La République, le plus religieux des gouvernements

La République, le plus religieux des gouvernements

La religion républicaine de l'Etre suprême

À en croire une opinion fort répandue en France de nos jours, on aurait trouvé le moyen de vivre sans religion. Il n’y aurait pas de religion d’État, pas de religion enseignée dans les écoles. Les bons élèves vous apprendront que c’est ce qu’on appelle la laïcité.

Notons qu’en disant cela, on donne à ce mot, laïque, un sens qui n’a jamais été le sien. Le laïque, en effet, n’est pas celui qui n’a pas de religion ; c’est le chrétien qui n’est ni ecclésiastique ni religieux. Oui, un laïque est un chrétien, par définition ! De même, le religieux n’est pas celui qui a une religion ; c’est la personne engagée par des vœux monastiques. Faut-il pour être un bon républicain renoncer à parler français correctement ?

D’ailleurs cela existe-t-il, les gens qui n’ont pas de religion ? Ne serait-ce pas plutôt qu’ils ont une religion qu’ils appellent d’un autre nom ? Par exemple, ces fameuses « valeurs » qui paraît-il « nous unissent tous » : sont-elles autre chose qu’une religion ? Une religion sans Dieu peut-être, mais une religion tout de même ?

Ces « valeurs » viennent de quelque part. La religion des Français fut autrefois le catholicisme. Que s’est-il passé entre-temps ? Ce qui s’est passé, c’est, premièrement, la prétendue Réforme. Peut-être ne serait-on pas très loin de la vérité si l’on disait que les Français sont protestants.

L’un des caractères du protestantisme, c’est la servitude de l’Église. La formule est de Bossuet, dans l’Histoire des Variations, au livre V : « Un des fruits que la Réforme produisit fut la servitude où tomba l’Église. Il ne faut pas s’étonner si la nouvelle Réforme plaisait aux princes et aux magistrats, qui s’y rendaient maîtres de tout, et même de la doctrine. »

Bossuet donne pour exemple de cette servitude où l’Église est tombée, un fait arrivé à Montbéliard, ville protestante divisée entre luthériens et calvinistes. Ces chrétiens réformés s’opposaient sur l’article de l’Eucharistie, « obstacle perpétuel à la réunion de tout le parti. »1 Les luthériens, attachés au sens littéral des paroles de Jésus-Christ instituant l’Eucharistie (ceci est mon corps, ceci est mon sang), croyaient à la présence réelle du corps et du sang dans l’Eucharistie, tandis que les calvinistes, partisans du sens figuré, n’y croyaient pas.

Cependant il fallait bien choisir quelle doctrine on allait enseigner dans les écoles. Bossuet, s’appuyant sur la correspondance de Calvin, raconte qu’une assemblée de notables se tint « pour apprendre ce que le prince ordonnerait de la Cène. »2 C’est-à-dire que faute d’arriver à se mettre d’accord sur la question de savoir si le corps du Christ est ou n’est pas réellement présent dans l’hostie consacrée, les chrétiens en furent réduits à demander à l’autorité civile, au comte de Montbéliard, de trancher ! Le prince, qui était luthérien, trancha en faveur du sens littéral. Calvin se lamente devant une telle aberration mais sans pouvoir y apporter de remède. Myconius, pasteur de la cathédrale de Bâle, (qui savait, lui, ce qu’est un laïque) écrit alors à ce sujet : « Les laïques s’attribuent tout, et le magistrat s’est fait pape ».

Pour avoir voulu rejeter l’autorité du Pape, on avait été forcé de mettre le pouvoir religieux dans les mains du prince : « Les nouveaux pasteurs, » écrit Bossuet, « étaient institués par l’autorité du magistrat ; il était juste après cela que ce dernier eût toute la puissance dans l’Église. Ainsi ce qu’on gagna dans la Réforme en rejetant le Pape ecclésiastique, successeur de saint Pierre, fut de se donner un Pape laïc, et de mettre entre les mains des magistrats l’autorité des apôtres. »

Mais les malheurs de la chrétienté ne devaient pas s’arrêter là. Après la Réforme, autre calamité, la Révolution. Après le protestantisme, le déisme. Après les princes luthériens, Robespierre, son éducation nationale et son culte de l’Être suprême.

Robespierre mettait en application le chapitre Du Contrat social de Rousseau sur la religion civile.

Jean-Jacques Rousseau
Jean-Jacques Rousseau

Que trouve-t-on dans ce texte ? D’abord, c’est pour Rousseau une évidence, méritant à peine qu’on s’y arrête, qu’un État sans religion est une chose impossible. « Jamais État ne fut fondé, observe le philosophe de Genève, que la religion ne lui servît de base. »3

Une fois ce principe posé, Rousseau explique pourquoi le catholicisme ne pourra pas être la religion de l’État démocratique dont il vient de tracer le plan. Le principal inconvénient du catholicisme, dit Rousseau, c’est la séparation du pouvoir politique et du pouvoir religieux. Dans les États chrétiens, « on n’a jamais pu venir à bout de savoir auquel du maître ou du prêtre on était obligé d’obéir. »

Rousseau est donc partisan d’« une profession de foi purement civile dont il appartient au souverain de fixer les articles. » Le souverain ne pourra « obliger personne à les croire » ; mais il pourra « bannir de l’État quiconque ne les croit pas ».

Quels seront les dogmes de cette religion civile ? Rappelez-vous : c’est au souverain qu’il appartient de les fixer. Mais au cas où le souverain manquerait d’inspiration, voici les dogmes que Rousseau propose : « l’existence de la Divinité, la vie à venir, le bonheur des justes, le châtiment des méchants, la sainteté du contrat social et des lois. »

Si les limites de cet article permettaient de raconter la suite, il faudrait parler du kantisme, et citer l’excellent petit livre d’Henri Vaugeois, La Morale de Kant dans l’Université de France. Il faudrait aussi parler du positivisme et de la religion de l’Humanité dont le grand-prêtre fut Auguste Comte.

La neutralité de l’État républicain en matière de religion est une pure illusion. « La République est le plus religieux des gouvernements, » disait Henri Vaugeois. La République française est une Église. C’est désormais l’État qui nous apprend ce qu’il faut croire et comment il faut vivre. Et malheur aux sceptiques et aux blasphémateurs ! Le prétendu droit au blasphème ne vaut pas pour toutes les religions, et surtout pas pour celle de l’État.

