Chanter la France ! 

Chanter la France ! 

Savez-vous qu’on peut faire de l’Histoire avec des chansons ? Je veux dire, utiliser les chansons pour apprendre à connaître notre passé, nos aïeux, leur quotidien, leurs joies et leurs peines, bref leur vie. Et que, de même que l’Histoire qu’on nous inflige est le plus souvent mensongère, on peut aussi mentir avec des chansons ? Moi qui aime à la fois les chansons et l’Histoire, je suis frappée de voir combien notre patrimoine chansonnier a pu être détourné.

Prenez par exemple « Auprès de ma blonde », on ne la trouve facilement sur YouTube qu’en passant par des sites de chansons enfantines, YouTube Kids notamment. Différents dessins naïfs montrent bien que la vidéo s’adresse aux petits et non aux grands, ni à leurs parents. Or, Auprès de ma blonde est une marche militaire, que chantaient les soldats de Louis XIV.

Le comble, c’est que des chaînes anglaises ou allemandes expliquent très bien l’origine martiale de cette très belle marche, alors que les Français sont priés de croire qu’elle s’adresse à leurs enfants. Eh bien Auprès de ma Blonde n’est pas seulement une très belle marche militaire, c’est aussi un chant d’amour conjugal. La Blonde de la chanson est l’épouse fidèle qui est prête à tout donner, y compris les tours de Notre-Dame et le clocher de son pays, pour revoir son époux bien-aimé prisonnier en Hollande. Qui donc peut avoir intérêt à nous le cacher ?

Par la chanson on voit surgir, souvent avec humour, la vie quotidienne de nos aïeux. Avant la Grande guerre, installons-nous devant le comptoir de la caissière du Grand café, ou dans la gargote de la Madelon. Allons flâner sous les ponts de Paris ou guincher avec Poupoule.

Savez-vous que Fanfan la Tulipe, que le cinéma nous a montré sous les aimables traits de Gérard Philippe comme un soldat de Louis XV, était en fait un soldat de Napoléon ? Écoutez bien les paroles. Je vous laisse apprécier les valeurs qui y sont célébrées : la famille, la charité, la compassion, le courage, la patrie. Sans oublier un couplet pour chanter les filles faciles, on est soldat que diable !

Toujours les Français ont chanté, quand j’étais jeune, on m’a un jour présentée comme « Marion, du pays des chansons ». J’ai pu vérifier, souvent, combien les Français sont heureux quand ils chantent. Des vraies chansons avec du texte, de la mélodie, de l’entrain.

J’ai préparé un disque. Il comporte 21 titres qu’on chante, pour certains d’entre eux, depuis des siècles. Aidez-moi à le financer en le commandant dès maintenant. Dès qu’il paraîtra je vous l’enverrai avec un petit mot de dédicace.

Pour tout savoir, c’est juste en dessous…
Allons, venez avec moi Chanter la France !

 

MARION SIGAUT
Auteur de Chanter la France

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Les délires démocratiques dans le premier laboratoire sociétal de l’Occident

Les délires démocratiques dans le premier laboratoire sociétal de l’Occident

“Le petit poussin brise sa coquille et se met à courir.
Peu de choses lui manque pour crier : « Je suis libre … » Mais le petit homme ?

Au petit homme, il manque tout. Bien avant de courir, il a besoin d’être tiré de sa mère, lavé, couvert, nourri. Avant que d’être instruit des premiers pas, des premiers mots, il doit être gardé de risques mortels. Le peu qu’il a d’instinct est impuissant à lui procurer les soins nécessaires, il faut qu’il les reçoive, tout ordonnés, d’autrui”

Charles Maurras

 

Jacinda Ardern, premier ministre de Nouvelle-Zelande

La Nouvelle-Zélande est-elle devenue le laboratoire progressiste du monde occidental et en particulier de son hémisphère sud ? En effet, ces dernières années, sous l’impulsion, l’égide ou la représentation du chef du gouvernement réélu l’année dernière pour un nouveau mandat, l’hystérique Jacinda Ardern, le pays du kiwi sombre dans les plus noirs marécages de la révolution sociétale, faisant passer la France, pour l’heure, à un pays conservateur. C’est dire !

Le dernier projet tout politique mené par la jument de Wellington a été dévoilé lundi 21 novembre à l’issue d’un arrêt de la Cour suprême de Nouvelle-Zélande : l’ouverture du droit de vote aux plus jeunes. En effet, le tribunal composé de juges proches du parti travailliste et du parti progressiste (donc proches de Jacinda Ardern) a estimé que l’âge actuel du droit de vote, fixé à 18 ans, enfreignait « les droits des plus jeunes ».

Les gamins vont-ils urner ?

Pour y remédier l’exécutif propose dès maintenant que le parlement abaisse cette limite d’âge à 16 ans.

« Je soutiens personnellement un abaissement de l’âge, mais ce n’est pas une question qui me concerne ou même [qui concerne] le gouvernement », a expliqué Ardern. « Tout changement de la loi électorale de cette nature requiert le soutien de 75 % des parlementaires. C’est pour cela que, selon nous, il s’agit d’une question plutôt destinée au Parlement, pour que chacun puisse s’exprimer », a-t-elle ajouté. Une manière insidieuse de dire que cette tendance vers une égalité toujours plus forte ne serait pas le fait du politique, d’une décision arbitraire mais le fruit d’une longue maturation de l’opinion désireuse d’une nouvelle réforme en la matière. Dès 2023, de jeunes adolescents pourraient donc enfiler l’urne pour les élections générales. Le camp progressiste néo Z a l’air très confiant quant à l’avenir de ce projet qui ressemble d’ores et déjà à une étape d’une révolution politique consistant à terme à donner un droit de vote aux enfants de 7 ans et plus. Nous pouvons en faire le pari. Mais à quoi ça sert ?

Le camp progressiste a envahi les esprits, il n’entend plus les quitter

Derrière le prétexte de l’égalité politique (La Nouvelle-Zélande s’enorgueillit d’avoir été la première nation à avoir accordé le droit de vote aux femmes en 1893) qui serait un peu la marque de fabrique de la démocratie néo-zélandaise, existent d’autres enjeux. Le premier d’entre eux est la perpétuation de l’infâme politique dite progressiste mise en application par un personnel politique qui assume parfaitement son rôle de pionnier en matière de révolution sociétale. Pourquoi ? Tout simplement parce que les plus jeunes sont aujourd’hui majoritairement, en Nouvelle-Zélande comme dans la plupart des pays occidentaux, plus enclins à soutenir tous les délires démocratiques qui gangrènent nos sociétés moribondes. Donner accès à l’urne chaude aux plus jeunes est un moyen pour la gauche dégénérée de remporter les prochaines élections, et certainement les plus importantes d’entre elles.  Cet instrument politique va permettre en définitive de poursuivre cette funeste révolution sociétale, inlassablement, jusqu’à la liquéfaction parfaite de la société résiduelle traditionnelle. La jeunesse, la plus verte, n’aura en effet connu durant son existence que la plus brutale des propagandes homosexualistes, abortives et transgenres avec les résultats effroyables que nous connaissons ici même en France. Mais la Nouvelle-Zélande est ce laboratoire social dont les interminables « avancées » prouvent que le pire est toujours possible.

