Marion Sigaut : entretien

Marion Sigaut : entretien

Marion Sigaut : entretien

L’Action Française : Marion Sigaut, vous êtes une des toutes premières adhérentes d’Amitié et Action Française. Vous avez participé à une grande partie de nos colloques, vous êtes spécialiste du XVIIIe siècle et avez publié quantité d’ouvrages sur la crise de l’Ancien régime. Où en êtes-vous de vos travaux ? 

Depuis la publication de mon dernier livre, De L’amour et du crime : du sexe et des enfants en 2020 chez Sigest, je n’ai pas cessé mes recherches sur ce qui devait devenir Le Pain du peuple, un récit de ce qui fit sombrer la France catholique dans la barbarie libérale révolutionnaire. A chaque conférence à laquelle j’ai été conviée (ça n’arrête pas…), j’en profitais pour ajouter quelque chose à mes précédents travaux, jusqu’à être en possession d’un nombre impressionnant de données à présent classée et ordonnées. Il ne me reste plus qu’à rédiger.

Or je ne cesse d’être interrompue dans la réalisation de ce projet par quantité de sollicitations diverses.

Il y a bien sûr mon engagement en faveur de la protection des enfants contre la sexualisation et la pédophilie. Je suis sur ce chantier depuis près de trente ans, depuis que j’ai découvert avec horreur le sens du mot « pédophilie » et sa réalité dans notre environnement. Je me suis lancée avec passion dans l’analyse de toutes les données disponibles sur le sujet, et à chaque sollicitation je lâche tout pour m’y coller. Ça a donné des conférences un peu partout, mais ça repousse d’autant la rédaction du Pain du peuple

Récemment j’ai également été sollicitée pour aller regarder ce que fut le procès de Gilles de Rais, la figure la plus atroce de pédocriminel de notre Histoire. Pour une simple vidéo en direct, il m’a fallu lire une thèse, deux ou trois livres, quantité d’articles, visionner des vidéos. On n’imagine pas la somme de travail qui se trouve derrière chacune de mes interventions. Ça repousse d’autant la conclusion de mes précédents travaux et la pile de ce que j’ai à faire s’épaissit de jour en jour. 

Il y a quelque temps, je suis tombée sur une vidéo qu’on m’avait conseillée et qui annonçait avec fracas la fin prochaine du Nouvel Ordre mondial. Ce travail découpé en plusieurs épisodes assez longs, faisait un rappel historique des différents mouvements qui avaient porté, à travers les siècles, ce qui allait aboutir au monde d’aujourd’hui. J’ai froncé les sourcils à différentes reprises sur certaines allégations, mais comme je ne disposais pas des connaissances et des sources nécessaires pour vérifier, j’ai laissé couler. 

Mais quand je suis tombée sur un épisode totalement délirant sur les jésuites, j’ai bondi. Trop, c’est trop. Il se trouve que j’avais, justement, accès aux références et aux sources nécessaires pour démonter ce discours totalement cinglé. J’ai tout lâché pour répondre. 

Ça m’a pris des mois. J’ai fouillé dans mes notes, trouvé des références que je ne connaissais pas encore, lu encore quantité d’ouvrages et remonté à la source d’affirmations totalement inventées et diffamatoires dans des proportions ahurissantes. Quand il s’agit des jésuites, il semble que tout soit permis, aucune diffamation ne fait peur, aucune calomnie ne leur est épargnée.

Ça a donné une conférence, puis une deuxième, et enfin un projet de livre dont le plan est pratiquement prêt. Et de deux ! Par où commencer ? 

Et à chaque fois que je me mets à l’ordinateur pour m’atteler à l’un ou l’autre de ces projets, une nouvelle demande de conférence m’interrompt et je lâche tout.

Sur la pression très amicale de gens en qui j’ai confiance, j’ai décidé de me lancer, dans l’écriture d’un troisième sujet, en fait celui qui est à l’origine de tout mon engagement et des deux précédents : celui de la défense des enfants.

Voilà des années que je sillonne la France et au-delà pour alerter sur l’horreur de la sexualisation des enfants et de la pédophilie, il est temps de mettre tout ça noir sur blanc et de sortir un livre. 

Ça y est, je m’y suis enfin mise. Tant pis, provisoirement, pour le Pain du peuple et les jésuites, je retourne à mon premier sujet. J’y parlerai d’Histoire (je suis la seule à avoir remonté le fil des réseaux pédocriminels de l’Ancien régime jusqu’à nos jours) mais aussi de l’ahurissante infiltration de tous les recoins de notre société par le renversement des valeurs. J’essaye de faire un livre grand public clair, sourcé, documenté, qui démonte l’horreur de ce processus planétaire dont le but est la destruction de l’humanité.

Excusez du peu.

Je m’y inspire grandement des travaux magnifiques de la magnifique Judith Reisman qui, paradoxalement, est très méconnue en France. Bien que ses trois principaux ouvrages soient accessibles en français :

  • Depuis 2016 pour Kinsey, la face obscure de la révolution sexuelle, Saint-Denis, éd. Kontre Kulture,
  • 2017 pour La subversion sexuelle née des rapports Kinsey, Paris, Saint-Rémi,
  • enfin 2020 pour la mise en ligne de son dernier travail sur La troïka diabolique Kinsey, Rockefeller et CIA .

Ce sont des livres savants très denses que peu de gens ont lus et qu’il convient de vulgariser, au sens noble du terme. 

Je m’attelle donc à promouvoir sa pensée, son parcours et son combat, moi qui ai eu le privilège non seulement de la connaître mais d’avoir son amitié. Judith fut une des plus belles rencontres de ma vie, sa mort en 2021 m’a plongée dans un chagrin incommensurable. J’ai enquêté sur elle, sa famille, son parcours, ses aïeux, son œuvre. Je vous prépare une synthèse de ce qu’elle a apporté au monde. Elle fut de la race des géants. 

L’Action Française : Parallèlement et de manière complémentaire à vos travaux historiques (La Marche rouge), vous n’avez jamais cessé de dénoncer la pédocriminalité. Parlez-nous de vos combats ! 

C’est parce que j’avais découvert la réalité pédocriminelle autour de chez moi dans l’Yonne, que je me suis lancée dans la recherche historique. Il m’a semblé, d’une part, que ceux que je dénoncerais ne viendraient pas me chercher noise (je plaisante, mais le sujet est particulièrement sensible et dangereux) mais également que l’aspect historique des choses était indispensable pour venir à bout du phénomène présent. 

Il ne m’a pas échappé que la source de toutes ces horreurs semblait être, de façon récurrente, les services sociaux (et non l’Église comme on le répète bêtement, voilà bien longtemps que le phénomène y est à la marge). Mais d’où viennent ces services sociaux ? Qui les a créés ? Depuis quand sont-ils toxiques ? La Révolution a-t-elle changé quelque chose ? 

En étudiant la façon dont la pauvreté a servi de prétexte à un gigantesque trafic d’enfants sous l’Ancien régime, j’ai compris que les choses continuaient de la même manière sous d’autres formes. A l’heure actuelle, des parents en difficulté se voient retirer leurs enfants sous des prétextes odieux, et jamais l’authentique bien-être de ces derniers n’est pris en compte. C’est une horreur. La famille, ce nid protecteur dans lequel le petit d’homme est en sécurité pour grandir, est mise à mal par des organisations transnationales qui sapent l’autorité parentale, traumatisent les enfants par une sexualisation criminelle, les dressent contre leurs parents. Aujourd’hui, les viols par tournantes se font dans les cours d’école maternelle, des enfants violent des enfants. Il paraît qu’il ne faut ni s’en étonner ni s’en formaliser. C’est monstrueux. 

Il y a une source à cela. C’est à cette source que je m’efforce de remonter pour dénoncer, dénoncer et aider à trouver les moyens de résister.

L’Action Française : Pouvez-vous nous parler de Judith Reisman ? 

