Zemmour, fourrier du national-sionisme

Zemmour, fourrier du national-sionisme

 

Face à l’ampleur que prend le phénomène Zemmour, David Veysseyre analyse dans ce deuxième volet le piège du  national-sionisme dans lequel sont tombés beaucoup de patriotes. 

Zemmour est d’abord l’incarnation, le parangon de ce qu’Alain Soral a désigné sous un nom heureux : le national-sionisme. On peut être très circonspect à l’endroit du complotisme exacerbé d’Alain Soral, mais reconnaissons-lui un génie rhétorique naturel et une faculté de forger certains termes qui ont le mérite signalé de résumer de manière éblouissante certaines tendances idéologiques de notre temps. Le national-sionisme est tout simplement un renversement des alliances opéré par la droite juive au profit de la droite française apparemment honorée par cette sollicitude pour nous envoyer combattre l’Islam, alors que depuis trop longtemps les juifs ont été pour une grande partie d’entre eux les ouvriers passionnés de toutes les dépravations et les promoteurs infatigables du cosmopolitisme, de l’immigration et du métissage.

Mais seulement ici et pour le goy, on peut s’apercevoir qu’ils sont tous nationalistes, conservateurs et très pieux en Israël. Mais que l’on s’entende bien, je ne veux pas non plus rendre les juifs responsables de tous nos maux, c’est une attitude malsaine, malhonnête et méprisable, c’est la raison pour laquelle j’abhorre les théories du complot. Les Français de souche sont encore bien plus responsables de leur misère et ils n’ont pas besoin des juifs pour se détruire eux-mêmes. Il suffit de hanter une « salle des profs » pour s’apercevoir que 90% des « profs », la plupart crasseux et incultes, sont d’extrême gauche et des immigrationnistes forcenés contempteurs de tout ce qui est traditionnel, populaire, raffiné, historique, enraciné, aristocratique, universel, particulier, tout ce qui constitue partant l’identité traditionnelle d’un Français. C’est donc l’attitude du juif qu’il faut dénoncer, sa duplicité constante, mais il est difficile d’apprécier sa nocivité, sa perniciosité dans un organisme déjà moribond et putréfié comme la France. Il est en revanche constant que le juif a tout intérêt à soutenir des régimes libéraux et démocratiques, les régimes qui le laissent en paix et où il passe le plus inaperçu. C’est le cas de Zemmour et de beaucoup de ses coreligionnaires comme Bercoff, Goldnadel, Finkelkraut dont la Houtzpah est sans limite. Qui sait par exemple que l’ancien gauchiste Finkelkraut écrivait avec Bruckner à la fin des années 1970 Le Nouveau désordre amoureux, dans lesquels ces ordures ne condamnaient nullement les pratiques du pédomane taré Tony Duvert se prévalant de ses expériences sexuelles avec un millier d’enfants ? Tous ces gens-là sentant le vent tourner se veulent maintenant de droite. Mais quelle droite ? Ces gens-là ont révisé leurs prétentions, ils veulent vivre ici tranquillement et l’immigration musulmane qu’ils ont soutenu de concert avec les loges et une majorité de Français de souche dégénérés qui apportent à chaque élection leurs suffrages aux partis du système depuis 60 ans, est en train de se retourner contre eux maintenant.

On peut faire maints reproches aux musulmans, mais ils ont au moins l’honneur d’être restés plus fidèles à la religion et à la culture de leurs pères. Avec les problèmes géopolitiques qu’ont engendrés la création de l’État d’Israël en 1948 et l’hostilité forte cultivée entre Israël et les pays arabes depuis cette époque, beaucoup de musulmans sont devenus judéo-sceptiques. Beaucoup de membres de la communauté juive ne se sentent donc plus en sécurité en Europe et en premier lieu en France. Le pays des droits de l’homme possède la communauté juive la plus importante d’Europe. Certains juifs ont partant pensé qu’il était préférable de contracter une alliance avec la droite française judéo-compatible pour conjurer ce péril. Zemmour est le principal champion de cette tendance, il ne parle que d’islam et il ramène tous les problèmes de ce pays à cette religion, ce qui semble un peu louche. Il ne s’agit pas de nier ce problème, mais l’islam n’est que la conséquence d’une immigration inadmissible fomentée et encouragée par tout le monde depuis maintenant 70 ans, profs, syndicalistes, patrons, fonctionnaires, politiques. Que l’on ne vienne pas pleurer maintenant, détourner notre attention des causes pour ne considérer que les effets et s’affliger de ces derniers. Zemmour et ses comparses veulent simplement nous attacher aux effets, ce qui n’est pas très probe, en tout cas moralement inacceptable.

Alain Soral avait forgé aussi un autre terme très heureux, le libéralisme sécuritaire qu’il opposait au libéralisme libertaire, forme de libéralisme de droite bête, opportuniste et affairiste qu’il opposait au libéralisme de gauche, dégénéré, cosmopolite et LGBT+. Le national-sionisme est partant une forme juive du libéralisme sécuritaire. Il faut envoyer le goy faire la guerre à l’Islam pour assurer la tranquillité des coreligionnaires de Goldnadel, Finkelkraut et de Zemmour. Pour augmenter la motivation et exaspérer l’agressivité des nouveaux suppôts de Zemmour, Bercoff, Elisabeth Lévy et Goldnadel (Riposte laïque, les Identitaires…), tant on sait que l’on se bat encore mieux quand on est mû par une idée qui nous exalte, il faut impatroniser dans la conscience du goy la notion d’Israël comme rempart de la civilisation « occidentale » contre le « péril islamique », ainsi que l’imposture du « judéo-christianisme ».

Voilà le piège dans lequel choient beaucoup de nos amis. L’erreur est humaine, mais s’opiniâtrer dans cette erreur est diabolique. On les aura prévenus !

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Zemmour, fourrier du national-sionisme

Les effluves capiteux de Zemmour sur la droite hors les murs 1/3

 

L’Action Française ne pouvait pas ne pas réagir face à l’ampleur que prend le phénomène Zemmour. David Veysseyre analyse dans ce premier volet les raisons de ce phénomène, il reviendra ensuite sur le national-sionisme propre à Eric Zemmour avant de dresser un portrait de la France rêvée par le journaliste de CNEWS : une France inorganique, uniquement politique et républicaine.

En janvier 2019, j’écrivis un numéro spécial de 47 pages des Écrits de Paris dont le libellé du titre ne s’embarrassait pas de circonlocutions : L’imposture Zemmour. Il n’est plus disponible en numéro papier, uniquement par PDF. J’y faisais état de ma stupéfaction relative à la fortune que connaît ce forban de presse dans une partie de nos milieux de droite et de droite radicale et je mettais en garde notre famille politique contre la séduction qu’exerce à la fois ce héraut du national-sionisme par des discours prétendument radicaux, mais oh combien insidieux.