Jules Putois

  1. Bossuet, ​Histoire des Variations des Églises protestantes, livre IV. ↩︎
  2. Histoire ​des Variations, livre V. ↩︎
  3. Rousseau, ​Du Contrat social, livre IV, chapitre VIII. ↩︎
Joyeux Noël 2023 !

Joyeux Noël 2023 !

L’Action Française vous souhaite un joyeux Noël !

Dans le contexte anxiogène que nous avons traversé durant cette année, Noël nous rappelle qu’il y a 2000 ans, la naissance du Sauveur a déchiré la nuit, pour toujours.

En cette nuit de Noël, que notre joie ne nous fasse pas oublier nos soldats, nos malades et toutes les personnes isolées ou dans l’indifférence.

Fête de la Lumière, de l’humilité et de l’Espérance, Noël est aussi et surtout la fête de la famille, cellule de base de toute société que la république ne cesse de détruire. Pour ces raisons, l’Action Française, loin du consumérisme pourrisseur qui nous environne, souhaite à toutes les familles de France un heureux et saint Noël.

Joyeux Noël et vive le Roi !

Vraie et fausse laïcité

Vraie et fausse laïcité

Vrai et Fausse laïcité, Philippe Prévost
Vrai et Fausse laïcité, Philippe Prévost, Éditions d’Action Française 

Nouveauté aux Éditions d’Action Française : Vraie et fausse laïcité, Philippe Prévost, 13 €.

Fidèle à sa volonté de donner une véritable colonne vertébrale intellectuelle à ses amis, Philippe Prévost, historien et essayiste, militant d’AF depuis de longues années, publie un essai aux jeunes éditions d’Action Française.

Charte de la laïcité, polémiques sur le voile ou l’abaya, fête de Hanoucca à l’Elysée, Comme l’a écrit Jean-Marie Mayeur, historien spécialiste de la IIIe République, « Peu de mots sont plus chargés de passion que celui de laïcité ».

Ce concept a deux sens très différents, pour ne pas dire opposés. Un sens traditionnel dérivé de la parole du Christ: « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » et celui donné à partir de la Révolution ou sous prétexte d’unité, tout a été donné à César et rien à Dieu. 

Ces deux conceptions de la laïcité sont incompatibles contrairement à ce qu’ont cru les partisans du Ralliement et du dernier Concile.

C’est cette histoire mouvementée ou les torts ne sont pas tous du même coté, loin de là, que raconte ce livre… 

A commander sur la boutique de l’action françaiseVraie et fausse laïcité

Le Lorrain Barrès

Le Lorrain Barrès

Entretien avec Jean-Marie Cuny et Sylvain Durain à propos du livre Le Lorrain Barrès.

Le lorrain Barrès, couverture du livre
Le lorrain Barrès, Jean Marie Cuny, Nancy, Editions du Verbe Haut, 2023

AF : Messieurs, d’abord merci d’accorder cet entretien à l’Action Française à l’occasion des 100 ans de la mort de Maurice Barrès. Pourriez-vous, tout d’abord, nous dire comment vous en êtes venus à la connaissance de ce « Prince de la jeunesse » ? Qu’est-il pour vous ?

Jean-Marie Cuny : Barrès est né à Charmes (Vosges) le 17 août 1862. Il est mort le 4 décembre 1923 à l’âge de 61 ans après une vie dense et active. Je me suis intéressé à Barrès à travers la lecture de quelques-unes de ses œuvres.

« Prince de la Jeunesse » en son temps, Barrès n’est pas resté méconnu à notre époque, mais la jeunesse actuelle a trouvé d’autres modèles. Son nom est donné à de nombreuses villes de France. Il est pour moi l’auteur de 18 romans. Ses écrits politiques regroupent également 35 titres et ses cahiers forment 11 volumes… Il y a donc de quoi méditer sur ces pages. Ce Lorrain a œuvré d’importance pour l’identité forte du pays. De plus, il est à l’origine de la Fête Nationale de la France (1920) qui est plus souhaitable que le 14 juillet, bien sûr !

Sylvain Durain : Je suis venu assez tard à Maurice Barrès. D’abord intéressé par Jacques Bainville par le truchement de Pierre Hillard, je me suis plongé dans son œuvre si riche et prophétique. La réédition des Conséquences politiques de la paix aux Editions du Verbe Haut avec une préface de Pierre Hillard va dans ce sens. Barrès m’est venu par son côté Lorrain et plus particulièrement nancéien. En effet, j’ai travaillé en tant que maître d’internat dans le lycée dans lequel Barrès a poursuivi une partie de ses études et dont il parle dans les Déracinés. Puis sont venus ses autres livres.

Le Lorrain Barrès : les attaches régionales du nationaliste

AF : Vous venez d’éditer aux éditions du Verbe Haut un livre consacré à notre auteur, Le Lorrain Barrès, écrit par monsieur Jean-Marie Cuny, spécialiste de l’histoire lorraine. Une telle étude manquait-elle pour mieux appréhender Maurice Barrès ? S’est-on trop focalisé sur son nationalisme et trop peu sur son régionalisme ?

Jean-Marie Cuny : Barrès revendiquait volontiers et sans cesse son identité lorraine, même si ses œuvres nombreuses comportent seulement trois ouvrages concernant la Lorraine : Colette Baudoche (1909) histoire d’une jeune fille de Metz durant l’annexion au Reich ; Le 2 novembre en Lorraine, ouvrage évoquant la terre et les morts ; La Vallée de la Moselle qui contient de belles pages descriptives tout au long du parcours de la rivière qui prend sa source au col de Bussang, dans les Vosges et la Colline Inspirée, roman qui a connu (et connaît toujours) un très grand succès (1914).Mais l’œuvre littéraire de Barrès est essentiellement nationale.

Sylvain Durain : L’aspect régionaliste, comme le rappelle très bien Jean-Marie, a été trop délaissé au profit de son nationalisme si particulier. J’ai découvert, en grand partie grâce à Monsieur Cuny, son attachement viscéral et profond à sa région de naissance. C’est en se cherchant qu’il a retrouvé ses racines et c’est à partir de cet enracinement qu’il est devenu l’homme que l’on connaît.

AF : En quoi Maurice Barrès est-il Lorrain ? Est-ce une identité qu’il reconstruira a posteriori de son évolution, ou vécut-il toujours de cette réalité ?

Jean-Marie Cuny : Maurice Barrès est Lorrain de naissance, dont le berceau natal est à Charmes dans les Vosges. Mais c’est surtout dans son environnement parisien, politique et littéraire, qu’il a pris conscience de son identité lorraine.