L’avortement pour toutes, où elles veulent, quand elles veulent

Alors que jusqu’en 2020, une forme d’hypocrisie recouvrait les avortements dans ce pays effectivement très noir (la tenue de leurs rugbymen adorés symbolise très bien ces ténèbres) puisque l’avortement n’était pas légal mais pratiqué dans 98% des cas sous le prétexte fallacieux d’une maladie mentale de la génitrice, la dépénalisation aura été là-bas le prétexte d’une libéralisation totale de l’IVG considéré désormais comme un soin pour lequel aucun justificatif n’est demandé et cela jusqu’à 20 semaines de gestation. Après ce délai, la génitrice n’a qu’à consulter un médecin à deux reprises pour qu’elle puisse éliminer le bébé à naître dans l’une de ces rutilantes cliniques prévues à cet effet. La permissivité abortive est si large que des Américains (des couples et des Américaines sexuellement incontinentes) ont décidé de vivre en Nouvelle-Zélande uniquement pour cette raison ! Ce n’est pas une très mauvaise plaisanterie, malheureusement non, et depuis les menaces pesant sur la liberté abortive aux Etats-Unis, les demandes d’immigration au pays du mouton ont augmenté de 65% !

Le transsexualisme glorifié !

Autre délire poussé plus loin qu’ailleurs sur ces îles australes, le transgenre et le transsexualisme. Phénomènes qui ont le vent en poupe avec le personnel très libéral aux manettes et avec un parlement qui revendique comme LGBT plus de 10% de ses députés.  En 2020, le Comité olympique de Nouvelle-Zélande (soutenu par Jacinda Ardern) annonce la qualification pour les Jeux olympiques d’été de 2020 dans la catégorie des +87 kg l’haltérophile Laurel Hubbard, un homme affirmant qu’il est femme dans sa tête. Et ça passe ! Les cheveux longs, il devient (elle devient, devrions-nous dire si nous étions poli et zozo) alors le premier athlète trans à concourir aux Jeux olympiques et l’haltérophile le plus âgé à se qualifier avec, à 43 ans, plus de vingt ans de plus que la plupart des autres concurrentes. Le pauvre Hubbard n’est autre que le fils (pardon fille) de l’ancien maire d’Auckland, la plus grande ville du pays. Cela en dit long sur la putréfaction de ses élites.

Enfin, les lecteurs de l’Action française ne sont pas sans savoir que la Nouvelle-Zélande a légalisé l’euthanasie en 2021 et que tout individu considéré comme « condamné » a le droit de jouir des bons services des hommes en noir. A la lumière des dernières évolutions politiques, gageons que le kiwi qui a déjà perdu ses ailes, perdra bientôt ses petites pattes. Restera le temps de son agonie.

Max Lacogne

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Les 70 ans de la mort de maurras : hommage au maître dans Rivarol

Les 70 ans de la mort de maurras : hommage au maître dans Rivarol

Il y a 70 ans de cela, jour pour jour, le 16 novembre 1952, Charles Maurras s’éteignait à la clinique Saint-Grégoire de Saint-Symphorien-lès-Tours, dans le département d’Indre-et-Loire, âgé de 84 ans.

 Une grâce arrachée
de haute lutte

 Il avait été admis dans cet établissement hospitalier à la suite d’une grâce médicale que le président de la République, Vincent Auriol, lui avait enfin accordée le 21 mars de la même année. Enfin accordée, oui, car, depuis cinq ans, de nombreux intellectuels éminents avaient fait le siège de l’Élysée, individuellement ou à plusieurs, pour tenter d’obtenir une telle grâce. Le chef de l’État, républicain, socialiste de toujours, cacique de la SFIO, ministre des Finances de Léon Blum et du Front populaire (l’un et l’autre éreintés à coups d’articles par le maître de L’Action française), “résistant” (de Londres) pendant la Deuxième Guerre mondiale, s’était jusqu’alors montré inflexible : Maurras devait expier sa “trahison” et mourir en prison. Il fallut que l’état de santé du condamné se dégradât au point d’exiger son transfert à l’Hôtel-Dieu de Troyes (tout près de la prison de Clairvaux, où il était détenu) pour que Vincent Auriol consentît enfin à lui accorder sa grâce, demandée par Henry Bordeaux, lequel en était à sa énième tentative en faveur de Maurras. Encore s’agît-il d’une grâce médicale, et non plénière. Maurras ne recouvrait pas la liberté ; il se voyait placé en résidence surveillée à la clinique de Saint-Symphorien-lès-Tours pour y être soigné, et ne pouvait pas en sortir ; son état l’en aurait empêché de toute façon. Il mourut d’ailleurs huit mois après son transfert.

 

Un procès
singulièrement inique

Charles Maurras avait été condamné à la réclusion perpétuelle pour intelligence avec l’ennemi par la cour de justice (défense de rire) de Lyon le 27 janvier 1945.

On peut s’interroger à bon droit sur cette condamnation, et même sur ce procès lui-même. Il est dit généralement que le maître de l’Action française fut condamné pour « intelligence avec l’ennemi ».

Lorsqu’on songe à la foncière, implacable et définitive germanophobie de Maurras, un tel chef d’accusation donne à sourire, voire, carrément, à rire, et aux éclats.

Plus exactement, l’auteur de l’Enquête sur la monarchie, de L’Avenir de l’Intelligence et de tant de livres remarquables, fut inculpé (à l’époque, on ne disait pas encore « mis en examen », expression faite pour ménager les puissants corrompus devant l’opinion et la justice elle-même) au titre de deux articles du Code pénal : l’article 75 alinéa 5, et l’article 76 alinéa 3. Le premier vise les personnes (ou les groupes) susceptibles d’avoir, en temps de guerre, entretenu avec une puissance étrangère, des “intelligences” en vue de favoriser les entreprises de celle-ci contre la France. Or, répétons-le, Maurras se montra, toute sa vie durant, un ennemi absolu de l’Allemagne, et n’entretint jamais quelque commerce intellectuel ou politique avec ses écrivains et/ou ses dirigeants, quels qu’ils fussent ; et, il observa la même attitude sous l’Occupation (à la différence d’un Jean-Paul Sartre ou d’un André Malraux), même s’il dut alors, pour ne pas s’exposer à la répression de l’Occupant, éviter d’exprimer ouvertement sa haine du Reich. Rappelons, en outre, que Maurras et son équipe choisirent, après la conclusion de l’armistice de juillet 1940, de se replier à Lyon, donc en zone libre, pour éviter de se trouver sous la férule des Allemands, et qu’en août de la même année, ces derniers saccagèrent les locaux parisiens de L’Action française, dont ils saisirent tout le matériel et tous les documents dont ils purent s’emparer. Rappelons également que Maurice Pujo, en 1944, fut arrêté par la Gestapo et passa plusieurs semaines en prison. Les Allemands haïssaient Maurras et L’Action française, dont ils connaissaient parfaitement l’hostilité à leur égard.

L’article 76, alinéa 3, lui, vise les personnes (ou les groupes) accusé(e)s d’avoir participé sciemment à une entreprise de démoralisation de l’armée ou de la nation ayant pour objet de nuire à la défense nationale. Là encore, l’accusation se révèle plus que discutable : on ne trouve rien, dans les articles, les déclarations verbales et les démarches de Maurras qui soit de nature à démoraliser l’armée ou la population et nuise à l’effort de guerre et à la défense de la France en 1940. Mais les accusateurs ne s’en tiennent pas aux faits purs. Ces deniers ne prouvant rien, ils les interprètent. Ainsi, ils présentent abusivement et de manière partisane les articles de Maurras parus au moment de la défaite de 1940 comme des actes de démoralisation et de trahison au motif que leur auteur ne manifeste aucune compassion évidente pour sa patrie vaincue et insiste sur la fatalité du désastre, conséquence naturelle d’un régime républicain caractérisé par son incurie foncière. D’autres, comme l’historien américain Eugen Weber cherchent à pallier l’impuissance de la Justice et du Droit à établir la culpabilité juridique de Maurras en chargeant celui-ci d’une culpabilité morale supérieure à cette dernière.

