne du Christ-Roi, sans empêcher absolument l’établissement d’un cartel électoral ?

Ce sont des questions difficiles, pour lesquelles je n’ai pas vraiment de réponse. Mais si, en tant qu’écrivain, j’ai contribué à ce que des personnes engagées en politique se les posent, je pense avoir atteint mon but, et j’en suis très heureux.

AF : Selon vous, en tant que catholiques, comment devons-nous nous situer par rapport à  Charles Maurras dans le domaine des idées politiques ? Son œuvre est-elle toujours d’actualité, Est-elle toujours bénéfique pour la construction de la Cité ?

Abbé Grégoire Celier : Charles Maurras est un écrivain politique. Il s’est intéressé à certaines questions, même s’il en a négligé d’autres (l’aspect économique, par exemple, lui échappe presque complètement). Il reste, à mon sens, tout à fait important pour nous aider à réfléchir sur la philosophie et la pratique politiques. Il a pointé du doigt, tout d’abord, l’existence d’une véritable science politique, qui permet d’atteindre des résultats certains et pérennes, au lieu de se contenter de suivre des impressions, voire des passions. Il a, évidemment, beaucoup réfléchi sur la question des institutions, sur leur valeur comparée, sur leur efficacité, sur leur pérennité. Le général de Gaulle, en instituant la « monarchie républicaine » de la Cinquième République, a démontré que sa lecture de Maurras ne lui avait pas été inutile.

Il a réfléchi sur la politique étrangère de la France (Kiel et Tanger) et, là aussi, le positionnement « hors des deux blocs » du Général n’est pas sans rappeler le slogan « La France seule » de l’Action française, durant la Seconde Guerre mondiale. On pourrait encore continuer longuement, en soulignant tout ce que l’œuvre de Maurras peut apporter à la réflexion politique contemporaine.

Action française : A présent, j’aimerais que nous nous arrêtions sur la figure de Melchior du Lac, et ce 77 afin de faire nôtre votre volonté : « Il serait juste de rendre hommage à ce pionnier et de tirer son nom d’un oubli immérité » (p. 155). En effet, je pense que ce nom n’est guère connu de nos lecteurs, pouvez-vous brièvement nous le présenter ?

Abbé Grégoire Celier : Melchior du Lac fut le principal rédacteur du journal catholique L’Univers, jusqu’à ce que Louis Veuillot, qui avait rejoint le journal en 1839, n’en devienne rédacteur en chef, en 1844. Par ses qualités intellectuelles et morales, par son habileté dans les relations sociales, par sa patience et sa persévérance, par son désintéressement, par son intégrité, il est le modèle du journaliste catholique travaillant dans un journal pauvre et décrié par les adversaires de l’Église. Il consacra, en effet, presque quarante ans de sa vie à L’Univers, contribuant à faire de ce journal le grand quotidien catholique, jusqu’à ce que La Croix, à partir de 1883, ne contribue à l’éclipser. Il est, pour moi, qui suis journaliste dans la presse religieuse depuis trente ans, un exemple, un modèle et une source d’inspiration, comme il le fut pour Louis Veuillot, qui le considérait comme son maître.

AF : A cette époque existaient des liens très forts entre le parti légitimiste et la cause catholique, situation qui nous semble aujourd’hui bien étrangère et, pour beaucoup, incompréhensible. Pouvez-vous nous dire ce qu’avait d’audacieuse la position de Melchior du Lac, position que vous nommez, celle de « L’Église seule » ? Pensez-vous que celle-ci se soit ensuite pleinement imposée ou souffre-t-elle encore de quelques manques – manques qui ne seraient pas nécessairement du même bord politique ?

Abbé Grégoire Celier : Pour comprendre la position de Melchior du Lac, il faut partir de la situation d’avant la Révolution. A part quelques intellectuels isolés et très discrets, tout le monde est alors unanimement et spontanément royaliste… parce que cela est évident, après plus de mille ans de monarchie. Les vingt-cinq ans qui vont s’écouler entre le début de la Révolution et la Restauration, vont complètement bouleverser la donne. Quand Louis XVIII monte sur le trône, il y a des royalistes légitimistes, des royalistes orléanistes, des royalistes survivantistes, des impérialistes, des républicains de diverses nuances et tendances, et beaucoup de « riendutoutistes », des personnes désabusées de tous les régimes qui se sont succédé si rapidement.

Une partie des légitimistes est franchement catholique, beaucoup étant revenus à la foi en raison des malheurs qui les ont frappés. Ou, à l’inverse, peut-on dire, une partie des catholiques est légitimiste. Le problème, c’est qu’ils n’ont pas intégré l’évolution qui s’est produite : ils réagissent comme si le fait d’être légitimiste était aussi évident et naturel que celui d’être royaliste sous l’Ancien Régime. Ce qui ne manque pas de poser problème, dans la mesure où les catholiques, pour une bonne partie d’entre eux, ne sont plus réellement légitimistes.