Sylvain Durain : Selon moi, Barrès est Lorrain de naissance, certes, mais il est Lorrain car il a arpenté les routes, les chemins, les villages, il a senti et appréhendé l’âme lorraine que peu connaisse. Jean-Marie l’évoque très bien dans son livre. Que serait être lorrain mais ne rien connaître de sa région ? N’en avoir aucun souvenir ni aucune réminiscence ? Ce serait l’identité mondialiste, celle du « je suis chez moi partout ». Ce n’est pas la conception de Barrès.

Barrès, un auteur vraiment germanophobe ?

AF : Nous connaissons bien la germanophobie de Barrès. Comment réussit-il à la concilier avec les héritages germaniques qui parcourent tout de même de larges parties de la Lorraine ?

Jean-Marie Cuny : La germanophobie de Barrès est surtout une protestation vigoureuse contre l’annexion au Reich allemand de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine, en 1871. La Lorraine n’a jamais été germanophone. Il y a certes sur son territoire une frontière linguistique avec d’un côté de cette ligne le patois lorrain roman et de l’autre le francique lorrain qui est un héritage de la langue de Charlemagne.

Sylvain Durain : Barrès est très clair à ce sujet, la Lorraine est devenue française, bon gré mal gré, et il faut l’accepter. Je ne suis même pas certain qu’il fût véritablement germanophobe. Comme Bainville, il a compris qui était l’ennemi de l’époque et il le respectait au point de le combattre vigoureusement. Barrès rappelle à plusieurs reprises la trahison des ducs qui nous ont conduit vers la France. Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet, comme les massacres commis par Richelieu contre la Lorraine et les lorrains, avec potentiellement des dizaines de milliers de morts dans le but défranciser la région. Ma formule, pour sortir de ces impasses, est simple : Nous sommes pour une Lorraine libre dans une France libre. Imaginer une indépendance serait totalement ridicule et jouerait, in fine, le jeu du mondialisme.

Le lorrain Barrès, photographie.
Le lorrain Barrès

Quelles sont les œuvres de Maurice Barrès qui traitent de la Lorraine ?

AF : Quelles sont, parmi ses œuvres, celles qui traitent de sa région natale ?

Jean-Marie Cuny : Barrès est un littéraire. Il n’a pas publié d’ouvrages historiques. Bien sûr, il est fortement question de la Lorraine dans la Colline Inspirée (1914). Dans la Vallée de la Moselle, il relate sa randonnée à bicyclette tout au long de la rivière depuis la source. Enfin Le 2 novembre en Lorraine évoque la terre et les morts dans des pages superbes.

Sylvain Durain : Rien à rajouter à la réponse de Jean-Marie Cuny, si ce n’est que le livre Le Lorrain Barrès permet justement de sortir de ce dont nous parlions. Être enraciné dans sa région pour ensuite se projeter vers la France.

Sainte Jeanne d’Arc : une source d’inspiration originaire de Lorraine

AF: Sainte Jeanne d’Arc tient une place prépondérante dans l’univers barrésien. En quoi, pour lui, incarnait-elle un idéal ?

Jean-Marie Cuny : Jeanne d’Arc, tient une place importante dans l’œuvre et la réflexion de Barrès. Il a longtemps médité sur les lieux où vécut la bonne Lorraine durant son enfance. Barrès a parcouru en tous sens le pays de Domremy, Bermont et son ermitage, Vaucouleurs. Je pense que Maurice Barrès cherchait un thème fort afin de réaliser un roman, mais finalement, il a trouvé l’inspiration sur le haut-lieu de Sion-Vaudémont.

Sylvain Durain : Saint Jeanne d’Arc me semble être un idéal pour Maurice Barrès, peut-être même une quête spirituelle qu’il n’aura jamais atteint mais qui l’a accompagné tout au long de sa vie. Après ses passages douteux dans les univers martinistes et ésotériques par le truchement de Stanilsas de Guaïta, peut-être cherchait-il une « figura christi » à suivre. Nous ne le saurons jamais vraiment car Barrès a politisé son idéal en donnant à la France sa deuxième fête nationale. Pour cela il mérite un immense respect.

Quel est l’héritage du lorrain Barrès dans sa région natale ?

AF : Quelle place tient encore Maurice Barrès en Lorraine ? Peut-il encore être honoré ? Est-il oublié ?

Jean-Marie Cuny : Le nom de Maurice Barrès est maintenu sur les plaques de rues de nombreuses villes de France et de Lorraine, bien sûr. Est-il encore lu ? C’est difficile à juger. Peu de ses œuvres sont rééditées mais son dernier livre La Colline Inspirée est un ouvrage toujours lu et relu aujourd’hui. Quant à la maison de Barrès à Charmes, construite par son grand-père, elle a été léguée à madame Paul Bazin, secrétaire de Philippe Barrès. Cette dame a cédé le fonds Barrès à la Bibliothèque nationale de France, en 1978. Cette demeure aurait mérité d’appartenir au patrimoine national. Hélas, tout a été dispersé.

Sylvain Durain : Maurice Barrès est totalement oublié en France et donc en Lorraine. Avec ce livre de Jean-Marie Cuny, nous tentons de faire revivre le sentiment de fierté d’être Lorrain porté par ce grand homme. Un petit livre jeunesse est également prévu pour la Saint-Nicolas, dont le but est d’introduire les plus jeunes à son œuvre.

AF : Nous vous remercions d’avoir répondu à nos questions et nous invitons nos lecteurs à se procurer au plus vite ce beau livre qui nous permettra de mieux honorer sa mémoire ! Qui vive ? Nos morts !

Sylvain Durain : Un grand merci à vous, les amoureux de la Lorraine peuvent s’abonner à La Nouvelle Revue Lorraine, fondée il y a presque 50 ans par Jean-Marie Cuny. Le livre Le Lorrain Barrèsdédicacé spécialement pour vos lecteurs, est disponible à l’achat sur le site des Éditions du verbe haut, avec un petit mot à nous adresser. Bonne lecture et vive la Lorraine !

Cuny Jean-Marie, Le Lorrain Barrès, Nancy, Editions du Verbe Haut, 2023.

