ANNECY

ANNECY

Annecy, un grain de plus ajouté au chapelet des massacres commis par l’étranger sur le sol national, un immigré syrien poignarde avec acharnement des enfants.

N’écoutons pas, n’écoutons plus les lâches et les tièdes qui vous parleront du silence et du recueillement nécessaires en de telles circonstances, n’écoutons plus le camp des défaitistes qui voudra éviter les réactions à chaud et ce qu’il nomme “polémiques”. N’écoutons plus ces hordes d’exécrables complices qui essayent d’éteindre le brasier de la juste indignation et de la saine révolte qui montent !
Faudra-t-il donc attendre le génocide total de tout notre peuple pour que ceux qui sont censés nous protéger réagissent ? Ne le croyez pas ! Il n’en feront jamais rien, car ceux qui nous gouvernent tiennent le bras de ceux qui égorgent. L’étranger n’est jamais que le soldat inconscient de forces anti-françaises que nous ne connaissons que trop.

L’étranger règne en République parce que de puissantes coteries le veulent, le désirent et le permettent.

Français, vous êtes seuls, absolument seuls, face à toutes les menaces qui vous submergent car aucun État ne vous protégera des vols, des viols et des meurtres que vous subirez encore et encore en une longue et sinistre litanie. L’Etat a trahi, la République a empoisonné l’eau du puit et ses représentants crachent sur les victimes.

L’Action française combattra jusqu’à la fin de toutes ses forces pour la restauration nationale et pour le peuple français. Qu’importe les coups, qu’importe les ruines, nous devons nous dresser violemment contre les ennemis de la Nation.
Notre force est d’avoir raison, notre espérance viendra de notre capacité à éloigner loin de nous les mirages des fausses doctrines. Une de celles-ci consiste à croire que la démocratie chassera les brigands qui nous gouvernent, une autre veut nous faire croire que la solution sera pacifique. Il n’en est rien.

Nous mènerons ce combat, mais celui-ci ne se fera pas sans vous, sans votre réaction violente et totale contre tous les ennemis de la nation, contre toute la clique de l’anti-France qui vous assassine. Menons ce combat, dussions-nous sortir les couteaux de cuisine.

Hauts les coeurs !

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L’Avenir de l’Intelligence

L’Avenir de l’Intelligence

XXIV. — L’esprit révolutionnaire et l’argent

Je sais la réponse des anarchistes :

— Eh bien, on le saura et on le dira ; l’Opinion libre fournira des armes contre l’Opinion achetée. L’Intelligence se ressaisira. Elle va flétrir cet Argent qu’elle vient de subir. Ce n’est pas d’aujourd’hui que la ploutocratie aura tremblé devant les tribuns.

Nouvelle illusion d’une qualité bien facile !

Si des hommes d’esprit ne prévoient aucune autre revanche contre l’Argent que la prédication de quelque Savonarole laïque, les gens d’affaires ont pressenti l’événement et l’ont prévenu. Ils se sont assuré la complicité révolutionnaire. En ouvrant la plupart des feuilles socialistes et anarchistes et nous informant du nom de leurs bailleurs de fonds 28, nous vérifions que les plus violentes tirades contre les riches sont soldées par la ploutocratie des deux mondes. À la littérature officielle, marquée par des timbres et des contre-seings d’un État qui est le prête-nom de l’Argent, répond une autre littérature, qui n’est qu’officieuse encore et que le même Argent commandite et fait circuler. Il préside ainsi aux attaques et peut les diriger. Il les dirige en effet contre ce genre de richesses qui, étant engagé dans le sol ou dans une industrie définie, garde quelque chose de personnel, de national et n’est point la Finance pure. La propriété foncière, le patronat industriel offrent un caractère plus visible et plus offensant pour une masse prolétaire que l’amas invisible de millions et de milliards en papier. Les détenteurs des biens de la dernière sorte en profitent pour détourner contre les premiers les fières impatiences qui tourmentent tant de lettrés.

Mais le principal avantage que trouve l’Argent à subventionner ses ennemis déclarés provient de ce que l’Intelligence révolutionnaire sort merveilleusement avilie de ce marché. Elle y perd sa seule source d’autorité, son honneur ; du même coup, ses vertueuses protestations tombent à plat.