L’option de Melchior du Lac, qui lui vient en fait de l’école mennaisienne, est de détacher complètement l’Église, la vie chrétienne, d’un choix politique défini. L’Univers sera ainsi un journal franchement catholique, qui accueillera dans ses rangs des légitimistes, des orléanistes, des impérialistes, des républicains, des indifférents. Et c’est l’option qui, en fait, a été retenue par l’Église elle-même : alors que Pie VI, au temps de la Révolution, n’hésitait pas à dire que la monarchie est le meilleur des régimes, ses successeurs vont se garder de prendre parti entre les diverses et honnêtes options politiques.

Ce positionnement de l’Église est tout à fait sage, prudent, adéquat, en cette époque postrévolutionnaire. Son inconvénient sur le long terme, je le signale en passant, est de favoriser l’indifférentisme politique : tous les régimes politiques seraient équivalents, pourvu qu’ils soient dirigés par des gens honnêtes. Mais ce n’est pas vrai, certains régimes sont meilleurs, politiquement que d’autres, et sur ce point il est clair que Charles Maurras, a attiré notre attention et suscité notre réflexion.

AF : Actualité oblige – mais pas seulement ! -, j’aimerais que nous nous arrêtions maintenant sur la figure de Louis-Ferdinand Céline dont le chapitre, avec celui sur Maurice Barrès, fut spécialement écrit pour ce volume. Pourquoi avoir voulu traiter de cet auteur qui ne semble pas pouvoir être qualifié ni de catholique antilibéral, ni de nationaliste ?

Abbé Grégoire Celier : Céline n’était certes pas catholique, c’est un euphémisme de le dire. Il n’est nullement nationaliste dans ses romans, c’est pourquoi il a pu être pris, pour un auteur de gauche. Mais par ses quatre pamphlets, puis par diverses activités politiques subséquentes, il a été reconnu comme participant (à sa façon, très originale, évidemment) au courant nationaliste, avec un côté plutôt « racial ». Même s’il est moins directement au cœur de ma visée historique (antilibéralisme catholique et nationalisme français), il s’en rapproche néanmoins .

AF : Vous nous rappelez à plusieurs reprises que votre critique de Céline est une critique littéraire – c’est-à-dire ni historique, ni morale -, nous aimerions aller au-delà pour vous demander : pourquoi lire Céline ? Autrement dit, qu’apporte-t-il à l’Homme qui s’y plonge ou à la Cité qui l’étudie ? N’est-ce qu’un apport littéraire – et dans ce cas quel apport ? – ou nous apporte-t-il bien plus ? Peut-être une solution à l’embourgeoisement de nos mœurs et de nos pensées, peut-être une certaine vitalité ? Nous avançons ces quelques éléments, car ils pourraient rejoindre votre conclusion, c’est-à-dire que l’aura particulière de Louis-Ferdinand Céline est sans aucun doute liée à l’existence de ses pamphlets, qui l’empêchent de devenir un « classique ».

Abbé Grégoire Celier : Mon intérêt pour Céline se justifie d’abord parce qu’il est un auteur majeur de la littérature française du XXe siècle, peut-être le plus important, disons au moins l’un des cinq premiers. C’est comme l’Arc de Triomphe, le Sacré-Cœur ou la Tour Eiffel : on peut ne guère les apprécier esthétiquement, mais il est impossible de nier qu’ils font partie des monuments majeurs de Paris.

Ensuite, par sa noirceur, son pessimisme et son humour, Céline projette sur la modernité une lumière très crue, il la déshabille, en quelque sorte, il lui arrache ses oripeaux, il la met à nu. Ce n’est pas une lumière catholique, mais à partir du résultat clinique, de cette sorte d’autopsie brutale (n’oublions pas que Céline était médecin), on peut projeter sur la modernité une lumière catholique débarrassée des faux-semblants et des illusions. Sans recommander à qui que ce soit de lire du Céline, car ses ouvrages sont, à de multiples égards, plutôt effrayants, je dois reconnaître qu’ils m’ont aidé personnellement à faire le point, à me détacher des mirages de la modernité, et finalement, à avoir la pleine liberté de la considérer d’un point de vue catholique, au demeurant essentiel.

Après, je dois confesser humblement que j’aime son style et son humour noir : Mea culpa !, comme disait Céline lui-même (c’est le titre de son premier pamphlet, contre l’Union Soviétique).

AF : Un dernier mot sur notre auteur, quelle fut votre réaction en apprenant la sortie des manuscrits disparus, la longue introduction D’un château l’autre ne prend-t-elle pas un tout autre aspect ? Qu’en attendez-vous ?

