Hommage à Damien Tarel

Hommage à Damien Tarel

« L’héritage des camelots du roi se survit encore dans les âmes d’élite »

Lors d’un déplacement à Valence le 8 juin dernier, le vulgaire et inculte président Macron, que les médias du système et ses figures de proue toutes aussi ignorantes, viles et répugnantes réputent « cultivé » et « brillant », était souffleté par un gentilhomme de 28 ans, enraciné dans sa terre, son histoire et sa culture, au cri capiteux et exaltant de « Monjoie ! Saint Denis ! », devise de nos chevaliers français du nord de la Loire du Xe au XIIIe siècle (on la rencontre dans des œuvres en ancien français écrites au XIIe siècle comme Le Couronnement de Louis). Le cri de guerre « Monjoie » étant un mot d’ordre typiquement mérovingien et carolingien d’origine francique, produit de l’évolution phonétique du germanique mund-gau* (littéralement « protection, chef du pays », est un très vieux terme non seulement germanique, mais aussi indo-européen qui remonte très haut dans notre histoire, à l’âge du bronze vraisemblablement et Homère appelle par exemple souvent dans l’Iliade Agamemnon ἂναξ ἀνδρῶν, que Paul Mazon traduit par « protecteur de son peuple ») en langue d’oïl (forme que le latin a prise au nord de la Loire dans la bouche de Celtes et de Francs romanisés et qui deviendra ensuite l’ancien français et plus tard le français) doit délecter et transporter Damien, qui est passionné d’histoire médiévale. 

Connaissant à l’inverse des incultes qui nous gouvernent la valeur et la beauté infinie des nombreux héritages dont nous sommes dépositaires, il suffit déjà de déambuler dans nos villes et nos villages (Paris, Lyon, Arras, Bordeaux, Metz, Charleville-Mézières, Sarlat par exemple), voyant l’abîme entre l’éclat sublime de nos belles cités et la population qui les habite de plus en plus hydroponique et inconsciente de ce patrimoine inestimable, produit des siècle, il doit s’affliger quotidiennement. « Être libre, c’est être chez soi dans l’autre », disait Hegel. Damien ne doit pas souvent se sentir chez soi dans l’autre, comme tous les hommes encore un peu virils, traditionnels, enracinés et accomplis en Europe de l’Ouest. C’est pourquoi sous l’empire d’une force incoercible qui devait sourdre en lui quand il a aperçu ledit Macron, il a trouvé expédient de souffleter ce dernier afin d’exhaler son aversion pour cet « homme » ou prétendu tel et ce qu’il représente, ainsi que son écœurement de voir sa patrie perpétuellement dirigée, bafouée et souillée par des menteurs, des cosmopolites, des ploucs ignorants qu’on nous présente comme des gens brillants, des quidams indifférents à l’histoire, au passé de ce pays, disons-le, des histrions qui n’ont strictement rien à faire là où notre époque malfaisante les a préposés.

Mais que Damien sache que son geste n’est pas méprisable mais fort honorable, il n’est pas sans tradition, il s’inscrit dans une histoire glorieuse, une longue série d’algarades et d’esclandres, dont les camelots du roi depuis leur création en 1908 jusqu’à l’entre-deux-guerres se sont fait une spécialité insigne. Ce sont les camelots qui ont inventé peu ou prou l’agit-prop de droite, une manière joviale, hardie et provocatrice de faire de la politique. On oublie qu’il y a un agit-prop de droite, comme il y a une bohème et une marginalité de droite. On ne recensera pas ici tous les exploits et les hauts faits d’armes des camelots. Je conseille de lire le beau livre de Xavier Cheneseau, Camelots du roi : Les troupes de choc royalistes. Il y a eu deux éditions, une en 1997 chez Défi et une autre en 1999 chez Fol’Fer. L’aventure des phalanges royalistes participe un peu de nos récits épiques et il faut bien avouer que la jeunesse monarchiste de France ne manquait pas de panache, cette pudeur et cette frivolité de l’héroïsme comme disait Edmond Rostand. Les camelots se riaient du danger, leur bonne humeur était constante et rien ne les effrayait : les poursuites pénales, les incarcérations et même la vie. Il y a un martyrologe à l’Action Française, on l’oublie souvent. Beaucoup de camelots ont expié leur engagement nationaliste par le trépas tout uniment. Il y eut bien entendu les 6 héros tombés sous les balles de la police le 6 février 1934, mais il y eut aussi les camelots assassinés comme Marius Plateau en 1923 par la militante anarchiste et dépressive Germaine Berton (brochant sur le tout, cette pouffe fut acquittée en cour d’assises ; pour « ceux qui croient en la justice de leur pays » comme on dit, être de droite radicale à l’époque ne nous rendait pas plus la justice très favorable) ; Ernest Berger le 25 mai 1925 à la sortie des locaux de l’AF rue de Rome par une illuminée Maria Bonnefoy, qui l’avait confondu avec Maurras ; Jean Guiraud abattu froidement en 1928 par un garde républicain, alors que lui et deux de ses amis avaient simplement effleuré le buste du maçon abject Emile Combes, qu’un autre maçon, l’obèse Herriot devait inaugurer le lendemain ; Marcel Langlois, chef d’un groupe de camelots abattu par des voyous communistes le 3 février 1935. Autre temps, autre mœurs : l’activisme et l’engagement franc, viril et périlleux des camelots contrastaient avec la veulerie, la vulgarité, la fatuité des « Youtubeurs » actuels sacrifiant à l’illusion démiurgique habituelle dans cette situation. Le « youtubeur » omniscient et divin savoure sa célébrité fugace derrière son ordinateur avec ses « followers », bavarde parfois comme une femme sans rémission pendant des heures. Les analyses de Debord ont connu une fortune nouvelle avec l’essor des réseaux sociaux et n’ont jamais été aussi justes : le spectacle est devenu accessible à tout le monde, il est maintenant constatable partout, même chez notre voisin. Chacun se construit une image sur internet, dont il est esclave ensuite toute sa vie, les réseaux sociaux sont un mirage, un chancre immonde où le faux triomphe trop souvent.