La Presse est devenue une dépendance de la finance. Un révolutionnaire, M. Paul Brulat 29, a parlé récemment de sauver l’indépendance de la Pensée humaine. Il la voyait donc en danger. « La combinaison financière a tué l’idée, la réclame a tué la critique. » Le rédacteur devient un « salarié », « son rôle est de divertir le lecteur pour l’amener jusqu’aux annonces de la quatrième page. » « On n’a que faire de ses convictions. Qu’il se soumette ou se démette. La plupart, dont la plume est l’unique gagne-pain, se résignent, deviennent des valets. » Aussi, partout « le chantage sous toutes ses formes, les éloges vendus, le silence acheté… Les éditeurs traitent ; les théâtres feront bientôt de même. La critique dramatique tombera comme la critique littéraire. »

M. Paul Brulat ne croit pas à la liberté de la Presse, qui n’existe même point pour les bailleurs de fonds des journaux : « Non, même pour ceux-ci, elle est un leurre. Un journal, n’étant entre leurs mains qu’une affaire, ne saurait avoir d’autre soucis que de plaire au public, de retenir l’abonné 30. » Sainte-Beuve, en observant, dès 1839, que la littérature industrielle tuerait la critique, commençait à sentir germer en lui le même scepticisme que M. Paul Brulat. Une même loi « libérale », disait-il, la loi Martignac, allégea la Presse « à l’endroit de la police et de la politique », mais « accrut la charge industrielle des journaux ».

Ce curieux pronostic va plus loin que la pensée de celui qui le formulait. Il explique la triste histoire de la déconsidération de la Presse en ce siècle-ci. En même temps que la liberté politique, chose toute verbale, elle a reçu la servitude économique, dure réalité, en vertu de laquelle toute foi dans son indépendance s’effaça, ou s’effacera avant peu. Cela à droite comme à gauche. On représentait à un personnage important du monde conservateur que le candidat proposé pour la direction d’un grand journal cumulait la réputation de pédéraste, d’escroc et de maître-chanteur : « Oh ! » murmura ce personnage en haussant les épaules, « vous savez bien qu’il ne faut pas être trop difficile en fait de journalistes ! » L’auteur de ce mot n’est cependant pas duc et pair ! Il peignait la situation. On discuta jadis de la conviction et de l’honorabilité des directeurs de journaux. On discute de leur surface, de leur solvabilité et de leur crédit. Une seule réalité énergique importe donc en journalisme : l’Argent, avec l’ensemble des intérêts brutaux qu’il exprime. Le temps paraît nous revenir où l’homme sera livré à la Force pure, et c’est dans le pays où cette force a été tempérée le plus tôt et le plus longtemps, que se rétablit tout d’abord, et le plus rudement, cette domination. #

XXV. — L’âge de fer

Une certaine grossièreté passe dans la vie. La situation morale du lettré français en 1905 n’est plus du tout ce qu’elle était en 1850. La réputation de l’écrivain est perdue. Écrire partout, tout signer, s’appliquer à donner l’impression qu’on n’est pas l’organe d’un journal, mais l’organe de sa propre pensée, cela défend à peine du discrédit commun. Si l’on ne cesse pas d’honorer en particulier quelques personnes, la profession de journaliste est disqualifiée. Journalistes, poètes, romanciers, gens de théâtre font un monde où l’on vit entre soi ; mais c’est un enfer. Les hautes classes, de beaucoup moins fermées qu’elles ne l’étaient autrefois, beaucoup moins difficiles à tous les égards, ouvertes notamment à l’aventurier et à l’enrichi, se montrent froides envers la supériorité de l’esprit. Tout échappe à une influence dont la sincérité et le sérieux font le sujet d’un doute diffamateur. #

Mais l’écrivain est plus diffamé par sa condition réelle que par tous les propos dont il est l’objet. Ou trop haut ou trop bas, c’est le plus déclassé des êtres ; les meilleurs d’entre nous se demandent si le salut ne serait point de ne nous souvenir que de notre origine et de notre rang naturel, sans frayer avec des confrères, ni avoir soucis des mondains. L’expédient n’est pas toujours pratique. Renan disait que les femmes modernes, au lieu de demander aux hommes « de grandes choses, des entreprises hardies, des travaux héroïques », leur demandent « de la richesse, afin de satisfaire un luxe vulgaire ». Luxe vulgaire ou bien désir, plus vulgaire encore, de relations.