Abbé Grégoire Celier : Je suis un lecteur attentif et intéressé de Louis-Ferdinand Céline, mais je ne suis pas un maniaque de son œuvre. Ce qui vient d’être découvert, conformément d’ailleurs aux affirmations de Céline à la fin de sa vie (lui qui fut un grand affabulateur, ne mentait nullement sur ce point), jette un éclairage très intéressant sur toute la partie déjà connue de son œuvre, et certainement, je m’y plongerai lorsque le temps sera venu. Ceci étant, ces manuscrits n’ont pas été publiés par l’auteur, sans aucun doute parce qu’il ne les considérait pas comme complètement aboutis. Or c’est l’œuvre publiée par un auteur qui est première et normative, les inédits (donc les manuscrits récemment découverts) devant être lus et appréciés à la lumière de l’œuvre publiée.

AF : In fine, nous aimerions vous donner plus librement la parole en vous demandant : parmi les figures présentes dans votre ouvrage, y en a-t-il une qui, selon vous, mériterait d’être particulièrement redécouverte, soit parce qu’elle vous a beaucoup apporté personnellement, soit parce qu’elle est malheureusement inconnue ou injustement méconnue ?

Abbé Grégoire Celier : Si l’on parcourt le livre avec un peu d’attention, on voit facilement la place qu’occupe Louis Veuillot. Deux chapitres lui sont directement consacrés, tandis qu’il trône au centre des chapitres consacrés à la Comtesse de Ségur et à Melchior du Lac, enfin, il est présent en filigrane dans ceux consacrés à Mgr Dupanloup, à dom Guéranger et au père Vincent de Paul Bailly. Veuillot, dont j’ai lu avec passion les quarante gros volumes des Œuvres complètes, est un de mes grands héros, et une source permanente d’inspiration. J’admire son dévouement sans faille à l’Église, son intégrité de journaliste catholique, la qualité de son style littéraire, son esprit enfin et son à-propos.

Après, bien sûr, il faut placer Drumont (« sans les Juifs »), qui est celui qui m’a ouvert de nombreuses portes intellectuelles et sans lequel ce livre n’aurait jamais été écrit. Or, puisque vous vous référez à Maurras, il faut se souvenir de ce que celui-ci écrivait à la mort de Drumont : « La formule nationaliste est ainsi née, presque toute entière de lui, Daudet, Barrès, nous tous, avons commencé notre voyage à sa lumière ».

AF : Nous vous remercions encore d’avoir bien voulu répondre à nos questions et espérons que votre livre soit une source à laquelle viendront, s’abreuver de nombreux Français, et plus particulièrement notre jeunesse !

Propos recueillis par Guillaume Staub

Grégoire Celier, Le XIXe parallèle – Flâneries historiques et littéraires, hors des sentiers battus, Via Romana, 2022, 348 pages, 24 euros.

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Entretien avec le dessinateur ProjetKO

Entretien avec le dessinateur ProjetKO

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour un entretien avec le dessinateur ProjetKO. Nous souhaitions l’interroger car nous ne pouvons qu’admirer la qualité de ses dessins, la pertinence de ceux-ci et, de ce fait, le courage dont doit faire preuve l’âme qui les fait surgir à la vie.

L’Action Française : Cher monsieur, nous vous remercions d’avoir bien voulu accepter cet entretien pour l’Action Française. Tout d’abord, pourriez-vous présenter votre travail, sa genèse et le sens profond de votre combat ? Autrement dit, pourquoi êtes-vous devenu cet artiste dissident et pourquoi le devenir à travers cette forme spécifique de dessin que vous pratiquez ? D’ailleurs, comment la définiriez-vous ?

ProjetKO : Merci à vous pour votre intérêt et cette tribune. Je réalise et diffuse des illustrations « dissidentes » depuis 2015, principalement sur les réseaux sociaux mais aussi dans quelques revues et journaux nationalistes comme Rivarol. « Projet KO » est une référence directe au film « Fight Club », sorti en 1999, qui a été déterminant pour mon éveil politique. Toutefois, il ne s’agit pas dans mon esprit de militantisme anarchiste mais de participer à mettre K.O leur République, qui occupe la France que je défends, celle des traditions et de Jehanne d’ArcMa production est donc essentiellement d’inspiration nationaliste et catholique.

Comment définir ce que je fais ? Je communique par le dessin et des textes concis dans un soucis constant d’efficacité. Ce sont des synthèses de ce que je comprends et ressens du monde contemporain, en suivant l’actualité, en lisant les « bons » livres et en côtoyant les personnalités de notre milieu (extrémiste?). Ces illustrations visent à trouver la meilleure mise en scène possible permettant de résumer un événement, une personnalité, une problématique.

AF : Il semble que vous utilisiez un ensemble assez impressionnant de mode de dessin et d’instruments – mine de plomb, pastels, fusain, peinture à l’huile, acrylique, encres, pyrogravure, vitrail… – pourquoi cette diversité ?