Horresco referens, on a pu ouïr ces derniers temps ici et là quelques voix qui s’élevaient implorant le journaliste prolixe et plumitif prolifique de se présenter à l’élection présidentielle. En ce 15 février 2021 par exemple, dans le journal maçon La Provence, Jacques Bompard vient de publier une tribune en faveur de la candidature à l’élection présidentielle du nouveau coryphée de l’espérance nationaliste. Cette tribune d’un homme si estimable et honorable en faveur de Zemmour devrait nous exhorter à la réflexion. Je rappelle que Jacques Bompard à Orange (son épouse Marie-Claude a fait le même travail à Bollène, mais moins longtemps) peut être considéré à maints égards comme l’ornement de notre famille politique dans la mesure où c’est le seul à avoir réussi à s’implanter depuis maintenant un quart de siècle dans une grande municipalité. Il a prouvé en cinq mandats, nonobstant toutes les conjurations de médiocres et d’envieux, sans compter toute la vermine gauchiste crasseuse (profs, associations diverses, syndicats professionnels, partis), qui se coalisaient contre lui, que la gestion d’une commune par des hommes traditionnels, classiques et enracinés était possible ; il a prouvé que la droite radicale n’était pas une tourbe de tranche-montagnes juste bons à discourir pour réaliser tout l’inverse ensuite, comme on l’a constaté tant de fois dans cette sentine d’incompétence et de nullité que fut toujours le FN et encore plus le néo-FN actuel. C’est pourquoi la parole de l’honnête homme Jacques Bompard compte et nous devons la considérer comme plus importante que les autres. Récemment, Ludovic Lefebvre, délégué du Parti de la France pour Paris, a rédigé également une tribune parue sur le blog de Thomas Joly. Il opine également que Zemmour devrait se présenter.

Il est constant que les arguments de Messieurs Bompard et Lefebvre ne sont pas du tout sots et ineptes, ils sont rationnels, je vous encourage à prendre connaissance de leur tribune respective. Marine Le Pen est un monument d’incompétence, d’inculture et de mauvais goût, elle nous fait honte et une candidature de Zemmour serait en effet un moyen d’en finir définitivement avec ce parti et de convaincre sa tenancière en chef de se consacrer à sa vocation profonde, vocation à laquelle elle n’aurait jamais dû forfaire : l’élevage de chats.

Je ne veux pas être polémique ici. Quand une nation n’est même plus capable de trouver parmi ses enfants des représentants dignes, elle se donne à n’importe qui. Rappelez-vous ce qu’aurait dit Jugurtha dans la guerre éponyme, le Bellum Jugurthinum narrée d’une main de maître par Salluste, le meilleur peintre de la décadence de Rome à la fin de la République. Le chef numide de Cirta (actuelle Constantine en Algérie) ayant stipendié tous ses juges à Rome pour avoir un jugement favorable, se serait récrié en revenant en Afrique : 

Urbem venalem et mature perituram si emptorem invenerit, « Rome est à vendre et elle périra si elle trouve acquéreur ». Il en est de même pour la France.

Il n’y a plus rien à tirer de nos peuples en grande partie déracinés, hébétés, abâtardis, avilis depuis trop longtemps par des promesses égalitaires du plus bas aloi, devenir roi à la place du roi. Depuis 1789 chez nous, plus tard ailleurs, des millions de sous-prolétaires sont devenus rois, sans les supériorités d’éducation, de goût, de culture et encore moins de race (lignée qui s’enracine dans un passé millénaire s’entend) que l’on est en droit d’exiger pour qui veut parvenir et briller. On peut maintenant s’imaginer ce qu’un tel dépérissement enfante au plus haut sommet de l’État. Il suffit de s’aviser de la nullité, du désastre anthropologique et disons-nous de la sous-humanité de tous les derniers présidents de la Ve République.

Mes idées politiques - Charles Maurras

Mon vieux maître Maurras, dans son plus grand livre, Mes idées politiques, livre qui fut toujours un viatique pour moi déplorant ladite sous-humanité des chefs modernes, disait déjà en 1937 au chapitre des « Conditions de l’autorité vraie, L’éducation des chefs »  

Le trésor intellectuel et moral dont il [les chefs républicains] leur appartenait de recueillir l’héritage a été dédaigné et finalement s’est perdu. Ainsi en disposa l’esprit de la démocratie libérale qui a désorganisé le pays par en haut, (…), il a fait abandonner le seul instrument de progrès, qui est la tradition, et la seule semence de l’avenir, qui est le passé. L’histoire de la troisième République peut suffire à montrer l’inconvénient qu’il peut y avoir à livrer la législation, les armées, l’économie, la diplomatie, et toutes les formes de l’autorité et de l’influence à des esprits sans direction et sans culture, à des cœurs sans maîtrise et sans dignité. L’histoire symétrique de l’Angleterre conservatrice, où tout ce qui gouverna et servit dans les hauts emplois avait subi la dure et longue préparation intellectuelle et morale des vieilles universités, à grand renfort de vers grecs et de discours latins, vérifie combien il est certain que le bonheur réel des peuples dépend du bon dressage de leurs conducteurs. L’épée du conquérant, le bâton du pionnier, même le crayon de l’homme de bourse, toutes ces modalités de la force et de la ruse peuvent et doivent réaliser de grands biens à la condition d’avoir passé le temps nécessaire sous la férule de l’éducateur. Tout ce que l’on ôte à la férule n’est pas ôté à la férule ni à l’autorité qui la tient : cela est retranché à la masse entière du peuple ; c’est la nation et le genre humain qui sont les premiers dépouillés. La diminution du commun avoir intellectuel et moral est une perte pour tout le monde : les petits y perdront autant que les grands. Ils y perdront même beaucoup plus que les grands, car ce qui perfectionne, affine, élève les grands constitue, au profit des autres, la garantie la plus précieuse et souvent la seule, contre les abus du pouvoir auquel exposent précisément les grandeurs. Certaines nuances de vertu et d’honneur, certains beaux accents persuasifs de la voix qui commande sont les fruits directs de la seule éducation.