L’ancien préjugé favorable au mandarinat intellectuel conserve sa force dans la masse obscure et profonde du public lisant. Il ne peut le garder longtemps. La bourgeoisie, où l’amateur foisonne presque autant que dans l’aristocratie, s’affranchit de toute illusion favorable et de toute vénération préconçue. Son esprit positif observe qu’il y a bien quatre ou cinq mille artistes ou gens de lettres à battre le pavé de Paris en mourant de faim. Elle calcule que, des deux grandes associations professionnelles de journalistes parisiens, l’une comptait en 1896 plus du quart, et l’autre plus du tiers de ses membres sans occupation 31. Elle prévoit un déchet de deux ou trois mille malheureux voués à l’hospice ou au cabanon. Les beaux enthousiasmes des lecteurs de Hugo et de Vacquerie 32 paraissent donc également devoir fléchir dans la classe moyenne.

Ils se perpétuent au-dessous, dans cette partie du gros peuple où la lecture, l’écriture et ce qui y ressemble, paraît un instrument surnaturel d’élévation et de fortune. Par les moyens scolaires qui lui appartiennent, l’État s’applique à prolonger une situation qui maintient le crédit de cette Intelligence, derrière laquelle il se dissimule, pour mieux dissimuler cet Argent par lequel il est gouverné. Mais il provoque le déclassement, par cela même qu’il continue à le revêtir de teintes flatteuses. Encombré de son prolétariat intellectuel, l’État démocratique ne peut en arrêter la crue, il est dans la nécessité de la stimuler 33. Les places manquent, et l’État continue à manœuvrer sa vieille pompe élévatoire. Les finances en souffrent quand il veut tenir parole, et le mal financier aboutit aux révolutions. Mais, s’il retire sa parole, c’est encore à des révolutions qu’il est acculé. La société ploutocratique s’est assurée tant bien que mal contre ce malheur. Elle espère le canaliser, le détourner d’elle. Mais l’État s’effraie pour lui-même, et ses premières inquiétudes se font sentir.

XXVI. — Défaite de l’Intelligence

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Il faut bien se garder de croire que ces turbulences puissent ruiner de fond en comble les intérêts fondamentaux, les forces organiques de la vie civilisée. La Finance, l’activité qu’elle symbolise, doit vaincre, associant peut-être à son triomphe les meilleurs éléments du prolétariat manuel, ces ouvriers d’état qui se forment en véritable aristocratie du travail, sans doute aussi des représentants de l’ancienne aristocratie, dégradée ou régénérée par cette alliance. Le Sang et l’Or seront recombinés dans une proportion inconnue. Mais l’Intelligence, elle, sera avilie pour longtemps ; notre monde lettré, qui paraît si haut aujourd’hui, aura fait la chute complète, et, devant la puissante oligarchie qui syndiquera les énergies de l’ordre matériel, un immense prolétariat intellectuel, une classe de mendiants lettrés comme en a vu le moyen âge, traînera sur les routes de malheureux lambeaux de ce qu’auront été notre pensée, nos littératures, nos arts.

Le peuple en qui l’on met une confiance insensée se sera détaché de tout cela, avec une facilité qu’on ne peut calculer mais qu’il faut prévoir. C’est sur un bruit qui court que le peuple croit à la vertu de l’Intelligence ; ceux qui ont fait cette opinion ne seront pas en peine de la défaire.