Portrait de Judith Reisman

Ma rencontre avec elle a été un tournant dans ma vie. Je sentais confusément que ma propre histoire devait avoir quelque chose à voir avec la révolution sexuelle qui m’est tombée sur la tête quand j’avais dix-huit ans. J’avais pris l’habitude de dire que j’avais sombré en mai 68, ce qui est vrai. Mais ça n’expliquait pas tout. Autour de moi, certains ont résisté, je n’ai pas su. En un tournemain, je suis devenue un jour une autre que ce que j’avais été jusqu’à cet instant T.

Je regardais un jour un film intitulé Kinsey’s paedophiles de l’Anglais Tim Tate, qui démonte avec beaucoup de précision ce que fut le phénomène Kinsey, et comment les mensonges de ce maniaque ont influencé le monde. 

Je ne sais plus exactement comment ça s’est déclenché, mais je me souviens d’avoir vu, sur la vidéo, les regards affolés et terrifiés de jeunes enfants à qui on montrait des scènes sexuellement explicites qui les remplissaient d’horreur. Derrière eux, des adultes se repaissaient de plaisir de leur affolement, j’ai soudain tout lâché. J’ai eu l’impression que toute ma vie défilait sous ce nouveau prisme : j’avais abandonné, à 18 ans, les valeurs de mon enfance sous la pression d’une entreprise mondiale savamment orchestrée, organisée et relayée par des maniaques. Ma volonté n’avait rien eu à y voir. Je m’étais fait avoir, manipuler, tromper, et le regard prédateur et carnassier de Kinsey et ses sbires venait de réveiller des souvenirs enfouis. J’ai commencé à avoir le souffle court, à haleter, à geindre, à pleurer. J’ai lentement glissé de mon siège et je me suis retrouvée sur le sol à crier, à me tenir le plexus et à battre des pieds. 

Ça a dû durer quelques minutes, pas plus. 

Mais je venais de toucher quelque chose d’essentiel : moi aussi. Moi aussi j’ai été abusée. Par qui, quand, c’est ce que je ne dirai pas ici. 

La suite de la vidéo fut déterminante : sur un plateau télé, une petite femme élégante faisait face à un aréopage de Messieurs qui semblaient se moquer d’elle. Elle défendait la morale, ils défendaient la liberté. C’était une réac, ils étaient le progrès. Sans se démonter, la petite dame a brandi le poing en leur direction. Et en pesant chaque mot qu’elle répéta plusieurs fois, elle leur dit que Kinsey avait utilisé des techniques orales et manuelles sur des centaines d’enfants pour leur déclencher des orgasmes.

Elle était fascinante. Son regard direct, son énergie, sa force, la bonté qui émanait d’elle, tout était magnifique dans cette sortie qui lui valut sarcasmes et sourires entendus. Judith ! Je venais de découvrir Judith Reisman. 

Dès cet instant j’ai tout fait pour la rejoindre. Je lui ai écrit, nous avons correspondu, nous nous sommes rencontrées et tombées dans les bras l’une de l’autre. Nous nous sommes retrouvées en Croatie, elle est venue chez moi, je l’ai retrouvée au Québec. Dès que la relation s’est établie entre nous elle n’a cessé de s’approfondir. Je l’ai fait traduire et éditer chez Soral, puis les Éditions de Saint-Rémy ont pris le relais et j’ai préfacé ces deux ouvrages. Enfin j’ai réuni un pool de traducteurs bénévoles pour mettre à la disposition des francophones son ultime travail. Cela faisait quarante ans qu’elle se battait sans que l’édition française juge opportun de la relayer. Comme si le monde de la sexologie avait pu ignorer ses sorties tonitruantes et son combat émaillé de menaces et de campagnes diffamatoires. 

Judith est morte en 2021, j’ai relu récemment son ultime message d’amitié et de confiance qui date de l’avant-veille du jour où elle s’est effondrée sur sa table de travail. Elle avait 85 ans. Ma Judith.

L’Action Française : Vous avez toujours défendu la dignité humaine, vous qui connaissez bien le sujet, que vous inspire la situation actuelle en terre sainte ? 

Gaza en ruine suite aux bombardements

C’est une épouvante. J’ai bien connu Gaza où je me suis rendue à différentes reprises. Avec l’Israélienne Arna Mer qui m’a fait connaître son amie de jeunesse la Palestinienne Mary Khass. Puis comme simple visiteuse venue faire un reportage. Comme envoyée ensuite du CCFD, à qui j’ai fourni un film sur le système alternatif de santé. C’est là que j’ai rencontré la directrice de l’hôpital Al Ahli, récemment bombardé. Cette femme admirable était chrétienne et elle était heureuse de m’assurer que, bien que célibataire (ce qui est rare dans la société palestinienne, d’autant que c’était une très belle femme), elle savait pouvoir compter sur le soutien de toutes les factions présentes à Gaza. J’ai voulu qu’elle précise : « même le Hamas » ? Avec un bon sourire, elle m’a répondu : « j’ai dit ‘toutes’. Absolument toutes ».

Enfin je m’y suis rendue comme invitée du Dr Fathi Arafat, frère de quelqu’un et créateur du Croissant rouge palestinien. 

C’est avec ce dernier que je peux assurer avoir piqué des fous-rires, Fathi était d’une drôlerie irrésistible. Les dîners chez lui, où des médecins, des infirmières, des travailleurs de santé picoraient dans des assiettes de salades savantes et de morceaux de poulet aux herbes, étaient joyeux et détendus, on riait à gorge déployée. J’ai de très beaux souvenirs de Gaza, j’en parle dans mes différents ouvrages.

Oui j’ai bien connu Gaza. J’ai sillonné ce territoire du Nord au sud, rencontré des gens magnifiques de solidarité, de résilience, de bonté et aussi de rage rentrée. Je ne me souviens pas d’avoir réussi à y mettre les pieds dans fondre en larmes à un moment où un autre. 

C’est surpeuplé, fait de bric et de broc. Lors des premiers bombardements en 2014 j’ai hurlé : comment peut-on bombarder un tel lieu ? C’est forcément faire des milliers de morts. Là ça dépasse l’entendement. C’est le bout du bout de l’horreur, c’est vraiment une entreprise d’extermination. Le froid, la pluie, les gravats, faim, la soif, la peur, la mort, tous les malheurs du monde sont concentrés dans ce bout de terrain qu’on peut embrasser d’un seul regard pour peu qu’on trouve une éminence. En son temps, il y avait à Khan Younes un grand bâtiment magnifique que Fathi Arafat avait fait ériger pour y loger un hôpital, un hôtel, un théâtre, un centre pour handicapés, une maison de retraite… Une merveille que j’ai vue sortir de terre et du sommet duquel on apercevait Tel Aviv au loin… 

Le centre n’existe plus et Khan Younes n’est plus qu’un champ de ruines. Mon cœur saigne, c’est insoutenable.

Je connais les Palestiniens. Ils ne partiront pas. Ils mourront sur place mais ils ne partiront pas. Ils l’ont déjà fait, ils ne recommenceront pas. La solution consistant à leur proposer de s’installer dans des villes de tentes dans le Sinaï est aberrante, et on peut le comprendre facilement ; personne au monde n’accepterait ça. Vous en voulez une preuve ? La voici : que dirait-on si on proposait aux habitants de Tel-Aviv de quitter les lieux sous 48h parce qu’on va incessamment les bombarder, et qu’on leur proposait comme solution d’aller s’installer dans le Sinaï dans des campements de tentes sous l’égide de l’ONU ? Mmmh ? 

J’ai longtemps cru à la solution de deux États, et je n’y crois plus depuis belle lurette. La seule solution est celle qui avait cours avant l’arrivée des sionistes, quand les juifs, les musulmans et les chrétiens étaient tous palestiniens et vivaient en paix. Ça a marché des siècles, ça remarchera si on le veut. 

Si Dieu le veut !

B’ezrat Hashem !

In sha allah !

6 février : les raisons d’un échec 

6 février : les raisons d’un échec 

Emeutes du 6 février 1934

L’Action Française doit se souvenir mais cesser de célébrer ses échecs. Pourquoi les manifestations de janvier et février 1934, dont celle du 6 février ont-elles échouées ? Maurice Pujo, après avoir conduit toute la campagne de l’AF sur l’affaire Stavisky en donne l’explication : sans une Action Francaise suffisamment forte, l’union des patriotes est stérile. 