« Objectivement, sinon intentionnellement, Maurras avait trahi son pays, il avait travaillé du côté de ce qui devait devenir celui de l’ennemi ; il était coupable dans un sens plus élevé que celui de la Loi », écrit notre historien[1]. Belle conception de la justice et de la morale que celle qui les subordonne à un parti pris politique !

À l’évidence, le procès de Maurras est un exemple éclatant d’iniquité, et cela, de nos jours, ne fait pas de doute.

Ceci rappelé, il convient de résumer ce que nous pouvons retenir de la pensée et de l’œuvre de l’illustre martégal.

Charles Maurras a produit la théorie la plus achevée du nationalisme français, celle à laquelle il a donné le nom de « nationalisme intégral ». Sa doctrine est si exhaustive que même les nationalistes qui ont voulu échapper à son influence, ont subi cette dernière. Il y a incontestablement un avant et un après-Maurras dans l’histoire du nationalisme français. Avant Maurras, le nationalisme était passionnel, dépourvu d’un corps d’idées cohérent ; et, par là, impropre à une vision claire du monde et à un grand projet politique qui l’aurait exprimée. Des hommes comme Déroulède ou Barrès se sont fait les chantres d’un nationalisme émotionnel et spirituel, mais celui-ci, malgré sa forte présence dans l’âme de notre peuple, n’a pas eu d’incidence déterminante sur notre histoire. Tel n’a pas été le cas de la doctrine de Maurras, qui a défini des fondamentaux que les nationalistes n’ont plus pu ignorer ultérieurement.

C’est le besoin de cohérence qui a inspiré Maurras, homme de raison et d’ordre. Maurras a justement pensé que rien n’était possible sans un ensemble d’idées rigoureusement agencées.

[1]. L’Action française, Hachette, 1995, p. 520.

Le choix d’un
nationalisme rationnel

Maurras s’attache d’abord à expliquer les raisons de son choix politique, celui du nationalisme. Cette option lui paraît s’imposer, au regard de la situation de la France à la charnière des XIXe et XXe siècles. En 1899, au plus fort de l’affaire Dreyfus, notre pays est miné par la désunion, née des affrontements idéologiques et partisans, les institutions démocratiques, qui favorisent ces déchirements, le libéralisme, qui stimule l’individualisme et l’esprit de parti, les utopies humanitaires et universalistes, qui faussent la perception du réel et dévoient la nation, et, partant, l’affaiblissement, et la perversion de la sensibilité, qui tend à exclure la raison de la création littéraire et artistique au profit de l’expression des sens et des sentiments bruts, et instille en nous le goût morbide de la déréliction et de la décadence. Maurras est convaincu que la France, ainsi orientée, s’achemine vers sa décomposition. Il lui indique alors les conditions de son salut.

La première d’entre elles est bien évidemment le souci primordial de l’intérêt national. Ainsi, le nationalisme s’impose d’emblée comme la seule politique légitime. Mais, et en cela, Maurras se démarque de son ami Barrès, de Déroulède et autres, la priorité accordée à l’intérêt national ne peut se soutenir avec succès si ce dernier n’est pas étayé sur une remise en ordre des esprits, de la sensibilité et de la morale. On ne peut rien bâtir de durable avec des esprits qui ne savent pas penser et juger sainement, et dont la sensibilité n’est pas disciplinée par la raison. Le « Politique d’abord » ne peut se révéler efficace que s’il procède du raisonnement et couvre non seulement le domaine traditionnel de l’activité du pouvoir, mais également celui de l’esprit. De ce point de vue, on pourrait affirmer que Maurras prône une véritable révolution culturelle, s’il n’éprouvait pas une aversion irréductible à l’égard de toute révolution. Il conviendrait de parler de restauration, d’une « restauration intégrale », dans tous les domaines de l’intelligence et de l’activité.

Les causes de
la décadence de la France

Le relèvement de la nation impose au préalable une recherche des causes de la décadence. Et cette recherche doit procéder d’une étude objective fondée sur le seul raisonnement, à l’exclusion du sentiment, point sur lequel Maurras s’oppose, encore une fois, à Déroulède ou Barrès.

Les causes du déclin français sont d’ordre avant tout intellectuel et moral. Maurras les trouve dans les idées des “Lumières” du XVIIIe siècle. Ces dernières, utopiques, procèdent d’un dévoiement de la raison. La raison est, par excellence, le champ du relatif, de l’art du possible. La raison dote l’homme de la conscience de son existence, de lui-même, et, partant, lui permet de se construire une personnalité et un caractère. Elle lui permet également, du même mouvement, d’acquérir le sens du réel et de prendre la mesure de la réalité. Par là, elle lui permet de découvrir les moyens de venir à bout des innombrables obstacles que cette réalité oppose à la satisfaction de ses besoins et de ses désirs, et donc de conduire sa vie au mieux, en étant conscient de la relativité de cette réussite, toujours modeste. Elle est donc un inestimable don de la nature, qui distingue l’homme de l’animal. Mais, si indispensable soit-elle, elle n’est qu’un instrument, qui ne confère pas à l’homme la toute-puissance. Et elle devient dangereuse lorsque l’homme la croit omnipotente, et compte sur elle pour s’assurer la maîtrise de l’univers, de ses lois, et de son avenir.

C’est ce qui s’est passé au XVIIIe siècle quand les “philosophes” et leurs disciples ont cru que la connaissance — et plus précisément la science —, pouvait permettre à l’homme l’édification d’une civilisation universelle gouvernée par les lois de la seule raison. Erreur fatale : la raison éclaire, guide l’homme en un monde qui lui reste étranger, hostile, et supérieur en mystère et en force ; elle ne lui permet pas de dominer l’univers et de le soumettre à sa volonté. Maurras fait grief aux “Lumières” du XVIIIe siècle et aux révolutionnaires de 1789 d’avoir dévoyé la raison, l’ayant transformée, d’instrument précieux qu’elle était, en génératrice de malheurs sans précédent, dont les conséquences se prolongent indéfiniment. Il fait remonter l’origine de cette perversion, funeste entre toutes, à la Réforme, voire à la Renaissance, mais exonère en revanche le XVIIe siècle français, celui de Descartes, de Richelieu et de la monarchie absolue de Louis XIV, période qu’il considère, au contraire, comme le zénith de notre civilisation. Par là, il se distingue de maints auteurs contre-révolutionnaires. Il se démarque de Taine qui, dans ses Origines de la France contemporaine[1] (1875-1893), voit précisément l’origine du mal français dans l’esprit classique et étroitement rationaliste du classicisme du XVIIe siècle et l’absolutisme intolérant et centralisateur de la monarchie du Grand Roi, ce que récusera toujours Maurras[2]. Il s’oppose également à Abel Bonnard, lequel vouera Descartes aux gémonies[3]. Maurras se garde de confondre la raison avec l’usage dévoyé et pervers qu’en ont fait les “philosophes” du XVIIIe siècle, puis les révolutionnaires et leurs continuateurs républicains. À ses yeux, la critique de la culture de la raison et de sa fonction nécessaire dans la civilisation et l’agencement de l’ordre politique et social, mène à l’exaltation de la sensibilité, des sentiments et des passions, lesquels, malgré leur importance, deviennent causes d’affaiblissement, de déchéance et de triomphe de la barbarie, à partir du moment où ils ne sont plus tempérés, disciplinés et policés par la raison, justement. C’est pour cela que Maurras tiendra le Siècle de Louis XIV pour le sommet de la civilisation, et la monarchie absolue, fondée sur l’alliance de la foi et de la raison, pour un modèle de gouvernement. Maurras sera l’ennemi de la tyrannie du sentiment et de la sensibilité débridée, en littérature et art (romantisme, symbolisme), et en politique (humanisme, universalisme, démocratie, égalitarisme).