Charles Maurras

Mes Idées Politiques - Conditions de l’autorité vraie, L’éducation des chefs

La Révolution, mère de tous nos maux

Ce qui est consommé est consommé, mais je tiens bien à démontrer ce que nous avons perdu en 1789 et ce que nous ne réussirons plus jamais à reconstituer aujourd’hui : une dynastie royale, des longues lignées qui s’enracinent dans la longue histoire millénaire de ce pays, un goût, une haute culture, mais haute culture ordonnée au bien commun (Maurras parle ci-dessus de vers grec et de discours latins, mais entendons bien ce que signifiait Maurras, savoir du grec et du latin pour avoir un concours ou briller en public est complètement vain, il s’agit ici de culture classique qui doit participer à la formation d’un homme ayant vocation à servir un pays et une civilisation, à incarner l’universel et le particulier à la fois, le meilleur dans ces deux ordres bien entendu), une attitude, un discours, un comportement rationnel, une continuité, etc.

Notre seule consolation est l’espérance qui est universelle, mais aussi un fait positif, tangible et historique : nous sommes certes le pays de la Révolution, mais nous sommes aussi celui de la contre-révolution et du légitimisme. Aux avortons et aux culs-de-jatte à l’orgueil blessé (c’est ainsi que Chateaubriand qualifiait certains révolutionnaires exaltés) Danton, Sieyés, Marat, Barras, Robespierre, Barrère font pendant la chouannerie, la chambre introuvable de 1815, Joseph de Maistre, Louis de Bonald, Blanc de Saint-Bonnet, Charles X, Chateaubriand, Balzac, Barbey d’Aurevilly, Bloy, Maurras, Daudet, Bainville, Drumont, Albert de Mun, René de la Tour du Pin, Frédéric Le Play, ainsi que de nombreuses phalanges d’écrivains toutes aussi brillantes, énergiques et inexpiablement hostiles aux idées modernes égalitaires et cosmopolites héritées de 1789. La dernière pléiade en date étant celle des Hussards du siècle dernier, dernières reliques de la France monarchique, historique et organique, magnificente droite littéraire et buissonnière de formation maurassienne (J. Chardonne, M. Aymé, R. Nimier, M. Déon, J. Laurent-Cély). Toute cette longue tradition devrait nous raffermir. Mais hélas, la loi de régression des castes dont parle Evola n’a jamais été autant confirmée qu’aujourd’hui.

Dans les années 30, l’Action Française détenait le sceptre de l’intelligence dans toute la droite française et son magistère intellectuel s’étendait bien au-delà de ses frontières idéologiques. Proust était par exemple un fervent lecteur de la feuille de Maurras, Daudet et Bainville et il confessait même qu’il prenait de l’altitude mentale en la lisant.

Une issue à vue d’homme difficile à entrevoir aujourd’hui

Maurras parlait des hommes de la IIIe République, mais que dirait-il aujourd’hui d’un Chirac, d’un Sarkozy-Mallah, d’un Hollande, d’un Macron ? C’est d’autant plus grotesque que l’on nous présente ces histrions comme des éduqués, des distingués, l’élite, à commencer par les cacographes du journal Présent qui rêvent apparemment des palais de la Gueuse et de devenir énarques…

Dans nos solitudes d’Europe de l’Ouest affligées par l’absence de transmission depuis tant de décennies, à commencer par la France, dont l’histoire glorieuse s’abîma dans une révolution d’avocats ratés, de plumitifs crasseux, de prêtres défroqués et de fonctionnaires concussionnaires, il n’est donc pas surprenant qu’un animateur télé et un forban de presse feignant le palladium de la tradition et vociférant des discours aux accents conservateurs et nationalistes, soit l’ultima ratio regum d’un peuple de droite désespéré, désemparé, stupéfié et ne sachant plus à qui se vouer.

Mais comme toujours, l’homme est dupe et aime être dupé et il ne s’agit pas ici d’exhorter nos amis politiques à être méfiants, la méfiance instinctive est une attitude malsaine, la tradition catholique de notre culture, qui est aussi païenne (aristocratique basée sur l’honneur) ne l’oublions pas, nous invite en outre à être toujours confiant en notre prochain et charitable avec lui. Cette charité a cependant quelques limites quand notre patrimoine immatériel est menacé, pis quand il s’agit de confier sa protection et sa promotion à une personne, dont la fonction consiste en principe à honorer ces nobles obligations.

Dans les années 30, nous avions encore une Action Française très puissante, comme organisation politique et comme organe de presse, mais aussi pléthore d’autres ligues, de feuilles, d’organisations et de formations nationalistes diverses. Qui a remplacé aujourd’hui l’Action Française ? Qui a remplacé nos feuilles capiteuses, érudites et très engagées à la fois comme l’Action française, Candide, Je Suis Partout, Gringoire ?  Zemmour !

Mais sans même disputer de la baisse de niveau, de goût, de lettres et de culture, partant de l’abîme résidant entre cet animateur-télé et folliculaire prolixe et toute la droite intellectuelle éblouissante hautement cultivée et brillante de l’entre-deux-guerres, c’est la fortune des idées de Zemmour qui ne laisse pas d’inquiéter et même de tourmenter des homme traditionnels et classiques désirant voir le pays où il sont nés demeurer dans un minimum de continuité anthropologique, ethnique, culturelle et historique. Il ne s’agit pas de blâmer Zemmour parce qu’il est juif, nous ne nous mouvrons pas à ce niveau, car ce procédé est indigne et vil ; encore moins de signaler sa parentèle interlope comme certains n’hésitent pas à le faire, procédé encore plus abject et que nous réprouvons avec la dernière énergie, il rappelle la Sippenhaftung des anciens Germains, le kanun des Albanais actuels et la vendetta de certaines régions italiennes comme la Corse. Nous ne sommes pas responsables des actes de nos ancêtres et des membres de notre famille. Peut nous chaut aussi le sionisme de Zemmour, Israël est un État souverain et les juifs ont le droit d’avoir leur État comme les autres. Nous connaissons également des juifs qui ont été des patriotes, voir même des hommes exceptionnels et accomplis, des gentilshommes, des nationalistes sincères comme le Badois Paul Nikolaus Cossmann et le Prussien Ernst Kantorowicz en Allemagne ou tout simplement des êtres d’une rare qualité, merveilles du genre humain à l’instar de la philosophe Simone Weil (ne pas confondre avec l’abominable avorteuse Simone Veil). Nous désavouons aussi toute analyse et démarche complotiste, quelle qu’elle soit ; le complotisme est la providence des sots et ruine le peu de crédit que nous avons.

