Raison d’AF : Politique d’abord  

Raison d’AF : Politique d’abord  

D’une seule voix, orthodoxes du marxisme et leurs frères jumeaux, les sectateurs du capitalisme s’emploient à nous convaincre que la politique n’est qu’une simple superstructure transitoire et amovible, et lui substituent l’économie en tant que moteur déterminant de l’Histoire ; de sorte que les activités humaines se voient ainsi essentiellement limitées à des échanges entre producteurs et consommateurs, où chacun est supposé trouver son meilleur compte. Peu importe qu’ensuite les groupes humains soient organisés selon les règles contraignantes d’un socialisme totalitaire, ou gérés par la tyrannie des grands intérêts de la finance sans frontières. Ainsi corrompue dans son essence même, la Cité sort inévitablement des voies par lesquelles seules elle peut se faire, conformément à la nature de l’homme, pourvoyeuse du bien commun nécessaire à
son épanouissement.

Mais cette déviation mortelle n’est pas la seule à atteindre la Cité dans son existence même. Si Aristote et St Thomas d’Aquin ont raison, la politique étant connaturelle à l’homme, le « politique d’abord » de Maurras ne fait qu’indiquer l’ordre des moyens dans lequel doivent être posés les actes salvateurs : sans une certaine qualité du temporel, ni l’homme ne peut être heureux ici-bas, ni il ne peut accéder normalement à la perfection ultime à laquelle il est appelé en tant qu’être spirituel. Et Péguy de parler du « grand mystèrede cette ligature du temporel et du spirituel », de cette « incapacité absolue du spirituel de se passer du temporel » !

C’est pourquoi ils sont tout autant les ennemis de l’homme réel et de la Cité ceux qui, niant implicitement la distinction entre l’ordre de la nature et celui de la grâce, croient pouvoir sauter par-dessus les nécessités absolues du politique, pour établir, on se demande bien comment, un esprit juste et de bonnes mœurs, d’où découleraient de bonnes institutions. C’est bien l’ordre social qui prévaut, mais cet ordre ne peut naître ex nihilo ; ce sont les bonnes institutions, et elles seules, qui sont capables de fournir le socle sur lequel fleurissent naturellement les idées droites et permettent l’épanouissement de cette vertu moyenne qu’Aristote fixe comme objectif à l’ordre politique conforme à la raison. Inverser cet ordre est une dangereuse chimère, pour ne pas dire une ineptie, et renvoie aux calendes grecques l’accession au bien commun.

On peut toujours, bien sûr, et on le doit, s’employer au changement des mœurs pour faciliter l’instauration à terme de bonnes institutions ; mais, en vue de celles-ci, la voie la plus conforme à la nature et à la raison est l’action proprement politique, visant le régime en place.

Philippe Champion

La Grèce, mère de la xénométrie 

La Grèce, mère de la xénométrie 

Parmi les expressions toutes faites, la France « pays des droits de l’homme » a fait de l’usage, et la Grèce, mère de la démocratie, continue d’orner les remises de prix scolaires – au risque de faire sourire dans leur tombe les spartiates compliqués, leurs éphores et leurs rois, ou Denys Tyran de Syracuse.

Les Grecs modernes se font pourtant une gloire de cette dénomination. Ils se voient en accoucheurs de la démocratie avec le même rengorgement niais que nous nous proclamons fils de la révolution française. Telles sont les bécasseries du roman national. Et comme ils demeurent encore un peuple assez fier, ils célèbrent cette illusion avec faste. Le « week-end » du 28 octobre, le pays pavoise de blanc, de bleu et de croix, on offre le café à la sortie des églises, les villages rôtissent le porc et l’agneau, les voisins mettent des drapeaux grecs partout, comme Mélenchon rêve qu’on fasse avec des drapeaux palestiniens. Le pays fête trois jours durant le « jour du non », : voilà 84 ans, le premier ministre Metaxas rejetait l’ultimatum que lui avait adressé Mussolini, commençant ainsi la guerre entre Italie et Grèce. On en connaît la suite, les troupes tricolores envahissaient l’Hellade, mais le guerrier grec restant mauvais coucheur, l’Italie demeurait en échec, et même reconduite avec pertes et fracas en Albanie, tant et si bien que Tonton Adolf dût intervenir, ce qui retarda finalement l’opération Barbarossa de trois semaines et lui coûta cher.

Quoi qu’il en soit le démocrate grec moyen d’aujourd’hui pense que ce jour du non fut celui du « non au fascisme ». Voilà une interprétation aventurée. Ioannis Metaxas, militaire de carrière formé en Prusse et admirateur de l’armée impériale allemande, s’opposa à Venizelos, démocrate partisan des alliés pendant la première guerre mondiale, et demeura fidèle au roi Constantin. De retour d’exil il fondait en 1923 un petit parti d’extrême droite, le parti de la libre opinion. Appelé au pouvoir en 1936 par le roi George II, fils de Constantin, il établit l’état d’urgence pour juguler les communistes, s’inspirant des méthodes de Mussolini. Il gouverna durant cinq ans de dictature en exaltant la civilisation grecque et la solidarité entre citoyens. Malgré sa parenté avec le fascisme, Metaxas ne pouvait souffrir l’expansionnisme de Mussolini. Il répondit à son ultimatum d’une phrase en français : « Alors, c’est la guerre », que la légende nationale transforma en : « Oki » (non).

Voilà pourquoi on fête le jour du Non. Mais le non à quoi ? Ce que les Grecs ont repoussé en 1940, comme à Marathon et à Salamine, ce n’est pas le fascisme, c’est l’invasion étrangère. L’Italien est charmant, sa musique et sa peinture supérieures, son fascisme intéressant par sa tentative d’inventer un socialisme à visage humain, mais son armée n’a rien à faire chez moi, dit le Grec. Dehors. Il a raison. De même aime-je le moka, la calligraphie arabe, les contes des mille et une nuits, mais l’immigration de masse n’a rien à faire chez moi. Oki à l’immigration de masse, forme actuelle de l’invasion. Certains nomment cela de la xénophobie. Pourtant il n’y entre ni haine ni peur. Il s’y exprime un besoin de mesure que nous nommerons xénométrie. Rien de trop : la Grèce déteste l’excès, l’hybris, folie maléfique. Seuls les vieillards édentés prennent leur café polygliko, très sucré. Une dame bien élevée le prendra métrio, modérément sucré. Le Grec ne méprisait pas les barbares. Thémistocle travailla pour le grand Roi et Alexandre jeta son manteau pourpre sur le corps de Darius. Mais les étrangers, c’est comme tout, il n’en faut pas trop. Trop de différences tuent la différence. Trop d’étrangers tuent le bénéfice de l’extranéité. Il faut donc modérer l’étranger. Tel est le sens de la fête du jour du Non. La Grèce est la mère de la xénométrie.

                                                                                                                                                           Martin Peltier

Entretien avec Pierre Hillard 

Entretien avec Pierre Hillard 

Né en 1966, Pierre Hillard est essayiste, docteur en science politique. Ancien collaborateur à l’Action Française 2000 il est spécialiste du « mondialisme ». Ll critique ce qu’il interprète comme un processus technocratique de décomposition des nations et d’unification du monde. Nous l’interrogeons sur don dernier ouvrage qui fait débat dans le milieu nationaliste. 

L’AF – Après vos nombreux ouvrages sur le mondialisme : La Décomposition des nations européennes : de l’union euro-atlantique à l’État mondial (2004), La Marche irrésistible du nouvel ordre mondial (2007), La Fondation Bertelsmann et la gouvernance mondiale (2009) et Chroniques du mondialisme(2014), pourquoi ce nouvel ouvrage, « Comprendre l’Empire loubavitch » ? 