ProjetKO : Tout à fait, je cherche toujours le moyen graphique le plus approprié au sujet traité afin de surprendre ou émouvoir le public. Le but est d’allier le fond et la forme en une image, sans aucun texte si possible. Expérimenter toutes ces techniques sur divers supports évite également l’ennui, permet de se renouveler et surtout de trouver des nouvelles idées de rendu… pour le dessin suivant !

AF : Vous proposez actuellement trois livres sur votre site internet – site que nous indiquerons à la fin de cet entretien -, pouvez-vous nous les présenter ? Comment sont-ils structurés ?

ProjetKO : Les 3 premiers albums regroupent de manière thématique les illustrations produites entre 2016 et 2020. « Portraits » organise les hommages et satires de personnalités nationalistes, dissidentes, révisionnistes… ou la lie de l’humanité suivant la sensibilité de chacun !

« Miroirs » regroupe des illustrations reflétant l’effondrement de notre civilisation. Le témoignage d’une époque nihiliste : matérialisme, mondialisme, finance apatride, laïcité, immigration, féminisme…avec quelques pistes d’espérance pour l’avenir.

Enfin, « Rappels » recontextualise les dessins d’actualités parus dans cette période charnière qui a vu le Brexit, l’insurrection des Gilets Jaunes, le martyre de Notre Dame, la crise (dés)organisée du Coronavirus et la tyrannie sanitaire toujours en cours… pour ne pas oublier les faits marquants subis par le peuple au nom de la « démocratie ».

AF : Votre second livre, Miroirs, offre un ensemble terrifiant de dessins illustrant à la perfection la décadence absolue dans laquelle l’Occident se complaît, quels sont pour vous les principaux maux qui nous accablent et s’abattent sur nous ? Sauriez-vous discerner l’origine de ceux-ci ?

ProjetKO : Miroir est l’album le plus personnel, après les durs constats, il finit sur des notes d’espoir appelant à un sursaut de vitalité du peuple. En fin de compte, je pense que le déficit démographique est notre principal problème. Entre l’immigration de masse venue essentiellement d’Afrique dans la joie du « grand métissage », le taux de natalité de nos femmes très insuffisant et l’avortement de masse (220 000 par an !), c’est un véritable suicide civilisationnel auquel nous assistons, en deux générations à peine. Or, ce n’est pas un accident, mais un programme de destruction de la France, rigoureusement orchestré par leur République. Le mal est profond et on peut le faire remonter à la Révolution de 1789-1793, qui a bouleversé l’ADN royaliste du peuple français en imposant les contre-valeurs républicaines. Valeurs que l’on sait aujourd’hui mortelles pour l’occident : les fameux « Droits de l’homme et du citoyen » (pourquoi distinguer l’homme du citoyen/goy ?), les mantras » liberté-égalité-fraternité » sont autant d’attaques dissimulées contre le peuple blanc et en particulier catholique. Dans une société en perte de sens, où la place de la religion a largement disparu du quotidien des familles françaises, toutes les valeurs se trouvent inversées : l’anti-racisme est un racisme anti-blanc de fait, la laïcité institutionnelle ne vise qu’à achever la religion catholique (tout comme le concile Vatican II). Or, que l’on soit croyant ou non, il y a encore 60 ans, la religion catholique offrait un cadre de vie stable et pérenne aux familles. Aujourd’hui, le mariage est déconsidéré, les familles recomposées sont la norme et les enfants, l’avenir, sont toujours plus maltraités et bientôt vendus aux LGBT. Ainsi, le matérialisme et l’égoïsme sont partout, le constat est cruel : les banques ont désormais remplacé les églises au cœur des villages de France.

AF : Plus spécifiquement, pourriez-vous vous attarder sur la crise du covid ? Que fut-elle pour vous ? Que put-elle nous dire de notre nation, de son peuple et de ses dirigeants ?

ProjetKO : La crise du Covid n’est pas terminée, les élections présidentielles nous offrent une trêve dont nous ne sommes pas dupes et les mondialistes vont évidemment dérouler leur programme (Great Reset) comme prévu : nouveaux variants, 4ème dose, pass « chinois » que tout le monde voit venir, fin de l’argent liquide… La difficulté étant la domestication effective du peuple, littéralement « dressé » à coup de mesures plus absurdes les unes que les autres depuis deux ans (les énumérer ici serait fastidieux !). Résultat, nous constatons qu’un nombre important de personnes continue de porter ce stupide masque après la suspension de son obligation. Peuple apathique où quasiment tout le monde est vacciné (y compris les anciens Gilets Jaunes !). Des parents vaccinent leurs enfants avec un produit expérimental risqué, contre une maladie inoffensive… les effets secondaires de ces traitements sont étouffés (pour combien de temps encore ?) par les politiques et les médias complices (qui a dit corruption ?). Tout cela est évidement criminel… mais ça passe ! Au nom de la liberté : « on ne veut pas mourir » crient les boomers en cœur ! Les élections au suffrage universel manipulées à coup de « story telling » (le sketch Zemmour/Marine/Pécresse/Macron), l’avortement à 9 mois de grossesse, le puçage programmé de la population par l’UE… oui, l’avenir de nos enfants paraîtrait bien sombre si nous n’avions pas la certitude que tout cela s’effondrera comme un château de cartes, tant les convictions dans le camp mondialiste-zombifié sont inexistantes. C’est bien simple, tout est laid avec eux. Le beau, le vrai et le juste sont de notre côté, donc je m’accroche à l’idée de produire chaque semaine des dessins-témoins, pour mieux supporter de vivre cette époque.