Quand on disait aux petites gens qu’un petit homme, simple et d’allures modestes, faisait merveille avec sa plume et obtenait ainsi une gloire immortelle, ce n’était pas toujours compris littéralement, mais le grave son des paroles faisait entendre et concevoir une destinée digne de respect, et ce respect tout instinctif, ce sentiment presque religieux étaient accordés volontiers. L’éloge est devenu plus net quand, par littérature, esthétique ou philosophie, on a signifié gagne-pain, hautes positions, influence, fortune. Ce sens clair a été trouvé admirable, et il est encore admiré. Patience, et attendez la fin. Attendez que Menier et Géraudel aient un jour intérêt à faire entendre au peuple que leur esprit d’invention passe celui de Victor Hugo, puisqu’ils ont l’art d’en retirer de plus abondants bénéfices ! Le peuple ne manquera pas de générosité naturelle. Il n’est pas disposé à « tout évaluer en argent ». Mais lui a-t-on dit de le faire, il compte et compte bien. Vous verrez comme il saura vous évaluer. Le meilleur, le moins bon, et le pire de nos collègues sera classé exactement selon la cote de rapport. Jusqu’où pourra descendre, pour regagner l’estime de la dernière lie du peuple, ce qu’on veut bien nommer « l’aristocratie littéraire », il est aisé de l’imaginer. Le lucre conjugué à la basse ambition donnera ses fruits naturels.

Littérature deviendra synonyme d’ignominie. On entendra par là un jeu qui peut être plaisant, mais dénué de gravité, comme de noblesse. Endurci par la tâche, par la vie au grand air et le mélange de travail mécanique et des exercices physiques, l’homme d’action rencontrera dans cette commune bassesse des lettres et des arts de quoi justifier son dédain, né de l’ignorance. S’il a de la vertu, il nommera aisément des dépravations les raffinements du goût et de la pensée. Il conclura à la grossièreté et à l’impolitesse, sous prétexte d’austérité. Ce sera fait dès lors de la souveraine délicatesse de l’esprit, des recherches du sentiment, des graves soins de la logique et de l’érudition. Un sot moralisme jugera tout. Le bon parti aura ses Vallès, ses Mirbeau 34, hypnotisés sur une idée du bien et du mal conçue sans aucune nuance, appliquée fanatiquement. Des têtes d’iconoclastes à la Tolstoï se dessinent sur cette hypothèse sinistre, plus qu’à demi réalisée autour de nous… Mais, si l’homme d’action brutale qu’il faut prévoir n’est point vertueux, il sera plus grossier encore ; l’art, les artistes se plieront à ses divertissements les plus vils, dont la basse littérature des trente ou quarante dernières années, avec ses priapées sans goût ni passion, éveille l’image précise. Cet homme avilira tous les êtres que l’autre n’aura pas abrutis.

Le patriciat dans l’ordre des faits, mais une barbarie vraiment démocratique dans la pensée, voilà le partage des temps prochains. Le rêveur, le spéculatif pourront s’y maintenir au prix de leur dignité ou de leur bien-être. Les places, le succès ou la gloire récompenseront la souplesse de l’histrion. Plus que jamais, dans une mesure inconnue aux âges de fer, la pauvreté, la solitude, expieront la fierté du héros et du saint : jeûner, les bras croisés au-dessus du banquet, ou, pour ronger les os, se rouler au niveau des chiens.

L’aventure

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À moins que…

Je ne voudrais pas terminer ces analyses un peu lentes, mais, autant qu’il me semble, réelles et utiles, par un conte bleu. Cependant il n’est pas impossible de concevoir un autre tour donné aux mouvements de l’histoire future. Il suffirait de supposer qu’une lucide conscience du péril, unie à quelques actes de volonté sérieuse, suggère à l’Intelligence française, qui, depuis un siècle et demi, a causé beaucoup de désastres, de rendre le service signalé qui sauverait tout.

Elle s’est exilée à l’intérieur, elle s’est pervertie, elle a couru tous les barbares de l’univers ; supposez qu’elle essaye de retrouver son ordre, sa patrie, ses dieux naturels.

Elle a propagé la Révolution ; supposez qu’elle enseigne, au rebours, le Salut public.

Imaginez qu’un heureux déploiement de cette tendance nouvelle lui regagne les sympathies et l’estime, non certes officielles, ni universelles, mais qui émaneraient de sphères respectées et encore puissantes.

Imaginez d’ailleurs que l’Intelligence française comprenne bien deux vérités :

•  ni elle n’est, ni elle ne peut être la première des Forces nationales,

•  et, en rêvant cet impossible, elle se livre pratiquement au plus dur des maîtres, à l’Argent.