À force de le répéter, les gens du Front populaire ont fini par croire que le Six Février était le résultat d’une terrible conjuration tramée de toutes pièces par d’affreux « fascistes » contre les institutions républicaines.

Rien ne correspond moins à la réalité. Le 6 Février a été, à son origine, le sursaut national le plus spontané, le plus pur d’arrière-pensées. Il a été la révolte de l’honnêteté et de l’honneur français contre un scandale qui était une des hontes naturelles et cachées du régime : le pillage de l’épargne sans défense avec la complicité des gouvernants qui en ont la garde. 

Sans doute, ce scandale a été mis en lumière, développé, « exploité », si l’on veut, par des patriotes conscients qui étaient les hommes de l’Action française. Là-dessus, M. Bonnevay, président de la Commission du Six Février, ne s’est pas trompé lorsqu’il nous a désignés comme les responsables de la mobilisation de l’opinion et de la rue.

C’est nous qui avons publié les deux fameuses lettres Dalimier qui avaient été, aux mains de Stavisky, les instruments de l’escroquerie. C’est nous qui, par nos premières manifestations, avons chassé du ministère ce Dalimier qui se cramponnait. C’est nous qui, pendant trois semaines, encadrant tous les patriotes accourus à nos appels, avons fait à dix reprises le siège du Palais-Bourbon. C’est nous qui, par cette pression sur le gouvernement et les parlementaires, avons arraché chaque progrès de l’enquête, empêché chaque tentative d’étouffement. C’est nous aussi qui avons publié la preuve de la corruption d’un autre ministre, Raynaldi, et c’est nous qui, en rassemblant des dizaines de milliers de patriotes, le 27 janvier, au centre de Paris, avons chassé le ministère Chautemps qui cherchait à se maintenir […]

Tenter le coup ?

Dira-t-on que nous envisagions le renversement du régime ? Eh ! nous ne cessons jamais de l’envisager ! Nous avons, dès nos débuts, proclamé que nous formions une conspiration permanente pour la destruction de la République, cause organique de nos maux, et pour la restauration de la monarchie, qui seule pourra les guérir.

Mais, en menant la chasse aux prévaricateurs complices de Stavisky, nous n’avions pas visé, de façon préconçue, cet heureux événement. Il y avait des services immédiats à rendre à la France ; nous les lui rendions. Si, au terme de cette crise, la restauration de la Monarchie pouvait être tentée, nous n’en manquerions certes pas l’occasion. C’est seulement un fait qu’il n’y a pas eu d’occasion parce que les conditions nécessaires ne se sont pas trouvées réunies.

C’est ce que nous devons répondre à ceux qui, nous faisant le reproche inverse de celui de M. Bonnevay, estiment que nous aurions dû « tenter le coup ». Il y avait sans doute – ce qui est important – un malaise incontestable qui, au-delà des hommes au pouvoir, était de nature à faire incriminer le régime. Il y avait même, à quelque degré, dans l’esprit public, un certain état d’acceptation éventuelle d’un changement. Il y avait aussi l’inorganisation relative et le sommeil des éléments actifs chez l’adversaire socialiste et communiste. Mais ces conditions favorables, en quelque sorte négatives, ne pouvaient suppléer à l’absence de conditions positives indispensables pour avoir raison de cette chose solide par elle-même qu’est l’armature d’un régime resté maître de son administration, de sa police et de son armée. Et il faut un simplisme bien naïf pour s’imaginer qu’en dehors des jours de grande catastrophe où les assises de l’État sont ébranlées, comme au lendemain de Sedan, le succès peut dépendre d’un barrage rompu…

Pourquoi Monk n’a pas marché

Ce qui a manqué au Six Février pour aboutir à quelque chose de plus substantiel que des résultats « moraux », c’est – disons-le tout net – l’intervention de ce personnage que Charles Maurras a pris dans l’Histoire pour l’élever à la hauteur d’un type et d’une fonction, l’intervention de Monk. Un Monk civil ou militaire qui, du sein du pays légal, étant en mesure de donner des ordres à la troupe ou à la police, eût tendu la main à la révolte du pays réel et favorisé son effort. Un Monk assez puissant non seulement pour ouvrir les barrages de police, aussi pour assurer immédiatement le fonctionnement des services publics et parer à la grève générale du lendemain.

La question de ce qu’on a appelé à tort l’échec du Six Février se ramène à celle-ci : pourquoi Monk n’a-t-il pas marché ?

Répondra-t-on qu’il n’a pas marché parce qu’aucun Monk n’existait ? Il est certain que personne ne s’était désigné pour ce rôle. Mais c’est essentiellement un domaine où le besoin et la fonction créent l’organe. Il y aurait eu un Monk et même plusieurs si les circonstances avaient été telles qu’elles pussent lui donner confiance.

Certains s’imaginent qu’ils décideront Monk par la seule vertu de leurs bonnes relations avec lui et dans quelques conciliabules de salon. Singulière chimère ! Monk éprouve très vivement le sentiment de sa responsabilité. Ce n’est qu’à bon escient qu’il acceptera les risques à courir pour lui-même et pour le pays et il a besoin de voir clairement les suites de son entreprise. Devant apporter une force matérielle qui est tout de même composée d’hommes, il a besoin de pouvoir compter, pour le soutenir, sur une force morale assez puissante. Il ne réclame pas de civils armés – c’est là l’erreur de la Cagoule – qui doubleraient inutilement et gêneraient plutôt les soldats, mais il veut trouver autour de lui, lorsqu’il descendra dans la rue, une « opinion » claire, forte et unie.

Et cela n’existait pas au Six Février. Si les manifestants étaient unis par le sentiment patriotique et le mépris de la pourriture politicienne, ils n’avaient pas d’idée commune sur le régime qui conviendrait à la France pour la faire vivre « dans l’honneur et la propreté ». De plus, les rivalités de groupes et les compétitions des chefs empêchaient même que, séparés dans la doctrine, ils pussent s’unir dans l’action.

Depuis le début de l’affaire Stavisky jusqu’au 27 janvier où notre manifestation des grands boulevards renversa le ministère Chautemps, il y avait eu, dans l’action, une direction unique : celle de l’Action française. C’est à ses mobilisations que l’on répondait ; c’est à ses consignes que l’on obéissait. (On lui obéit même le jour où, en raison de la pluie et pour épargner un service plus pénible à la police, nous renonçâmes à la manifestation) Mais, à partir du 27 janvier, devant les résultats politiques obtenus et ceux qui s’annonçaient, les ambitions s’éveillèrent, et les groupements nationaux préparèrent jalousement, chacun de son côté, leur participation à une action dont ils comptaient se réserver le bénéfice. Cette agitation et cette division ne firent que croître, après la démission de M. Chiappe, préfet de police, survenue le 3 février.

Aucune entente

La Commission d’enquête a cherché un complot du Six Février. Mais il n’y avait pas un complot pour la bonne raison qu’il y en avait cinq ou six qui s’excluaient, se contrariaient et se cachaient les uns des autres. Il y en avait dans tous les coins et sur les canapés de tous les salons. On peut se rendre compte qu’il n’y avait aucune entente entre les groupes divers en examinant les rendez-vous qu’ils avaient donné pour la soirée historique, et les dispositions qu’ils avaient prises, sans parler des manœuvres qu’ils firent et dont à peu près aucune n’était d’ailleurs préméditée.

Si, par impossible, les patriotes l’avaient emporté dans de telles conditions, s’ils avaient chassé le gouvernement et le parlement, le désaccord entre eux n’aurait pas manqué d’apparaître presque aussitôt et les gauches vaincues n’auraient pas tardé à reprendre le pouvoir.

C’est à quoi le Monk inconnu, le Monk en puissance, devait songer. C’est pourquoi il s’est abstenu d’une intervention qui aurait été stérile. C’est pourquoi la journée du Six Février n’a pas donné de plus grands résultats.