AF : Dans le combat difficile qui est le nôtre, les figures votives sont encourageantes, nous avons besoin de maîtres, de héros – morts ou vivants -, quelles sont les vôtres ? Vous en livrez quelques-unes dans votre premier livre, Portraits. Quelle place y tiennent les grandes figures d’Action Française ?

ProjetKO : En effet, mes héros sont morts pour la plupart, les plus inspirants seraient Degrelle et Brasillach dont j’ai particulièrement soigné les compositions dans l’album « Portraits ». Un exemple simple de ma démarche : le portrait de Charles Maurras a été réalisé en pyrogravure sur bois (aspect intemporel), de profil, en prenant soin de détailler particulièrement son oreille car, bien que sourd, il entendait mieux que personne les lois de la nature. Sinon, mes héros actuels sont les plus marginaux des dissidents : Ryssen, Le Lay, Reynouard… Peut-être mon côté provocateur, mais aussi la certitude que ce sont de belles personnes humainement.

AF : Parmi celles-ci, il y a celle de sainte Jehanne d’Arc – d’ailleurs vos éditions se nomment Le Réveil de Jehanne -, quelle place particulière tient la sainte de la Patrie pour vous ? Que devrait-elle incarner pour un Français nationaliste soucieux du sort de son pays ?

ProjetKO : Ce qu’il faut admirer chez Jehanne c’est son absence de doute, sa totale confiance en la Providence à partir du moment où le cœur est en action. La figure de Jehanne est en effet très importante dans mon quotidien, j’en ai réalisé plusieurs portraits originaux et elle me guide d’une certaine façon. Sa (courte) vie est une leçon exemplaire. Elle continue de nous inspirer, j’aurais envie de dire qu’elle continue « de nous secouer ». En effet, je pense qu’à l’image de Jehanne, le rôle des femmes est de pousser les hommes à l’action, sans quoi ils manquent de courage il faut bien l’avouer. En quelque sorte, ils agissent par amour chevaleresque ! Jehanne avait pour mission de pousser les hommes à se dépasser, à renverser le cours de l’Histoire de France. C’est ce dont nous avons besoin de nos jours. Où est-elle en 2022 ?

AF : Permettez-nous une question difficile. L’Action Française est souvent attaquée pour son refus de se soumettre aux États confédérés, il semblerait que nous soyons des maniaques de la question juive, des antisémites obsessionnels. Or chez vous, nous pouvons admirer quelques dessins de Jérôme Bourbon devant un bol de soupe où flottent quelques chapeaux bien reconnaissables, des dessins d’Hervé Ryssen ou encore de Robert Faurisson. Pourquoi cet attachement à la question juive ? Est-ce une des clefs de compréhension des problèmes que nous connaissons ?

ProjetKO : Quelle belle question ! Lutter contre leur démocratie républicaine, telle qu’elle nous est imposée depuis deux siècles, est de toute évidence « antisémite » au regard de la jurisprudence médiatique. «La démocratie, c’est la mort » disait Maurras. A cela, j’ajouterais que « l’antisémitisme, c’est la vie ! ». Pour être sérieux, de QUI parle-t-on ? des juifs en général ? Ce serait stupide, d’autant que nous vivons avec eux au quotidien, sans problèmes majeurs (contrairement à d’autres communautés). Cependant, le fait est que la religion juive, par essence apatride et déicide, est en guerre contre tout ce qui est nationaliste et catholique. Une guerre sournoise, une guerre à mort. Toute l’œuvre d’Hervé Ryssen l’a décrite, il m’arrive d’y faire allusion dans certaines illustrations mais c’est assez rare en fait. J’identifie parfaitement le problème mais n’en fais pas une fixation dans ma production.

AF : Bien que la situation semble désespérée, discernez-vous des lueurs d’espoir ? Où doit, selon vous, se porter le combat ? Quelles sont nos forces ?