[1]. Spécialement le premier tome, L’Ancien Régime (1875).

[2]. Et, en revanche, le même Taine exonère de toute responsabilité dans la genèse du mal français, la Réforme protestante et l’esprit de libre examen, contrairement à Maurras.

[3]. Cf. Éloge de l’ignorance (1926), Les Modérés. Le drame du présent (1936) et ses articles (notamment dans Je suis partout) de 1942.

 

 Pour une monarchie
héréditaire et catholique

Favorable à un régime de raison, de sagesse, d’ordre et d’équilibre, il se prononcera en faveur de la restauration d’une monarchie héréditaire, non parlementaire, dotée d’un pouvoir fort, mais raisonnablement décentralisée autour des entités provinciales et culturelles particulières, constituée en vue de la défense des intérêts vitaux et de la prospérité et de la grandeur de la nation, mais soucieuse de justice, notamment dans le domaine social. En littérature et en art, ses préférences iront au classicisme français du XVIIe siècle, fondé sur l’héritage gréco-latin. L’indispensable ciment spirituel de cette organisation politique et sociale sera la religion catholique, celle de la France depuis Clovis, et dont Maurras admire le rôle civilisateur et la cohésion morale qu’elle a donnée au pays.

Très nombreux sont les catholiques qui ont reproché à Maurras son agnosticisme de fond et son utilisation politique du catholicisme. En réalité, Maurras demeura imprégné de la foi catholique simple reçue de sa mère, de ses maîtres et du P. Penon, mais il se défia de certains de ses aspects.

Et ici, il convient de tordre le cou à une idée fort répandue, celle d’un Maurras agnostique et paganisant, instrumentalisant le catholicisme à des fins politiques, et donnant de lui une représentation hérétique. Déjà courante dans le clergé, du temps de Maurras, cette idée a longtemps après, été puissamment reprise par un historien, Jacques Prévotat, qui, dans son livre L’Action française. Histoire d’une condamnation, 1919-1939 (2001), affirme que Maurras a “vomi” le Christ, qu’il a célébré les valeurs païennes, et rejeté les vertus chrétiennes d’humilité, de patience, de résignation et d’abandon à Dieu, sources, à ses yeux, de déréliction, d’avachissement et de déchéance. Et cette idée est aussi celle d’un autre auteur, pourtant de sensibilité maurrassienne, François Huguenin, selon lequel le chef de l’Action française a conçu le catholicisme comme une synthèse (qu’il qualifie de “chimère”) du paganisme et du christianisme, prévenant les possibles dérives humanitaristes, individualistes et égalitaristes de ce dernier[1].

[1]. L’Action française. Une histoire intellectuelle, Tempus, 2011.

Maurras défenseur
catholique romain
du christianisme

En réalité, comme l’a précisé Gérard Leclerc[1], Maurras, même s’il n’était pas un catholique pratiquant et fervent, n’a jamais remis en cause les saintes Écritures, qu’il a, au contraire constamment défendues contre toutes les dérives interprétatives possibles. Et il a simplement mis en évidence le caractère nécessaire des exégètes catholiques romains et de l’autorité du pape et de la hiérarchie catholique pour élaborer et défendre un dogme intangible propre à prémunir le christianisme contre ces dérives, d’où sont sorties le protestantisme, le tolstoïsme, le modernisme et toutes les idéologies contestatrices et égalitaristes prétendant se fonder sur les Écritures, celles-ci les autorisant dès lors que les docteurs et autres théologiens romains ne sont pas là pour en livrer le sens véritable et l’imposer aux fidèles. Le christianisme n’a plus d’unité à partir du moment où le dogme romain n’assure plus sa cohérence, et il se dilue alors en hérésies protestantes et humanitaristes. Le catholicisme romain assure son unité et permet son rôle civilisateur. Il est donc l’étai naturel de la monarchie.

La monarchie doit donc être rationnelle et étayée sur une foi catholique solide. Raison et foi sont, et doivent rester, indissolublement liées. Une monarchie de type théocratique ou une monarchie sans base religieuse ne peut se soutenir longtemps.

Ces idées, Maurras les développe dans des livres comme La Politique religieuse (1912), L’Action française et la religion catholique (1913).

[1]. « Charles Maurras, témoin unique du religieux », Cahiers de l’Herne, éditions de l’Herne, 2011, pp. 143-146.

 

Le positivisme comtien
au service de la tradition

Maurras découvre chez Comte le modèle de cette alliance politique de la foi et de la raison. Du fondateur du positivisme, il retient la mise en ordre de la connaissance par la classification rationnelle des sciences, l’idée d’une complémentarité et d’une interférence dialectique permanente entre ces dernières, leur subsomption dans la sociologie et la morale, la finalité éthique du savoir, et une utilisation judicieuse et non exclusivement mathématique de la méthode déductive. En revanche, il récuse la loi des trois états successifs des sociétés et des civilisations[1]. Il refuse également le rejet par Comte de la notion de cause[2]. En cela, il marque la limite de ses affinités avec le positivisme, pour lequel cette notion est anti-scientifique et caractéristique d’un âge révolu de la pensée, qui ne doit s’attacher, désormais, qu’à l’élucidation des lois des phénomènes, celles-ci exprimant les raisons mécaniques de leur succession. Maurras, resté chrétien, et tributaire de la métaphysique et du thomisme, accorde un grand prix à la recherche des causes des phénomènes, notamment dans le domaine historique et social, et il en trouve la cause première dans l’au-delà. Il entend régénérer la pensée contre-révolutionnaire des Maistre, Bonald, Blanc de Saint-Bonnet, par certains emprunts au positivisme comtien, sans l’altérer fondamentalement, et en en conservant l’orientation traditionaliste. Il précise ces points dans son livre L’Action française et la religion catholique (1913), cité plus haut.

Chez Maurras, l’alliance de la tradition et de la pensée philosophique et politique moderne, purement laïque, est constante. En ce sens, le maître de l’Action française n’est ni un continuateur pur et simple des penseurs contre-révolutionnaires du XIXe siècle, ni un simple « royaliste de raison » tel que se définit Eugène Godefroy, un des chefs de la Jeunesse royaliste de France, exclusivement pragmatique et indifférent en matière de religion. Il tient la balance entre politique positive et religion, et ne conçoit pas de les dissocier. La dissociation, à l’en croire, mène à un royalisme tout de nostalgie et de romantisme, axé sur le rêve d’une monarchie idéalisée, à la Chateaubriand (Trois idées politiques : Chateaubriand, Michelet, Sainte-Beuve (1898).

[1]. Il la récuse dans la mesure où, en l’occurrence, il n’existe pas d’antécédent ni de conséquent identifiables et évidents, condition nécessaire à l’établissement d’une loi scientifique.

[2]. Pour Comte comme pour Hume, les lois scientifiques n’énoncent que des successions de phénomènes sans lien causal. La notion de cause est antiscientifique, selon lui.