L’imposture Zemmour

Il s’agit donc de dénoncer ici Zemmour dans ses œuvres en quelque sorte, nous nous appuyons uniquement sur des faits positifs, au premier chef sa double-éthique, qui nous semble ici parfaitement juive et ensuite ses idées indigentes, très modérées et complètement républicaine. Rien ne distingue le polémiste de Cnews du Système, dont il est le pur produit. Nous voudrions simplement prévenir les hommes estimables et honorables comme Jacques Bompard et Ludovic Lefebvre, qui sont de bonne foi et d’honnêtes patriotes soucieux de voir leur pays se perpétuer et leur peuple se survivre. A l’instar de beaucoup de leurs pareils, ils abominent le RN et ils ont raison, mais prennent cet individu pour un homme défendant et promouvant des idées saines et traditionnelles. Le seul problème est que les tribunes de Messieurs Lefebvre et Bompard cachent une énorme forêt, qui est elle, peut-être beaucoup moins rationnelle.

Le nombre de sectateurs du journaliste vedette de notre famille politique, sectateurs ayant abdiqué tout jugement et même toute espérance, ne cesse également d’augmenter et cela nous consume d’affliction. Nous sommes donc en droit de faire connaître nos préventions et nos inquiétudes devant de tels ralliements et de tels enthousiasmes.

Que l’ancien militant d’extrême gauche Robert Ménard qui singe aujourd’hui le bourgeois de droite à Béziers mette Zemmour sur le pinacle, n’est pas trop grave, son parcours parle pour lui, le caractère, la gravité et la constance doctrinale ne doivent pas être ses premières qualités. Il en est de même pour Jean-François Touzé, dont il faut connaître les multiples positions depuis 20 ans, sans compter son admiration pour l’œuvre de Matzneff… Ce qui est plus inquiétant en revanche est de lire le journal Présent pour se convaincre de l’aveuglement, de la naïveté d’une grande partie de notre famille politique. Il fallait lire par exemple le principal soutien journalistique de la nef des fous marinistes fin 2018. Son rédacteur en chef Françis Bergeron avait décidé de faire concourir le énième livre de Zemmour, Le Destin Français, pour le prix des lecteurs du journal. Mais le paroxysme de cette hystérie collective fut atteint quand on a pu lire sous la plume exaltée de Françis Bergeron, sans doute transporté par la lecture du Destin français, une litanie de louanges à l’adresse de l’œuvre du nouveau prince de la droite. En voici quelques extraits qui sont représentatifs, emblématiques et symboliques de l’hystérie régnante : « l’érudition le dispute au talent polémique »; « une synthèse si brillante, si intelligemment émaillée de citations iconoclastes »; « œuvre qui mériterait de passer à la postérité », etc.  Rien que ça !

Essayons ici de démystifier les zélateurs de l’animateur-télé en examinant tout simplement l’essence de la pensée de Zemmour : sa vision toute prosaïque et républicaine de la France s’inscrivant dans un national-sionisme d’un fort mauvais aloi.

Nous pouvons circonscrire l’idéologie de Zemmour à deux étais : le national-sionisme et la défense d’une France inorganique uniquement politique, républicaine et universelle, sans aucune identité historique, linguistique, charnelle et religieuse.                                                                                                                                                         Cette dernière est chez Zemmour de « droite », national-sioniste, c’est-à-dire indifférente aux communautés naturelles, mais individualiste, sécuritaire et défendant les honnêtes gens à commencer par tous nos boomeurs 68ards à la retraite qui ont ruiné 1500 ans d’histoire en 60 ans. Zemmour est le premier soldat de la république et de la démocratie libérale, c’est pourtant le régime qui souille tout, ruine tous nos héritages, hébète nos compatriotes, interdit toute transmission, corrompt nos gouvernants. Mais c’est aussi un gage de sécurité pour les juifs, qui eux se protègent et sont jaloux de leur culture. Si un juif était conséquent avec lui-même, il abhorrerait la république et tout le salmigondis républicain qu’on nous sert matin, midi et soir dans les médias, les discours politiques et à l’école. La république insulte normalement au judaïsme et à son attachement naturel aux traditions. Ce dernier est cependant invisible au milieu d’un peuple autochtone déraciné, avili et dépravé. Une république universelle, la France nouvelle de 1789 fût-elle de droite, ne sera jamais la France, elle reste un terrain vague, c’est la société ouverte de Popper, qu’il opposait aux sociétés fermées, sociétés qui ne sont pas du goût de Zemmour et de beaucoup de ses amis, à part en Israël…

David Veysseyre

Le prochain volet traitera du national-sionisme de Zemmour. 

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Robert II le pieux, fils d’Hugues Capet

Robert II le pieux, fils d’Hugues Capet

Robert II le Pieux

Je commencerai par évoquer Robert II le Pieux (972-1 031), fils d’Hugues Capet (939-996) et d’Adélaïde d’Aquitaine (945-1 006). Hugues venait d’être élu roi de France et sacré (Noyon, le 3 juillet 987), mais cette élection n’avait pas de portée « démocratique ». Comme l’expliquait très finement l’historienne Marie-Madeleine Martin : « Élu par les seigneurs et l’Église, Hugues dut son titre, avant que cette élection fût intervenue, à ses exploits pour le bien public : là est la racine de son pouvoir. » Les évêques et les barons avaient pu désigner qui exercerait le pouvoir ; ils n’avaient pu prétendre créer le droit à exercer le pouvoir qui relève de Dieu seul. (« Tout pouvoir vient d’En-Haut ») car il faut tenir compte de l’aptitude de la personne, de sa position, de son expérience, de ses compétences, à servir le bien commun.

Hugues Capet appartenait à la famille héroïque de Robert le Fort (mort en 866), laquelle, depuis quatre générations, se dévouait pour la France et exerçait effectivement, sans en porter le titre, la royauté à la place des derniers Carolingiens déclinants.

Roi associé

Maintenant l’heure d’Hugues était venue, il avait su attendre son tour sans violenter l’Histoire. Il fallait l’en louer, mais sa puissance était très relative, il était certes le roi, le sommet de la pyramide féodale, sa personne était respectée et chaque prince féodal savait qu’en droit, c’était de lui qu’il tenait son fief. L’idée d’un arbitre au-dessus des rivalités, revêtu d’un grand pouvoir moral, commençait à se faire jour ; il allait falloir du temps pour qu’elle s’appliquât dans les faits. Pour le moment le roi ne pouvait même pas contraindre ses vassaux à lui fournir le concours de leurs armées.