Maurice Pujo

Liberté politique

Liberté politique

Marianne : égérie de la liberté politique
La liberté guidant le peuple – Eugène Delacroix

Il y a quelques mois, nous avons cité et commenté un extrait du Mythe de la Liberté dans lequel Sisley Huddleston montrait que cette mystique de liberté politique menait à l’oppression et à la terreur

« Le vrai symbole de la Liberté, écrivait-il, c’est la guillotine, et je voudrais qu’à l’entrée du port de New-York, à la place de la déesse à la torche, on mît l’échafaud où ont fini toutes les revendications humaines au nom de la Liberté. »

Quel était l’avis de Maurras sur la liberté politique ?

Dans la préface de Romantisme et Révolution, Charles Maurras consacre quelques pages aux trois termes de la devise républicaine. Il le fait dans une autre perspective en allant à l’essence même des principes. Ces pages capitales seront reprises dans Sans la muraille des cyprès… (J. Gilbert, Arles, 1941).

« Des trois idées révolutionnaires que nous avons inscrites sur nos murs, la première, le principe de la liberté politique, constitutif du système républicain, a tué le respect du citoyen, je ne dis pas seulement pour les lois de l’État qu’il considère comme de banales émanations d’une volonté provisoire (comme l’est toute volonté), mais aussi et surtout pour ces lois profondes et augustes, leges natae, nées de la nature et de la raison, où les volontés du citoyen et de l’homme ne sont pour rien : oublieux, négligent, dédaigneux de ces règles naturelles et spirituelles, l’état français perdit prudence, exposé ainsi à fléchir. »

La licence politique abolit tout principe supérieur

La liberté politique posée comme principe absolu rend les lois de l’État révocables par le suffrage des élus ou le suffrage de tous les citoyens. Elles ne sont plus que des règlements provisoires qu’on observe sans les respecter ; si on ne les approuve pas, on prend son mal en patience en militant pour un changement de majorité au prochain scrutin.

Les républiques antérieures à la Révolution avaient leurs tares, mais elles avaient également de quoi freiner cette liberté politique : la loi naturelle (leges natae), « les lois divines et humaines », comme dit Cicéron, devant lesquelles le Conseil ou le Sénat, les assemblées populaires de l’Agora ou du Forum ne pouvaient que s’incliner avec respect. Au-dessus de la Cité régnait la Loi qui gardait et protégeait la Cité.

Avisant un jour dans une galerie de son palais une personne qu’il ne connaissait pas, Henri IV, voulant savoir de quel grand seigneur dépendait ce simple gentilhomme, lui demanda à qui il appartenait. « A moi-même » répondit l’homme avec une certaine impertinence. « Vous avez là un bien sot maître », répliqua le Béarnais. Sous couvert de liberté politique, le citoyen de la République française dépend lui aussi d’un bien sot maître : sa volonté, capricieuse, fluctuante, influençable et malléable.

Quelles sont les conséquences de la liberté politique à notre époque ?

Pendant longtemps, le poids du passé préserva la République de l’exercice complet de la Liberté politique, les lois naturelles furent respectées malgré de sérieuses entorses sociales et morales, parce qu’on ne pensait pas à les violer par principe. Mais depuis plusieurs dizaines d’années la démocratie est entrée au plus intime des mœurs ; elle atteint et dépasse le niveau de la démocratie politique. Une frénésie de bafouer, de détruire a saisi notre société. Les lois les plus élémentaires de la famille, les lois fondamentales de la Vie et de la Mort sont remises en cause. Après avoir désacralisé le mariage, par exemple, la liberté politique absolue veut le faire descendre au-dessous de l’accouplement des animaux. Ne surinterprétons pas notre lecture de Maurras au-delà du raisonnable ; il n’a pas pensé au PACS ou au mariage entre personnes du même sexe, mais il a bien discerné que la Liberté, dans son essence, menait à la ruine et à la mort : « Il ne faut pas dissimuler que l’on court le risque de voir ainsi s’éteindre l’homme même, l’homme politique et l’homme raisonnable, l’homme artiste et l’homme chanteur. Qui prolonge la double courbe romantique et révolutionnaire ouvre à l’Esprit une ample liberté de mourir. »

Gérard Baudin

Blocages paysans : contre le paysanicide

Blocages paysans : contre le paysanicide

Blocage des paysans 2024
Blocage d’une autoroute par les paysans

Dans les pays d’Europe sous domination judéo-capitaliste avancée – France, Allemagne et Pays-Bas – le monde paysan a été presque entièrement liquidé depuis le début de l’Occupation américaine et de l’Épuration. Cette destruction de la paysannerie française aura été un phénomène composite. Ce fut un savant mélange d’exode rural, de mécanisation, de remembrement, de concentration des exploitations, de monoculture, d’endettement, de subventions, d’effondrement des prix, de jachères, de libéralisation du marché intérieur et de mondialisation des cours des denrées.

Ce fut encore l’invasion de la chimie, l’artificialisation des procédés de production pour passer de la paysannerie à l’industrie agricole et sa cohorte de nécrotechnologies: pesticides, fongicides, détergents, hormones de croissance, perturbateurs endocriniens, métaux lourds et cancérigènes. Ce furent encore la vente à perte, les marges arrières de la grande distribution, le pillage des intermédiaires et des courtiers, la destruction des récoltes (le fameux retrait) pour le maintien des prix, l’inflation normative et réglementaire, le totalitarisme des coopératives, le racket bancaire. Ce furent la PAC, les accords de libre-échange, la culture des subventions.

Ce fut la solitude de l’agriculteur, les enfants qui ne reprennent pas, le vieillissement de la profession : plus de la moitié sont âgés de 50 ans ou plus1.

Le suicide souvent, au bout du chemin, la mort toujours…

Lorsque j’étais adolescent, la France comptait encore 2% d’agriculteurs, soit 1 200 000. Ils ne sont plus aujourd’hui que 400 000 pour nourrir un pays de soixante-dix millions de Français et d’étrangers. L’artificialisation, la mécanisation, l’industrialisation par les “apports” de la chimie expliquent en partie cette baisse. Mais cette approche descriptive et fataliste est en réalité une entreprise de naturalisation de phénomènes qui n’avaient rien d’inéluctables. Tous ces phénomènes conjugués qui conduisent à la destruction progressive de la paysannerie française furent les résultats prévisibles de politiques publiques constantes.

L’habileté de ces manœuvres qui s’étendent sur un temps très long ne peut faire oublier que ce fut d’abord une intention. Il serait temps que les Français et plus largement les Européens commencent à se demander “Qui” les veut morts…

L’Allemagne dernière chance de la France.

Ce n’est pas le moindre des paradoxes que sous la plume d’un vieux militant d’Action Française on en vint à lire que l’Allemagne est peut-être la dernière chance de la France. En effet, c’est de là, à la suite des premières secousses aux Pays-Bas, qu’est né le mouvement agricole qui enflamme toute l’Europe, de l’Espagne à la Pologne. Souhaitons que ces révoltes s’élargissent à d’autres secteurs professionnels : camionneurs, artisans, taxis, etc.

Ce mouvement pourrait bien devenir ce qu’auraient dû être les Gilets Jaunes. Un immense mouvement d’insurrection nationale et populaire devant les destructions continues commises par les oligarchies prédatrices, satellisées autour du Judaïsme politique, noyau nucléaire du pouvoir de l’étranger en France.

L’oligarchie judéoforme, avec ses loges, ses clubs, ses réseaux de sodomites – nouvel État confédéré tout puissant – ne hait rien de plus que le monde rural, avec ses accents, ses patois, ses bourrées…

C’est eux qui après avoir tué la paysannerie, massacrent la ruralité, en poussant les entrepreneurs agro-industriels au suicide. Il s’en tue deux par jour dans ce pays de Cocagne.