Entretien réalisé par Guillaume Staub

Autres ouvrages à propos de Barrès :

Dissolution d’Academia Christiana : communiqué de l’Action Française

Dissolution d’Academia Christiana : communiqué de l’Action Française

L'AF condamne la dissolution d'Academia Christiana

À travers sa volonté de dissoudre Academia Christiana, le régime s’attaque à tout ce qui nous tient à cœur : la France et ses familles, ses territoires, ses traditions, sa spiritualité. La république déclare la guerre au pays réel, aux Français qui se battent pour le beau, le bon et le vrai. Mais si les institutions se crispent, c’est la preuve que nos idées avancent et que de plus en plus de jeunes refusent d’entrer dans la danse macabre de l’anti-France.

L’Action Française dit toute sa sympathie aux militants d’Academia Christiana, cet institut de formation politique au service du Bien commun. Ils peuvent bien dissoudre des structures, jamais ils n’empêcheront la France de battre en nos cœurs.

Le Comité Directeur de l’Action Française

Politique : Où en sommes nous ? Comment en sortir?

Politique : Où en sommes nous ? Comment en sortir?

Monsieur K avec fleur de Lys en fond

La première menace qui pèse sur la France est démographique. Cette menace est celle du Grand Remplacement d’une part et de la Grande Disparition de l’autre. Ces deux phénomènes s’additionnent et se conjuguent.  La première chose à faire est donc de soutenir la famille.

Vous pouvez y contribuer directement par la fondation d’un foyer homogène, fécond, généreux, durable et chrétien. Si vous avez déjà des enfants et que votre santé le permet, faites en encore un cette année. Faites un enfant sans compter à la dépense ou penser à l’inconfort. Sans considérer les enfants comme des soldats, nous devons lancer et participer à une grande vague démographique comparable au Baby Boom d’après-guerre. Si vous êtes inféconds, donnez un foyer à des enfants européens orphelins, des orphelins de guerre, par exemple.  Si vous ne pouvez ni enfanter, ni adopter, créez des institutions qui aideront ceux qui le peuvent à accueillir la vie : réseau de collecte et de distribution de matériel de puériculture pour les jeunes foyers, aide financière, bénévolat dans les structures d’aide aux mères en détresse. En ces domaines, ni les besoins, ni les idées ne manquent.

Devenez quelqu’un

Devenez quelqu’un. Devenez référent d’un sujet qui vous passionne : énergie, relations hommes-femmes, santé au naturel, communication électronique, self-défense, cuisine d’antan… Devenez influent, devenez une référence dans votre domaine d’intervention et intervenez !

Engagez-vous

Devenez président d’association, délégué des parents d’élèves, délégué syndical, responsable local pour un réseau résilient, responsable de section d’un réseau dissident. Devenez chef d’entreprise, élu prud’homal, adjoint à la jeunesse d’une petite commune. Devenez adjoint au Maire, devenez maire, à tout le moins, soyez candidat. Devenez quelqu’un et agissez en vue du Bien commun. Ne laissez jamais passer une occasion de bien faire et ne pensez pas à ce que vous pourriez perdre si on vous découvrait.

Soutenez les bâtisseurs

Soutenez les bâtisseurs, devenez un bâtisseur : écoles, fermes agro-écologiques, organes de formations, entreprises intentionnelles, éditeurs, libraires, églises et chapelles, médias, journaux et revues, organisations de jeunesse, artisans, réseaux de distribution alternatifs… Soutenez les bâtisseurs financièrement et en allant les voir aux évènements qu’ils organisent.

Retirez-vous

Retirez-vous, boycottez, changez de banque, réduisez vos feuilles d’impôts, désaffiliez-vous, désabonnez-vous de Canal+, de Netflix, de votre carte ciné. Arrêtez de payer, de donner, de nourrir la Bête. Commencez par casser votre télévision ou ce qui en tient lieu.

Nommez l’ennemi

Nommez l’ennemi. L’ennemi, c’est le Judaïsme politique et ses satellites: Otan, LGBTQIM+

Organisez-vous localement et hiérarchiquement

Organisez les groupes localement. Faites fusionner les doublons ou pratiquez collectivement les doubles, triples adhésions. Éloignez les nuisibles, pas les radicaux.  Hiérarchisez les collectifs locaux : donnez leur des organes de fonctionnement et des chefs.

Des chefs

Préférez les équipes aux individualités toujours faillibles. Ayez des objectifs chiffrés, réalistes, ambitieux et atteignables. Monter une candidature aux municipales est, par exemple, un objectif modeste, atteignable, mesurable et réaliste !

L’Objectif du travail collectif est la constitution d’une force réfractaire, cohérente et cohésive en mesure de reprendre des pouvoirs, puis LE pouvoir des mains de l’Oligarchie.

L’objectif sublime est la prise du pouvoir institutionnel afin de mettre un terme définitif à la domination oligarchique et à la tyrannie de l’Argent et de le remplacer par des institutions aristocratiques et populaires qui rendront tout retour oligarchique impossible. La première étape de la Reconquête pourrait bien être les élections municipales de 2026.

Sebastien de Kererro (Monsieur K)

Salazar : Le consul impavide

Salazar : Le consul impavide

Couverture du livre : Salazar. Le consul Impavide

Salazar. Le consul impavide de Jean-Paul Besse aux éditions Via Romana.

« Depuis Clairvaux, Maurras écrit à Salazar le 31 mars 1951 pour lui dire l’admiration enthousiaste que lui inspirent ses travaux, leur succès, leur triomphe et, l’année suivante, lorsqu’Henri Massis part à Lisbonne pour le rencontrer, il lui transmet un exemplaire dédicacé de la Balance intérieure accompagné de ces mots recueillis à l’occasion d’une visite tourangelle : Vous lui redirez ma vieille admiration, je dirais presque ma tendresse, car il a donné, ou plutôt il a rendu à l’autorité le plus humain des visages.(Olivier Dard, Charles Maurras, le nationaliste intégral, Paris, Dunod, 2023, p. 292)

Notre mouvement entretint longtemps des relations nourries avec celui qui incarna pendant de longues années la politique portugaise de l’Estado novo, à savoir António de Oliveira Salazar, dont une nouvelle biographie vient de sortir aux éditions Via Romana. Cette dernière émane d’un historien dont les nombreuses biographies de qualité nous sont déjà bien connues ; nous ne citerons que celles consacrées à Ménélik II l’Unificateur, soleil de l’Ethiopie, à Niégoch, un Dante slave, ou encore à Elisabeth Féodorovna, princesse martyre, toutes parues aux éditions Via Romana. Nous aimerions aussi évoquer la belle biographie qui nous fit découvrir cet auteur ; celle consacrée à cette magnifique figure que fut Dom Besse : Dom Besse, un bénédictin monarchiste, parue aux éditions de Paris.