Pierre Hillard : En fait, j’ai voulu connaître le rôle et les ambitions des Loubavitch largement inconnus du public français. Depuis de nombreuses années, je me suis intéressé à l’histoire du monde rabbinique. La non-reconnaissance de la messianité du Christ a conduit ce milieu à élaborer un corpus qui n’est plus le mosaïsme préparant l’arrivée du Christ via les annonces faites par de nombreux prophètes comme Isaïe, Zacharie, Ézechiel, Michée etc., mais le Talmud, corps de doctrine religieux, civil et politique élaboré de 100 à 500 ap. J-C. Violemment anti-chrétien car châtiant le Christ dans des excréments bouillants, le Talmud se doit d’être relié à la kabbale qui est l’interprétation ésotérique du judaïsme. En raison de ces caractéristiques, on ne peut absolument pas utiliser l’expression civilisation « judéo-chrétienne ». Le mosaïsme a été parachevé par le Christ et, désormais, l’Église est le nouvel Israël au sens spirituel du terme. Le judaïsme mosaïque n’existe plus. En raison de cette évolution, l’Église utilise l’expression la « synagogue aveugle » pour désigner le monde rabbinique resté fidèle à l’idée d’un « messie » venant uniquement pour la gloire d’Israël aux dépens des nations. En raison de cette espérance, on peut observer l’apparition de nombreux « messies » cherchant à capter l’attention des masses juives, ces dernières attendant leur « libérateur ». Or, il existe une faction de ce milieu qui a développé l’idée d’un « messie » libérateur sur fond de bouleversement apocalyptique. Cette tendance qui fut visible avec les « messies » Sabbataï Tsevi (1626-1678) et Jacob Frank (1726-1791) a conduit une part du monde rabbinique à s’opposer violemment à ces personnages cherchant à favoriser le mal en tout genre (guerres, famines, génocides, etc.). L’échec de ces « messies » a engendré au cours du XVIIIème siècle le hassidisme dont la finalité est de combiner le caractère intellectuel du Talmud à celui de la kabbale tout en atténuant son aspect apocalyptique. C’est à partir de ce milieu qu’apparaît le monde loubavitch, héritier de cette pensée en y mêlant un idéal messianique ne pouvant aboutir que sur le temps long et sous une forme de chaos. Le but de cet ouvrage est d’expliquer les origines profondes de cette mouvance, ses caractéristiques et son ascension extraordinaire aux États-Unis puis dans le monde entier au lendemain de la Seconde guerre mondiale.

L’AF – Peut-on considérer votre ouvrage comme un aboutissement ? 

Pierre Hillard : Disons que mon livre est la présentation d’un milieu très puissant et influent qui peut être considéré comme un moteur essentiel dans la propagation du mondialisme qui est un messianisme. J’invite les lecteurs de l’Action Française à prendre conscience de la puissance du monde loubavitch qui a su, entre autres, convaincre Donald Trump de déplacer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem en 2017. D’autres surprises attendent le lecteur…

L’AF – Le mondialisme peut-il clore l’histoire ? Quelle espérance ?

Pierre Hillard : Comme il a été précisé dans la question précédente, le mondialisme est un messianisme. Cela signifie que pour les tenants de cet « idéal », il faut détruire le monde issu de la Révélation ; c’est-à-dire l’Église et les États s’inspirant de son enseignement. La Révolution de 1789 et Vatican II ont été les parfaits instruments pour les tenants de cette doctrine. Je renvoie les lecteurs à mes ouvrages, en particulier l’Atlas du mondialisme. Cependant, malgré le caractère humainement désespéré de la situation, l’espérance chrétienne doit nous soutenir. On ne peut comprendre la situation du monde dans lequel nous vivons qu’en raison d’un arrière-fond d’essence satanique. Si ce dernier a pu progresser, c’est en raison d’une effroyable ignorance de la part des patriotes français qui ne connaissent pas la pensée de nos adversaires, leur vocabulaire et la finalité de leurs ambitions. J’espère que mon livre Comprendre l’Empire loubavitch aidera à combler ces lacunes. 

Pour information, Comprendre l’Empire loubavitch est disponible uniquement sur BookEditions. Deux versions sont proposées. La première version est à 26 euros avec 26 annexes en noir et blanc. La seconde version est à 37 euros avec 19 annexes sur 26 en couleur.

Communiqué : Jean-Marie le Pen 

Communiqué : Jean-Marie le Pen 

Avec la mort de Jean-Marie le Pen à l’âge de 96 ans le 7 janvier, un livre se ferme. Un conte de fée s’achève pour certains, celui d’une renaissance française par la démocratie, ce rêve que la démocratie est l’organisation politique et sociale qui tend à développer au maximum la conscience et la responsabilité de chacun (Marc Sangnier). Le Pen a porté avec un courage qui force l’admiration, et cela pendant des décennies, les espérances des « nationaux ». Il a dénoncé haut et fort l’invasion migratoire, la destruction de la Famille, et parfois même les méfaits de la maçonnerie et le judaïsme politique. Il a été celui en qui se sont reconnus les oubliés et les petits. En cela nous sommes admiratifs. Mais le Pen croyait en la démocratie et il ne reste plus grand-chose du parti qu’il avait fondé, aujourd’hui abominablement sioniste et pro LGBT. Car voici l’ADN de ce mouvement national : quand il a désespéré de domestiquer l’opinion, il s’est fait le laquais de celle-ci. 60 ans de combat politique, 60 ans d’énergies de tant d’hommes de bonne volonté gaspillées. Le constat est sévère mais les faits sont là. Nous le savons : c’est sans les urnes que nous restaurerons la France aux Français ! À nous de nous adresser à la foule immense des militants que Jean-Marie le Pen a soulevé. 

 

Qu’il repose en paix !

Le Comité directeur de l’Action Française

Mésaventure d’un petit livre

Mésaventure d’un petit livre

Chaque livre a une histoire insignifiante, baroque ou cocasse. Je pense que celle de mon ouvrage Vraie et fausse laïcitéressort de cette dernière catégorie comme on pourra en juger.

Ce livre est issu d’une conférence tenue en 2022 au Centre d’études et de prospection sur la science. Après l’avoir retranscrite, j’ai soumis mon texte à la Diffusion de la pensée française (DPF). Les patrons de cette librairie en ligne, réputée auprès des gens de chez nous, me donnèrent leur accord pour une publication. Pour lui donner plus d’impact, ils cherchèrent et trouvèrent un préfacier. Tout ceci en plein accord avec moi. Après avoir pris connaissance du texte non seulement la personne contactée refusa de rédiger une préface, ce qui était son droit le plus absolu, mais elle déconseilla à la DPF de publier un ouvrage en désaccord avec la foi selon son appréciation. Pour en avoir le cœur net, DPF soumit mon livre à un théologien qui confirma ce jugement. La société DPF me fit donc savoir qu’à son grand regret, elle ne pouvait éditer mon ouvrage. Fin du premier acte.

C’est alors que je me suis tourné vers les éditions d’Action française qui me donnèrent rapidement leur accord. Un premier tirage eut lieu. À ma grande surprise, ce fut dans les abbayes et les couvents que le livre se vendit le mieux. Dans un endroit que je ne citerais pas, il fut même lu aux moines durant leur repas pour leur édification personnelle. Je n’en demandais pas tant : vous avouerez que pour un livre qui contredit la foi, c’était quand même assez cocasse. Fin du deuxième acte.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Après une première édition, il y en eut une seconde qui bénéficia d’une splendide préface de monsieur l’abbé de Tanouarn que je remercie ici. Chacun aura pu la lire dans le dernier Echo d’Action française et constater qu’il ne m’adresse aucune critique que ce soit sur le plan historique ou sur le plan théologique, bien au contraire.

Loin de moi de prétendre que ce petit livre est parfait. La preuve en est, c’est que la deuxième édition a été revue et augmentée. Mais s’il y a une leçon à tirer de tout cela c’est que l’on a trop tendance chez nous à confondre les vérités dogmatiques qui sont peu nombreuses mais indiscutables avec nos idées personnelles qui, elles sont contestables. C’est le cas de la laïcité. En effet, à qui fera t-on croire que ce concept n’a pas varié, même dans l’Église ? Que cette notion était entendue de la même façon par saint Augustin et par saint Thomas d’Aquin, par exemple ? Que les idées de Pie IX étaient celles de Grégoire VII ? Et que l’application de ces idées n’a jamais variée à travers ces deux millénaires ? Tout cela est absurde. Il y a donc plusieurs manières d’entendre la laïcité fondée par le Christ.

Le rôle de l’historien n’est pas de juger et de condamner, comme c’est trop souvent le cas aujourd’hui mais d’expliquer autant que faire se peut les raisons de ces différences, ce qui est beaucoup plus difficile que de distribuer des bons et des mauvais points. Cela permet le dialogue. Cela permet aussi d’avancer, alors que l’inverse ne mène à rien de constructif.

Certains pourront m’objecter que je suis mal placé pour me plaindre puisqu’en toute logique je devrais commencer par défendre chez les autres cette liberté de critique que je revendique pour moi-même. C’est vrai, mais, à cela je répondrais : qu’un théologien plus compétent que moi dans son domaine, ait présenté des objections à la lecture de mon texte, me semble parfaitement normal. Ce qui l’est moins, à mon avis, c’est qu’il n’ait pas cru utile de me les faire connaître ni de m’en exposer les raisons. Il ne suffit pas de dire qu’un livre est dangereux pour la foi pour qu’il le soit,même lorsque l’on est théologien. Il faut argumenter. Il ne l’a pas fait. Je n’ai donc rien changé, pour l’essentiel, au premier texte que les éditions d’Action française ont eu la courtoisie d’éditer et qu’elles viennent de rééditer… et je ne m’en repends pas. 