 

Une monarchie
rationnelle et pragmatique
dans tous les domaines

 

La monarchie restaurée, étayée sur la religion et la tradition, doit avoir le souci du présent. Sa fonction consiste en la défense des intérêts primordiaux de la nation : sa sauvegarde, sa prospérité, son honneur, son influence et son prestige. La résolution des autres questions politiques (justice sociale, notamment) dépend de la défense de ces intérêts fondamentaux.

La raison doit donc prévaloir en politique. Mais elle doit être ordonnée à une fin qui n’est pas politique, mais spirituelle et morale. La France est pour Maurras une entité spirituelle et morale que la raison doit défendre. La politique est l’outil approprié de cette raison, qui lui permet de faire son œuvre. Spirituellement et moralement fondée et inspirée, la monarchie doit vivre suivant une politique rationnelle, indispensable à l’accomplissement de sa mission. Elle doit, sans état d’âme, rationnellement donc, conjurer les périls qui menacent la nation. Ceux-ci, Maurras les voit sous la forme des « quatre États confédérés » pour la perte de la France : les corps étrangers installés en France et inassimilables (les Juifs et les métèques), et les groupes délibérément destructeurs (les protestants, les francs-maçons).

La raison doit prévaloir également dans le domaine des œuvres de l’esprit. Certes, Maurras ne préconise pas d’imposer des règles strictes de création aux écrivains et aux artistes, comme le firent Richelieu, puis Louis XIV, mais il défend bec et ongles un idéal esthétique classique fondé sur la discipline de l’émotion, du sentiment, de la passion, par la raison, afin de promouvoir une civilisation fondée sur l’ordre et la beauté, seule capable d’élever l’homme et de le détourner de l’abandon à la mélancolie et à la déchéance, et de la tentation de la contestation et de la complaisance à l’égard de la décadence. Bien qu’il ne préconise pas une politique culturelle particulière, il combattra résolument le romantisme, l’égotisme, le symbolisme, l’expressionnisme, le naturalisme et le décadentisme. Dans L’Avenir de l’intelligence (1905), livre prophétique, il montrera jusqu’à quel degré d’avilissement de l’esprit et de ses œuvres les plus élevées mènera le libéralisme sans frein, une civilisation livrée à tous les appétits individuels et de masse, lesquels servent les forces de l’argent, appelées à dominer le monde et à lui imposer une forme moderne de barbarie.

 

Une monarchie forte
mais décentralisée

 

L’efficacité de la monarchie implique que le roi gouverne, maître du pouvoir exécutif, avec l’appui de ses ministres, choisis par lui. Maurras admet des conseils spéciaux pour l’élaboration, la discussion et la confection des lois, mais refuse une assemblée élue chargée de faire et de voter les lois, et capable de s’opposer au pouvoir royal.

Cette monarchie n’est pas une dictature césarienne. Maurras emprunte à Bainville sa formule : « Le roi en ses conseils » ; ce qui oblige le roi à solliciter le concours des dits conseils et à tenir compte de leurs avis. Et il ajoute, comme Bainville : « le peuple en ses États ». Car la monarchie, pour autoritaire qu’elle soit, au niveau de l’État, doit accorder une large autonomie administrative et culturelle aux provinces, qui sont le fond vivant et la sève de la nation. Maurras a cette formule : « L’autorité en haut, les libertés en bas ». Partisan d’un pouvoir central fort et non limité par un Parlement ou sa soumission à une élection démocratique, afin de défendre efficacement les intérêts vitaux de la nation, il se montre, en revanche, attaché aux libertés provinciales et communales, et défend les cultures régionales, tout spécialement la langue et la littérature de sa Provence natale. Monarchiste, il est anti-bonapartiste et anti-jacobin.

 

Pour une organisation
corporative
de la vie économique

 

Ce même souci d’équilibre marque sa pensée économique et sociale. Maurras n’entend pas que la monarchie dirige autoritairement la vie économique de la nation. De ce point de vue, il se présente comme un partisan de la libre entreprise, et ne conçoit pas de planification — même souple — de l’économie. Par là, il est résolument anti-socialiste. Cela dit, il est conscient de la réalité du problème social et de la nécessité d’assurer les travailleurs contre les abus de leurs patrons, la pauvreté, la maladie et la vieillesse. Il reconnaît le droit à des conditions de vie et de travail décentes et humaines, à une protection sociale et à une retraite convenable. Pour la reconnaissance de ce droit et des légitimes revendications des travailleurs, il compte sur l’action législatrice, mais aussi, et plus encore, sur une organisation corporative du monde du travail et des employeurs. Il s’en remet donc au système corporatiste conçu par Frédéric Le Play et René de la Tour du Pin, d’inspiration chrétienne, qu’il conçoit organisé dans les cadre de la profession, de la branche d’activité et de la région. Mais il n’admet que des syndicats corporatifs, et s’oppose au syndicalisme révolutionnaire et à l’anarcho-syndicalisme de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Ce n’est qu’avec réserve qu’il approuve la formation du Cercle Proudhon, en 1911, qu’il tient à distance, et dont il finit par se séparer des membres, selon lui, les plus subversifs, tels le jeune Henri Lagrange ou Gilbert Maire. À Georges Valois, trop socialisant à son gré, il préfère Firmin Bacconnier, militant AF de stricte obédience. La résolution de la question sociale, pour lui, n’est qu’une nécessité imposée par le souci de l’unité nationale. L’absence d’une justice sociale minimale suscite la lutte des classes, qui détruit la cohésion de la nation, et fait le lit des révolutionnaires de tout poil, socialistes ou anarchistes.

 

Les caractères généraux de la monarchie
selon Maurras

 

Une monarchie héréditaire incarnée par un roi doté de la plénitude du pouvoir, exécutif et législatif, assisté de ministres et d’une élite éprouvée de jurisconsultes, de chefs militaires, et d’hommes de sagesse, de vertu, de science et de lettres, forte au sommet, mais décentralisée et redonnant vie aux régions, à leurs coutumes, traditions et cultures propres, paternaliste, soucieuse de justice sociale, étayée sur une solide foi catholique défendue par un bon clergé romain, mais toujours rationnelle, logique, pétrie de bon sens, souple et pragmatique, visant la sauvegarde, la prospérité et la grandeur de la nation, tel est l’idéal politique de Maurras. Ce qu’il appelle « l’empirisme organisateur ».

Le théoricien monarchiste du nationalisme intégral refuse délibérément les emballements et les dévoiements du cœur et de la raison, qui mènent l’homme à l’individualisme, au pessimisme existentiel, à l’aigreur, à la révolte métaphysique, puis à la révolte politique et sociale, aux utopies universalistes et égalitaristes, aux révolutions, et, pour terminer, à la décadence et à la ruine de la nation, de la civilisation et de la société.

Il est donc l’ennemi du libéralisme, du parlementarisme (fût-il monarchique, comme en Grande-Bretagne), de la révolution, de la république, du jacobinisme et du césarisme bonapartiste, du radicalisme, du socialisme et de l’anarchisme. Maurras résumera brillamment ses conceptions dans Mes idées politiques (1937).

Le nationalisme maurrassien n’est pas belliciste, au contraire du patriotisme de la Révolution, du Consulat et de l’Empire. Il n’est pas davantage expansionniste, au rebours de la politique coloniale de la IIIe République. À l’instar de la droite des années 1885-1914, de Clemenceau et de maints radicaux, il voit d’un mauvais œil les entreprises coloniales qui privent de forces militaires et de ressources financières la politique de défense de la France. Réaliste, il juge — justement —, en 1914, la France insuffisamment préparée pour ouvrir les hostilités contre l’Allemagne, malgré son souci de la Revanche, point sur lequel il s’oppose à Barrès. Il émettra un jugement analogue en 1938-1939. En revanche, il se montrera partisan d’une offensive contre le Reich lorsque Hitler remilitarisera la Rhénanie en mars 1936.