En 987, Hugues avait quarante-huit ans, mais son installation était loin d’être assurée. Conscient de la précarité de sa situation, il voyait que l’œuvre d’unification et de réorganisation serait de longue haleine, qu’elle exigerait des siècles ; alors, se dit-il, pour réussir, l’important, c’est de durer, donc de soustraire la couronne à l’élection ! Ce fut l’étincelle du génie capétien : il demanda aux évêques et aux barons d’associer à sa royauté son fils aîné Robert, alors âgé de dix-sept ans. Pour emporter l’adhésion des électeurs, il utilisa une lettre qu’il venait de recevoir du comte de Barcelone lui réclamant son secours contre les Sarrasins ; s’il partait, il ne pouvait laisser le royaume sans que sa succession fût assurée. L’argument porta : le jeune Robert fut élu roi associé et sacré dès Noël 987 en la basilique Sainte-Croix d’Orléans. Un petit secret d’Histoire nous dit que le comte de Barcelone fut vite oublié, mais on ne saurait trop admirer cette manière tout empirique de combiner la coutume du temps, l’élection, avec une prodigieuse idée d’avenir. Bientôt, l’habitude fut prise de voir le fils aîné succéder tout naturellement à son père ; il n’y eut, pour obtenir cela, ni coup d’État, ni proclamation d’une loi ! Rien que l’adaptation aux nécessités politiques ! C’est cela, l’empirisme organisateur des Capétiens.

Hugues avait bien fait de commencer par s’occuper de la pérennité de sa dynastie. Car celle-ci allait devoir se défendre… Charles de Basse-Lorraine, l’oncle du dernier Carolingien, revendiquait la succession, donc la place d’Hugues. Il fallut se battre hardiment.

Par ailleurs, Hugues était harcelé par l’un de ses vassaux pourtant directs, Eudes, comte de Blois, qui venait de s’emparer de Melun. Celui-ci en fut délogé grâce à l’appui des troupes du duc de Normandie et au concours du comte d’Anjou, Foulque Nerra. Eudes allait mourir en 996 après avoir demandé la paix.

Un cœur tumultueux

Or voici qu’allaient intervenir les aventures sentimentales du roi associé, Robert. Celui-ci avait été marié, par raison d’État, à Rosala, dite Suzanne, fille du roi Béranger d’Italie et veuve du comte de Flandre Arnoul II. Elle était de vingt ans plus âgée que lui. Au bout d’un an, il en eut assez et la répudia sans que cela fît trop de scandale. Il s’ensuivit tout juste une petite guerre avec le jeune comte de Flandre, Baudoin IV, fils du premier lit de Rosala, car le roi de France entendait bien garder la dot : Montreuil-sur-Mer ; une fenêtre sur la mer !

Or, en 996, Robert s’éprit follement de la veuve d’Eudes de Blois, Berthe. Celle-ci, fille de Conrad de Pacifique, roi de Bourgogne, était sa cousine au troisième degré ! Immense scandale : Gerbert, ami de Robert et qui, entre-temps, était redevenu évêque de Reims, interdit le mariage ; le pape Jean XV menaçait Robert de l’anathème ; et Hugues Capet lui-même déplorait le projet de son fils. Celui-ci s’entêtait, provoquant même un retournement politique en soutenant désormais les enfants du défunt comte de Blois (qui étaient aussi ceux de Berthe) contre la Maison d’Anjou qui avait si bien servi Hugues Capet.

Tant de soucis finissaient d’épuiser le vieux roi,  lequel rendit son âme à Dieu le 24 octobre 996 dans l’amitié des moines et des grands fondateurs d’abbayes. Il n’avait pas été un personnage extrêmement brillant, mais il avait su se montrer fin négociateur, voire cauteleux et louvoyeur.

Robert II était désormais seul roi. Il avait vingt-six ans. Son règne commençait, on s’en doute dans le déchirement, car il était toujours épris de sa cousine Berthe et n’entendait pas céder ! Pire : au lendemain de la mort de son père, il réussit à faire bénir ce mariage par Archambaud, archevêque de Tours ! Le pape Grégoire V, qui venait de succéder à Jean XV, ne saurait tolérer une telle désobéissance : il somma les époux de rompre.

Pendant quatre années, Robert allait braver les foudres de l’excommunication. Pour tente d’amadouer Rome, il alla même jusqu’à sacrifier Gerbert et ramena une nouvelle fois le fameux Arnoul (le fils naturel du roi carolingien Lothaire) à l’évêché de Reims.  C’était se montrer bien ingrat, car Gerbert avait été le précepteur de Robert et gardait une forte influence sur lui. Il se consola quand même assez vite : déjà lié au jeune empereur germanique Othon III, il devint le conseiller de celui-ci, puis, dès 998, il fut archevêque de Ravenne, et juste avant que sonne l’An Mil, il devint le pape Sylvestre II ! Le premier pape français ! Ce fut alors qu’il parvint à persuader son ancien élève de congédier Berthe. Robert s’exécuta en 1001, la mort dans l’âme, mais, après tout, cette femme ne lui avait pas donné d’enfant…

Un roi doit savoir se sacrifier pour la dynastie : il se rendit aussitôt solennellement en Arles pour demander la main de Constance, fille de Guillaume Taillefer, comte de Provence. Cette Provençale était sûrement belle et cultivée, mais elle n’allait pas tarder à se révéler comme un mégère qui ne se laisserait pas aisément apprivoiser. Elle serait le purgatoire de Robert…

Cousine de Foulque Nerra, comte d’Anjou, elle n’eut de cesse d’imposer à la Cour l’influence angevine au détriment d’Eudes II,  comte de Blois, fils de l’épouse congédiée.

N’en tenant plus, Robert allait tenter de reprendre Berthe qu’il aimait toujours et alla jusqu’à Rome pour demander la séparation d’avec Constance. La tentative ne pouvait qu’échouer : alors, il fit contre mauvaise fortune bon cœur et laissa même Constance s’occuper de la gestion des deniers publics. Lui souffrirait le reste de sa vie et pratiquerait la charité.

Car si le nouveau pape était essentiellement un politique, le roi de France, lui, avait une âme de saint. D’après Richer, moine chroniqueur du temps, il était grand, possédait une belle chevelure, un regard modeste, une barbe imposante et toujours bien peignée, «  une bouche suave et douce pour donner le baiser de la sainte  paix ». Quand il montait à cheval, ses doigts de pied rejoignaient presque le talon et l’on disait que c’était un miracle….