Fin du troisième et dernier acte de cette petite histoire qui, pour ma part, je dois l’avouer, m’a plutôt amusée.

Ouvrage à commander sur notre  boutique en ligne :  https://editionsdactionfrancaise.fr/

                                                  Philippe Prévost 

Nos monstres, de Palmade à Mazan en passant par l’abbé Pierre et Depardieu

Nos monstres, de Palmade à Mazan en passant par l’abbé Pierre et Depardieu

Avec Les Monstres, Dino Risi donnait en 1963, aux excentricités significatives de la société des trente glorieuses vert-blanc-rouge, le visage burlesque de Vittorio Gassmann et Ugo Tognazzi. En 1977, il accentua le trait, aidé de Scola, Monicelli, Ornella Muti et Alberto Sordi dans Les nouveaux monstres. Il creusait ainsi, à l’italienne, l’étymologie du mot monstre : sous le rire, l’excessif, le laid, le caricatural, le maladif, le grimaçant, l’inquiétant, l’anormal, est un signe, qui nous renseigne sur une vérité, en nous et au-dessus de nous. C’est ce que rappellent aussi nos faits divers, c’est pourquoi ils retiennent tant l’attention. On s’est écharpé et l’on continue de le faire autour de Pierre Palmade. Tuer un bébé dans le ventre de sa mère alors qu’on est saoul, sous drogue, et à la recherche de nouvelle drogue pour continuer une orgie homosexuelle dont la drogue est un élément déterminant, n’est pas défendable, le coupable en convient. Cela dit, que nous montre cette monstruosité ? Rien, ou presque : une société complètement noyée sous sa médiocrité et sa lâcheté. Car tout cela était toléré sous divers noms, liberté individuelle, plaisir, progrès, tant qu’il n’y avait pas mort d’homme. Ce fut même activement promu dans les années soixante-dix par une foule d’individus et d’associations qui se sont refait depuis une virginité morale.

Comme le café et le saucisson en temps de disette, ce qui touche au sexe occupe beaucoup de place dans les cerveaux des êtres humains de l’ère post-moderne. Les féministes et les LGBTQIA+ le savent et s’en servent, en particulier depuis 2017, l’affaire Weinstein et Metoo. Tout ce qui fait le buzz est bon pour monter à l’assaut du patriarcat et du mâle blanc, réputés responsables de tout ce qui va mal en la matière. Gérard Depardieu et l’abbé Pierre en ont fait les frais. Cela participe d’un spectacle de casse-boîtes où l’on doit dégommer un maximum d’idoles, qu’elles figurent des saints politiques ou des héros de cinéma. Beaucoup plus intéressant et révélateur de notre monstruosité est le procès des viols de Mazan.

De la première des victimes présumées (il n’est pas établi que ses fille, belle fille et petit-fils soient restés indemnes), Gisèle Pélicot, il n’y a rien d’autre à faire qu’à la plaindre, en déplorant qu’elle ait refusé le huis-clos, amenant ainsi, pour un illusoire bénéfice politique, un surcroît de malheur sur sa famille. Le bénéfice politique espéré est le suivant : informer vraiment le public, lui mettre sous les yeux, lui faire toucher du doigt, en somme lui faire ressentir et comprendre vraiment, en quoi les faits sont monstrueux et significatifs. Cette intention en soi n’est pas mauvaise, même si elle suppose des révélations et des images souvent répugnantes, sans exclure un certain voyeurisme. Mais là où cela devient vraiment moche et contre-productif, c’est quand la victime et les associations qui la soutiennent se trompent (volontairement) d’analyse et transforment le procès des viols de Mazan en le contraire de ce qu’il est.

Premier contre-sens, le procès de l’ancien mari Dominique Pélicot et des 51 individus qui sont venus l’aider pendant dix ans à déshonorer son épouse serait celui de “Monsieur tout le monde”. Cela a été écrit et répété, et veut dire que le monstre post-moderne a changé de face : ce n’est ni Jack l’éventreur ni l’immigré qui rafle par dizaines les jeunes Allemandes la nuit de la Saint-Sylvestre. Le nouveau monstre, ce serait vous et moi, l’époux, le père, le frère, le fils. Eh bien, c’est un premier mensonge, et grave, et fondateur. 23 des 51 accusés ont été condamnés par la justice, et il suffit de consulter la fiche Wikipédia du sieur Pélicot pour constater que ce n’est pas Monsieur tout le monde. On juge ici des malades et des repris de justice, nullement représentatifs du Français moyen.

Le deuxième contre-sens est lié au premier. Si l’on prétendait faire le procès de Monsieur tout le monde, c’est pour mieux faire dans la foulée celui du “patriarcat” et de la “culture du viol” pour laquelle notre société aurait censément toutes les faiblesses. La défense de Dominique Pélicot se résume d’ailleurs à dire que tous ses co-accusés savaient qu’ils allaient perpétrer un viol, afin de dégager sa propre responsabilité (il a eu le culot d’évaluer le partage des torts, comme si on lui demandait quelque chose, à 60 %- 40 %) d’une part, et de l’autre de satisfaire ceux qui instrumentalisent l’affaire, afin d’en tirer quelque indulgence. Or, bien que le président ait mené les débats comme s’il ne fallait pas élucider les faits, on voit bien, au détour d’un interrogatoire que c’est une fausse piste. Le dossier « ma fille à poil », les vidéos des belles-filles nues, la proposition de “jouer au docteur” avec un petit-fils, les photos et vidéos osées de Gisèle réveillée, tout cela montre un pervers sans frontières et suggère tout autre chose que le patriarcat ou la culture du viol : un dérèglement général où le “narratif du film porno” et les « soirées libertines » semblent le plus important. Disons les choses simplement : le procès des viols de Mazan est en fait le procès de la chienlit d’après 68, enfant banal et atroce du péché et de la sottise. Voilà ce que montrent de notre société nos nouveaux monstres, Dominique Pélicot et ses « invités ».

Martin Peltier

Le dogme de l’antiracisme : Entretien avec Pierre de Meuse.

Le dogme de l’antiracisme : Entretien avec Pierre de Meuse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les éditions DMM viennent d’éditer un livre qui fera certainement date – il ne peut en être autrement ! -, Le dogme de l’antiracisme. Origine, développement et conséquences écrit par Pierre de Meuse, lequel s’est déjà remarquablement illustré lors de précédents ouvrages à l’instar de son Idées et doctrines de la Contre-Révolution (DMM) ou encore de son petit opuscule consacré à la famille, La famille en question. Ancrage personnel et résistance communautaire (Editions de La Nouvelle librairie)Pierre de Meuse a cette formidable capacité de s’attaquer frontalement à tous les sujets importants qui agitent notre société en y apportant des réponses, certes, inattendues, mais salutaires. La pensée contre-révolutionnaire revenant sur le devant de la scène, il nous permettra aussitôt d’avancer la question centrale : celle de l’holisme et du personnalisme, celle de la place de la doctrine chrétienne. La famille est attaquée et les conservateurs la défendent, certes, mais est-ce que le christianisme ne porta pas le premier coup à cette institution ? A l’heure où le racialisme revient dans les discours des indigénistes en même temps que l’antiracisme est érigé en dogme inattaquable – à la fois par la gauche et par la droite qui hurle au racisme anti-blanc -, il saisit le sujet à bras-le-corps et ne cède rien au politiquement correct. Pierre de Meuse a cette vertu rare de traiter des sujets les plus brûlants en ne cédant rien, ni à la pensée dominante, ni aux dogmatismes de nos écoles de pensée. Un livre à mettre entre toutes les mains. 

 

 

 

 

 

 

L’Action Française : Cher monsieur, merci infiniment de nous accorder cet entretien. La première partie de votre ouvrage traite du chemin parcouru. J’aimerais que nous commencions par une question simple : peut-on tracer en quelques lignes une histoire de l’antiracisme et du racisme ? Il semble aujourd’hui extrêmement difficile de définir ce qu’est réellement la race, le racisme et l’antiracisme. Est-ce que cette histoire permettrait de mieux définir ces termes ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pierre de Meuse : Il y a deux interrogations dans votre question. J’y réponds donc successivement.