A coup sûr, cette biographie de Salazar, tout à fait accessible, servira longtemps de référence. Elle n’est ni trop succincte, ni trop volumineuse : l’essentiel y figure et l’homme, en ses dimensions constitutives, y est justement exposé. Certains éléments, qui mériteraient d’être à nouveau pensés, sont judicieusement mis en avant. Ainsi en est-il, par exemple, du troisième chapitre qui a pour titre « Chrétien social et non démocrate-chrétien » (p. 33). La démocratie chrétienne, qui fleurit après 1945 dans la plupart des pays de l’Ouest, manifesta de fortes différentes au Portugal où elle fut particulièrement conservatrice, c’est-à-dire anti-démocrate, anti-libérale, anti-individualiste et anti-moderniste. Très tôt, en effet, la ligne politique de Salazar fut celle d’un catholicisme intégral qui suivait l’enseignement pontifical et ce, notamment, sur la question sociale : « A vrai dire, à côté de l’influence partiellement maurrassienne que subit la doctrine de Salazar, il faut mentionner le rôle que joua la pensée du remarquable jésuite Louis Taparelli d’Azeglio (1793 – 1862) […], il avait d’abord incliné au traditionalisme philosophique de Joseph de Maistre, Bonald et Lamennais ; cependant il rompit avec ce courant au Collège romain de la Compagnie en devenant thomiste […] Hostile aux faux dogmes de 1789 et au libéralisme que Victor-Emmanuel II acclimatait dans son royaume sous l’influence maçonnique de Cavour, il rejoignait Taine et surtout Le Play, qui influença durablement le catholicisme social » (p. 37).

Nous suivons ainsi Salazar au fil de son histoire ; celle d’un professeur devenu le responsable d’un État allant à contre-courant de tous les autres. Nous y revoyons la mort du roi et l’établissement de ce qui fut appelé l’Estado Novo… Nous sommes plongés dans la manière toute singulière qu’avait Salazar de gouverner, loin du faste et des mondanités. Le chapitre VIII est également fort intéressant où il est question de la vision qu’avait Salazar des relations devant exister entre l’Etat et l’Eglise : « L’âpre et longue négociation d’un concordat entre l’Estado Novo et la papauté montra que Salazar n’était nullement favorable à la soumission du temporel au spirituel. Certes, catholique convaincu, il voulait corriger les abus et les injustices infligés à l’Eglise par la Ire République, violemment anti-cléricale. Il désirait aussi respecter la dignité institutionnelle du christianisme lusitanien » (p. 87). Voulait-il ainsi instaurer une sorte de gallicanisme lusitanien ?

Tout aussi intéressant est le chapitre IX « Louvoyer et maintenir » qui remet en perspective certaines critiques apportées aux décisions prises par Salazar durant les temps extrêmement troublés qui séparent les deux Guerres mondiales : « Que peut faire un pays de taille modeste, à l’écart dans un recoin de l’Europe, mais contrôlant de nombreux territoires outremer, face aux grandes puissances carnassières ? » (p. 93). Toute la question est là ! Que pouvait donc faire Salazar pour servir un pays pris en tenailles entre les grandes puissances montantes ? Quelle attitude ? Quelle alliance ? Comment se maintenir ? Comment assurer les territoires portugais si loin d’Europe ? L’auteur expose clairement la ligne qui fut suivie, faite de fermeté et d’intelligence pratique.

Bref, le nouvel Etat qu’instaura Salazar, fait de grandeurs et de carences, fut tout à fait original, tout à fait singulier, à l’image du personnage. Comment pouvait-il en être autrement ? Ne fut-il pas aussi le fruit de tous les courants qui agitaient le monde ? Certes, sous sa férule le Portugal restât dans un certain archaïsme, l’économie étant encore traditionnelle et l’illettrisme répandu. Mais, le gain ne fut-il pas plus important ? Avec l’absence de grandes crises économiques et loin de la boucherie de la Deuxième guerre mondiale, le peuple ne fut-il pas épargné ? Grâce à lui, le pays ne put-il pas échapper au communisme et aux guerres civiles ? « Pour Salazar, la forte maxime de Donoso Cortès (1809 – 1853),  gouverner, c’est résister, n’était pas périmée. Sans doute avait-il lu ces lignes du philosophe espagnol de l’Histoire : Quand la légalité suffit pour sauver la société, la légalité ; quand elle ne suffit pas, la dictature […] Je choisis la dictature qui vient d’en haut, celle du sabre, plutôt que celle du poignard parce que plus noble » (p. 165).

Voilà donc une très belle biographie qui nous replonge dans cette passionnante page de l’histoire Portugaise : Deus, Pátria e Familia ! Salazar ? Présent !

Lien pour vous procurer le livre : Salazar. Le consul impavide

Staub Guillaume

L’Edito de Jérôme Bourbon : Encore une fois l’immigration tue 

L’Edito de Jérôme Bourbon : Encore une fois l’immigration tue 

Détail d'un sticker "La France aux Français"

Article à retrouver sur Rivarol.com

LORSQUE des hommes publics sont sur le point de quitter la vie politique ou sont proches de la mort, il leur arrive de dire tardivement quelques vérités. On se souvient ainsi des confidences d’un François Mitterrand s’apprêtant à quitter l’Elysée le 17 mai 1995 et dénonçant auprès de l’académicien Jean d’Ormesson (qui le relatera dans son livre Le Rapport Gabriel) « l’influence puissante et nocive du lobby juif ». On se rappelle également les déclarations de l’ancien Premier ministre Raymond Barre, peu avant sa disparition, en 2007, sur France Culture sur « le lobby juif » capable de « mener des campagnes ignobles » (il faisait allusion à la façon dont il avait été traité après sa fameuse phrase sur « les Français innocents » à propos de l’attentat de la rue Copernic). On a également en mémoire les propos de Roland Dumas, tant à la revue Charles que sur BFMTV, sur « l’influence juive » et son importance dans la vie politique française.