On peut dire aussi que les troupes de choc de l’Action Française ont fait trembler la Gueuse à plusieurs reprises, le 6 février 34 en a formé l’acmé, mais on a oublié un peu vite certaines affaires. Il y en eut des célèbres, nous en rappellerons quelques unes afin que les lecteurs profanes puissent s’aviser des méthodes anciennes de militantisme inventées et cultivées avec zèle par l’AF, méthodes infiniment plus allègres, formatrices et génératrices de bonnes passions pour le corps et l’esprit (goût de l’aventure, apprentissage de la vie communautaire réelle bien plus belle que les forums sur internet, apprentissage également de la nature agonistique et joyeuse de la vie, de l’amitié mâle qui s’éprouve dans le péril, le malheur, mais aussi la joie des conversations, des bibliothèques, des salles de sport, des banquets, des cafés, des restaurants et des sorties la nuit) que le réseautage internet actuel complètement dématérialisé et virtuel, foyer au contraire de toutes les mauvaises passions : narcissisme exacerbé, jactance détestable, féminisation, tropisme logorrhéique, solitude et individualisme méprisable. On peut dire que l’AF était alors non seulement une école de pensée, mais aussi d’énergie, d’amitié vraie et de virilité.

Une des premières affaires célèbres fut l’affaire Thalamas, l’insulteur de Jeanne d’Arc en 1909. Les nationalistes intégraux vont inaugurer et éprouver ici leur méthode : l’esclandre. Pendant trois mois, la jeunesse d’Action Française a tenté de faire cesser le cours de ce gauchiste arrogant et cosmopolite (préfiguration de tous nos « profs d’université » actuels tout aussi cosmopolites, mais en sus incultes), malgré la présence massive des forces de l’ordre et les nombreuses arrestations qui ont ponctué les manifestations dirigées contre le chargé de cours. Les camelots toujours hardis et intrépides se sont aussi fait une spécialité du canular téléphonique. En 1912, ils réussiront à faire libérer le militant Gabriel de Baleine, purgeant une peine de 15 mois de prison, en contrefaisant au téléphone la voix du président Poincaré et de son secrétaire. Ces derniers réincarnés dans les facétieux d’AF enjoignirent à l’administration pénitentiaire d’élargir incontinent le vaillant camelot du roi. Les camelots réitèreront l’exploit, mais il sera encore plus grandiose cette fois-ci, en 1927 avec Léon Daudet. En novembre 1925, le professeur de droit à l’université de Dijon, Georges Scelle, nommé à la faculté de droit de Paris par népotisme, donna sa démission, harcelé et chahuté sans cesse par les royalistes qui avaient su rallier à eux d’autres facultés de Paris (médecine et pharmacie notamment), ainsi que les universités de province. Ce ne fut pas un simple chahut d’étudiants, le 28 mars 1925, une centaine de manifestants et onze policiers furent blessés et trente arrestations opérées au cours d’une journée où les étudiants nationalistes sous la conduite des monarchistes exhalèrent violemment leur dégoût des institutions et du favoritisme régnant. Un autre universitaire, le célèbre professeur de droit public Gaston Jèze, connut les mêmes infortunes en 1935. Il dut suspendre ses cours sous la pression des camelots. Jèze fut le conseiller du Négus et s’opposa à l’agression italienne en Ethiopie.