 

Sur l’histoire du racisme. Si la discrimination est aussi vieille que l’être humain, parce qu’elle est une attitude propre à tous les groupes naturels et leur permettant de survivre, le racisme posé comme une science est un pur produit de la modernité. Il est en effet la conséquence directe de la propension de l’esprit postcartésien à vouloir fonder le monde en raison. Les anciennes sociétés étaient hiérarchiques et connaissaient une multitude de déterminations et de barrières acceptées sans que quiconque les discutât, prenant en compte la puissance, la place dans le système des rangs, la richesse, la confiance en soi (la grande mine), l’ancienneté, l’éthique, le degré de dépendance aux autres. Et, bien entendu, le phénotype, mais la race biologique n’était qu’un marqueur parmi bien d’autres. Cependant lorsque l’économie de traite se met en place et que les cultures coloniales emploient des milliers d’esclaves désocialisés, les philosophes des Lumières comme Kant, Locke ou Voltaire considèrent leur infériorité comme une évidence et leur servitude comme la suite inévitable de cette place au bas de l’« échelle humaine ». C’est de là que procède l’anthropologie raciale qui, dans sa forme la plus affirmée, aboutit à faire de la race biologique le moteur de l’histoire. Pourtant, l’esclavage n’est pas l’application de ces théories : les traitants qui achètent les esclaves aux roitelets islamisés d’Afrique ne voient que la disponibilité de cette main-d’œuvre et les revenus que leur apporte le trafic du « bois d’ébène » et ne cherchent pas à justifier leur commerce. La traite négrière va être interdite dès le début du XIX° siècle, puis progressivement l’esclavage lui-même. C’est alors que vont prendre naissance les attitudes racistes, qui sont, selon l’expression du Pr Dupuy, un réflexe émanant des classes de Blancs pauvres face à l’égalité imposée ressentie comme une agression. Surtout que ces populations ne voyaient dans les masses négro-africaines que des concurrents, car elles n’avaient jamais possédé d’esclaves. Ces attitudes sont donc une réaction de défense des « petits Blancs », dans une société où l’argent devient la seule source de discrimination sociale. Ici, je voudrais signaler que, dès le XVIII° siècle, on constate la présence dans l’administration coloniale française, aux Antilles et aux Mascareignes d’une méfiance pour l’extension de l’esclavage, avec la présence d’une population servile devenue largement majoritaire ; une situation propice aux insurrections sanglantes qui ne manqueront pas d’arriver à Saint-Domingue et à la Guadeloupe, à partir de 1791.

 

 

 

 

 

J’en viens maintenant à la définition de la race, du racisme et de l’antiracisme, qui est l’essentiel de la question. Car il n’y en a pas ou plutôt il y en a beaucoup, qui sont toutes incompatibles les unes avec les autres. Race dérive de ratio, qui signifie catégorie, c’est pourquoi elle peut désigner les subdivisions animales au sein de la même espèce, un certain type d’homme (la race des entrepreneurs), ou une famille identifiable, par exemple une dynastie, une caractéristique culturelle (la race latine). Et bien entendu, la même variabilité se retrouve dans le « racisme », compliquée en plus par le degré et la nature de l’affect qu’on y imprime. Ainsi se trouvent taxées de racisme aussi bien l’hostilité que la simple reconnaissance d’une altérité ou même l’affirmation d’une simple identité collective dont on se sent dépositaire. Cette imprécision est extrêmement grave, et elle est à l’origine, nous le verrons, du caractère mortel du piège qui nous est tendu.

 

 

 

 

L’Action Française : Permettez une petite digression, quelle fut dans cette histoire la position de l’Action Française ? Comment assuma-t-elle la notion de race ?

 

 Pierre de Meuse : Je crois que là, il faut formuler la chose de façon plus directe, car la réflexion personnelle de Maurras est essentielle et directive pour le mouvement. Maurras emploie sans cesse dans ses écrits le mot « race », ainsi que le mot « sang », et toujours de façon laudative ; mais il exprime aussi sa méfiance pour les théories sur les races humaines lorsqu’elles se présentent comme des sciences et qu’elles prétendent avoir inventé la pierre philosophale : le moteur de l’histoire. Toute sa vie, il suivra cette ligne de crête en justifiant sa position par deux arguments : celui de l’incertitude (les savants ne donnent pas d’éléments probants pour étayer leur hiérarchie des races) ; et aussi celui de la piété filiale : on ne peut pas suivre des gens qui mettent les Français à un niveau inférieur aux Scandinaves, aux Anglais, aux Allemands. Le premier argument est de l’ordre de la connaissance, le second de la volonté. La pensée de Maurras est toujours très structurée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Action française : Selon vous, quel élément déterminant instaura l’antiracisme comme un dogme inattaquable dans nos sociétés ? Il semble bien, en effet, que si une seule chose paraît inconcevable dans l’esprit des peuples, c’est de toucher à cette vérité première : « je ne suis pas raciste, je ne reconnais pas l’existence des races ». Et, de fait, si l’extension des  lois antiracistes peut gêner ou agacer nos concitoyens, ils ne remettent jamais en question le fondement de ces lois. Qu’est-ce qui fonde si solidement cette doctrine ? Allons plus loin : il semble que ce soit même l’antiracisme qui fonde le principe plus général de l’anti-discrimination et non l’inverse. En effet, la plupart de nos concitoyens, s’ils ne sont guère à l’aise avec le principe de non-discrimination, ne s’élèvent pas contre certaines de ses applications mais ce, tant qu’il ne s’agit pas de discriminations racistes !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pierre de Meuse : Je réponds à vos deux questions successivement. L’antiracisme existe depuis fort longtemps, mais il a pris sa forme inquisitrice et dogmatique avec l’effondrement du III° Reich. Ce que je dis est un peu enfoncer une porte ouverte, car François Furet a développé ce thème avec plus de talent que moi. Sur le plan de la pensée normative on assiste alors à la polarisation quasi-religieuse entre les idées du Bien (celles des vainqueurs) et les idées du Mal (celles des vaincus). Or la doctrine hitlérienne est fondée sur un bricolage racialiste issu d’un digest des anthropologues anglais et allemands. Donc plus on s’éloigne du pôle du Mal, plus on va vers le Bien. Tel est le réflexe conditionné que la pensée de Gauche a favorisé, puis exploité. C’est absurde, mais cela fonctionne. Et l’antiracisme fut alors inventé comme une machine rhétorique au service des idées de la révolution. En s’appuyant sur le fait qu’aucune définition rigoureuse n’était donnée (et ne devait l’être) du racisme, les ennemis de la France et de l’héritage européen reprirent le schéma de l’antifascisme, qui avait fait ses preuves, lorsque la loi Pleven fut adoptée, en 1972.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il avait pour but de mobiliser le Droit pénal au service d’une ingénierie sociale qui permettait de déclencher une accusation redoutable à laquelle aucune réponse ne pouvait être faite, parce que cette accusation ne connaissait aucune limite. C’est pourquoi ceux qui croient qu’il est possible de se disculper en prouvant que, non, croyez-nous, nous ne sommes pas racistes, sont conduits à des reniements sans fin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je rappellerai un souvenir déjà ancien. Après la publication d’une petite Lettre ouverte que j’avais commise il y a vingt ans, Pierre Pujo m’avait admonesté en me faisant remarquer que Maurras et Mistral, lorsqu’ils employaient le mot race, ne lui donnaient pas le même sens que celui que nous entendons aujourd’hui. Ce à quoi je lui avais répondu : « Tu as parfaitement raison, sauf que l’antiracisme criminalise tous les sens du mot, sans exception. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Alors vous me demandez ce qui fonde cette « doctrine ». Eh bien c’est la terreur, tout simplement, et tout l’enchaînement de concessions qu’elle nous conduit à faire, sans aucun espoir de nous glisser hors de la troupe des vaincus. Tout soupçon d’hérésie sera férocement sanctionné, et à ce titre, l’antiracisme s’est approprié le dogmatisme et l’universalisme des grandes religions messianiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Vous constatez que le principe de non-discrimination est moins efficace que l’antiracisme et vous avez raison, mais c’est parce qu’ils n’ont pas la même origine : celui-là est issu du libéralisme anglo-saxon alors que la matrice de l’antiracisme, c’est tout simplement le terrorisme humaniste révolutionnaire et sa machine à écraser toute résistance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Action Française : In fine, quel est le projet antiraciste ? Pourquoi s’impose-t-il et quelles sont les volontés de ceux qui le portent ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pierre de Meuse : Le projet antiraciste, c’est l’indifférenciation. C’est-à-dire une société où toutes les différences humaines auront disparu, et où il sera même interdit de les voir. Personne n’aura plus le droit de nous demander de qui nous sommes les fils.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les sociétés n’auront plus de mémoire spontanée et on ne pourra recourir à l’héritage culturel reçu des ancêtres parce que nous n’aurons plus d’ancêtres et que la filiation sera devenue une obscénité ; d’ailleurs une série de lois est venue depuis 1972 réduire le sens et la portée des patronymes. Toute diversité culturelle aura disparu. S’y rejoindront le rêve libéral d’humains mus par leur seul intérêt totalement standardisé et le rêve babouviste de l’égalité absolue des hommes. Ce projet est bien entendu une utopie, et il est irréalisable, ne fût-ce que par le fait que les Européens – et les Américains du nord – sont les seuls à l’appliquer, mais il a déjà réussi à accomplir de nombreuses destructions. L’antiracisme a bénéficié aussi de la culpabilisation sans limite de nos nations. De surcroît, ce projet, comme toute idéologie déductive, est imperméable à toute perception de la réalité : ses échecs ne sont jamais attribués à l’inexactitude de ses postulats, mais à la duplicité des méchants qui lui sont insuffisamment soumis. Ainsi, alors que les lois antiracistes existent depuis cinquante-trois ans et n’ont pas cessé d’aggraver leurs peines, les partisans du woke affirment que leur échec est la conséquence d’une culture sous-jacente conduisant les Blancs à discriminer les racisés de manière semi-consciente. Autrement dit, on n’a pas assez sanctionné !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Action Française : Votre deuxième partie traite de la réaction que nous pouvons avoir face à l’antiracisme. Ma première question est toute simple, les races existent elles et ont-elles un lien avec la culture d’un peuple ? Autrement dit, existe-t-il un lien entre nature et culture ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pierre de Meuse : Oui, les races existent, mais la perception en est culturelle. Les anthropologues et les biologistes au service de l’antiracisme passent leur temps à répéter que la notion de race humaine est fausse et discréditée. Ils énumèrent des marqueurs génétiques qui, disent-ils, sont communs à toute l’humanité comme le groupe sanguin, le trou occipital, la forme du crâne etc… Et constatent que ces marqueurs sont présents dans toutes les races. Par conséquent, assènent-ils, « les races n’existent pas. » Mais c’est une acception arbitraire de la race, qui cache en réalité une autre maxime : « les races ne doivent pas exister ». Car s’il existe des humains de race africaine ou asiatique qui ont les yeux clairs, par exemple, ils n’en sont pas moins extrêmement rares. Le résultat est que la race est perçue par celui qui en fait partie comme par celui qui appartient à une autre race et qui va lui attribuer un nom collectif. Ayant vécu douze années en Afrique, travaillant dans une entreprise en bonne entente avec les Noirs, je peux dire que j’étais identifié comme un toubab et qu’à aucun moment cette conscience ne nous a quittés, eux et moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