ProjetKO : Bernanos disait en 1945 « L’espérance est une détermination héroïque de l’âme, et sa plus haute forme est le désespoir surmonté. » L’humanité est au pied du mur et chacun doit se remettre en question avant d’accabler le sort. Notre combat aura lieu sur tous les fronts et en particulier à l’intérieur de nous-mêmes. Chacun doit faire sa part. Personnellement, connaissant mes forces et faiblesses à 40 ans passés, j’ai choisi de me rendre utile sur le front culturel, saccagé par des décennies de gauchisme paresseux. Notre force ? la résilience ! Les féministes et LGBT disparaîtront d’eux-mêmes avant 10 ans, submergés par leurs « chances pour la France », qui pratiquent une forme de dialogue disons… expéditive. Le socle du peuple français est fissuré mais pas encore effondré. Comme je l’ai dit plus haut, la solution est démographique, tout en découle. Le peuple blanc doit faire des enfants, et « 2virgule1 » ne suffiront pas ! J’ai beaucoup d’admiration pour les familles nombreuses « de souche », souvent catholiques traditionalistes (je n’en suis pas) et voir lors d’événements nationalistes tous ces jeunes parents de quatre, cinq ou six enfants me réjouit au plus haut point. En définitive, le moteur de notre action, la mienne en tout cas, ce sont les gosses !

AF : Merci beaucoup pour cet entretien ! In fine, comment pouvons-nous vous aider ? Vous soutenir ?

ProjetKO : Déjà, on peut me soutenir en s’abonnant et partageant le canal Telegram « projet_ko » où je publie en priorité, plusieurs fois par semaine. Ensuite, toutes mes illustrations sont disponibles à la demande en reproductions de qualité et signées (nous contacter par mail). Enfin, l’auto-édition coûtant cher, on peut acheter les albums sur le site PROJETKO.FR ou dans les librairies partenaires, afin d’aider au financement de l’album suivant, « Cycles », qui sera la continuité de « Miroirs » et qui développera plus particulièrement la thématique des combats pour la vie.

Merci beaucoup pour vos questions.

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Propos recueillis par Guillaume Staub

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Les raisons du nationalisme de Léon de Montesquiou

Les raisons du nationalisme de Léon de Montesquiou

Sursum corda ! L’Action française se félicite de la réédition – après plus de cent ans ! – d’une œuvre majeure d’un de nos maîtres ! En effet, si nos sympathisants et militants peuvent accéder plus ou moins facilement aux travaux de nos plus célèbres plumes – à l’instar de Charles Maurras, Léon Daudet ou Jacques Bainville – bien d’autres auteurs semblent nous être interdits faute de nouvelles éditions. Le travail semble titanesque, mais il est temps de sortir de l’ombre des intellectuels comme Louis Dimier, Marie de Roux ou encore celui qui nous intéresse présentement, à savoir Léon de Montesquiou. Nous devons cet événement à une jeune et courageuse maison d’édition La délégation des siècles qui vient de publier Les raisons du nationalisme, l’occasion pour nous de les rencontrer.

Merci à vous de nous accorder cet entretien. Pourriez-vous nous présenter tout d’abord votre maison d’édition, ses fondements, ses aspirations et ses objectifs ?

Le « cri de guerre » de La délégation des siècles est le suivant : « Redevenir des Français ! »

Nous partons du constat qu’il existe, dans le panthéon des lettres françaises, des textes, des livres, des auteurs dont la lecture tire l’âme de sa léthargie, pour reprendre le mot fameux de Barrès. Hélas, l’édition française, l’Université, le monde de la culture ont largement oublié ou snobé ces œuvres depuis plusieurs dizaines d’années, principalement pour des raisons idéologiques et partisanes.

Nous souhaitions réunir en une seule et même collection cohérente ces œuvres édifiantes et superbes, afin que le lecteur qui souhaite se former, se renforcer, mettre de l’ordre dans ses idées, acquérir des lettres, développer sa science politique et son argumentaire, mettre des mots sur ses sentiments, puisse trouver, réuni pour lui, un ensemble solide qui répondra à ces besoins.

Au moment d’écrire ces lignes, nous proposons un catalogue d’une quinzaine de titres, qui s’étoffe constamment. Nous sommes fiers à ce propos de remettre en circulation des livres totalement inconnus et oubliés, comme très récemment Le capitaine philosophe de Marcel Tissot. Il raconte l’histoire d’un jeune homme issu de la noblesse qui va embrasser les idéaux de la Révolution dans un premier temps, avant de déchanter pour des raisons que le lecteur découvrira. Ce livre a été publié une seule et unique fois en 1876, et nous venons de le « ressusciter » le mois dernier.

Parmi les innombrables œuvres existantes, pourquoi vous être intéressé spécifiquement à cet auteur, à cette œuvre ? Comment se fit cette rencontre ?

Léon de Montesquiou (1873-1915) doit être réhabilité ! Sa mort précoce en 1915 au champ d’honneur ne lui a pas permis de continuer son œuvre après la guerre, ce qui explique sans doute qu’il a été « oublié » avec les années. Mais je le redis : il doit être réhabilité, entre autres pour cette raison fondamentale : il était un immense pédagogue capable de rendre claires, limpides et accessibles les œuvres complexes et parfois opaques de philosophes comme Louis de Bonald.