Qui pourrait imaginer aujourd’hui un tel activisme étudiant et de tels succès surtout ? L’AF jouissait grâce à Maurras, mais aussi de tous les écrivains, les savants et tout le milieu cultivé et éditorial qui gravitaient autour d’elle, d’un tel magistère dans l’intelligence de cette époque que ses troupes de choc jouissait de la faveur d’une partie de l’Université et d’une partie des milieux politiques. Considérons par exemple l’affaire Hennessy, les camelots arrivèrent même à pénétrer dans le ministère de l’agriculture et à le mettre à sac. Je n’ai mentionné ici que les affaires les plus célèbres, mais ce furent des dizaines de réunions des partis de gauche et de rassemblements démocrates-chrétiens perturbés par les militants royalistes ; d’innombrables esclandres lors de procès, de pièces de théâtres, de réunions publiques, dont même une séance de l’académie française. Les camelots toujours très irrévérencieux n’hésitaient pas à conspuer un mandarin bien en vue ou des fonctionnaires de justice comme des juges. Nous ne comptons pas non plus les manifestations très importantes, parfois violentes, organisées à Paris et en Province pour honorer sainte Jeanne d’Arc (au prix de 10000 jours de prison) ou s’opposer à une décision délétère du gouvernement.

 

Par combien de peines pénales, d’amendes, de jours de prison, de pertes d’emploi les militants royalistes intrépides d’AF ont dû expier leur engagement, alors que la grosse Berton a été acquittée pour avoir assassiné le très digne Marius Plateau ?

Les juges ne valaient pas mieux à l’époque qu’aujourd’hui. Vacher de Lapouge, qui a été lui-même magistrat, procureur même au début des années 1880, ne disait-il pas que la magistrature et les professions assimilées (notariat, barreau) ne brillaient pas par leur valeur intellectuelle ? « C’est un axiome très reçu que si un bachelier n’est ni intelligent ni travailleur, sa place est à l’école de droit, et quand il est licencié, ce qui n’use ni ne meuble beaucoup son cerveau, s’il n’est pas assez disert pour faire un avocat, pas assez madré pour faire un avoué, pas assez flexible pour faire un sous-préfet, mais trop honnête pour faire un politicien, la magistrature est ce qui lui convient ».   

Il faut donc replacer le et la geste de Damien sub specie aeternitatis, sous l’angle de l’éternité. Ces quatre mois fermes sont son honneur et sa gloire. Et comme nous parlons de son audace, un soufflet administré à un homme d’Etat, considérons maintenant sa tradition plus directe. Et ici encore, qui trouvons-nous ? Nos camelots du roi, qui ont inauguré cette noble pratique. Les nationalistes intégraux ont été impertinents et insolents, mais ils n’ont jamais assassiné personne à l’opposé des anarchistes, ils voulaient tout uniment édifier l’esprit public par leurs actions. Il n’y eut jamais d’attentat sanglant enlevant la vie d’innocents perpétré au nom de l’Action Française et tous les royalistes ont encore sur la conscience l’attentat de la rue Saint-Nicaise commis par le grand et très estimable chouan breton Georges Cadoudal sur Napoléon le 24 décembre 1800. Vingt-deux innocents ont trépassé et l’usurpateur fut sain et sauf comme toujours.

Les camelots venaient également de toutes les classes sociales et ne croyons pas qu’il n’y eut que des bourgeois parmi les royalistes. Lorsque les camelots du roi sont nés en 1908 dans le groupe royaliste du XVIIe arrondissement organisé par Henry des Lyons, il comprenait certes des hommes des classes supérieures comme les frères Réal del Sarte, Théodore de Fallois et Armand du Tertre, mais aussi des hommes de condition plus humble comme Marius Plateau, futur secrétaire général des camelots du roi en 1920, garçon de course à la bourse, Lucien Lacour, le patron de notre article, menuisier, Louis Fageau, commis-boucher, etc.