Antisémite, le nationalisme intégral n’est pas raciste. Maurras dénigre l’explication de l’histoire par le jeu des races, de Gobineau, et le biologisme racial d’un Vacher de Lapouge.

Mais il considère la communauté juive comme un peuple étranger implanté en France et en d’autres pays qui ne sont pas le sien. Estimant ce peuple inassimilable, et que son intégration ne peut se révéler que délétère en raison de l’opposition de culture et d’intérêts existant entre lui et nous, il demande un statut d’étranger installé en France pour les Juifs, qui pourraient vivre paisiblement sur notre sol sans jouir de droits civiques et donc de la possibilité d’accéder à des fonctions publiques civiles et militaires.

Maurras et l’Allemagne

Maurras se veut l’ennemi farouche du peuple allemand. Ce n’est pas faute de le connaître. Le fondateur de l’Action française connaissait assez la langue allemande[1], et parfaitement la littérature et la philosophie allemandes. Il connaissait bien l’âme et la sensibilité allemandes, et considérait qu’elles étaient étrangères aux nôtres. Il connaissait enfin parfaitement l’histoire de l’Allemagne depuis les peuples germaniques antiques, et en déduisait que, par la force des choses, les intérêts allemands entraient fatalement en conflit avec les nôtres. Sur ce point (très certainement discutable), il est en accord absolu avec l’un de ses plus brillants collaborateurs, l’analyste politique et écrivain Jacques Bainville. S’il ne se comportera jamais comme un va-t-en-guerre vis-à-vis du Reich, il recommandera néanmoins la plus grande vigilance à son égard, tant dans les domaines politique et militaire que dans ceux de la pensée et des lettres, aussi bien dans ses nombreux articles que dans ses ouvrages (Kiel et Tanger, 1910).

Cet anti-germanisme d’âme et de cœur aura pour conséquence qu’il éprouvera toujours une forte aversion pour le nazisme, tant pour son attitude vis-à-vis de la France que pour sa conception raciale du Volk et du sang. L’accusation d’« intelligence avec l’ennemi », retenue contre lui à la Libération, est donc aussi saugrenue que scandaleuse.

Synthèse audacieuse de rationalisme et de tradition, de positivisme comtien et de traditionalisme contre-révolutionnaire d’inspiration religieuse, de catholicisme et d’hellénisme paganisant, de pragmatisme et de dogmatisme, le système de Maurras suscita bien des enthousiasmes et des adhésions, mais également bien des réserves, puis des défections, celle de nombreux catholiques (et du Vatican lui-même pendant douze ans et demi, de décembre 1926 à mars 1939).

Néanmoins, quel que soit le jugement que l’on porte sur sa pensée, dont saint Pie X a pu dire en 1914 qu’elle était condamnable mais ne devait pas être condamnée (damnabiles sed non damnandos), le Maître de Martigues donna incontestablement une nouvelle vigueur au nationalisme, et surtout au mouvement monarchiste qui, sans lui, allait vers son extinction.

Paul-André DELORME.
Rivarol 16 novembre 2022

[1]. Il ne parlait pas couramment l’allemand, mais le lisait sans grande difficulté, et en connaissait les subtilités.

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70 ans de la mort de Maurras

70 ans de la mort de Maurras

Notre maître Charles Maurras est un monument de la pensée française et sa pensée politique est supérieure aux autres en ce qu’elle proclame le Vrai, le Beau et le Bien. Nous ne répondrons pas, ici, à ceux qui l’ont vilipendé, et tout particulièrement à ceux qui aujourd’hui comme hier essaient de glisser le venin d’une soi-disant incompatibilité essentielle entre la doctrine de Maurras et l’orthodoxie catholique (aussi bien chez les démocrates-chrétiens qu’à la FSSPX). L’objet est ici de donner le goût au lecteur de revenir aux sources : nous vous proposons quelques citations symboliques du Maître de Martigues, sur quelques sujets d’éminente actualité.

Sur la question fondamentale de la laïcité, des rapports entre Dieu et César.

« Il faut définir les lois de la conscience pour poser la question des rapports de l’homme et de la société ; pour la résoudre, il faut constituer des autorités vivantes chargées d’interpréter les cas conformément aux lois. Ces deux conditions ne se trouvent réunies que dans le catholicisme. Là et là seulement, l’homme obtient ses garanties, mais la société conserve les siennes : l’homme n’ignore pas à quel tribunal ouvrir son cœur sur un scrupule ou se plaindre d’un froissement, et la société trouve devant elle un grand corps, une société complète avec qui régler les litiges survenus entre deux juridictions semblablement quoique inégalement compétentes. L’Église incarne, représente l’homme intérieur tout entier ; l’unité des personnes est rassemblée magiquement dans son unité organique. L’État, un lui aussi, peut conférer, traiter, discuter et négocier avec elle. Que peut-il contre une poussière de consciences individuelles, que les asservir à ses lois ou flotter à la merci de leur tourbillon ? » (La démocratie religieuse, 1921)

Sur la lutte de la culture de vie contre la culture de mort, et finalement du Bien contre l’absence de Bien qu’on appelle Mal.

« Tout désormais s’explique par une différence, la plus claire du monde et la plus sensible : un oui, un non. Ceux-là ne veulent pas, ceux-ci veulent, désirent. Quoi donc ? Que quelque chose soit, avec les conditions nécessaires de l’Être. Les uns conspirent à la vie et à la durée : les autres souhaitent, plus ou moins nettement, que ce qui est ne soit bientôt plus, que ce qui se produit avorte, enfin que ce qui tend à être ne parvienne jamais au jourCes derniers constituent la vivante armée de la mort : ils sont l’inimitié jurée, directe, méthodique, de ce qui est, agit, recrute, peuple : on peut les définir une contradiction, une critique pure, formule humaine du néant. (…) Le positif est catholique et le négatif ne l’est pas. Le négatif tend à nier le genre humain comme la France et le toit domestique comme l’obscure enceinte de la conscience privée ; ne le croyez pas s’il soutient qu’il nie uniquement le frein, la chaîne, la délimitation, le lien : il s’attaque à ce que ces négations apparentes ont de positif. Comme il ne saurait exister de figure sans le trait qui la cerne et la ligne qui la contient, dès que l’Être commence à s’éloigner de son contraire, dès que l’Être est, il a sa forme, il a son ordre, et c’est cela même dont il est borné qui le constitue. Quelle existence est sans essence ? Qu’est-ce que l’Être sans la loi ? À tous les degrés de l’échelle, l’Être faiblit quand mollit l’ordre ; il se dissout pour peu que l’ordre ne le tienne plus. Les déclamateurs qui s’élèvent contre la règle ou la contrainte au nom de la liberté ou du droit, sont les avocats plus ou moins dissimulés du néant. Inconscients, ils veulent l’Être sans la condition de l’Être et, conscients, leur misanthropie naturelle, ou leur perversité d’imagination, ou quelque idéalisme héréditaire transformé en folie furieuse les a déterminés à rêver, à vouloir le rien. » (La démocratie religieuse, 1921)

Sur le nationalisme, pour éviter précisément toute confusion du nationalisme intégral de Maurras, de l’Action Française et de toute l’école monarchiste française avec les expressions dévoyées du nationalisme venues de la Gauche et habilement cataloguées par le Système comme étant de droite : fascisme, nazisme, Etat tout puissant, centralisateur, JACOBIN et liberticide.