Guerre en Ukraine et crise agricole

La guerre de l’Otan contre la Russie est l’une des causes de cette énième crise du monde agricole. Le renchérissement de l’énergie et des combustibles a certes été décidé dans le cadre des politiques pseudo environnementales et malthusiennes de l’Occupation à Bruxelles comme à Davos, mais il est aussi conséquent à la flambée du prix du gaz qui sert d’indice aux factures du marché énergétique européen.

L’importation de denrées venues d’Ukraine en soutien au régime de faillite et de corruption de la Kiev de l’Otan a également effondré les cours de la volaille par exemple. Ce sont 230 000 tonnes de volailles ukrainienne qui ont été importé dans l’Union européenne cette année soit 100% de plus qu’il y a deux ans.

Le chaos s’étend à tous les champs : militaire, diplomatique, économique, énergétique, agricole.

Cette guerre touche toute l’Europe mais elle vise d’abord et avant tout l’Allemagne.

Son secteur industriel fut également ciblé par l’attaque terroriste sur les gazoducs NordStream 1 et 2. Biden avait annoncé à mots à peine voilé que pour séparer l’Allemagne et la Russie qui ont fusionné leurs économies durant les 25 dernières années, ce type d’opérations était au programme.

Les agriculteurs Allemands ont donc été les premiers touchés. C’est au tour aujourd’hui des Français.

Mouvement en péril

Le volcan agricole s’est réveillé. Il sera difficile désormais de faire que les coulées de laves ne sortent pas de leur lit.

Pourtant plusieurs périls menacent : le tempérament gaulois de nos agriculteurs qui risquent de se diviser sur des contradictions internes au monde agricole.

Les éleveurs n’ont pas exactement les mêmes intérêts ni les mêmes revendications que les céréaliers et ainsi de suite.

Le matérialisme des Français, avilis par 230 ans de révolution et de république, 70 ans de consumérisme et d’irréligion.

Pour peu que le gouvernement mène bien ses négociations en concédant des avantages matériels, beaucoup de ces blaireaux rentreront chez eux boulotter les crédits fiscaux concédés par un comitatus aux abois. Le moindre des périls d’un tel mouvement est son impolitisme et son absence de chefs formés et porteurs des idées claires du nationalisme intégral.

C’est là que nous avons un rôle à jouer en infusant le nationalisme intelligent dans les milieux agricoles, mais aussi chez les pêcheurs, les viticulteurs, dans les mouvements culturels localistes et autonomistes, du Béarn à l’Alsace, de Corse à la Bretagne.

Nationalistes, soyons comme le levain dans la pâte, allons sur les points de blocages et propageons la saine doctrine, nommons et désignons l’ennemi et ses complices après avoir fait sauté un bouchon, pour célébrer ces retrouvailles de la France avec elle-même. Et ne perdons pas de vue que rien ne se fait en quelques jours et que tous nos actes au service du Bien commun s’additionnent.

Nous aurons ainsi, un jour pas si lointain, du vin aux vignes.

Sébastien Kerrero (Monsieur K)

  1. Insee Focus n 212, paru le 23/10/2020. Les agriculteurs : de moins en moins nombreux et de plus en plus d’hommes. ↩︎
Louis XVI : Messes et hommages 

Louis XVI : Messes et hommages 

Messes et hommages à Louis XVI 2024

Ce 21 janvier 2024 marquera le 231e anniversaire du martyre de Louis XVI. Comme chaque année, de nombreuses messes de suffrages seront célébrées à cette occasion. En voici une liste non exhaustive que nous mettrons à jour au fur et à mesure que les informations nous arriveront :

20 JANVIER

  • BASTIA : une Messe de Requiem sera célébrée à 17 h en l’église Saint-Charles de Bastia, pour le roi Louis XVI et toutes les victimes de la Révolution.
  • BÉZIERS : l’Association Louis XVI de Béziers vous invite à assister à la Messe de Requiem pour Louis XVI et toutes les victimes de la Révolution, qui sera célébrée à 12 h, en l’église Saint-Jacques, par M. le Chanoine Paul Le Brethon (ICRSP).
  • BORDEAUX : une Messe pour Louis XVI sera célébrée en l’église Saint-Éloi (IBP) le samedi 20 janvier à 18h30.
  • BRUXELLES : l’ICRSP en Belgique vous invite à participer à la messe pour le repos de l’âme de Louis XVI qui sera célébrée par Mgr Gilles Wach, le samedi 20 janvier 2024, à 11 heures, en l’église du couvent Sainte-Anne, avenue Léopold-Wiener. Elle sera suivie d’une réception.
  • CARCASSONNE : une Messe « pour le repos de l’âme du Roi Très Chrétien Louis XVI, martyr de la Révolution, et pour le salut de la France » sera célébrée en la basilique Saint-Nazaire-et-Saint-Celse de Carcassonne, à la demande de l’IMB.
  • LA GAUBRETIÈRE (85130) : l’Association Royaliste Légitimiste de Vendée vous invite à la messe célébrée en la chapelle de la Sainte-Famille de Ramberge, à 10 h 30.
  • LYON : l’association Présence du Souvenir Bourbonien vous invite à la Messe pour Louis XVI et pour la France qui sera célébrée à 10 h 30 par le Père Patrick Rollin, en la basilique Saint-Bonaventure (7 place des Cordeliers, 2e arr.). Le prince Rémy de Bourbon-Parme y sera présent en tant que représentant de son cousin le prince Louis de Bourbon, de jure le roi Louis XX. Avec la participation des Trompes de la Diane Lyonnaise.
  • NANTES : une Messe de Requiem pour le repos de l’âme du roi Louis XVI sera célébrée à 16 h 30 par l’abbé Garnier (FSSP), en l’église Saint-Clément.
  • NANTES : une Messe de Requiem suivie de l’absoute pour le repos de l’âme du Roi Louis XVI, pour toutes les victimes de la Révolution, pour la Bretagne et pour la France sera célébrée à 18 h 30, en l’église Saint-Émilien (FSSPX) du prieuré Saint-Louis.
  • NÎMES : le Cercle Saint-Louis-Roi de France vous invite à la Messe en mémoire du roi Louis XVI et des victimes de la Révolution, qui sera célébrée à 11 h, en la chapelle Sainte-Eugénie, par M. l’abbé Frédéric Auriol (ICRSP).
  • PARIS : une Messe solennelle de Requiem sera célébrée à 19 h, en l’église Saint-Eugène-Sainte-Cécile.
  • PARIS : à 11 h, en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, une messe en mémoire du Roi Louis XVI, des défunts de la Famille royale et des victimes de la Révolution française sera célébrée par l’abbé Olivier Scache, en présence du prince Jean d’Orléans, chef d’une branche cadette de la Maison de Bourbon.
  • PERPIGNAN : le Cercle Légitimiste Hyacinthe Rigaud vous invite à la Messe de Requiem pour Louis XVI qui sera célébrée le samedi 20 janvier 2024, à 18 h 30, en l’église Saint-Matthieu de Perpignan.
  • ROUEN : l’ICRSP vous invite à la Messe de Requiem pour Louis XVI qui sera célébrée en l’église Saint-Patrice, à 11 h.
  • SARRELOUIS (Allemagne) : une messe sera célébrée à 15 h, en l’église Saint-Pierre-Canisius (FSSP) de Sarrelouis.
  • SAINT-CLÉMENT (19700) : le Cercle Légitimiste Guy de Blanchefort vous invite à la Messe de Requiem pour le roi Louis XVI qui sera célébrée à 18 h par un prêtre de la FSSPX en la chapelle Saint-Loup du hameau des Plats-de-Saint-Clément.
  • SAINT-DENIS : à midi pile, une Messe à la mémoire de Louis XVI, sera célébrée en la basilique royale de Saint-Denis, à l’initiative du Mémorial de France à Saint-Denys, suivie de l’absoute dans la crypte.
  • SAINT-MARTIAL (07310) : Messe annulée en raison des conditions climatiques.
  • STRASBOURG : une Messe pour Louis XVI sera célébrée à Strasbourg à 16 heures, en la chapelle Notre-Dame-du-Rosaire (28, rue du Faubourg de Pierre).
  • TOULOUSE : Monsieur Jacques Charles-Gaffiot, président de l’Académie Louis-XVI, et Madame Christian de Courrèges d’Agnos, déléguée régionale, ont l’honneur de vous inviter à assister ou à vous unir d’intention à la Messe de Requiem qui sera célébrée à 11 h en la chapelle Saint-Jean-Baptiste, pour le roi Louis XVI, la famille royale et les martyrs de la Révolution, par le chanoine Thibaut d’Aviau de Ternay, icrsp.
  • VALENCE : la communauté catholique traditionnelle de Valence et le Fr. Maximilien-Marie du Sacré-Cœur vous invitent à la Messe de Requiem qui sera célébrée en l’église Notre-Dame de Valence (FSSP), le samedi 20 janvier à 11 h.
  • VERNY (57000) : le Cercle légitimiste Robert de Baudricourt organise une commémoration légitimiste en souvenir de sa Majesté le roi Louis XVI, samedi 20 janvier 15h à Verny. Pour plus d’informations : cliquez ici.
  • TOKYO (Japon) : à la demande du Cercle d’Études Royales, une Messe à l’intention de Louis XVI sera dite le samedi 20 janvier à 11h, en la chapelle des martyrs du Japon, à Omiya (adresse : Hayashi Building 2F, 2-256-8, Azuma-chô, Ômiya-ku, Saitama City). Le lendemain sera organisé un pot commémoratif, avec conférence.