Je crois que c’est Lucien Lacour qui a inauguré le premier la geste du gifleur d’homme d’Etat. En novembre 1910, alors qu’Aristide Brillant inaugure un monument à la mémoire de Jules Ferry, il est souffleté en public par le futur vice-président des camelots. Eugène Weber dans la monographie la plus complète sur l’histoire de l’AF tient ce langage : « La gifle de Lacour prenait donc une signification qui dépassait la simple voie de fait ; mais c’était la voie de fait, et commise sur la personne du président du Conseil, qui choquait les personnes respectueuses de tous les partis », nous pourrions rajouter : « à la bonne heure ! », c’est l’effet attendu afin de provoquer un sursaut et c’était sans doute ce que s’était proposé Damien. En 1909, Maurice Pujo est condamné également à 5 mois de prison pour avoir fessé le susmentionné Thalamas.

Le 26 décembre 1908, un garçon de café de 34 ans, Jean Mattis reconnaît le « président de la République », le monument maçon de nullité Armand Fallière qui se promène autour de L’Elysée et part à sa rencontre afin de lui tirer la barbe. Cette attaque à la barbichette lui vaut quatre ans de prison ! Mais contrairement à ce que disent d’aucuns, Mattis n’était pas camelot du roi, c’est simplement Maurras qui exaltera son geste ensuite dans l’Action Française. Lors de la célébration du millénaire normand qui commémore le fameux traité de Sainte-Claire-sur-Epte, le même Fallières se rend à Rouen le 24 juin 1911. Le camelot du roi beaucoup plus connu Henri Lagrange, proche de Georges Valois et un des membres fondateurs du cercle Proudhon le conspue aux cris de « Vive la Normandie ! Vive la France ! Vive le Roi ! À bas la République ! À bas Fallières ! ». Il fut condamné à six mois de prison ferme et mourut ensuite au champ d’honneur en 1915.

Damien a donc une longue histoire derrière lui, c’est l’ornement de l’esprit français dans notre bien morne année 2021, c’est le panache ressuscité. Il faut lui rendre hommage pour magnifier son noble geste. Avant d’agir, il faut toujours savoir ce qui est admis, universel, bon, noble et vrai. Nous avons à droite depuis 1908 une tradition de chahut, d’irrévérence et d’insolence de bon aloi à l’endroit des fausses élites et des bons à rien qui nous gouvernent.

Cette tradition n’est aucunement méprisable. Les être malfaisants et funestes comme Aristide Briand et Armand Fallières valaient en outre 100 fois mieux que Macron, ils avaient au moins un peu de culture, de tenue et évitaient de se commettre dans les raouts organisés par leur ministère ou la présidence de la République avec des travestis noirs arborant des maillots avec l’inscription étonnante « fils d’immigrés, noir et pédé » (comme dit Jérôme Bourbon, « il ne manquait plus que le mot juif ! » ), je vous renvoie à la fête de la musique de 2018 à l’Elysée. Jamais la fonction présidentielle n’a été aussi avilie. Damiens n’a aucunement forfait à l’honneur, il a des devanciers fameux, au premier chef : Lacour, Lagrange et Pujo. Son soufflet donné à ce qui nous tient lieu de président de la Gueuse s’inscrit dans une tradition légitime, estimée et prisée par une grande partie de la population française de 1908 à 1939.

Il convenait donc d’honorer le courage et la valeur de Damien, il nous rappelle les grandes années du militantisme d’AF, d’autant plus le cri de guerre « Monjoie ! Saint Denis ! » n’a pas nui à son geste, mais l’a transfiguré ! 

David Veysseyre 

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Livre événement : Précis d’histoire de l’Action  Française

Livre événement : Précis d’histoire de l’Action Française

Que recouvre l’appellation fameuse d’ « Action Française » ? Un mouvement politique, un journal, une pensée, une méthode, des combats, des polémiques, des hommes – d’abord Charles Maurras – qui ont profondément marqué la vie intellectuelle, politique et même religieuse de la première moitié du XXe siècle français… De nombreux écrivains, philosophes et hommes politiques ont fréquenté « l’école d’Action Française » ou ont, du moins, été influencés par « le Maître de Martigues ».
Voici enfin un livre qui offre une présentation – résumée mais complète – de l’Action Française et de son célèbre penseur, qu’on évoque encore souvent, à droite et à gauche, sans toujours savoir de quoi il retourne exactement. Par la même occasion, l’auteur propose une défense pied à pied de la doctrine et des combats de l’Action française face aux accusations diverses dont ils ont pu faire l’objet.
Gérard Bedel, membre du Comité Directeur de l’Action Française propose ici un ouvrage précieux pour quiconque désire posséder une culture politique élémentaire et connaître un point de vue « d’AF ».