 « Caractère distinctif du nationalisme français : il est fort éloigné de présenter la nécessité pratique et moderne du cadre national rigide comme un progrès dans l’histoire du monde ou comme un postulat philosophique et juridique absolu : il voit au contraire dans la nation une très fâcheuse dégradation de l’unité médiévale, il ne cesse pas d’exprimer un regret profond de l’unité humaine représentée par la république chrétienne (…) ». (L’Action Française, 25 mars 1937)

« Un nationalisme n’est pas un nationalisme exagéré ni mal compris quand il exclut naturellement l’étatisme (…). Quand l’autorité de l’Etat est substituée à celle du foyer, à l’autorité domestique, quand elle usurpe sur les autorités qui président naturellement à la vie locale, quand elle envahit les régulateurs autonomes de la vie des métiers et des professions, quand l’Etat tue ou blesse, ou paralyse les fonctions provinciales indispensables à la vie et au bon ordre des pays, quand il se mêle des affaires de la conscience religieuse et qu’il empiète sur l’Eglise, alors ce débordement d’un Etat centralisé et centralisateur nous inspire une horreur véritable : nous ne concevons pas de pire ennemi. » (L’Action Française, du 19 juillet 1938)

Et au soir de sa vie, prisonnier de la République rétablie dans toutes ses prérogatives de destruction, il écrivait à Pierre Boutang cette exhortation testamentaire magnifique.

Nous bâtissons l’arche nouvelle, catholique, classique, hiérarchique, humaine, où les idées ne seront plus des mots en l’air, ni les institutions des leurres inconsistants, ni les lois des brigandages, les administrations des pilleries et des gabegies, où revivra ce qui mérite de revivre, en bas les républiques, en haut la royauté et, par-delà tous les espaces, la Papauté ! Même si cet optimisme était en défaut et si, comme je ne crois pas tout à fait absurde de le redouter, si la démocratie était devenue irrésistible, c’est le mal, c’est la mort qui devaient l’emporter, et qu’elle ait eu pour fonction historique de fermer l’histoire et de finir le monde, même en ce cas apocalyptique, il faut que cette arche franco-catholique soit construite et mise à l’eau face au triomphe du Pire et des pires. Elle attestera, dans la corruption universelle, une primauté invincible de l’Ordre et du Bien. Ce qu’il y a de bon et de beau dans l’homme ne se sera pas laissé faire. Cette âme du bien l’aura emporté, tout de même, à sa manière, et, persistant dans la perte générale, elle aura fait son salut moral et peut-être l’autre. Je dis peut-être, parce que je ne fais pas de métaphysique et m’arrête au bord du mythe tentateur, mais non sans foi dans la vraie colombe, comme au vrai brin d’olivier, en avant de tous les déluges.” lettre à Pierre Boutang, 1952

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L’AF présente à la fête du pays réel

L’AF présente à la fête du pays réel

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Fête du Pays réel

Vous souhaitez découvrir ou vous rapprocher de l’Action Française et de sa doctrine de salut national ?

 

Venez nous rencontrer samedi 19 novembre A RUNGIS !

 

L’AF tiendra un stand à la fête du Pays Réel, organisée par Civitas où vous pourrez trouver de la documentation, du matériel militant, un grand choix de drapeaux ainsi que les trois premiers livRes de notre maison d’édition

 

Charles Maurras

Charles Maurras, du félibrige au nationalisme intégral par Philippe Champion

 

Le petit monde de Léon Daudet  par Philippe Champion

 

 

Jacques Bainville

Jacques Bainville, la sagesse politique d’un gentilhomme des lettres

        par Gérard Bedel   

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La pince de crabe ou comment saisir le moment présent

La pince de crabe ou comment saisir le moment présent

Depuis l’hiver 2020, je collabore à un petit groupe informel de réflexion sur les moyens de résister puis de vaincre l’agenda oligarchique. Cet agenda mondialiste se décline en une guerre de bombardements des populations civiles de fausses nouvelles sur de très nombreux sujets pour rendre toute riposte impossible : fausse pandémie de C19 ou « plandémie », fausse monnaie requise par la nécessité de créer constamment toujours plus d’argent-dette, guerre hybride de l’Otan contre la Russie en Ukraine, attentats sous faux drapeau islamiste hier, sous faux drapeau « suprémaciste blanc » demain, fausse inflation ou « enflation », fausses pénuries ou « pleinuries »…

Les présentes réflexions se proposent de tracer des pistes de compréhension et d’action ayant quelque chance de succès.

Ceux qui voudraient parvenir à quelques résultats en ce domaine seraient bien inspirés de les lire avec attention et de s’y référer régulièrement. Si je ne peux garantir le succès des entreprises qui s’en inspireraient, je suis sûr de l’impossibilité de n’arriver à rien sans elles. Ces réflexions ne sont pas les miennes, elles sont le fruit du travail de plusieurs personnes parmi les plus éclairées que je connaisse.

Les événements de ces deux années auront été pour des millions de gens l’occasion d’un réveil, manifestant une méfiance toujours croissante vis-à-vis de la narration médiatique entretenue par les géants de l’industrie « culturelle » et de divertissement jouissant d’une position de quasi-monopole. 

Qui ? Qui sont ces gens qui se réveillent ? On entend, on lit, pour rendre compte de ce phénomène, que « les gens » se réveillent, que le Peuple se mobilise, que les peuples se mettent en marche et quantité de ce genre de sottises. Les peuples sont distincts les uns des autres, on peut dire ceci ou cela d’un peuple en particulier et ce n’est pas cela qui est en cause.

Mais LE Peuple, cela n’existe pas: chaque peuple considéré est composé de quatre groupes bien distincts et parfaitement identifiés. Cela vaut pour la terre entière, excepté peut-être quelques tribus de chasseurs-cueilleurs, comme celle qu’on devine sur l’Île d’Andaman.

Le Peuple, les Français, les gens, cela n’existe pas et ces mots doivent cesser d’être employés pour décrire ce qui est produit médiatiquement.

Je laisse de côté la question de l’immigration de remplacement qui viendrait tout compliquer, encore qu’il est assez aisé de comprendre Qui ? sert cette immigration de masse.

Les groupes qui composent chaque peuple considéré sont les suivants: l’Oligarchie, dont on peut dire qu’elle ne craint rien de plus que la mort physique.

Elle tient à son pouvoir et à son argent plus qu’à tout le reste, si l’on excepte la santé et la vie biologique. Elle est essentiellement matérialiste et existentialiste. Elle représente moins de 1 % de la population. Par commodité nous les désigneront comme le firent les mouvements Occupy par le 1 %. On peut dire que leur mot d’ordre est Domination.

Les chiens de garde. Ils sont au service de l’oligarchie. Leur fonction est de veiller sur le cours des choses. Ils tiennent à leurs fonctions de chiens de garde souvent plus qu’à leur propre vie ou à celle de leurs enfants. Imaginez comme ils considèrent vos vies ou celles de vos enfants, qui ne sont pas les leurs.

Évidemment, entrent dans cette catégorie les flics, les gendarmes, les militaires, de très nombreux fonctionnaires, presque toutes les professions ayant un uniforme ou en ayant eu un par le passé : infirmières, médecins, facteurs… À la notable exception des pompiers qui ont été une des très rares professions à avoir vu et dit la vérité du C19, y compris de façon collective, dans leurs organisations professionnelles.