L’Église lui doit la musique et les paroles de nombreux hymnes liturgiques, qu’il interprétait lui-même dans le chœur et dirigeait avec douceur et talent. Et Constance se régalait des rimes dont jouait son époux avec le nom Constance…

Candeur évangélique

Quelques exemples de la charité royale : un soir qu’il soupait à Étampes, sous le regard grincheux de la reine Constance, Robert ordonna que l’on fît entrer les pauvres et les mendiants ; l’un d’eux se glissa aux pieds du roi lequel le nourrissait en cachette sous la table. Mais le pauvre ne perdit pas son temps : il mangea et, surtout, il découpa un ornement d’or qui pendait au vêtement royal, puis il s’esbigna… Quand Robert se leva et s’aperçut du larcin, il ne s’indigna point, disant à son entourage que cet or serait peut-être plus utile à celui qui l’avait emporté qu’à lui-même. Et comme un autre pauvre s’apprêtait à lui couper une frange de son manteau, le roi se contenta de lui dire d’en laisser un peu car un plus pauvre aurait peut-être besoin du reste…

Ne croyons pas toutefois que ce saint homme négligeait la politique. Il savait alors se comporter en suprême justicier. L’historien Funck-Brentano le décrivait « sur les routes, heaume lacé en tête, avec cuissard, gorgerette et haubert », et les chroniques du temps évoquent ses luttes incessantes, ses véritables opérations punitives contre les féodaux trop turbulents du domaine royal : « Toujours en guerre, assiégeant les châteaux, s’efforçant, la lance au poing, de faire régner la paix et la justice. »

Le moment vint de renouer avec la sagesse de son père. En 1017, il fit élire et sacrer son fils aîné Hugues, qui avait dix ans. Hélas, celui-ci mourut jeune en 1025 ! Et ce fut Henri, déjà duc de Bourgogne, que Robert fit élire et sacrer en 1027 à dix-neuf ans. À chacun de ces sacres, la plupart des grands vassaux étaient présents : preuve que la volonté royale de soustraire la souveraineté à toute compétition commençait à être comprise dans l’intérêt de tous.

Mais l’imprévisible Constance était toujours là pour envenimer les choses. Vers 1030, elle s’évertua à dresser ses fils contre leur père, exploitant l’impatience d’Henri d’accéder au gouvernement effectif de la Bourgogne. Ce fut à ce moment que mourut Robert II à soixante et un ans, le 20 juillet 1031 à Melun.

Son règne avait fait grandir en prestige le monarchie capétienne. Certes sur son propre domaine, les féodaux lui avaient mené la vie dure, mais il sut les contenir. Certes, s’élevèrent de façon inquiétante les deux maisons rivales : celle d’Anjou – Foulque Nerra conquit la Bretagne et la Touraine ! – et celle de Blois – Eudes II s’empara de Meaux et de Troyes. Mais devant un roi si pénétré de sa dignité et bien décidé à la faire prévaloir, ces ambitieux arrivaient à se dominer.

Comme l’écrivait le duc de Lévis-Mirepoix : « Dès sa génération, la dynastie n’est plus contestée dans sa légitimité de principe. Les plus humbles s’y reconnaissent. Elle ne défie personne. Une espèce de candeur évangélique, en dépit des troubles du temps, plane sur elle. »

Tel fut le roi Robert II le Pieux. 

Michel FROMENTOUX

 Article paru dans le journal Rivarol

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Il y a 20 ans disparaissant Gustave Thibon

Il y a 20 ans disparaissant Gustave Thibon

Gustave Thibon a rendu son âme à Dieu le 19 janvier 2001. Il n’aura dépassé l’orée du siècle nouveau et du millénaire nouveau que le temps d’y jeter, telle une bouteille à la mer, le message qu’il nous appartient de recueillir, nous, ses amis, à savoir que, dans tous les bouleversements de notre vilain temps, quand tout nous semble obscur, quand l’éclipse semble atteindre même les vérités divines, ce n’est pas la lumière qui nous  abandonne, mais c’est « notre regard qui manque à la lumière ».

Fils de la terre ardéchoise âpre et ardente, où l’appel des cimes vers l’infini nourrit les cœurs terriens et réalistes, Thibon a semé toute sa vie une sagesse de nature à aider ses lecteurs et ses auditeurs à retrouver le mystère caché derrière les choses, derrière les mots, à l’aune duquel se trouvent relativisés nos agitations, nos matérialismes, nos illusions…

Qui ne se souvient de son pas balancé, de sa stature solide, de son savoureux accent chantant, de ses observations paysannes, de ses intarissables citations de Mistral, de Hugo, de Maurras, de Nietzche…? Son langage clair et imagé élevait l’esprit des foules, que ce fût dans son Vivarais, à Paris ou à l’étranger, aux Associations familiales catholiques, aux congrès de l’Office à Lausanne, aux réunions royalistes des Baux de Provence, à l’Institut d’Action française, ou encore, lors de ses passages trop rares sur le petit écran.

Sous le brûlant soleil du Bas-Vivarais, des bords du Rhône ombragés de saules et de peupliers où rôtissaient vignes et oliviers, au plateau entaillé de gorges et de recoins mystérieux, puis aux landes peuplées de buis rabougris et trouées de grottes, Gustave Thibon, né le 9 septembre 1 903 à Saint-Marcel-d’Ardèche, non loin de Bourg-Saint-Andéol, presque aux portes de la Provence, passa toute sa vie sur son sol natal, dans son mas de Libian.

Il m’apparut toujours comme l’incarnation de l’âme vivaroise pétrie de terre ardente et de besoin d’infini. Contemplant au soleil couchant par-dessus les feuillages scintillants, l’horizon majestueux qui s’étend de l’autre côté du Rhône, du Vercors au comtat Venaissin et que domine le cône du Ventoux, il connut ici ses premières émotions esthétiques : « Je percevais en cette vision le reflet d’un monde dont l’homme ne peut saisir que par éclairs la pureté mystérieuse et je sentais s’agiter au fond de mon âme ce levain de nostalgie, cet appel amer et doux vers l’impossible que laisse après soi le contact avec la beauté trop parfaite. » 

Cette existence entre terre et ciel se déroula jusqu’à vingt ans dans la ferme paternelle . Puis Gustave eut soif d’aventure, quitta le nid, essaya ses ailes …et revint puiser sur son sol ancestral les leçons d’ordre et d’équilibre compensant son tempérament un peu anarchique. Il fut alors pris d’une irrépressible frénésie de savoir : il apprit tout seul le latin, le grec, l’allemand, le provençal, les mathématiques, la biologie, la médecine, il dévora les ouvrages des philosophes et des poètes.

Thibon au rassemblement  royaliste des Baux en 1986

Restauration intérieure

Léon Bloy et Jacques Maritain le remirent sur le chemin de la foi de son enfance. Il rencontra Gabriel Marcel, Marie Noël, Charles du Bos, Charles Maurras… Il se prit d’admiration pour Frédéric Mistral, Victor Hugo, mais aussi pour Hegel, Klages, Nietzsche, ces antithèses de la mesure grecque et de l’équilibre latin. Il s’enthousiasma pour saint Jean de la Croix, «  le plus extrémiste de tous les saints ».