21 JANVIER

  • AURILLAC : une Messe pour le roi Louis XVI et sa famille sera célébrée le dimanche 21 janvier à 12h30, à la chapelle de la Sainte-Famille, rue du Monastère à Aurillac, dans le Cantal.
  • BELLOY-EN-FRANCE (95270) : une messe sera célébrée pour Louis XVI, en l’église Saint-Georges, à 11 h.
  • METZ : une Messe pour Louis XVI sera célébrée à 10 h, en l’église Saint-Bernard de Metz.
  • NANCY : une messe pour le repos de l’âme du roi Louis XVI sera célébrée à 10 h 30, en l’église Marie Immaculée (rite extraordinaire).
  • PARIS : sous la présidence de Monseigneur le Duc d’Anjou, chef de la Maison de France, le duc de Bauffremont, président de l’IMB, et les membres du conseil d’administration vous invitent à la Messe qui sera célébrée pour Louis XVI, pour la France et pour la famille royale à 10 h 30 en la Chapelle Expiatoire, 29 rue Pasquier (8e arr.).
  • TOULON : comme chaque année, une messe sera célébrée par les Missionnaire de la Miséricorde Divine en souvenir de Louis XVI et de tous les martyrs de la Révolution française. Elle aura lieu le 21 janvier à 18h30, en l’église Saint-François-de-Paule. Ce sera l’occasion de se souvenir de ce moment dramatique de l’histoire de notre pays et de prier pour la France. La messe sera célébrée dans la forme extraordinaire du rit romain par le chanoine Alain Boussand, curé de Lorgues, et sera chantée en grégorien. Le testament du roi sera lu à la fin de la messe.
  • VANNES : messe pour Louis XVI à Vannes à 8h15. Apéritif offert à l’issue de la messe de 10h00. Programme proposé par le cercle Georges Cadoudal. Pour renseignements et inscription : cliquez ici.

22 JANVIER

  • CAEN : la FSSP de Caen vous invite à la Messe de Requiem avec absoute pour le repos de l’âme du roi Louis XVI qui sera célébrée à 18 h 30, en l’église Saint-Sauveur de Caen.
  • COLMAR : la paroisse personnelle de la Croix Glorieuse vous invite à la messe qui sera célébrée pour le roi Louis XVI à 18 h 30, en l’église Saint-Joseph de Colmar.
  • MARSEILLE : une messe à la mémoire de Louis XVI et des victimes de la Révolution aura lieu à 19h, en la basilique du Sacré-Cœur, rue du Prado. Messe de Requiem avec Trompette et Orgue, célébrée par le Père Olivier Salmeron.
  • MONTPELLIER : une Messe de requiem pour Louis XVI et les victimes de la Révolution sera célébrée par le Chanoine Waché de Corbie, à 19 h, en la Chapelle des Pénitents Bleus de Montpellier.
  • POITIERS : le Cercle Alphonse de Poitiers fera célébrer une Messe pour la France en mémoire de Louis XVI le 22 janvier, à 12h, en l’église Saint-Porchaire à Poitiers.

23 JANVIER

  • LIMOGES : une messe pour Louis XVI sera célébrée en la basilique Saint-Michel-des-Lions à 12 h 15. La messe sera précédée par la lecture du testament royal par M. Philippe Théra. Possibilité d’un repas commun au restaurant Les Échoppes, à partir de 13 h 30. Pour s’inscrire au repas, contactez Alain Texier.

26 JANVIER

  • BRESSOLLES (03000) : une Messe de Requiem pour Louis XVI sera célébrée le vendredi 26 janvier à 18h30, en l’église du Sacré-Cœur de Bressolles, dans l’Allier.

27 JANVIER

  • TARASCON : une Messe de Requiem pour le roi Louis XVI et les victimes de la Révolution sera célébrée le samedi 27 janvier à 18h30, en l’abbaye Saint-Michel de Frigolet. Repas ensuite, inscription au 06 46 33 56 95.

25 FÉVRIER

  • ANGERS : messe pour Louis XVI (11 h) et conférence sur « Bonchamps et Lescure, ou la sainteté politique » (15 h) organisées par le Cercle légitimiste Paul Barillon. Pour inscription et informations complémentaires : cliquez ici.
Taux de natalité en France 2023 : une catastrophe démographique 

Taux de natalité en France 2023 : une catastrophe démographique 

Le taux de natalité en France en 2023 est en chute libre
Le taux de natalité désastreux en France est compensé par les immigrés

Communiqué des AFC :

L’INSEE vient de publier les chiffres du taux de natalité en France pour l’année 2023. Il est né 48 000 enfants de moins qu’en 2022. En 2022 déjà, il était né 100 000 enfants de moins qu’en 2012.

Baisse de la natalité : un « hiver démographique » en France ?

L’enquête sur le congé parental commandée par les AFC à l’IFOP de juillet 2023 permet de mieux connaître les causes du renoncement au désir d’enfant et de se défaire des supputations. Par exemple, si la crise climatique est invoquée, elle n’arrive qu’en cinquième position dans le classement des raisons pour lesquelles les parents renoncent à avoir le nombre d’enfants qu’ils désirent, alors que les deux premières tiennent aux modes de garde, trop chers ou inexistants, et aux problèmes d’emploi et de ressources financières.

L’UNAF vient de publier les nouveaux chiffres du désir d’enfant par foyer : 2,27 est le nombre d’enfants moyen souhaité dans l’ensemble de la population. Bien au-dessus taux de natalité de 1,68 enfants par femme en 2023.

Quelles solutions face à la chute du taux de natalité en France en 2023 ?

Les AFC soutiennent donc la proposition de l’UNAF d’un congé court de 6 mois à 1 an, rémunéré à hauteur de 75% du salaire, comme en Suède, ce qui répondrait aux aspirations des parents et aux besoins des tout-petits et désengorgerait les modes de gardes. Elles encouragent aussi la liberté pour les pères ou les mères qui le souhaitent de prendre un congé jusqu’aux 2 ou 3 ans de l’enfant, congé indemnisé à hauteur de 1100 € par mois.

Faut-il s’inquiéter du déclin de la démographie en France ?

Le décrochage du taux de natalité en France en 2023 atteste d’une tendance inquiétante pour le modèle social français qui repose sur la solidarité intergénérationnelle et doit interroger notre société sur les perspectives qu’elle propose aux jeunes familles.

Les AFC attendent du nouveau gouvernement des mesures très fortes en matière de politique familiale. Celle-ci n’est pas une dépense supplémentaire mais un investissement déterminant pour l’avenir de notre pays.