Nous avons pu confirmer que les vigiles les plus obscurs, des directrices d’écoles, des sages-femmes, des concierges étaient le plus souvent des chiens de garde. Tous ceux ou presque qui sont en relation avec l’État, même à des échelons très modestes, sont susceptibles d’être des chiens de garde. Le Chien de garde croit en sa mission qu’il assimile à un capital de prestige. Le Chien de garde est attaché aux avantages matériels que lui confère sa position, à commencer par sa solde. Les chiens de garde représentent à peu près 8% du peuple. Leur mot d’ordre est Obéissance.

Le Cheptel. Le cheptel est composé de tous ceux qui trouvent qu’il est plus important d’être en accord avec le groupe, ses gardiens et sa direction oligarchique, plutôt que d’être en accord avec eux-mêmes ou bien pire encore, avec la vérité.

S’ils doivent choisir entre une vérité désagréable, si mince soit-elle,  et leur tranquillité, ils optent toujours pour celle-ci.

Les retraités étant des conformistes, les ‘boomers’ rentrent très largement dans la catégorie de ceux qui trouvent qu’on doit se battre pour que ce meilleur des mondes possibles reste aussi inchangé que possible. Malgré la vie moderne devenue une immense chaîne d’aliénations et de nuisances, le Cheptel considère que le cours des choses n’est pas si mauvais. Tant qu’il peut continuer de jouir de sa vie organique – manger, dormir, s’adonner à ses addictions aux écrans, au sucre raffiné, aux médicaments ou aux drogues, à l’alcool, au porno ou bien encore à n’importe quelle jobardises que propose cette société spectaculairement capitaliste, le Mougeon trouve que, finalement son sort n’est pas si mauvais.

Le Cheptel est matérialiste et vulgaire, même lorsqu’un Mougeon croit pouvoir se compter au nombre des croyants.

La croyance professée étant sans effet sur l’attitude du bétail, on peut donc parler ici de superstition. Le Cheptel représente 71% de la population. Son mot d’ordre est Conformité.

Les Réfractaires. Les Réfractaires sont réfractaires en raison de leur capacité à dire non au groupe. Ils trouvent en eux la force d’affirmer des options différentes voire contraires aux directives de l’Oligarchie, aux ordres des Chiens de gardes ou aux platitudes morbides du Cheptel.

Les réfractaires sont tels pour de bonnes ou pour de mauvaises raisons : il peut s’agir de personnalités border ayant un problème avec l’autorité, il peut même parfois s’agir d’une sociopathie, qui leur fait préférer leurs impulsions intérieures à des consignes sociales. Le plus souvent, il s’agit de personnes qui pour des raisons de tempérament, de caractère, d’éducation ou en raison des expériences et des épreuves qu’elles ont traversées, jouissent d’une confiance en elles et/ou de ressources intérieures qui leur permettent de prendre une distance salutaire vis-à-vis des attentes et des pressions conformistes du groupe social et de leur préférer des principes supérieurs : vérité, libertés, charité, compassion, etc.

Les Réfractaires représentent 20% de la population. Leur mot d’Ordre est « Non ! ».

Qui se réveille donc ?

 

Personne d’autre que des réfractaires, qui menaient des vies semblables à celles du Cheptel et qui activent en eux le réfractaire qui sommeillait. On ne réveille pas un membre du Cheptel. On ne débauche pas un Chien de garde, on ne fait pas d’entrisme dans l’Oligarchie. D’abord, parce que on naît ce que l’on est.

On naît Réfractaire, Bétail, Chien de garde ou Oligarque. On ne le devient pas.

Le cas s’est trouvé d’une réfractaire, identifiée et confirmée, qui était policière. Elle était vraiment réfractaire, mais elle avait choisi sa profession dans le contexte de la « normalité d’avant ». Elle avait opté pour cette dégradante profession avant son réveil comme réfractaire, devant la maltraitance de ses enfants.

Avant la folie et la tyrannie présentées comme la « nouvelle normalité ». Elle était écartelée par un dilemme: elle vivait très douloureusement l’insoluble contradiction entre le conformisme et le zèle de ses collègues, le silence dans lequel elle devait se murer pour ne pas se dénoncer comme réfractaire et sa certitude de vivre une expérience d’emprise totalitaire sur le corps social, la maltraitance sur ses enfants à l’école, la pression de la hiérarchie pour qu’elle se fasse injecter, etc., et sa vocation de policière.

On peut donc parfaitement être un réfractaire égaré au milieu du Cheptel ou pire, des Chiens de garde, mais on ne change pas de catégorie.

Chacun a fait l’expérience de l’intangibilité des Quatre catégories. Sûrement avez-vous tenté « d’éveiller » un être cher, un parent, un ami, un collègue, un conjoint parfois… Sans y parvenir.

Parce qu’on ne convainc personne de changer de catégorie.

On est Bétail, Chien de garde ou Réfractaire. Et on le reste.

Quelques mouvements seulement sont possibles: le réveil d’un réfractaire.

Si on parvenait à en réveiller beaucoup, on pourrait parler du Réveil des Réfractaires. Autres mouvements possibles, le renversement de l’Oligarchie, le « retournement » des Chiens de Garde, juste avant ou juste après la chute de l’Oligarchie, en fonction des rapports de forces qui auront été réalisés. L’anéantissement pur et simple des Réfractaires par les Chiens de Garde, sur ordre de l’Oligarchie, sous les applaudissements du Cheptel.

Il est très important de comprendre ces catégories essentielles pour qui veut vaincre l’agenda mondialiste.

Cette science nous permet « d’identifier l’ennemi », premier critère du Politique. L’ennemi, c’est l’Oligarchie, les 1%.

Les Chiens de garde, ceux qui donnent leur nom à toute la catégorie, entendue cette fois stricto sensu, les forces du désordre institutionnalisé – armée, gendarmerie, police, milices privées – sont les seuls obstacles entre les Réfractaires et une éventuelle prise du pouvoir.

Cette science permet également d’assigner des objectifs politiques réalistes, réalisables et chiffrés: puisqu’on ne convainc personne, qu’on ne « converti » personne, seuls les Réfractaires endormis ou isolés doivent être visés par les initiatives de propagande en vue de les réveiller, de les coaguler, de les cohérer et de les organiser. C’est à dire les structurer géographiquement – c’est le rôle des collectifs – de les hiérarchiser, c’est-à-dire qu’ils se donnent des chefs, de les mettre en mouvement, c’est-à-dire les amener à réaliser des objectifs dans le réel, dans l’action, en vue de modifier la situation, car le Politique c’est essentiellement l’agir.

Objectif réaliste et chiffré: coordonner le 0,1% réfractaires mobilisés dans les manifestations et les collectifs pour organiser les 8% de réfractaires conscients, pour éveiller les 12% de réfractaires assoupis ou isolés, persuadés d’être les seuls de leur espèce. Grouper les 20% de réfractaires en une force socio politique, pour créer les conditions d’une prise de pouvoir.

Il ne s’agit donc pas de « réveiller tout le monde », mais de grouper les réfractaires. 20% de « tout le monde », c’est un objectif atteignable, sachant leurs dispositions favorables. La tâche reste immense, mais elle devient réaliste, quand on la compare aux propositions océaniques ou à l’absence totale de pistes de travail que proposent les intellos, les géopoliticiens en cabinet, les influenceuses dissidentes ou les instagrameurs droitardés.

Nous verrons bientôt, si vous le voulez,  la question des moyens.

Monsieur K.

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