Il avait compris les enjeux, savait quelles conséquences seraient entraînées par les mauvais choix politiques et philosophiques de son époque et avait « prophétisé » nos malheurs. Il appartient à cette catégorie de penseurs dont les œuvres écrites il y a plus de 100 ans décrivent notre propre présent d’une façon incroyablement juste.

Les ouvrages de Montesquiou sont à la fois des manifestes politiques, des cours de philosophie et d’histoire, des leçons puissantes et une source d’énergie immense. C’est tout ce qui manque à nos contemporains alors il était de notre devoir de remettre ce livre en circulation.

Pourriez-vous nous présenter ce livre ? Quelle est son origine ? Quel est son objectif premier ? Comment s’articule-t-il ?

Les raisons du nationalisme a été publié en 1905. Le livre se découpe en cinq chapitres qui sont en fait les textes de cinq conférences données par Léon de Montesquiou entre 1902 et 1905. Dans chacune des parties, il aborde et précise un thème, toujours en lien avec l’objectif qu’il s’est fixé d’expliquer les raisons du nationalisme, sa raison d’être, son bienfondé et ses objectifs. Nous trouvons donc ici exposés le thème de l’enracinement avec Barrès, du déclassement social avec Paul Bourget, de régime politique, de la Tradition, de la Liberté, etc.

L’un des grands intérêts de ce livre est qu’il donne une définition large du nationalisme. Les adversaires du nationalisme ont longtemps enfermé cette doctrine dans cette phrase aussi réductrice que fausse : « le nationalisme, c’est la guerre ! ». Hélas beaucoup de nos contemporains pensent en effet, à cause du formatage auquel ils sont soumis, que le nationalisme est seulement une pulsion délirante de guerre et de mort. En réalité, c’est une véritable philosophie politique au sens large, qui s’exprime sur tous les aspects de la vie sociale et civile : culture, histoire, géopolitique, économie, valeurs & principes, organisation sociale, institutions, etc.

Le texte réussit l’exploit de s’adresser autant aux personnes déjà convaincues qu’à celles qui hésitent, qui ne savent pas ou qui n’ont pas d’avis particulier, car il est à la fois assez solide doctrinalement pour satisfaire des esprits déjà formés et assez pédagogue dans sa forme pour convaincre des profanes, des indécis, voire des adversaires !

Nous connaissons votre intérêt pour Maurice Barrès – qui représente la majorité de vos éditions -, quelle place tient-il dans cette œuvre ?

Maurice Barrès occupe effectivement une place de choix à La délégation des siècles, et pour cause ! Il est un maître, un professeur d’énergie, un littérateur exceptionnel et une intelligence sensible au service de la France. Léon de Montesquiou n’était pas d’un autre avis d’ailleurs, et en effet la première partie des Raisons du nationalisme se consacre à Barrès et à son œuvre intellectuel et littéraire en faveur de l’enracinement. Il est notable d’ailleurs que Montesquiou, qui est de l’école monarchiste, salue et loue Barrès le républicain. Parce qu’au-delà des différences, il y a l’amour de la France qui surpasse ces clivages. Je pense souvent à ce mot de Déroulède : « Républicains, royalistes, bonapartistes, ce sont des prénoms ; Français est le nom de famille ». Montesquiou reconnaissait dans Barrès un maître ayant considérablement participé à la formulation d’une doctrine nationale solide.

Léon de Montesquiou fut un nationaliste convaincu par l’idée monarchiste à la suite d’une lente conversion où Charles Maurras eut la première place. Celle-ci se fit entre 1900 et 1901 à la suite de la lecture de l’Enquête sur la monarchie et d’une série d’articles parus dans La revue d’Action française. Comme Charles Maurras, il croit que l’argumentaire philosophique traditionnel doit être renouvelé et tente de concilier des auteurs comme Bonald et Comte – écrivant des essais les concernant à l’instar du Le système politique d’Auguste Comte (1910) ou Le réalisme de Bonald (1911) -. Comment se traduit cette tension entre les autorités traditionnelles et celles plus récentes ?