Conférence avec Monsieur K : 230 ans de culture de mort

Conférence avec Monsieur K : 230 ans de culture de mort

Conférence de Monsieur K 2024
Rendez-vous à la conférence de Monsieur K

Les nationalistes ont-ils à rester indifférents à tout ce qui dépasse le cercle restreint des préoccupations d’ordre national ? C’est le sujet de la prochaine conférence de Monsieur K.

N’avons-nous pas le devoir, en tant que nationalistes d’Action Française, de faire rayonner autour de nous ce trésor de sagesse de la loi naturelle (la loi naturelle est loi créationnelle), mère de notre civilisation depuis 2000 ans ?

Telle est la question essentielle que nous devrions nous poser plus souvent.

Détruire l’homme, c’est détruire la nation.

Idéologie du genre, avortement, euthanasie, wokisme… Le monde contemporain sécrète une idéologie contraire au beau, au bon et au vrai qui envahit tous les secteurs de la vie sociale. Nous-mêmes en sommes, souvent à notre insu, les plus pollués.

Une conscience authentiquement et radicalement écologique ne peut pas ne pas s’en inquiéter.

Si chacun de nous répandait autour de lui ce parfum de culture de vie, en serait-on arrivé là ?

Rendez-vous le 20 janvier pour une conférence de Monsieur K, membre du Comité directeur de l’Action Française.

PAF : 5 €

Réservation obligatoire : paris@lactionfrancaise.fr

Bonne année 2024

Bonne année 2024

Si nous sommes ce que nous devons être, si nous tenons « serré le lien qui nous tient réunis avec les Pères de notre esprit et de notre goût », si les prêtres d’AF prient pour nous et si le souci du Bien commun nous anime, alors 2024 sera l’année de l’amitié et du renouveau Français !

« Tout désespoir en politique est une sottise absolue »C. Maurras

Belle, sainte et heureuse année à tous !

⚜️VIVE LE ROI⚜️

Bioéthique : la recherche en génétique en a-t-elle fini avec ses « principes » ?

Bioéthique : la recherche en génétique en a-t-elle fini avec ses « principes » ?

Bioéthique

Il est des évolutions ou des révolutions politiques, économiques, scientifiques et bioéthiques qui ne sont pas perçues par les peuples, et cela pour plusieurs raisons.

Pourquoi les évolutions sociétales et bioéthiques passent inaperçues ?

D’abord parce que la plupart des évolutions se font progressivement et non par révolution, du moins en apparence. Aussi, ces évolutions ne provoquent pas de choc, pas d’émotions, pas de réactions chez les peuples.

Souvent, les réformes, les réformes dites sociétales principalement, sont précédées d’une longue et intense campagne de propagande conçue scientifiquement de sorte que, lorsque lesdites réformes sont promulguées, elles aient déjà influencé les esprits. Par ailleurs, pour atteindre le but recherché, il est absolument indispensable que ces évolutions apparaissent comme naturelles, comme le produit du sens de l’histoire dont le mouvement, s’il peut être lent, n’en est pas moins aussi puissant et inexorable que celui d’un grand fleuve.

Enfin, d’autres évolutions, dans le domaine bioéthique, sont résolument révolutionnaires et tellement novatrices qu’elles ne sont pas prises au sérieux par les masses qui les regardent comme des abstractions, des projets inconcevables ou des « rêveries » scientifiques relevant exclusivement de la science-fiction ; de la plus spectaculaire des sciences-fictions. C’est assurément le cas des travaux des généticiens sur le clonage, les modifications génétiques et la fabrication de chimères ou de monstres.

C’est ce type d’évolution en bioéthique qui nous intéresse ici. Un type d’évolution bien trop révolutionnaire et immoral pour être conceptualisé par un esprit commun, qui peut éventuellement l’admettre comme une démarche mathématique, abstraite, mais pas comme une réalité agissant en profondeur sur le corps social.

La naissance des embryoïdes !

La prestigieuse revue Nature publiait au mois de septembre dernier une étude présentant une nouvelle « avancée » dans la fabrication in-vitro de « modèles » (sic) d’embryons humains.

L’argument présidant à ces travaux scientifiques repose sur la volonté de dévoiler de nouveaux aspects de la croissance de l’embryon humain. La question de savoir comment ces nouveaux travaux ont pu recevoir l’aval des autorités compétentes en bioéthique occidentales et chinoises mérite d’être posée. Pour l’équipe de Jacob Hanna (Weizmann Institute of Science, Rehovot, Israël), l’une des plus en pointe dans ce domaine de recherche, si ces nouveaux travaux, bien que dignes de la plus noire alchimie,s’exercent néanmoins dans un cadre parfaitement légal, c’est que les pouvoirs publics se sont affranchis « pour partie du poids éthique pesant sur l’étude de vrais embryons. »

Plongées dans « un milieu adéquat » dont la composition est maintenue secrète, ces cellules, se seraient spontanément multipliées, non pas de façon anarchique comme le fait la levure, mais, apparemment, en s’organisant pour fabriquer de l’humain !

Des progrès amoraux et contraires à la bioéthique ?

La publication de cet article dans la revue Nature montre, en tout cas, les « progrès » (ou évolutions) rapides dans la construction de « modèles d’embryons humains » que nos astucieux savants nomment également « embryoïdes » (ce qui ne manque pas d’évoquer les androïdes de la SF). Car il ne s’agit plus là d’embryons créés à partir d’un ovule et d’un spermatozoïde, mais d’une chose fabriquée à partir de cellules qui se répliquent pour donner « naissance » à des réplicants (autre terme de SF très marqué).

Ces embryoïdes sont donc capables de se développer jusqu’à des stades de plus en plus avancés de l’organogenèse, à savoir la croissance de l’embryon puis du fœtus jusqu’à la formation d’un être humain viable.

Un encadrement « bioéthique » bien poreux…

L’équipe israélienne n’est pas la seule à s’être lancée comme une forcenée dans cette étrange recherche qui pourrait bien, un jour, qui sait, déboucher sur la fabrication de Golems. Pourquoi n’en serait-il pas ainsi ? Quelle morale supérieure pourrait donc l’interdire ? Plusieurs équipes françaises, petites mais dynamiques, revigorées par la permissivité du « libéralisme » macronien, sont également en pointe dans cette affaire. D’ailleurs, pour accompagner ces « percées successives et guider les équipes françaises impliquées dans ces travaux », le conseil d’orientation de l’Agence de la biomédecine, se portant normalement garante en bioéthique, a rendu public, mercredi 11 octobre 2023, un avis favorable sur ces modèles d’embryons, « dont les caractéristiques se rapprochent de plus en plus de celles de véritables embryons humains ».

Depuis le 2 août 2021, cette agence à l’éthique étiolée, limitait la culture des embryoïdes à quatorze jours et exigeait des laboratoires engagés dans cette sombre aventure qu’ils soumettent une demande d’autorisation préalable. Mais, les scientifiques français qui se doivent d’être compétitifs dans ce domaine, comme dans les autres, ont exprimé le souhait de pouvoir cultiver plus longtemps leurs « créatures ». Bingo ! L’Agence pas très éthique a dit oui, et il est d’ores et déjà prévu, très officiellement, d’autoriser la durée de cette culture jusqu’à 28 jours !

Pour justifier cette décision, le savant Jean-François Guérin argue du fait qu’il y aurait « une sorte de boîte noire entre le quatorzième jour et le début du deuxième mois de développement embryonnaire (…). Les phénomènes qui permettent la bonne formation des organes ne sont pas explorés faute de pouvoir cultiver des embryons humains pendant cette période. »

Ainsi, ce qui était tout simplement inenvisageable il y a seulement trois ans, a pourtant été réalisé fort discrètement, en l’absence préalable de tout véritable débat public. Aussi peut-on raisonnablement penser que les vingt-huit jours de culture autorisés désormais, pourraient bien passer à soixante jours dans quelque temps avant d’être repoussés, dans un avenir pas très lointain, à six mois. Plus rien ne l’interdit ! Plus rien : ni bioéthique, ni principes, ni morale, ni transcendance ! C’est donc sans surprise que Jacob Hanna – dont l’objectif affiché serait de produire des tissus à des fins de médecine régénérative – estime prématurée l’idée d’imposer une durée maximale de culture des embryoïdes. « C’est très limitant de n’aller que jusqu’à vingt-huit jours. Je pense que nous devons atteindre la fin des stades d’organogenèse à cinquante jours. Cela nous donnera infiniment plus d’informations critiques. » estime le chercheur israélien.