D’autre part, vous me posez la question de savoir si l’héritage racial détermine la culture des hommes. Eh bien je vous répondrai que je n’en sais rien et que les sciences n’ont pas apporté de preuve acceptable sur ce point, ni d’ailleurs sur le contraire. Ce qui est sûr, c’est que, contrairement à ce que pensaient les biologistes d’il y a cinquante ans, les prédispositions des hommes à l’égard des maladies, la durée de la grossesse, la résistance aux températures extrêmes et bien d’autres choses sont différentes selon les races considérées. Il n’est donc pas déraisonnable de penser que le postulat béhavioriste selon lequel l’esprit humain n’est qu’une table rase ne soit pas exact. En tout état de cause, la prudence devrait être la règle. Et, justement, puisque vous me parlez de nature et culture, ne serait-il pas temps de relativiser cette frontière entre nature et culture. Car enfin la culture étant une production de la société reste un prolongement de l’instinct et ne peut se fixer pour but d’éradiquer cette même société. C’est un peu le problème devant lequel nous sommes placés. Revenons à Aristote qui disait que la société est un fait de nature et nous y verrons plus clair.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Action Française : Ceci étant dit, pourquoi est-il nécessaire que cette question revienne avec toute sa force dans notre débat politique et que les hommes politiques osent s’y attaquer avec courage ? Est-ce une question vitale pour la France ? Est-ce par essence, la seule question irréversible qui nous menace ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pierre de Meuse : Ne nous le cachons pas, l’antiracisme est une maladie mortelle de nos sociétés, car elle s’attaque à l’existence même des groupes humains. Elle est d’ailleurs une variante des idées fausses qui nous contaminent depuis le XVI° siècle. En combattant l’antiracisme, nous ne faisons que continuer la même guerre que nous menons depuis cinq cents ans, contre le même ennemi qui se cache derrière des masques différents. Et aujourd’hui, c’est la réalité de la France qui est menacée de dissolution imminente. Dans vingt ans, dix peut-être, les français de souche seront minoritaires dans leur propre pays. Et alors l’héritage capétien sera évaporé car nous ne serons plus un peuple. Nous aurons subi le sort de centaines de nations défuntes : Sybaris, la Phrygie, la Lydie, l’empire Inca, et tant d’autres ; et il adviendra des Français ce qui advint aux Caraïbes et aux Arawaks, c’est-à-dire la submersion et l’oubli de soi. Il nous manque deux choses pour nous y opposer efficacement : la mobilisation de notre volonté, qui est une vertu, et la chance. Celle-ci finira bien par tourner en notre faveur. Encore faut-il la saisir !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Action Française : Selon vous, dans ce combat, quelle doit être la place d’un mouvement comme celui de l’Action française ? De quelles armes disposons-nous ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pierre de Meuse : Nous disposons de notre esprit critique et c’est par là qu’il faut commencer. Car le système actuel repose sur le mensonge. Depuis vingt ans, le mensonge a pris des proportions inouïes dans nos sociétés, et c’est logique, parce que la philosophie qui les sous-tend postule qu’il n’y a pas de vérité, dans les grandes questions comme dans les petites : il n’y a que des « narratifs ». Notre rôle est d’ameuter le peuple contre les menteurs. Et le jour où les explications fournies par les « narrateurs » patentés deviendront invraisemblables aux peuples, nous aurons gagné.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Action française : Merci infiniment pour vos réponses !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pierre de Meuse, Le dogme de l’antiracisme. Origine, développement et conséquences, Poitiers, DMM, 2024, 278 pages.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catastrophe de Valence. Mais quelle catastrophe : naturelle ou politique ?

Catastrophe de Valence. Mais quelle catastrophe : naturelle ou politique ?

Certes, lorsque plusieurs centaines de personnes décèdent en quelques minutes, le terme « catastrophe » est approprié. Et lorsque lesdites personnes meurent noyées, emportées par des torrents d’eau et de boue, on utilise la formule « catastrophe naturelle » puisque provoquée par une instance « extérieure » : la nature.

Rappeler que depuis la formation de la terre – il y a 4,6 milliards d’années -, la nature n’a jamais cessé d’engendrer des catastrophes, n’est certainement en mesure de consoler les dizaines de milliers de Valenciens sinistrés. Ici on pense, par exemple, à la fonte de l’Inlandsis laurentidien (la calotte de glace de 2 km d’épaisseur qui recouvrait l’Amérique du nord), survenue il y a 12 000 ans à cause du réchauffement climatique provoqué sans doute par les automobiles et les avions de l’époque. A Valence, mis à part les journalistes et les photographes, personne n’a rien à faire de raisonnements de cet acabit ; tout le monde en est convaincu.

Mais pour nous qui avons la chance de disposer de pistes cyclables (ce qui, à Valence aurait sans doute permis d’éviter à plusieurs dizaines de personnes de mourir bloquées dans leurs voitures puisqu’elles auraient alors circulé à vélos) ; nous dont les immeubles disposent heureusement d’isolation thermique ce qui, d’évidence, aurait protégé les 60 habitants de « Paiporta » morts noyés sous deux mètres d’eau dans leurs rez-de- chaussés ; et enfin, nous qui bénéficierons bientôt de l’euthanasie, tellement utile dans ce type de catastrophes, quand on se retrouve seul, totalement abandonné, enseveli sous des carcasses de voitures et des montagnes de déchets ; oui, nous qui avons assez de force pour supporter les maux d’autrui, nous sommes en situation de réfléchir aux causes du malheur des Valenciens martyrisés par … la nature.

Parce qu’en vérité le malheur ne leur est pas tombé sur la tête que du ciel. La preuve :

pendant les heures ayant précédé les premières gouttes de pluie, personne ne les a alerté officiellement. Et quand les survivants ont enfin reçu un message d’alerte sur leur téléphone, il y a longtemps qu’ils avaient de l’eau jusqu’au cou, s’ils n’étaient pas morts entre temps et si leur portable fonctionnait encore.

Alors que s’est-il passé, mis à part le fait qu’il soit tombé des trombes d’eau ?

Deux choses.