De même, l’ancien maire de Lyon, le socialiste et macronien Gérard Collomb (1947-2023), qui est mort ce 25 novembre à 76 ans des suites d’un cancer à l’estomac, avait, en quittant la place Beauvau le 1er octobre 2018, tenu des propos relativement peu politiquement corrects sur la question de l’immigration dans notre pays : « « Si j’ai un message à faire passer — je suis allé dans tous ces quartiers, des quartiers nord de Marseille, au Mirail à Toulouse, à ceux de la couronne parisienne Corbeil, Aulnay, Sevran —, c’est que la situation est très dégradée et le terme de reconquête républicaine prend là tout son sens parce qu’aujourd’hui, dans ces quartiers, c’est la loi du plus fort qui s’impose, celle des narcotrafiquants et des islamistes radicaux, qui a pris la place de la République » confie-t-il devant le Premier ministre de l’époque et futur candidat à la présidentielle de 2027, Edouard Philippe.

Les aveux sans concessions d’un ministre de l’Intérieur

DANS UN DISCOURS aux accents crépusculaires, voire apocalyptiques, le ministre de l’Intérieur démissionnaire ne prend alors guère de gants pour décrire la réalité qu’il a observée des mois durant, aux premières loges et avoue ses craintes : « Il faut à nouveau assurer la sécurité dans ces quartiers mais je crois qu’il faut fondamentalement les changer, quand des quartiers se ghettoïsent, se paupérisent, il ne peut y avoir que des difficultés et donc […]il faut une vision d’ensemble car on vit côte à côte et je le dis, moi je crains que demain, on ne vive face à face. Nous sommes en face de problèmes immenses. » Les limites de toutes ces déclarations, c’est qu’elles sont très tardives et purement verbales. Car qu’a fait le ministre Collomb pendant les quelque dix-sept mois où il a été titulaire de la place Beauvau ? Un ministre ne doit pas se contenter de parler, il doit agir. Le magistère de la parole ne suffit pas. Le verbe peut même être un instrument de manipulation servant à rassurer faussement le grand public qui croit que le ministre essaie véritablement d’arranger la situation et de protéger le peuple. Les ministres de l’Intérieur depuis quarante ans, de Pasqua à Sarkozy, de Collomb à Darmanin, savent jouer du menton et faire des déclarations martiales mais rien ne se passe concrètement. Ou plutôt si : l’invasion migratoire se poursuit, s’amplifie, avec toutes ses conséquences désastreuses sur la vie de la nation.

C’est qu’en réalité les politiciens successifs qui nous dirigent depuis des décennies ne sont pas là pour servir le bien commun, le peuple et la nation mais pour accomplir un agenda mondialiste qui vise à la destruction de l’Europe et de l’Occident. D’où l’ouverture à une submersion migratoire sans précédent par son ampleur dans notre histoire. D’où la légalisation de l’avortement et demain de l’euthanasie, la diffusion massive de la drogue et de la pornographie. D’où la promotion d’une idéologie LGBT visant à tuer notre enfance et notre jeunesse et à enlever tout avenir à notre nation, à notre civilisation.

Ils savent très bien ce qu’ils font

C’EST UNE ERREUR de croire que les politiciens mettent en œuvre cette folle et criminelle politique par naïveté, par bêtise, par incompétence ou même par idéologie. Ils sont parfaitement conscients de ce qu’ils font car ils ont, eux aussi, des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Simplement ce sont des vendus qui, pour faire carrière, pour être ou rester au pouvoir, avec tous les avantages et privilèges que cela confère, trahissent les devoirs de leur charge, nuisent gravement à leur peuple et à leur nation. Il s’agit pour eux de mettre en œuvre sans barguigner les décisions des cénacles mondialistes, les directives de l’ONU, du Conseil de l’Europe, de la Commission de Bruxelles, des ONG, de la Trilatérale et du groupe Bilderberg.

Si tel n’était pas le cas, s’il n’y avait pas au plus haut niveau une volonté de destruction des nations et peuples européens, comment pourrait-on expliquer que, quels que soient les gouvernements et les majorités, dans les différents pays d’Europe, on ait mis partout en place des politiques de submersion migratoire, de formatage antiraciste, abortif et LGBTiste et qu’on ait mis en œuvre un impressionnant arsenal de répression contre les prétendus « crimes de haine » pour sanctionner sévèrement les autochtones s’opposant au Grand Remplacement (loi Pleven), à l’avortement industriel (loi Neiertz), à l’homosexualisme (loi Perben) ?

Les politiciens savent parfaitement ce qu’ils font et pourquoi ils le font. Et c’est ce qui rend leur responsabilité encore plus immense, leur faute sans excuse. Souvenons nous du livre Un président ne devrait pas dire ça… paru en 2016 vers la fin du quinquennat de François Hollande. Dans les confidences que le président socialiste fait à des journalistes et qu’ils ont retranscrites dans ce livre, Hollande semble parfaitement conscient du danger mortel que fait peser sur notre pays une immigration massive de peuplement. Devant ces publicistes, il ne tient pas le discours aseptisé qu’il développe en public. C’est une preuve de plus que nos dirigeants, et les politiciens en général, savent ce qu’il en est. Mais ils continuent en public à mentir, à tromper, à dissimuler, à relativiser. Et surtout, plus gravement encore, dans les actes, ils ne prennent aucune mesure de nature à endiguer le mal. Bien au contraire.

L’état est responsable de la mort de Thomas

CE QUI S’EST PASSÉ dans le petit village de Crépol dans la Drôme dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 novembre dépasse l’entendement. Une bande ethnique issue du quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère est venue « pour tuer des Blancs » en attaquant sauvagement au couteau de jeunes participants à un modeste bal populaire de campagne, causant la mort du jeune Thomas, âgé de 16 ans seulement, et blessant grièvement plusieurs autres jeunes gens. De l’aveu de plusieurs témoins unanimes, cette bande ethnique est bel et bien venue pour tuer. Le crime est prémédité, délibéré, organisé. Et ce qui est plus terrible encore, c’est que les assaillants étaient pour la plupart mineurs. Mais on peut être mineur et être déjà hélas un assassin. Il ne s’agit pas, comme on l’a répété dans la plupart des media mainstream de manière mensongère et euphémisante, d’une simple rixe entre jeunes. Il s’agissait d’une attaque délibérée, d’une agression exécutée froidement pour tuer. Contrairement à ce qu’a voulu faire croire pendant une semaine le procureur de la République pour brouiller les pistes, les jeunes étaient tous issus du même quartier et tous d’origine étrangère, extra-européenne. Au nom de l’antiracisme unilatéral et de l’idéologie dite anti-discriminatoire, on en vient à nier la réalité, à déformer les faits, à mentir par omission voire activement. On refuse de donner les prénoms et noms des assaillants pour que le grand public ne fasse pas le lien direct avec l’immigration. On parle d’une simple bagarre qui a dégénéré entre jeunes. Ce déni du réel, ce mensonge sur la réalité des faits ne sont d’ailleurs pas une exception française. On a appris il y a quelques années qu’en Allemagne et au Royaume-Uni les politiciens et la presse avaient délibérément minimisé par tous les moyens, voire dans certains cas totalement passé sous silence l’existence de viols massifs et systématiques de jeunes Allemandes et de jeunes Britanniques car les auteurs de ces crimes étaient des immigrés extra-européens pour ne pas inciter à des réactions d’autodéfense de la part des autochtones. Peut-on aller plus loin dans la trahison du peuple ?