Or, si le verrou moral a sauté en ce domaine de recherches précis, pourquoi persisterait-il dans les autres domaines de la recherche génétique ?

« C’est un champ de recherche qui se développe à une vitesse incroyable », indiquait dernièrement au journal Le Monde, le neurobiologiste Hervé Chneiweiss qui préside le comité d’éthique de l’Inserm. Encore un savant qui salue l’« avis équilibré de l’Agence de la biomédecine qui apportera de la sécurité aux chercheurs engagés dans ces travaux, un peu comme l’a fait la loi de bioéthique sur la question des chimères. » Une loi bioéthique qui, faut-il le préciser, accorde un blanc-seing aux chercheurs pour expérimenter des chimères animales augmentées de gènes humains,mais prétend interdire les chimères humaines augmentées de gènes animaux. Pourtant, même si cette loi était maintenue en l’état (et rien ne garantit qu’elle le sera), qu’est-ce qui empêchera nos professeurs Nimbus de mélanger des cellules animales à des cellules humaines et non plus seulement des cellules humaines à des cellules animales ?

François-Xavier Rochette

La République, le plus religieux des gouvernements

La République, le plus religieux des gouvernements

La religion républicaine de l'Etre suprême

À en croire une opinion fort répandue en France de nos jours, on aurait trouvé le moyen de vivre sans religion. Il n’y aurait pas de religion d’État, pas de religion enseignée dans les écoles. Les bons élèves vous apprendront que c’est ce qu’on appelle la laïcité.

Notons qu’en disant cela, on donne à ce mot, laïque, un sens qui n’a jamais été le sien. Le laïque, en effet, n’est pas celui qui n’a pas de religion ; c’est le chrétien qui n’est ni ecclésiastique ni religieux. Oui, un laïque est un chrétien, par définition ! De même, le religieux n’est pas celui qui a une religion ; c’est la personne engagée par des vœux monastiques. Faut-il pour être un bon républicain renoncer à parler français correctement ?

D’ailleurs cela existe-t-il, les gens qui n’ont pas de religion ? Ne serait-ce pas plutôt qu’ils ont une religion qu’ils appellent d’un autre nom ? Par exemple, ces fameuses « valeurs » qui paraît-il « nous unissent tous » : sont-elles autre chose qu’une religion ? Une religion sans Dieu peut-être, mais une religion tout de même ?

Ces « valeurs » viennent de quelque part. La religion des Français fut autrefois le catholicisme. Que s’est-il passé entre-temps ? Ce qui s’est passé, c’est, premièrement, la prétendue Réforme. Peut-être ne serait-on pas très loin de la vérité si l’on disait que les Français sont protestants.

L’un des caractères du protestantisme, c’est la servitude de l’Église. La formule est de Bossuet, dans l’Histoire des Variations, au livre V : « Un des fruits que la Réforme produisit fut la servitude où tomba l’Église. Il ne faut pas s’étonner si la nouvelle Réforme plaisait aux princes et aux magistrats, qui s’y rendaient maîtres de tout, et même de la doctrine. »

Bossuet donne pour exemple de cette servitude où l’Église est tombée, un fait arrivé à Montbéliard, ville protestante divisée entre luthériens et calvinistes. Ces chrétiens réformés s’opposaient sur l’article de l’Eucharistie, « obstacle perpétuel à la réunion de tout le parti. »1 Les luthériens, attachés au sens littéral des paroles de Jésus-Christ instituant l’Eucharistie (ceci est mon corps, ceci est mon sang), croyaient à la présence réelle du corps et du sang dans l’Eucharistie, tandis que les calvinistes, partisans du sens figuré, n’y croyaient pas.

Cependant il fallait bien choisir quelle doctrine on allait enseigner dans les écoles. Bossuet, s’appuyant sur la correspondance de Calvin, raconte qu’une assemblée de notables se tint « pour apprendre ce que le prince ordonnerait de la Cène. »2 C’est-à-dire que faute d’arriver à se mettre d’accord sur la question de savoir si le corps du Christ est ou n’est pas réellement présent dans l’hostie consacrée, les chrétiens en furent réduits à demander à l’autorité civile, au comte de Montbéliard, de trancher ! Le prince, qui était luthérien, trancha en faveur du sens littéral. Calvin se lamente devant une telle aberration mais sans pouvoir y apporter de remède. Myconius, pasteur de la cathédrale de Bâle, (qui savait, lui, ce qu’est un laïque) écrit alors à ce sujet : « Les laïques s’attribuent tout, et le magistrat s’est fait pape ».

Pour avoir voulu rejeter l’autorité du Pape, on avait été forcé de mettre le pouvoir religieux dans les mains du prince : « Les nouveaux pasteurs, » écrit Bossuet, « étaient institués par l’autorité du magistrat ; il était juste après cela que ce dernier eût toute la puissance dans l’Église. Ainsi ce qu’on gagna dans la Réforme en rejetant le Pape ecclésiastique, successeur de saint Pierre, fut de se donner un Pape laïc, et de mettre entre les mains des magistrats l’autorité des apôtres. »

Mais les malheurs de la chrétienté ne devaient pas s’arrêter là. Après la Réforme, autre calamité, la Révolution. Après le protestantisme, le déisme. Après les princes luthériens, Robespierre, son éducation nationale et son culte de l’Être suprême.

Robespierre mettait en application le chapitre Du Contrat social de Rousseau sur la religion civile.

Jean-Jacques Rousseau
Jean-Jacques Rousseau

Que trouve-t-on dans ce texte ? D’abord, c’est pour Rousseau une évidence, méritant à peine qu’on s’y arrête, qu’un État sans religion est une chose impossible. « Jamais État ne fut fondé, observe le philosophe de Genève, que la religion ne lui servît de base. »3

Une fois ce principe posé, Rousseau explique pourquoi le catholicisme ne pourra pas être la religion de l’État démocratique dont il vient de tracer le plan. Le principal inconvénient du catholicisme, dit Rousseau, c’est la séparation du pouvoir politique et du pouvoir religieux. Dans les États chrétiens, « on n’a jamais pu venir à bout de savoir auquel du maître ou du prêtre on était obligé d’obéir. »

Rousseau est donc partisan d’« une profession de foi purement civile dont il appartient au souverain de fixer les articles. » Le souverain ne pourra « obliger personne à les croire » ; mais il pourra « bannir de l’État quiconque ne les croit pas ».

Quels seront les dogmes de cette religion civile ? Rappelez-vous : c’est au souverain qu’il appartient de les fixer. Mais au cas où le souverain manquerait d’inspiration, voici les dogmes que Rousseau propose : « l’existence de la Divinité, la vie à venir, le bonheur des justes, le châtiment des méchants, la sainteté du contrat social et des lois. »

Si les limites de cet article permettaient de raconter la suite, il faudrait parler du kantisme, et citer l’excellent petit livre d’Henri Vaugeois, La Morale de Kant dans l’Université de France. Il faudrait aussi parler du positivisme et de la religion de l’Humanité dont le grand-prêtre fut Auguste Comte.

La neutralité de l’État républicain en matière de religion est une pure illusion. « La République est le plus religieux des gouvernements, » disait Henri Vaugeois. La République française est une Église. C’est désormais l’État qui nous apprend ce qu’il faut croire et comment il faut vivre. Et malheur aux sceptiques et aux blasphémateurs ! Le prétendu droit au blasphème ne vaut pas pour toutes les religions, et surtout pas pour celle de l’État.

Jules Putois

  1. Bossuet, ​Histoire des Variations des Églises protestantes, livre IV. ↩︎
  2. Histoire ​des Variations, livre V. ↩︎
  3. Rousseau, ​Du Contrat social, livre IV, chapitre VIII. ↩︎