Ses premiers livres ayant paru sous le régime du maréchal Pétain (Diagnostics en 1 940, Destin de l’homme en 1 941, L’échelle de Jacob en 1 942, Retour au réel en 1 943…) certains lecteurs superficiels ont voulu faire de Thibon le philosophe du simple retour à la terre. C’est oublier qu’il appelait essentiellement les Français abasourdis par la défaite à une restauration intérieure, à une remise en valeur du sens des responsabilités dont le paysan, échappant à la sécurité facile autant qu’à l’esprit d’aventure, était le meilleur exemple. « Ce besoin de restauration intérieure dans la France occupée était tout le contraire d’une esquive. Si l’individu le plus fort peut être tué du dehors, une nation ne peut mourir que de faiblesse. Il s’agissait donc impérieusement, impérativement, de revivifier la nôtre. »

Ne nous méprenons pas sur sa façon d’évoquer la vie des paysans du temps de son enfance : « Bornés en surface, les paysans n’avaient d’autre ressource que de s’enfoncer dans l’épaisseur : la profondeur était la dimension naturelle de leur vie ». Avec cela, ils étaient au large dans le temps, œuvrant pour continuer les ancêtres et pour préparer leur descendance. Certes, cette vie présentait certains côtés étouffants, mais les vertus sociales, dont la religion constituait la trame, avaient le mérite « d’assurer à l’intérieur de la masse humaine, qui n’est composée ni de héros ni de saints, une certaine continuité de mœurs ».

Au-delà du passé

Cela dit, Thibon n’était pas l’homme des exhumations. Pour lui, le passé n’avait d’intérêt que dans le mesure où sa durée reflétait la marque de l’éternité. Assistant en moins d’un siècle à plus de bouleversements que le monde n’en avait connu durant trois millénaires, il ne succombait ni au mythe du progrès (« l’accélération continue est le propre des chutes plus que des ascensions »,  « être « dans le vent » est le rêve de la feuille morte) ni à celui du repliement sur soi, mais il tremblait pour l’avenir plus qu’il ne pleurait sur le passé, en voyant le monde s’écarter des lois intangibles de la création. « Le monde n’était pourtant pas resté figé au cours de ces trois mille ans et cela donne à penser que cet invariant qui avait subsisté à travers la fuite des siècles répondait vraiment à quelque nécessité éternelle. » Tel était le souci primordial de Thibon : par-delà le temps, retrouver, plus que le passé, l’éternel : « tout ce qui n’est pas de l’éternité retrouvée est du temps perdu. »

Il s’agissait donc de restaurer, non pas le passé en tant que tel, mais l’acquis de l’expérience humaine, à commencer par la relation organique entre les générations, entre l’homme et Dieu. Contre l’idéal des « Lumières » de la Révolution posant un individu émancipé et abstrait qui « erre à la surface de lui-même », le philosophe de Ce que Dieu a uni (1 945), La crise moderne de l’amour (1 953), Notre regard qui manque à la lumière (1 955) voulait rendre à l’homme ses attaches et ses limites, gardiennes de la force et de l’unité des individus comme des sociétés. «  Nous vivons à l’intérieur de nos limites comme le sang dans l’artère ; la paroi de l’artère n’est pas une prison pour le sang, et ce n’est pas « délivrer »  le sang que d’ouvrir l’artère. »

Ce souci qu’avait Thibon de  sauver l’harmonie dans l’homme et entre les hommes ne pouvait que le conduire à rejoindre Maurras et sa conception de la monarchie comme la forme de gouvernement la plus naturelle, la plus « incarnée » (le roi est un être de chair), la plus capable d’allier l’unité et la diversité dans une synthèse supérieure.

Quête existentielle

Dans les années 1 941-1 942, se situe la rencontre du philosophe ardéchois avec Simone Weil, la jeune agrégée de philosophie (qu’il ne faut pas confondre avec l’abominable avorteuse dont le nom s’écrit avec un simple V.) La Juive d’extrême-gauche, mais à la foi débordante, désirait travailler aux champs comme fille de ferme et demeura à Saint-Marcel-d’Ardèche quelques mois, avant de s’embarquer pour New-York, puis pour Londres où elle allait mourir en 1 943. Elle fit progresser Thibon dans sa quête existentielle ; ils causèrent chaque soir interminablement ; ils échangèrent des livres, notamment de Platon et de saint Jean de la Croix. Thibon passa d’un christianisme docile à l’invasion des ténèbres. C’est ce doute en Dieu et non de Dieu qu’il conçut dès lors comme une expérience spirituelle, une épreuve que Dieu réserve à quelques-uns qui dépassent le doute par la foi.

L’« agonie » de Dieu

Par plusieurs de ses ouvrages, ce chercheur d’absolu s’affirma comme l’un des plus grands penseurs spirituels du XXe siècle : Vous serez comme des dieux (1 959), L’ignorance étoilée (1 974), Le voile et le masque (1 985), L’illusion féconde (1 995). Il était comme crucifié par le grand drame du monde moderne : « En désirant de toutes ses forces la puissance matérielle, l’homme l’a obtenue, mais, en même temps , laissant la place à l’homme qui se fait son rival, Dieu semble s’être retiré du monde.» Et dans le noir de cette « agonie de Dieu » qui touche aujourd’hui même l’Église du Christ, Thibon se souvenait de ses conversations avec Simone Weil : « On doit tout retrouver par soi-même, douloureusement, sans être porté par le social ». Ce peut être un bien en ce sens que les certitudes trop tranquilles rendent parfois le chrétien imperméable à l’action de la grâce et au sens du mystère (le « trop défini » peut masquer « l’infini »), mais ce peut-être aussi une expérience périlleuse. Ne pouvant plus se contenter du fiat paysan, Thibon se retrouvait seul face à face avec Dieu « chaque jour de moins en moins étranger et de plus en plus inconnu », souhaitant mourir « dans la nuit » par respect de la lumière inconnue qu’il n’entrevoyait plus « que sous la forme de l’éblouissement ».

Le « Ciel sans promesse » ?