Nous vivons vraiment des temps effrayants, apocalyptiques. Ceux qui devraient protéger le peuple ne remplissent pas leurs missions. Pis, ils favorisent par tous les moyens sa mise en esclavage voire sa mise à mort. Et la justice punit sévèrement les jeunes Français qui ont manifesté spontanément à Romans-sur-Isère leur écœurement et leur révolte face à cette situation en les condamnant immédiatement à de la prison ferme : 10 mois, 8 mois, 6 mois. Tous sont partis en détention à l’issue du procès. Ça ne badine pas ! Mais si l’Etat protégeait réellement les citoyens comme c’est son obligation fonctionnelle, ne se constitueraient pas des groupes spontanés d’autodéfense. C’est la faillite de l’Etat, son abdication volontaire qui crée cette situation inouïe. Ce sont les politiciens français qui devraient passer en jugement et non de jeunes citoyens légitimement révoltés devant l’abominable tragédie de Crépol.

Oh bien sûr la situation est aujourd’hui tellement dégradée et explosive qu’il est bien difficile de rétablir l’ordre et le calme et d’éviter totalement à l’avenir la répétition de telles attaques. Jean-Marie Le Pen disait lui-même dans les années 1980 à propos de l’immigration qu’on aurait atteint un point de non-retour avant l’an 2000 si rien n’avait été fait d’ici là dans ce domaine pour inverser les choses. Alors que dire en 2023 ? Mais, comme dit l’adage, il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. Il faut d’urgence arrêter puis inverser le courant torrentiel de l’immigration et être d’une fermeté sans faille face à toutes les atteintes aux biens et aux personnes. Crépol le démontre une nouvelle fois, et c’est ce que nous répétons depuis des décennies dans RIVAROL : toute société multiculturelle est multiconflictuelle. La France devient un Liban et, bien pire encore, un Kossovo. Le pire est très probablement devant nous. On ne pourra pas en tout cas nous reprocher de ne pas avoir sonné le tocsin depuis déjà de très longues décennies. Mais hélas en vain. […]

RIVAROL, <jeromebourbon@yahoo.fr>

La laïcité en question

La laïcité en question

Caricature parlant de laïcité et de la séparation entre politique et religieux

Comme l’a écrit Jean-Marie Mayeur, peu de mots sont chargés de plus de passion et d’ambiguïté que celui de « Laïcité » dans la France d’aujourd’hui, puisque le même terme est employé à propos de tout et de n’importe quoi. Certains en font une garantie de la liberté de conscience, d’autres une idéologie, certains même, comme le laïcard Vincent Peillon, une véritable religion destinée à remplacer toutes les autres. Bref, on assiste à une véritable cacophonie.

De quand la laïcité date-t-elle ?

Il en va de même au plan historique. La plupart de ceux qui parlent de la laïcité fixent son origine à la révolution française, d’autres à la Renaissance comme si celle-ci était née au seuil de l’histoire moderne. On en étonnerait plus d’un si on leur disait que la laïcité est née avec Aristote, qu’elle a reçue ses lettres de noblesse avec le Christ et que ce concept a ensuite évolué à travers les âges comme nous essaierons de le montrer dans des articles dont le premier sera consacré à l’Antiquité païenne et chrétienne.

Pas d’État laïc pendant l’antiquité, mais confusion entre temporel et spirituel

Dans l’Antiquité, le religieux et le profane étaient confondus. Le pouvoir était divinisé. La preuve en est fournie par les empereurs à Rome qui étaient tout à la fois des chefs d’Etat, des chefs de guerre et des chefs religieux étaient divinisés après leur mort. Chaque cité avait sa ou ses divinités protectrices et ceux qui les dirigeaient, étaient en même temps que des hommes d’Etat, des prêtres dont l’une des tâches essentielles était précisément d’offrir des sacrifices aux dieux afin de se les rendre favorables.

Parmi ces dieux, les plus importants étaient ceux qui avaient présidé à la fondation de la cité car toute cité était réputée d’origine divine et ceux qui avaient écrit leurs lois fondamentales, que ce soient Solon, Lycurgue ou Moïse, étaient censés n’avoir été que des intermédiaires entre les dieux ou Yahvé et les hommes. Les lois elles-mêmes étaient sacrées. Les juges étaient donc des prêtres. Sans loi, en effet, toute vie collective est impossible. Le droit et la politique sont donc liés.

Aristote : premier penseur distinguant pouvoir politique et religieux

Le premier à donner une définition à la laïcité et à séparer le pouvoir et le droit de la religion fut Aristote lorsqu’il écrivit que l’homme est par nature un animal social. Autrement dit, que la fondation et la vie des cités n’avaient rien de divin, qu’il s’agissait là, de phénomènes naturels. De même, ce fut le premier à vouloir introduire de la laïcité dans la loi. En effet, pour lui, le droit n’avait rien de sacré. Il était l’art qui consistait à répartir les biens en fonction des besoins et des responsabilités de chacun dans la cité ou à fixer le montant des réparations des préjudices causés par une partie à une autre. Mais ces idées, aussi justes soient elles, restaient confinées à un petit cercle de philosophes.

Jésus Christ : à l’origine de la laïcisation du monde ?

C’est le Christ qui a bouleversé toute l’histoire : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », c’est-à-dire que si les corps sont à César, les âmes sont à Dieu. C’était là une véritable révolution, révolution compliquée encore par ce qu’il a dit à Pilate qui l’interrogeait : « tu l’as dit, je suis roi mais mon royaume n’est pas de se monde », alors que toute autorité vient de lui. On comprend que Ponce Pilate n’ait rien saisi face à toutes ces contradictions apparentes.