 Vous pouvez commander l’ouvrage au prix de 22 euros en écrivant à notre secrétariat : contact@lactionfrancaise.fr

Introduction

Il n’y a aucune possibilité de restauration de la chose publique sans une doctrine

Barrès, Journal, 30 octobre 1899

Mon royalisme vient de mon patriotisme

Berryer

Pour le cent cinquantième anniversaire de sa naissance, Charles Maurras figurait dans le Livre des commémorations nationales publié à la fin de 2017 avec un avant-propos du ministre de la Culture. Cette publication provoqua les hurlements des chiens de garde de la Pensée unique, la presse aux ordres emboîta le pas, le ministère se coucha et l’ouvrage fut retiré de la vente. Le nom de Maurras doit disparaître du monde contemporain comme celui du poète Heine sous le IIIe Reich[1]. Tant il est vrai que l’idéologie salit tout dans les régimes totalitaires et obscurcit les esprits.

Et pourtant des ouvrages consacrés à Maurras ou à Bainville paraissent, les éditions Robert Laffont, par exemple, ont publié L’Avenir de l’intelligence et autres textes[2].

Mais on est étonné de voir comment l’Action française est souvent traitée par ceux qui se réclament d’elle. Il semble qu’on a honte de l’attitude du mouvement dans l’Affaire Dreyfus, honte du soutien qu’il apporta au maréchal Pétain dans la plus grande épreuve que subit la France à cause de l’incurie de la République. Une « Action française » dreyfusarde et gaulliste ? Ce paradoxe est devenu réalité après mai 68.

Dans l’Action française « revisitée », pour utiliser un terme à la mode, Pierre Boutang, qui quitta le mouvement, semble au moins aussi important que Charles Maurras, Jacques Bainville est présenté comme un professeur de Sciences-Po et Léon Daudet poussé vers la porte de service. Boutang, prestigieux professeur de philosophie, plus métaphysicien que politique, adopta une attitude ambigüe face au gaullisme, entre sympathie et rejet. On constatera aussi que dans les études postérieures à 1968, la Nouvelle Action française et tout ce qui en est sorti semble plus important que la Restauration nationale et Aspects de la France. On sent aussi une résignation à une monarchie constitutionnelle, une Ve République couronnée, rêve de certains bourgeois gaullistes dits « de droite ».

Pourquoi une nouvelle histoire de l’Action française ? On peut lire dans l’histoire du mouvement de François Huguenin les propos suivants qui laissent perplexe : « Incohérente politiquement, la position de Maurras est explicable psychologiquement. »[3] Et le livre, plein de faits et de références intéressants, est truffé de ces petites piques qui amènent à se demander si on ne perd pas son temps quand on s’occupe de l’Action française ! Alors, comme les histoires classiques du mouvement ne sont pas rééditées et semblent le plus souvent passées sous silence parce qu’elles n’entrent pas dans le moule universitaire, j’ai pensé que le moment était venu pour une nouvelle histoire libre du mouvement royaliste, libre des condamnations a priori, des réticences et des silences qui ouvrent les portes officielles de l’empyrée démocratique.

Je suis d’Action française, politiquement et intellectuellement. Je suis d’autant plus attaché à ce mouvement qu’il est dénigré par beaucoup de ceux qui s’en réclament et voudraient tout changer en gardant le nom. Il existe cependant des tendances, encore modestes mais sûres, qui permettent d’espérer un renouveau.

Certains voudraient sauver Maurras écrivain, poète et philosophe, le faire accepter en sacrifiant l’homme politique, mais, je l’ai montré dans plusieurs études, s’il a pu montrer l’opposition entre le politique et le poète chez Anatole France, un tel distinguo est impossible chez lui : « Notre nationalisme commença par être esthétique ».

Je propose un Précis d’Action française.

Il est possible, en prenant son temps, d’accumuler des fiches pour rédiger un ouvrage de mille pages ou plus dans lequel les détails étouffent les vues générales comme c’est le cas dans la biographie à l’américaine. J’ai voulu, au contraire, en écartant toute érudition, montrer l’essentiel, les grandes idées, les grands thèmes, la méthode et l’esprit de la méthode, exposer les grandes campagnes d’un mouvement politique qui n’eut qu’un but, l’intérêt de la France, guidé par des chefs qui furent des hommes comme on n’en rencontre pas dans chaque siècle de l’Histoire. Il s’agit cependant d’éviter l’hagiographie. J’aurais pu consacrer un chapitre aux faiblesses du mouvement ; d’autres se sont chargés de le faire, et avec un tel zèle qu’il est superflu que je vienne porter ma pierre à l’édifice du dénigrement.

Ceci est un livre d’espoir, le livre d’une histoire qui espère ouvrir sur un avenir, celui de la France.