Plus préoccupé de contemplation que des conditions dogmatiques du salut, Thibon était ici à la limite de l’orthodoxie catholique, mais,  rétorquait-il, le Christ n’a-t-il pas ressenti, au moment de son agonie au Mont des Oliviers, cet effroi devant « le Ciel sans promesse ». Et Thibon de surmonter son désespoir : « Il faut bien que cet Être soit nécessaire pour qu’on éprouve le besoin d’en douter ou de Le nier. »

Plongé dans le tragique de ce temps, Gustave Thibon ne laisse pas l’image d’un maître. Il n’aurait d’ailleurs nullement apprécié qu’on lui donnât un tel titre. Mais, en tant que philosophe, que moraliste et plus encore que poète, il ne cessera d’aider les générations futures qui le connaîtront à vaincre toute forme de matérialisme, à scruter le mystère au-delà des apparences, à surmonter tout désarroi dans un monde effondré, et surtout, à placer l’espérance non point dans l’homme – que les philosophes modernes rendent fou -, mais dans les lois immuables de la Création qui, seules, nous garderont de sombrer dans le néant.

Michel FROMENTOUX,  membre du Comité Directeur de l’Action Française, journal RIVAROL du 3 février 2021. 

 

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Louis XVI par Jacques Bainville

Louis XVI par Jacques Bainville

Ces lignes sont parmi les dernières écrites par le grand historien d’Action Française Jacques Bainville, de l’Académie Française. 

Louis XIV avait de l’intelligence et du caractère. Louis XV avait de l’intelligence et manquait de caractère. Louis XVI, avec toutes les vertus, avait une intelligence médiocre et il était indolent. On ne peut pas s’étonner que, malgré les meilleures intentions du monde, il ait perdu la monarchie.

Un hasard malheureux fit encore qu’il avait perdu son père, si bien qu’à Louis XV déjà vieilli succéda un jeune homme de vingt ans, très confit en dévotion, à qui l’on avait surtout appris que le grand-père menait une vie scandaleuse. On imagine bien que les filles du défunt roi avaient Madame du Barry en horreur. Elles avaient endoctriné leur neveu qui ne se contenta pas d’exiler la favorite mais qui se mit à défaire systématiquement tout ce que son prédécesseur avait fait.

Un de ses premiers actes fut de rappeler les Parlements orgueilleux qui tenaient tête à la couronne. Comprit-il très bien ce qu’il faisait ? c’est douteux. Il obéit surtout aux influences qui s’exercèrent sur lui. Mais, dès ses débuts, il s’enfonçait dans une contradiction insoluble et destinée à devenir mortelle. En effet il appelait au ministère un réformateur qui s’appelait Turgot, et les Parlements, défenseurs des droits acquis, s’opposaient à toutes les réformes. Pour réformer le royaume et supprimer les abus, il eût fallu que le roi agît par voie d’autorité. Il avait, d’emblée, entamé la sienne en rétablissant celle de ces magistrats qui s’étaient arrogé le pouvoir de repousser les lois qiu étaient contraires à leurs idées ou à leurs intérêts, bien que la puissance législative fût censée appartenir au souverain.

Combattu et paralysé par les Parlements, ne pouvant faire aboutir ses projets, Turgot dut se retirer. Entre son ministre et les magistrats, le malheureux Louis XVI avait dû choisir et ne pouvant plus revenir sur le mal qu’il s’était fait, ce fut le ministre qu’il sacrifia. Par une contradiction non moins absurde le public lui en fit le reproche, tandis qu’il applaudissait ces parlementaires privilégiés et défenseurs des privilèges qui parlaient un langage insolent et factieux et se présentaient comme les défenseurs de la liberté.

Dès lors Louis XVI s’épuisa dans la vaine recherche d’une amélioration impossible. Il y perdit peu à peu sa popularité. A la fin, impuissant devant les parlementaires unis à la noblesse et au clergé, il se résolut à sauter le grand pas et à convoquer les États Généraux, espérant trouver dans le Tiers État l’appui qui lui était refusé ailleurs.

C’est pourquoi il voulut que la représentation du Tiers État fût doublée. Mais le troisième ordre, ayant autant de députés que les deux premiers, demanda et devait demander à voter par tête. De plus le roi, pour faire entendre la voix de la bourgeoisie, avait invité tous ceux qui avaient des idées à les exposer librement. Ce fut une pluie d’écrits de toutes sortes parmi lesquels figura la célèbre brochure de Sieyès : «  Qu’est-ce que le Tiers État ? Rien. Que doit-il être ? Tout. ».

Louis XVI avait semé le vent. Il récolta la tempête et de plus, faisant ce qu’il avait déjà fait avec Turgot et avec le Parlement, au lieu de suivre la voie qu’il avait lui-même tracée, il vint se mettre en travers. Lorsque les députés du Tiers, forts de leur nombre et de l’autorité qu’il leur avait donné, voulurent transformer les États Généraux en assemblée, il prétendit de son côté maintenir la distinction des trois ordres, conformément aux traditions, aux usages et à l’ancienne constitution du royaume. C’est ainsi que de ses propres mains, Louis XVI fit la Révolution. Pouvait-elle être évitée ? Nous répondrons « Oui, certainement ».

La France avait besoin de réformes. Il fallait y procéder d’autorité et brisant les coalitions d’intérêt qui s’y opposaient. C’est ce que les rois de France avaient toujours fait, ce qu’avait fait encore Richelieu puis Louis XIV. Sans cela la monarchie n’eût pas duré aussi longtemps. Pour être un roi réformateur, il fallait être un roi autoritaire.

N’était-ce pas ce que la France attendait ? Le XVIIIe siècle, dans la personne du plus illustre de ses interprètes c’est à dire Voltaire, avait exalté des souverains qui étaient de purs despotes, comme Frédéric II et Catherine, mais qui imposaient le progrès par le despotisme.

Au fond les Français, en 1789, n’aspiraient pas à la liberté mais à l’égalité, qui en est d’ailleurs exactement le contraire. C’est si vrai que, dix ans plus tard, dix ans seulement, la dictature de Bonaparte était acclamée. Il était vraiment inutile pour en venir là, de mettre la France sens dessus dessous et de faire couler des torrents de sang. Avec des intentions excellentes, l’infortuné Louis XVI avait fait un mal immense. Il l’a expié si durement qu’on ne peut pas avoir la dureté de lui en vouloir. Mais il serait faux de voir en lui une victime de la fatalité.

Supposons un roi qui eût continué la politique commencée par Louis XV dans les derniers jours de son règne. On fût arrivé, sans bouleverser le pays et sans tout détruire, à un état des choses fort semblable à celui que créa le premier consul, lequel, du reste, rétablit et restaura une partie de ce qui avait été détruit dans l’anarchie révolutionnaire.

Finalement, Louis XVIII, qui était fort intelligent, prit la France telle que Napoléon l’avait laissée. Pour en venir là, il était bien inutile d’avoir fait couper la tête d’un roi, d’une reine et d’une quantité de braves gens sans compter tous ceux que vingt ans de guerre avaient tués.

Jacques Bainville, de l’Académie Française

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