De même en matière de droit, le Christ parle souvent de justice mais il s’agit de la justice divine pour l’opposer à la justice humaine qu’il ne condamne pas pour autant. En effet, à un homme qui lui demandait d’obliger son frère à partager un héritage, le Christ répondit : « Ô homme, qui m’a établi pour vous juger ou pour faire vos partages ? ». Autrement dit, tout cela ressort de la loi et de la justice humaine dont Dieu ne se mêle pas directement. L’homme est libre mais cette liberté va de pair avec sa responsabilité.

Le Christ a donc été au fondement de la laïcité en séparant bien ce qui relève de l’homme et ce qui relève de Dieu. Les martyrs sont morts pour obéir à cette dualité du pouvoir : totalement soumis à l’empereur sur le plan politique, ils lui refusaient tout culte. Ils furent à l’origine de cette saine laïcité qui a été au fondement de notre civilisation, en dépit des multiples avatars que ce concept a connu à travers l’histoire ainsi que nous le verrons par la suite.

Suite à lire ici : séparation entre Eglise et Etat pendant l’antiquité

Philippe Prévost

Séparation entre Église et État : la laïcité en question

Séparation entre Église et État : la laïcité en question

La séparation entre l'Eglise et l'Etat est un grand principe de la laïcité

Suite au précédent article concernant la laïcité.

L’obstination des premiers chrétiens triompha avec l’édit de Milan en 313 qui posa le principe de la séparation des Églises et de l’État et de la reconnaissance de tous les cultes. Principes que Constantin respecta scrupuleusement, puisque parmi ceux qui l’entouraient, on trouvait aussi bien des chrétiens que des gens restés fidèles aux anciennes religions.

L’empereur à la rescousse de l’Église face aux hérésies

Mais, à peine libre, l’Église fut déchirée par des hérésies dont la plus célèbre et la plus redoutable fut l’arianisme : Jésus était-il un homme, était-il Dieu ou était-il vrai Homme et vrai Dieu ? Arius prétendait que le Christ n’était pas l’égal du Père.

Les évêques sollicitèrent l’arbitrage de Constantin qui, par souci politique d’éviter les divisions dans son empire, convoqua en 325 le Concile de Nicée dont il assura la présidence. Ce concile reconnut que le Fils était l’égal du Père, qu’il était tout à la fois vrai Dieu et vrai Homme.

Les premiers conseils œcuméniques mettent en doute la séparation entre Église et État

En 381, l’empereur Théodose Ier convoqua à Constantinople un autre concile œcuménique afin de proclamer que l’Esprit-Saint était la troisième personne de la Sainte Trinité. En 435, à Ephèse, Théodose II fit reconnaître que Marie était bien la mère de Dieu contrairement à ce qu’affirmait Nestorius, patriarche de Constantinople.

Les sept premiers conciles œcuméniques furent convoqués par les empereurs ce qui aboutit à une confusion totale entre le politique et le religieux, confusion aggravée du fait que certaines empereurs sentant l’empire ébranlé appelèrent l’Église à leur secours. Honorius nomma les évêques « défenseurs de la cité » ce qui aggrava la confusion entre le spirituel et le temporel en donnant à ces derniers un rôle politique qu’ils n’auraient pas dû avoir.

Saint Augustin : le temporel doit s’incliner devant le spirituel

Saint Augustin dont la pensée domina tout le Haut Moyen Âge, au moins en Occident, embrouilla encore plus les choses puisque dans son œuvre majeure, La cité de Dieu, il reconnaît, certes, que les deux pouvoirs sont indépendants mais que l’un, la cité de Dieu représentait le bien et l’autre, la cité des hommes, le mal. La première était donc supérieure à la seconde.

Cet enseignement fut repris par Gélase, pape de 492 à 496, lorsqu’il écrivit à l’empereur Athanase Ier : « Il y a deux principes, Empereur Auguste, par qui ce monde est régi au premier chef : l’autorité sacrée des pontifes et la puissance royale, et des deux c’est la charges des prêtres qui est la plus lourde, car devant le tribunal de Dieu ils rendront compte même pour les rois des hommes ». Il s’ensuivait donc logiquement que le pouvoir temporel devait s’incliner devant le pouvoir spirituel.

Grégoire le Grand, Isidore de Séville, Jonas d’Orléans et Hincmar s’inspirèrent, eux aussi, de cette théologie politique issue des idées de saint Augustin. On pourrait donc penser que le Haut Moyen-âge a connu un véritable « augustinisme politique » selon la formule désormais célèbre de Mrg Arquillère. La séparation entre l’Église et l’État était vraiment hors de propos à cette époque.

Le religieux au service du pouvoir politique durant le Haut Moyen Âge

La réalité est en fait plus complexe. La victoire de Justinien sur les barbares en Afrique en 533-534 entraîna la soumission des papes aux décisions des empereurs d’Orient. Depuis 535, les papes devaient soumettre leur élection à l’approbation des empereurs et les prélats étaient choisis par les rois.

Certes, le pape Zacharie déposa Childéric, dernier mérovingien au profit de Pépin le Bref en 751 tandis qu’en l’an 800, Léon III couronnait empereur Charlemagne. Mais il ne faut pas oublier que dans le même temps Charles Martel et Pépin le Bref s’emparaient des biens de l’Église pour les distribuer à leurs fidèles. Charlemagne qui se faisait certes lire les œuvres de saint Augustin durant ses repas. Mais, encouragé par Alcuin, il exigeait de ses prélats les mêmes services d’arme et de cour que pour ses autres vassaux. Il réglementait l’administration des diocèses et des monastères, et présidait les synodes. Il réunit un concile à Aix-la-Chapelle et trancha lui-même la question du «  filioque ».

Le Saint-Empire : un système sans séparation entre Église et politique ?

En Allemagne, Othon Ier, fondateur du Saint-Empire romain germanique, utilisa plus tard les évêques comme cadres de son administration naissante. En favorisant le mariage des prêtres, et même des évêques, la féodalité tenait les clercs « par la terre et par la chair ». Il s’en fallut de peu que l’empereur ne concentra entre ses mains les deux pouvoirs.

Dans ce système ignorant totalement la séparation du spirituel et du temporel, les deux pouvoirs étaient étroitement mêlés, parler de laïcité relevait de la plaisanterie. Mais avec l’élection de Grégoire VII en 1073 les choses changèrent brusquement…

(à suivre…)

Article précédent : La laïcité en question

Philippe Prévost