D’abord, en 1978, l’Espagne unitaire est devenue un Etat éclaté en un pullulement de 50 provinces et 17 communautés autonomes, sortes de micro-Etats quasi indépendants, qui gèrent à peu près tout, de l’éducation effondrée à l’urbanisme échevelé, excepté l’armée restée, elle, pour le moment encore, une prérogative nationale. Et d’ailleurs, comme par hasard, face à l’ampleur de la catastrophe il n’y a pas eu d’autre option sérieuse que d’en recourir à l’armée. 

Comme lors de la pandémie de covid, c’est à l’armée, non décentralisée, que l’Espagne a fait appel pour prendre en charge les cadavres des maisons de retraite, par exemple. A Valence, ce ne sont pas davantage les 99 députés du Parlement régional ni les fonctionnaires du président « Vox » de la « région », qui sont allés extraire les cadavres de la boue. Non ! C’est bien à l’armée qu’a eu recours l’Etat central espagnol.

Qu’est-ce à dire alors ?

Tout simplement que face aux vrais problèmes des sociétés humaines, tous les boniments sur la décentralisation, la régionalisation et autres coquecigrues sur le localisme et l’expertise des élus de terrain, sont balayés par les réalités. 

Pourquoi est-ce le cas ?

Il suffit pour le comprendre de regarder en direction de l’Assemblée nationale française élue en juin 2024. Dans un pays de plus de 60 millions d’habitants, les partis politiques ont pourtant un mal de chien à aligner des candidats disposant d’un cerveau capable d’effectuer le travail de député. Le constat est à la portée de tous : sur 577 députés combien savent-ils vraiment lire, comprendre, évaluer et combien sont-ils aptes à émettre un vote éclairé sur la loi de finances 2025, par exemple ? A peine une poignée si l’on en croit le Figaro du 29 octobre 2024.

Le constat s’applique d’ailleurs au Parlement européen. Ici, bien que nous parlions pourtant d’une population de 400 millions d’individus, sur les 720 députés élus pour siéger à Bruxelles, moins d’une centaine disposent d’un nombre suffisant de connexions neuronales pour comprendre la multitude de textes qui leur sont soumis.

On admettra aisément que si un continent ou une nation ont aujourd’hui du mal à dégager une simple poignée de dirigeants compétents, une entité régionale – la communauté autonome de Valence dans le cas présent, ne pourra pas statistiquement rassembler le potentiel cérébral minimum indispensable à la réalisation des missions qui lui incombe. 

Telle est la tragédie de la décentralisation, de la régionalisation et de l’autonomie poussées jusqu’au fédéralisme dans le cas de l’Espagne. Elle procure d’innombrables compétences à des élus locaux, provinciaux, régionaux dont la masse cérébrale n’est pas suffisante pour les exercer.

Aussi, ne cherchez pas pourquoi la ville de Valence est restée l’arme aux pieds lors de évènements récents. Elle n’était pas en capacité d’anticiper les risques de la situation dans la mesure où son administration, évidemment recrutée selon des critères de connivences politiques locales, ne disposait pas des aptitudes neurologiques qui lui aurait permis d’évaluer correctement la situation et d’alerter la population en temps voulu.

Mais il y a pire que cela et c’est la deuxième cause profonde de la catastrophe survenue à Valence.

Elus locaux, élus locos, élus « law cost » ! 

La décentralisation régionaliste, autonomiste et fédéraliste, en accordant tous les pouvoirs à des élus locaux dont on vient de dire les inévitables limites, produit inévitablement un certain type de conséquences. De tels dirigeants font inévitablement des choix politiques primaires, terre à terre et grégaires. 

Les maires, par exemple, rêvent tous de médiathèques derniers cris, de parkings, souterrains de préférence, de stades, géants si possible, de piscines, forcément olympiques, de réseaux de tramway modernes et étendus ; dans une frénésie de construction adroitement nommée « investissements ».

Au niveau régional, la Communauté de Valence semble l’illustration parfaite de cette « constructivite » à travers l’exemple de l’aéroport fantôme de Castellon de la Plana. D’un coût total de 150 millions d’euros, celui-ci n’a pourtant accueilli aucun avion pendant des années.

Au-delà de cette incroyable gabegie – sur fond d’une chaine de corruption formant, depuis trente ans, la triade « promoteurs, bétonneurs, décideurs » du pouvoir local dans les pays méditerranéens -, c’est tout un modèle de développement de pays sous-développés axé sur l’économie « tapas – paëlla» du tourisme à outrance, qui a gagné la communauté de Valence. Avec, au passage, bien davantage que la simple destruction des vergers, des terres agricoles ou des banlieues maraichères de Valence, puisque c’est la civilisation même de la « Huerta », un des grands monuments du patrimoine commun de l’humanité végétale, que la bétonisation par l’économie du tourisme a déjà largement amputé et va finir par totalement détruire. La Huerta de Valence disparait telle une Amazonie européenne que les dirigeants politiques de cette communauté autonome « massacrent » depuis trois décennies.

Voilà pourquoi, lorsque la pluie est tombée, fin octobre 2024, sur cette Amazonie des orangers anéantie, dans la mesure où il n’y avait plus de terres pour absorber l’eau et de racines pour la retenir, elle a tout naturellement coulé, roulé, noyé, par simple effet de gravitation, en direction de l’aéroport de Valence formant une gigantesque piscine et se répandant en torrents violents dans les rues et les quartiers dévastés.

Où est la catastrophe naturelle dans tout ça ?

Ce qui s’est passé à Valence est avant tout une catastrophe politique du « mal govierno » que les sinistrés ont parfaitement analysé en huant précisément, ce 3 novembre, les dirigeants politiques espagnols venus hypocritement montrer de la compassion face aux désolations.

Valence n’est donc rien d’autre que la suite tragique mais quasi inévitable de l’illusion de la « Movida » ; ce modèle économique erroné, ce faux miracle de croissance aussi artificielle que l’artificialisation des sols, ce système politique totalement étranger au génie historique espagnol, bâti à Madrid autour de l’Escurial et non au sein des confettis décentralisés autour d’élus locaux que la langue castillane qualifie d’ailleurs de « locos ».

En définitive, Valence ne fait que confirmer, une fois de plus, notamment après la pandémie du covid, cette grande loi qui gouverne l’espèce sapiens depuis 300 000 ans, une loi que le philosophe et sociologue français Raymond Aron avait formulé en ces termes, en 2005 : « l’ignorance et la bêtise sont des facteurs considérables de l’histoire. »

Jean-Claude Martinez

Encyclopédie des Nuisances : la télévision, arme de destruction massive aux mains de la Communauté 

Encyclopédie des Nuisances : la télévision, arme de destruction massive aux mains de la Communauté 

Oui, la télévision est, avec l’immigration génocidaire de Remplacement, l’une des armes les plus puissantes jamais utilisée par la Communauté pour nous détruire. Des générations se sont informées à travers elle, y cherchaient leurs divertissements, y puisaient leurs valeurs et leur vision du monde, leur imaginaire et leur savoir.

Il s’agit d’un petit cube saturnien noir, entièrement sous contrôle de l’hostile puissance.

En effet, la télévision est sous le contrôle des factions oligarchiques libérales, démocraseuses, socialistes, gauchistes… autant de nuances, autant de courants hérités de l’esprit révolutionnaire juif tel que brillamment diagnostiqué par le Pr Eugène Michael Jones.1

Autant de masques et de succursales du Judaïsme politique.

Les derniers consommateurs de télévision -hélas encore la tranche d’âge la plus populeuse- sont les boomers. Ils tirent d’elle l’essentiel de leur convictions, de leurs superstitions, de leurs aveuglements : culte shoatique, premier prix de judéoservilité, européisme béat, ethnomasochisme et sanfrontiérisme suicidaire, crédulité covidiste et scientiste, conformismes en tous genre.

Les jours du lavage de cerveaux sont comptés. Le charme talmudovisuel est rompu. Ils prendront fin avec l’âge des baby boomers !

Cassez vos télévisions

Comme le suggère les paroles de la chanson du groupe Ile de France : « Cassez vos télévisions ». Nous suggérons depuis le début des années 2000 d’en faire des cages à chatons. Y apparaissent tous les ennemis du peuple Français – l’Anti-France – dont de nombreux membres de la Tribu de Lumière que Maurras aura dénoncé jusqu’à sa mort, comme nos ennemis mortels, ayant juré notre perte, et conspirant sans cesse contre les Nations. 

Nos amis ne devraient point (trop) entretenir de télévision dans leur foyer s’ils veulent consacrer leur énergie au service du Bien commun. Elle est un appareil de propagande anti-naturelle, antinationale, poussant sans fin la dégénérescence, la corruption morale, l’abrutissement et la vulgarité…

C’est une bouche d’égout d’où se sont répandues la violence ininterrompue des séries criminelles et des guerres impérialistes de l’Otan, comme la concupiscence par la nudité, l’impudicité du cinéma depuis les années 50 et le porno -autre industrie tenue par la Communauté- depuis les années 80 avec Canal+.