Il faut se remettre dans le contexte de l’époque pour essayer de comprendre cette tension dont vous parlez. Nous avons là des gens convaincus que la France est grande mais qu’elle ne l’est que parce que les puissances intérieures qui l’animent acceptent d’assumer cette puissance et de la garantir. Or, à cette époque, on voit déjà poindre des défaitistes, des déclinistes, des internationalistes qui ne trouvent plus intéressant d’assumer cette grandeur. Les fruits pourris de la Révolution ont infesté le sol longtemps après les événements : les institutions sociales qui garantissaient à la France sa solidité et sa stabilité ont été dévastées par l’aventure révolutionnaire. La charpente nationale est écroulée sur le sol et des gens, au nombre desquels Léon de Montesquiou et d’autres, s’interrogent : maintenant que la charpente est écroulée, comment empêcher que la France ne s’écroule à son tour, ce qui arrivera immanquablement ? À cette question, ils ne répondent pas tous de la même façon. Montesquiou et avec lui d’autres représentants de l’Action française tentent un rapprochement intellectuel avec par exemple l’école positiviste de Comte. Notons d’ailleurs qu’à cette époque, Maurras tente plusieurs rapprochements en vue de créer une dynamique : il entretient une correspondance avec beaucoup de personnalités d’autres camps, comme Anatole France ou Marc Sangnier.

Il y avait une vraie volonté d’unir les forces en présence afin d’éviter le drame absolu que représenterait l’écroulement de la Maison. On peut dire que ces tentatives de conciliation étaient une réponse spontanée devant l’imminence d’un danger mortel ; lequel danger rendait nécessaire certaines tentatives qu’en temps normal il n’y aurait pas eu lieu d’envisager. Mais les situations de crise imposent des solutions de crise.

Nous savons que Léon de Montesquiou critique l’économie libérale et qu’il lui oppose la construction d’une société organique propice aux métiers et aux solidarités ? Quel constat pose-t-il, lui qui fut si fortement imprégné des idées de Le Play, concernant les questions sociales et économiques ?  

C’est en effet l’un des grands affrontements philosophiques entre les traditionnalistes et les transformateurs. L’industrialisation, l’exode rural, la machinisation des métiers manuels, tous ces mouvements ont profondément modifié la structure sociale du pays. Pour la première fois depuis des siècles, des hommes ont quitté le village dans lequel leurs familles étaient établies depuis toujours pour s’en aller se faire recruter à l’usine. Par ce fait, des siècles d’habitudes ont été bouleversés et une grande part des traditions locales, paroissiales, villageoises, communales, a été bousculée et perdue. Cet immense désordonnement est traité dans la deuxième partie des Raisons du nationalisme, dans laquelle Montesquiou évoque le thème du déclassement au travers du roman l’Étape de Paul Bourget, qui traite de ce sujet. Montesquiou fait le constat que les innovations politiques nées de cette métamorphose n’ont pas été sans conséquences. Mais pour résumer cette pensée, je cite Gustave Thibon, un autre brillant esprit :

« Arrêtons-nous par exemple un instant sur le mythe démocratique du “peuple souverain”. Tous les bons esprits ont vu là depuis longtemps une formidable supercherie : d’une main, on donne au peuple un pouvoir pour lequel il n’est pas fait et qui, par conséquent, reste toujours quelque chose de spectral et de platonique, et, de l’autre, on lui enlève les droits qui conviennent à son rôle exact dans la cité. Le bulletin de vote a fleuri sur la tombe des libertés communales et corporatives ».

Léon de Montesquiou était de ces « bons esprits » dont parle Thibon.

Les traditionnalistes analysent qu’un être humain est aussi le fruit de son environnement social et culturel. Qu’un villageois de la Meuse, artisan ou cultivateur, a besoin pour s’épanouir d’un ensemble social et culturel qui convienne à sa condition de villageois de la Meuse. La supercherie, c’est dire à cet homme : « Oublie ton champ, oublie ton atelier, oublie ta chapelle, oublie la tombe de tes anciens et rejoins la démocratie, tu pourras voter pour dire ton avis sur le nucléaire, sur la durée du mandat présidentiel, etc. » Or, l’artisan meusien se fiche en réalité de la durée du mandat présidentiel et d’ailleurs il n’est ni concerné ni qualifié pour se positionner sur ce sujet hautement technique. Le modernisme a détruit l’église et la vie communale de cet artisan pour lui donner en échange des « droits » qui ne le concernent pas, ou tellement lointainement.

Ce qu’il faut, c’est respecter les écosystèmes sociaux et culturels locaux. La République jacobine et nihiliste a fait des dégâts considérables. Et là, nous en revenons à Barrès et à la thèse qu’il défend dans Les déracinés : contre l’universalisme stérilisant, pour la reconnaissance des particularités locales. Cela vaut pour les questions identitaires comme pour les questions sociales.

Nous vous remercions ! Travaillez-vous actuellement sur d’autres éditions ? Est-ce que d’autres figures d’Action française seront honorées ?

D’autres nouveaux titres arrivent bientôt en effet. Pour le moment, pas d’autres figures de l’Action française. En fonction du succès que rencontra ou non ce livre de Léon de Montesquiou, nous envisagerons de lancer d’autres ouvrages de cet auteur. Comme on dit dans ces cas-là : la balle est dans le camp des lecteurs !

Un dernier mot ?

N’abdiquons jamais.
Qui vive ? France !

Propos recueillis par Guillaume Staub

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