Gérard Bedel, membre du Comité Directeur de l’Action Française

 

 

[1] Heine était juif. Ses poèmes les plus célèbres furent attribués à un poète inconnu.

[2] Charles Maurras, L’Avenir de l’intelligence et autres textes, Préface de Jean-Christophe Buisson, Edition établie et présentée par Martin Motte, Bouquins, Robert Laffont, 2018.

[3] Il s’agit de l’attitude de Maurras et de l’AF pendant la seconde guerre mondiale. Edition Perrin, collection Tempus, 2011.

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Les vices de la pensée (I)

Les vices de la pensée (I)

Être d’Action Française, c’est œuvrer à la restauration nationale, c’est-à-dire au redressement d’une nation – cadre nécessaire pour qu’une parcelle d’humanité puisse bâtir le bien commun.                                      

Ce grand mouvement nécessite que nous pensions clair et que nous marchions droit selon l’adage qui est le nôtre. Or, rien n’est plus difficile que de penser clair quand les esprits partent à vau-l’eau et ne parviennent pas à se rattacher au roc de la pensée classique occidentale.

Aussi, avant même de s’instruire, de se cultiver ou de se forger ce que l’on peut nommer une bonne culture politique, il convient d’écarter certains vices de la pensée qui nous ôtent toute possibilité de saisir le réel – car il ne s’agit jamais que d’essayer de s’ancrer dans ce réel. Pour illustrer notre propos, nous nous arrêterons sur deux exemples, deux a priori de la pensée, deux vices de celle-ci.

Le premier vice se divise en deux maladies : la pensée légale et la pensée complotiste.

Les rouages des différents événements que nous subissons sont toujours difficilement perceptibles, dissiper les ténèbres des actes humains n’est pas chose aisée et c’est pourquoi l’esprit peut tomber dans quelques facilités. Deux écueils se présentent souvent à nous, soit considérer que les mouvements sociaux sont systématiquement issus d’une pensée créatrice humaine se réalisant secrètement, soit penser que toute mécanique humaine est nécessairement exposée en pleine lumière.

La personne atteinte du vice de la pensée légale ne pourra jamais imaginer que des gouvernements ne puissent vouloir autre chose que le bien du peuple, que des dirigeants puissent mentir et être à la solde de forces plus discrètes. Quant à la pensée complotiste, elle ne pourra envisager sans réticence que certains actes ne sont posés que par bêtise, incompétence et ce de bonne foi !

L’un pensera que le complot – chose horrible – ne peut exister et n’est que la création d’esprits malades et l’autre ne pourra envisager les choses que sous le prisme d’un complot qui n’est plus qu’une grille de lecture appliquée a priori.

Ces deux écueils résultent tous deux d’un complot-centrisme déviant ; le complot est un élément d’une banalité sans nom et ne doit être en aucun cas absolutisé. Quand vous préparez une surprise pour un anniversaire, vous complotez. Quand vous cherchez avec d’autres personnes à nuire à quelqu’un, vous complotez. Le complot est un élément commun de l’action humaine et une arme utilisée couramment pour atteindre un but donné et cela aux différents échelons de nos sociétés. Est-ce que de grandes multinationales complotent contre les peuples pour faire des profits ? Certainement, rien de plus commun et de plus habituel – et ce hors de toute considération morale. Aussi, l’accusation de complotisme, maniée avec hargne en ces temps perdus, ne peut que nous faire sourire tant elle ignore une réalité perceptible immédiatement par tous : le complot est un mode habituel d’action.

Néanmoins, cela ne signifie nullement que tout est complot et que tous les complots s’unissent pour ne former qu’une seule conspiration mondiale – et nous ne disons aucunement que ce n’est pas hic et nunc le cas. Il ne s’agit pas ici de nier les grands complots, mais de rappeler que la mise en pleine lumière d’un complot doit être induite d’une démarche partant des faits.

L’accusation de complot doit être le résultat d’une induction et non une grille de lecture faite a priori de la recherche ; autrement nous ne sommes pas dans une recherche du réel, mais dans un système idéologique qui noiera les saines intuitions dans un flot d’erreurs.

Si le milieu nationaliste semble assez préservé de la pensée légale, il peut être tenté par la facilité qu’est la pensée complotiste, c’est-à-dire le fait d’avoir une grille de lecture toute faite des événements – qui se fonde sur de vrais éléments, mais qui, étant un système, empêche la parfaite adéquation de l’esprit avec la réalité. Or, rappelons avec notre maître saint Thomas d’Aquin que la vérité est l’adéquation de la pensée et des choses (« veritas est adæquatio intellectus et rei »).