Qu’il s’agisse du sport  activités ludiques infantiles offertes aux hommes faites pour les maintenir dans un état d’immaturité- ou de la « politicaillerie », des grands événements, comme des petites fictions, partout où l’on pose les yeux, il n’y a guère dans cette « boîte à troubadour » 2 que laideur, propagande, mensonge et bêtise.

Un prêtre irlando-américain avait l’habitude de dire qu’ « avoir une télévision dans son foyer, c’est comme avoir un juif dans son salon. » On ne saurait mieux dire, il n’en sort rien de bon de cette « fenêtre du Diable ».3

Elle est un poison pour les cerveaux, une irrémédiable perte de temps pour nos adolescents et nos jeunes gens, une école de la paresse, de la bêtises et de l’insoumission pour nos jeunes femmes, un abrutissant loisir et elle engendre de nuisibles occasions de chuter pour nos messieurs.

Préférez donc la fréquentation de la presse écrite nationaliste, d’un bon livre de nos éditions d’AF, d’un bon film, ou encore d’un beau documentaire sur nos canaux dissidents.4

Sébastien Kerrero ( Monsieur K)

Sources

1 E.M. Jones, L’esprit révolutionnaire juif et son impact sur l’histoire du monde, Ed. St Rémy.

2 Expression employée dans le navet Les visiteurs 2, devenu, par la force des choses un « chef d’œuvre » quand on le rapproche de réalisations plus récentes. 

3 Expression employée par les moines hésycastes du Mont Athos, haut lieu de la foi Orthodoxe.

4 Retrouvez des centaines d’heures de films et de documentaires de qualité sur le fil Télégram de Sébastien Kerrero/Monsieur K ici : @Repaire_k

Marie-Antoinette, reine martyre  

Marie-Antoinette, reine martyre  

(1755 – 1793)

Peu de personnages de l’histoire de France ont suscité autant de passions que Marie-Antoinette, dont la vie, commencée dans les palais viennois, s’est tragiquement achevée dans la boue fangeuse du Paris révolutionnaire.

Princesse jugée tout à la fois frivole et manipulatrice par ses détracteurs, martyre injustement décriée aux yeux de ses partisans, elle est même devenue une sorte d’« icône universelle », une femme libérée et incomprise, à mi-chemin entre Sissi et Antigone. Un temps adulée par ses sujets avant d’être l’objet de toutes les avanies, elle semble surtout avoir été un pur produit de son milieu, une jeune ingénue imprudente, certainement coquette, et sans grande intelligence politique. Mais quels qu’aient pu être ses défauts ou ses faiblesses, tous s’accordent aujourd’hui à reconnaître qu’ils ne pesaient pas lourds dans la balance, comparés à ses malheurs et à son courage dans l’adversité.

L’archiduchesse Marie-Antoinette est le quinzième enfant de Marie-Thérèse d’Autriche et de François Ier. Tandis que sa mère, femme de tête à l’apogée de sa gloire, mène une active politique matrimoniale pour assurer à son abondante progéniture une place de choix dans les capitales européennes, la petite « Antonia » est élevée dans la simplicité des cours allemandes, entre les châteaux de la Hofburg et de Schönbrunn. En 1764, des pourparlers sont engagés avec Choiseul, le ministre de Louis XV, pour la marier au dauphin, afin de sceller la fameuse alliance franco-autrichienne de 1756. Une fois la chose assurée, l’impératrice se soucie alors davantage de l’instruction négligée de sa fille, « née pour obéir et devant apprendre en temps voulu à le faire ».

Car si Marie-Antoinette excelle dans les usages auliques comme la musique et la danse, elle ne maîtrise pas le français, peine à se concentrer et sa conversation est décousue. L’abbé Vermond, envoyé par Louis XV pour parfaire ses connaissances, ne peut que constater qu’« un peu de paresse et beaucoup de légèreté m’ont rendue son instruction difficile ». Même son frère Joseph, en dépit de l’affection qu’il lui porte, ne voit en elle qu’une « tête à vent » et sa mère doit se rendre à l’évidence : « Son âge demande de l’indulgence ».

« Née pour obéir et devant apprendre en temps voulu à le faire »

Marie-Antoinette n’a en effet que 14 ans lorsqu’elle arrive en France au printemps 1770. Elle ne peut s’en remettre qu’à son mentor, l’ambassadeur d’Autriche, le comte Mercy d’Argenteau, qui rend compte à Vienne des moindres détails de son quotidien. Malgré la profonde méfiance qu’inspire le rapprochement franco-autrichien, elle charme immédiatement tous ceux qui la rencontrent. Dans une cour vieillissante, on célèbre sa jeunesse, sa fraîcheur et surtout la grâce légendaire de sa démarche et de son port de tête. Même les Parisiens acclament la dauphine, à laquelle tout semble sourire.

Pourtant, passés les premiers étourdissements, les rigueurs du cérémonial de Versailles lui pèsent. Son lever donne lieu à un nombre incalculable de gestes codifiés et hiérarchisés, mettant à mal la pudeur de celle que l’on fera plus tard passer pour une horrible Messaline. Son coucher est ausculté à travers l’Europe entière. Tous en effet s’interrogent en effet sur la non-consommation, sept années durant, de cette union entre un trop jeune dauphin, le futur Louis XVI, assurément maladroit et inhibé, fuyant une épouse qui cherchait tout autant que lui à se dérober à ce qui est vécu comme une corvée. Il faut attendre la venue « incognito », en 1777, du frère de Marie-Antoinette, Joseph, chargé de sermonner les jeunes époux, pour que la situation évolue. Dès l’année suivante naissait Madame Royale. Elle allait devenir l’aînée des quatre enfants à l’éducation desquels, chose nouvelle, Marie-Antoinette voudra activement participer en leur inculquant les idéaux rousseauistes tels que la simplicité et la spontanéité.

Reine à 19 ans, face à la vieille cour de Versailles…

L’étiquette contraignante de la cour lui déplaît également et elle ne manque pas de le manifester. Elle refuse longtemps d’adresser la parole à la favorite de Louis XV, la Du Barry, et dédaigne d’illustres figures, s’attirant l’inimitié de la vieille cour. Reine à 19 ans, elle continue de privilégier ses désirs personnels aux dépens des contraintes qu’impose son rôle public. Aux représentations officielles, elle préfère les escapades à Paris, pour aller à l’opéra, les promenades nocturnes dans les jardins de Versailles pour assister au lever du soleil, et surtout le Trianon, que lui a offert le roi. À partir de 1774, c’est là son domaine, dont l’étiquette est bannie : « J’y vis en particulière ». Elle y reçoit ceux pour lesquels elle éprouve une folle amitié, car la mode est à l’épanchement des cœurs et à une certaine sensiblerie préromantique. Bénéficient ainsi de l’exclusivité de ses faveurs la princesse de Lamballe, surintendante de la Maison de la Reine, et surtout la duchesse de Polignac, qui sera nommée gouvernante des enfants de France, au détriment d’autres dames de haut rang de la cour. Des hommes sont aussi conviés dans cette petite société, parmi lesquels le séduisant aristocrate suédois Fersen auquel on a prêté une liaison avec la reine.

Le secret entretenu autour de ces réunions au Trianon ne manque pas de donner naissance à une série de critiques venimeuses de la part de ceux qui n’y sont pas admis. On y imagine une reine volage à la sensualité débridée, des relations incestueuses avec Artois, le frère du roi, mais aussi un goût pervers pour les femmes : autant de rumeurs donnant matière aux libellistes qui s’attaquent de plus en plus à Marie-Antoinette. Mais les pamphlets glissent sur le jeune reine qui, insouciante, se contente de jouer à la bergère ou de s’investir dans la décoration pastorale de son domaine.

En plus des anecdotes scandaleuses qui courent à son sujet, on reproche à « Madame Déficit » ses dépenses, supposées être responsables de la faillite de l’État. Elles étaient certes considérables, comme celles des autres membres de la famille royale d’ailleurs. Marie-Antoinette a ainsi beaucoup perdu au jeu qui a été quelques temps l’une de ses marottes. Sa garde-robe extravagante, son goût excessif pour les coiffures les plus extraordinaires ont assurément fait la richesse de la couturière Rose Bertin et de son coiffeur Léonard qui avaient leurs entrées dans ses appartements. Lorsqu’elle adoptera des tenues plus simples, on l’accusera, non plus de ruiner les dames françaises voulant l’imiter, mais de mettre à mal les soyeux de Lyon !

Il en va de même pour les bijoux. Louis XVI a dû quelquefois régler les dettes de son épouse qui les achetaient de façon compulsive, avant de réduire ces dépenses. Mais il est trop tard lorsqu’éclate, en 1785, l’Affaire du Collier qui lui fait enfin prendre conscience de son impopularité. En dépit de son innocence dans cette escroquerie montée par une mystérieuse comtesse de Lamotte, elle est totalement décrédibilisée aux yeux de l’opinion par l’acquittement, prononcé au parlement de Paris, des principaux protagonistes de cette histoire rocambolesque.

Bouc-émissaire facile de toutes les faiblesses de la monarchie

On lui reproche également son influence sur le roi, en lui attribuant en matière de politique bien plus qu’elle n’en a fait. Elle a certes voulu le renvoi du duc d’Aiguillon en 1774, mais il était déjà condamné à quitter la cour à la mort de Louis XV. Elle a également poussé Loménie de Brienne aux plus hautes charges. Mais elle n’a jamais par exemple obtenu le retour de Choiseul. Bien incapable d’imposer ses « vetos » au roi qui ne s’est jamais laissé manœuvrer, elle a en réalité mené une activité fébrile, sans grande cohérence.

Il en est de même dans le domaine des affaires étrangères, où son influence semble avoir été nulle. Sa mère, qui l’enjoignait à « rester une bonne Allemande », puis son frère, qui l’accablait de demandes incessantes, auraient souhaité en faire un agent au service des Habsbourg sur l’échiquier européen. Mais ce fut en vain. Ainsi quand Joseph intervient en Bavière, à la mort de son électeur, sans héritier, ou quand il veut forcer le monopole sur les bouches de l’Escaut, Louis XVI ne soutient pas l’expansionnisme de son beau-frère.

Faire de Marie-Antoinette le bouc émissaire responsable de toutes les faiblesses et de tous les échecs de la monarchie ne suffit pas à calmer la fermentation politique qui agite le royaume. L’incapacité du pouvoir à réformer la fiscalité entraîne bientôt la convocation des États Généraux, durant lesquels la reine, qui a déjà perdu une fille, ne peut même pas assister aux funérailles du dauphin. Insultée jusque dans Versailles par les poissardes, il lui faut, en octobre 1789, accepter de s’installer avec les siens aux Tuileries.

De là, elle assiste, impuissante, à l’enchaînement des événements révolutionnaires. À l’émigration des nobles et, depuis l’étranger, aux conspirations qui menacent la propre sécurité de la famille royale. À la constitution civile du clergé et à la division religieuse du pays, avec le retour du spectre de la guerre civile… Les rumeurs enfin qui lui font craindre d’être enfermée dans un couvent.

Un regain d’énergie dans l’adversité

Contrairement à Louis XVI, qui paraît souvent désemparé et irrésolu, la reine trouve néanmoins un regain d’énergie dans l’adversité. Elle semble ainsi être à l’origine de la fuite à Varennes qui, mal conduite, est un dramatique échec. Tandis que le comte de Provence  réussit à gagner la Belgique, le couple royal est ramené à Paris sous les huées. Événement capital qui ouvre un abîme définitif entre la royauté et un peuple révolté.

En septembre 1791, la constitution que Louis XVI doit accepter est aux yeux de la reine « monstrueuse », un véritable « tissu d’absurdités ». Elle ne conçoit qu’un retour à l’ordre antérieur, jouant une sorte de double jeu. Elle se rapproche du député Barnave, visiblement fasciné, qui cherche à la convaincre du bien-fondé de la monarchie constitutionnelle. Mais, dans le même temps, elle double sa correspondance de suppliques aux puissances étrangères, défendant l’idée dangereuse d’une démonstration militaire – et non pas d’une invasion qui conduirait à l’amputation du royaume – pour effrayer les Français.

La déclaration de guerre à l’Autriche, en avril 1792, conduit à une nouvelle dégradation de sa situation. Lorsque, le 20 juin, les Tuileries sont envahies une première fois, elle craint pour ses enfants. Quelques semaines plus tard, la publication du « manifeste de Brunswick » qu’elle appelait tant de ses vœux, précipite les événements : en menaçant de représailles ceux qui s’attaqueraient à la famille royale, ce texte stupide lance les sans-culottes à l’assaut du palais et sonne le glas de la monarchie.

Après avoir trouvé refuge à l’Assemblée, c’est depuis sa prison de la tour du Temple que le couple royal assiste à sa déchéance et à la proclamation de la république. Au moins aura-t-il ainsi été à l’abri du délire sanguinaire des massacres de septembre, durant lesquels la princesse de Lamballe est sauvagement tuée pour avoir refusé de jurer la haine du roi et de la reine. La foule vient alors montrer sa tête, plantée sur une pique, sous les fenêtres de Marie-Antoinette.

Combien d’épées pour la sauver ?

Le nouveau régime ne met pas un terme aux épreuves qui devaient avoir raison de Louis Capet, comme on l’appellerait désormais, et de sa femme. La découverte de l’« armoire de fer » et de la correspondance – bien anodine – du souverain avec des hommes comme Mirabeau et La Fayette, permet de façon opportune de faire juger le roi. Séparé des siens durant tout le temps du procès, il ne revoit sa femme et ses enfants que brièvement la veille de son exécution, le 21 janvier 1793. Sa mort laissa longtemps Marie-Antoinette, de surcroît malade, dans un état de totale prostration.

Oubliée un temps par la fureur révolutionnaire, elle espère être échangée, mais c’était sans compter la profonde indifférence à son égard du nouvel empereur, son neveu François II. Les succès de la coalition formée contre la France et la trahison de Dumouriez la rappellent au bon souvenir de Robespierre et d’Hébert, qui réclame ouvertement sa tête.

Au début de l’été 1793, on lui enlève son fils de huit ans, le petit Louis XVII, avant de la transférer à la Conciergerie, antichambre du tribunal révolutionnaire. C’est là qu’elle doit supporter quelques mois plus tard une mascarade de procès. Transfigurée et les cheveux « blanchis par le malheur » (elle n’a que 38 ans), elle est mise en accusation trente heures durant. Elle conserve un calme marmoréen, du moins jusqu’à ce qu’on l’accuse d’inceste avec son fils. Elle en appelle alors de façon pathétique aux mères de France. Sa dignité impressionne l’assistance et exaspère les plus fanatiques, qui y voient, comme Le Père Duchesne, « de l’audace et de l’insolence ».

Condamnée à mort, promenée deux heures durant sur une charrette, elle est guillotinée le 16 octobre par le fils du bourreau de Louis XVI, avant que son corps, la tête entre ses jambes, ne soit quelque temps abandonné dans l’herbe du cimetière de la Madeleine.

« Dans une nation de galanterie, dans une nation composée d’hommes d’honneur et de chevaliers, je croyais que 10 000 épées seraient sorties de leurs fourreaux pour la venger même d’un regard qui l’aurait menacée d’une insulte ! Mais le siècle de la chevalerie est passé », déplorait Burke dès 1790, dans ses Considérations sur la Révolution française. Trois ans plus tard, en pleine Terreur, rares sont ceux qui ont essayé de la sauver, au grand désespoir du seul chevalier qui ne l’ait jamais servie, Axel de Fersen.

Sa mort et son courage sur l’échafaud lui auront néanmoins rendu la dignité dont les pamphlets et les épreuves l’avaient privée.

Emma Demeester

Bibliographie
  • 1755 : Naissance de l’archiduchesse Marie-Antoinette à Vienne.
  • 1770 : Mariage avec le dauphin Louis.
  • 1774 : A la mort, de Louis XV, elle devient reine de France.
  • 1778 : Naissance de Madame Royale.
  • 1785 : Affaire du Collier.
  • 1789 : Début de la Révolution ; mort du dauphin.
  • 20 juin 1791 : Fuite à Varennes.
  • Septembre 1792 : Proclamation de la république.
  • 21 janvier 1793 : Exécution de Louis XVI.
  • 16 octobre 1793 : Exécution de Marie-Antoinette.
Chronologie
  • 1755 : Naissance de l’archiduchesse Marie-Antoinette à Vienne.
  • 1770 : Mariage avec le dauphin Louis.
  • 1774 : A la mort, de Louis XV, elle devient reine de France.
  • 1778 : Naissance de Madame Royale.
  • 1785 : Affaire du Collier.
  • 1789 : Début de la Révolution ; mort du dauphin.
  • 20 juin 1791 : Fuite à Varennes.
  • Septembre 1792 : Proclamation de la république.
  • 21 janvier 1793 : Exécution de Louis XVI.
  • 16 octobre 1793 : Exécution de Marie-Antoinette.