Notre force étant d’avoir raison, il est nécessaire que nous nous fondions sur la vérité qui n’est jamais rien d’autre que la saisie des réalités par notre intelligence. Ne soyons jamais idéologues, soyons réalistes et alors, ayant raison, nous pourrons avoir la force de triompher.

Guillaume Staub

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Communiqué de presse – Yvan Benedetti lynché par les dissidents de l’Action Française

Communiqué de presse – Yvan Benedetti lynché par les dissidents de l’Action Française

COMMUNIQUE DE PRESSE

 

Yvan Benedetti lynché par les dissidents de l’Action Française

 

L’association de Messieurs Bel Ker, Blanchonnet, Hilaire de Cremiers et Henri Bec, (Centre Royaliste d’Action Française – Restauration Nationale) est une dissidence de l’Action Française qui ne reconnait plus l’autorité du Comité Directeur présidé par le docteur André Charles, successeur de Pierre Pujo.

Avec des méthodes d’antifas et une absence manifeste de courage, ils ont tenté d’empêcher Yvan Benedetti (représentant du mouvement Jeune Nation) et Clément Gautier (représentant de l’Action Française) de rendre hommage à la sainte de la Patrie. En s’en prenant à Yvan Benedetti (à vingt contre lui seul), cette association parasitaire démontre sa nocivité.

La notion de compromis nationaliste, inhérente à l’esprit d’AF et d’une urgence absolue dans le contexte actuel, leur est complètement étrangère. Nous regrettons que nombre de jeunes soient au service d’un mouvement dissident qui n’a rien à voir avec la véritable Action Française et qui n’a plus aucune légitimité.

Nous présentons à notre ami Yvan Benedetti et aux nationalistes nos excuses. Nous partageons avec eux le souci de l’intérêt national et la haine de l’infâme démocratie que nous subissons.

 

L’honneur de l’Action Française a été souillé. Justice sera rendue.

 

 

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La politique de Jeanne, c’est la politique de l’ Action Française !

La politique de Jeanne, c’est la politique de l’ Action Française !

Discours prononcé par Clément Gautier, secrétaire général de l’Action Française, à l’occasion de la fête de Jeanne d’Arc le dimanche 9 mai 2021 à Paris.

En ces temps troublés de dictature sanitaire, alors que tout renouveau français semble impossible et que s’ouvre une longue période électorale où les Français vont, encore une fois s’entredéchirer, nous rendons hommage une nouvelle fois à la sainte de la Patrie, Jeanne de Domrémy. La politique de Jeanne n’a pas pris une ride au point même qu’on dirait qu’elle est faite pour notre temps.

Aujourd’hui, comme au temps de Jeanne, il y a « grande pitié au royaume de France ». Outre les libertés supprimées et la misère qui gronde, le virus démocratique entraîne notre pays dans un chaos infernal avec son lot d’ambitions individuelles, de mensonges, de démagogie répugnante sans compter la puissance des forces anonymes et vagabondes.

Pourtant en écoutant la politique de Jeanne, l’espérance renaît et tout redevient possible.

Jeanne était venue de Domrémy au printemps 1429 persuader le dauphin que seule une intervention du Ciel pouvait sortir la France du chaos. Mais, après la libération d’Orléans, Jeanne refusa de bouter les Anglais hors de France… C’est là qu’apparaît le sens de la politique de Jeanne : le but était religieux mais les moyens étaient politiques, il fallait d’abord une autorité, il fallait d’abord le sacre.

Jeanne ne croyait pas à la restauration spontanée de l’ordre.

Rien ne se fait dans la cité des hommes sans une règle d’ordre étendue à toutes les fonctions. Il en est de plus hautes que la fonction politique, mais, dans la suite du temps, elle est la première. [Politique d’abord], enseigne la pratique de Jeanne d’Arc. Dans un pays sujet au déchirement des partis, le gouvernement de l’Un a la vertu de mettre fin aux divisions et compétitions du gouvernement de plusieurs. C’est par l’Un qu’il faut commencer. Le Roi d’abord ! Le sacre de Reims.

Charles Maurras

Jeanne ne s’est pas laissée embarrasser par les légalités du moment, ni par les partis, ni par les chiffons de papier que sont les mauvais traités, ni par les gens raisonnables ou qui se croyaient tels. Ces miasmes d’une situation décadente et révolutionnaire, Jeanne les avait évacués de son horizon et elle n’avait pas « dialogué ».

Jeanne envisageait l’action politique comme la forme la plus éminente de la charité, elle était allée droit au but : le rétablissement d’un ordre au sommet, condition de l’ordre dans tous les autres domaines. En faisant cela, Jeanne avait œuvré pour la France, mais aussi pour un ordre international fondé sur la justice entre les nations et sur leur complémentarité. Cela excluait aussi bien l’érection d’une nation en impériale que l’abandon à l’idéologie matérialiste cosmopolite.

La politique de Jeanne c’est la politique de l’AF qui depuis ses débuts répète inlassablement que les problèmes dont souffre la France sont politiques avant d’être économiques, sociaux, moraux et même religieux.

Alors que devons-nous faire ? Nous ne sommes ni des activistes qui agissent selon l’humeur du moment ni des adeptes du royalisme de salon. Nous devons rester fidèles à la vocation de l’Action Française qui est de conspirer « à ciel ouvert » et de créer un état d’esprit royaliste en répétant à  satiété ses raisons contre la république, « règne de l’étranger » et machine à faire le mal.

La dénonciation de l’infâme démocratie que nous subissons et des partis politiques qui trahissent, galvaudent les énergies, gaspillent le temps et l’argent de tant de militants sincères, doit être notre première préoccupation.

Jamais autant que nous nos yeux ne se sont vérifiées les paroles de Maurras : « La démocratie c’est le mal, la démocratie c’est la mort ».

Nous devons faire prendre conscience aux nationaux de leurs erreurs : jamais le pays de France ne sera sauvé par les urnes, ni par l’héritière et la fille indigne que nous connaissons, ni par le forban de presse de CNews. Car c’est bien la Gueuse qui corrompt son personnel et non l’inverse. En politique il faut être réaliste : « Quand un régime tombe en pourriture, il devient pourrisseur. Sa décomposition perd tout ce qui l’approche ». 

En se libérant des partis politiques les Français seront ramenés à leur condition véritable; ils retrouveront la vraie place de leurs intérêts et par là même leur solidarité avec ceux qui subissent les effets des mêmes causes et souffrent de la même situation.

En face de la nouvelle féodalité dont les gros seigneurs sont les partis politiques, il y a les nouveaux manants taillables et corvéables à merci. Il y a les classes moyennes ruinées, les Français livrés à l’insécurité et à la barbarie islamique.

À ces Français inorganisés nous disons que l’ennemi numéro un aujourd’hui est l’État du régime des partis, l’État énorme et tentaculaire, l’État des administrations inutiles, l’État de Macron, l’État de cette 5ème république gaulliste qui engraisse l’étranger et demeure incapable de défendre la France et les Français.  

C’est contre lui que doit se faire le rassemblement des Français qui réclament leur liberté dans ce contexte de dictature sanitaire.

Cet État pourrisseur consumé par les vers doit être balayé et nous devons appeler à sa place un État qui ne doit rien aux partis, un État indépendant et fort dans son domaine, laissant les Français libres et leur rendant les services qu’ils peuvent attendre de lui : à l’extérieur, la défense des intérêts nationaux et à l’intérieur l’ordre et la justice. Cette nouveauté ne peut-être apportée que par la monarchie.

Refaire la monarchie est certes difficile, mais moins difficile qu’une bonne république, fut-elle la 6ème.

Alors sous le regard de Jeanne nous devons poursuivre l’effort, et nous devons instruire le plus grand nombre de la nécessité en France du Politique d’abord. Un temps comme le nôtre est favorable aux simplifications et c’est entre le roi ou le chaos qu’il faut choisirJeanne nous enseigne le vrai nationalisme et une fidélité sans faille dans l’épreuve. 

Brasillach écrivait qu’à travers les pages de son procès, Jeanne nous propose, avec ce sourire, la magnifique vertu d’insolence. Une jeune insolence, une insolence d’une jeune sainte. Il n’est pas de vertu dont nous ayons plus besoin aujourd’hui. Elle est un bien précieux qu’il ne faut pas laisser perdre : le faux respect des fausses vénérations est le pire mal. Par un détour en apparence étrange, Jeanne nous apprend que l’insolence, à la base de toute reconstruction, est à la base même de la sainteté. A ce mépris des grandeurs illusoires, elle a risqué et perdu seulement sa vie : mais elle pensait qu’il est bon de risquer sa vie dans l’insolence, lorsqu’on n’aime que les vraies grandeurs ».

Alors, face au désordre politique érigé en système, face à ce complot permanent contre la France et les Français, soyons fermes. Mettons-nous à l’école de Jeanne et sachons garder l’espérance. 

Vive Jeanne, et pour que vive la France, vive le roi !

Clément GAUTIER

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