Veut-elle fuir ce maître, elle doit conclure alliance avec quelque autre élément du pouvoir matériel, avec d’autres Forces, mais celles-ci personnelles, nominatives et responsables, auxquelles les lumières qu’elle a en propre faciliteraient le moyen de s’affranchir avec elle de la tyrannie de l’Argent.

Concevez, dis-je, la fédération solide et publique des meilleurs éléments de l’Intelligence avec les plus anciens de la nation ; l’Intelligence s’efforcerait de respecter et d’appuyer nos vieilles traditions philosophiques et religieuses, de servir certaines institutions comme le clergé et l’armée, de défendre certaines classes, de renforcer certains intérêts agricoles, industriels, même financiers, ceux-là qui se distinguent des intérêts d’Argent proprement dits en ce qu’ils correspondent à des situations définies, à des fonctions morales. Le choix d’un tel parti rendrait à l’Intelligence française une certaine autorité. Les ressources afflueraient, avec les dévouements, pour un effort en ce sens. Peut-être qu’une fois de plus la couronne d’or nous serait présentée comme elle le fut à César.

Mais il faudrait la repousser. Et aussi, en repoussant cette dictature, faudrait-il l’exercer provisoirement. Non point certes pour élever un empire reconnu désormais fictif et dérisoire, mais, selon la vraie fonction de l’Intelligence, pour voir et faire voir quel régime serait le meilleur, pour le choisir d’autorité, et, même, pour orienter les autres Forces de ce côté ; pareil chef-d’œuvre une fois réussi, le rang ultérieurement assigné à l’Intelligence dans la hiérarchie naturelle de la nation importerait bien peu, car il serait fatalement très élevé dans l’échelle des valeurs morales. L’Intelligence pourrait dire comme Romée de Villeneuve dans le Paradis :

e ciò gli fece
Romeo, persona umile e peregrina
 35

« et Romée fit cela,
personne humble et errant pèlerin. »

En fait, d’ailleurs, et sur de pareils états de services, le haut rôle consultatif qui lui est propre lui reviendrait fatalement par surcroît.

Les difficultés, on les voit. Il faudrait que l’Intelligence fît le chef-d’œuvre d’obliger l’Opinion à sentir la nullité profonde de ses pouvoirs et à signer l’abdication d’une souveraineté fictive ; il faudrait demander un acte de bon sens à ce qui est privé de sens. Mais n’est-il pas toujours possible de trouver des motifs absurdes pour un acte qui ne l’est point ?

Il faudrait atteindre et gagner quelques-unes des citadelles de l’Argent et les utiliser contre leur propre gré, mais là encore espérer n’est point ridicule, car l’Argent diviseur et divisible à l’infini peut jouer une fois le premier de ces deux rôles contre lui-même.

Il faudrait rassembler de puissants organes matériels de publicité, pour se faire entendre, écouter, malgré les intérêts d’un État résolu à ne rien laisser grandir contre lui ; mais cet État, s’il a un centre, est dépourvu de tête. Son incohérence et son étourderie éclatent à chaque instant. C’est lui qui, par sa politique scolaire, a conservé à l’Intelligence un reste de prestige dans le peuple ; par ses actes de foi dans la raison et dans la science, il nous a coupé quelques-unes des verges dont nous le fouettons.

Les difficultés de cette entreprise, fussent-elles plus fortes encore, seraient encore moindres que la difficulté de faire subsister notre dignité, notre honneur, sous le règne de la ploutocratie qui s’annonce. Cela, n’est pas le plus difficile ; c’est l’impossible. Ainsi exposé à périr sous un nombre victorieux, la qualité intellectuelle ne risque absolument rien à tenter l’effort ; si elle s’aime, si elle aime nos derniers reliquats d’influence et de liberté, si elle a des vues d’avenir et quelque ambition pour la France, il lui appartient de mener la réaction du désespoir. Devant cet horizon sinistre, l’Intelligence nationale doit se lier à ceux qui essayent de faire quelque chose de beau avant de sombrer. Au nom de la raison et de la nature, conformément aux vieilles lois de l’univers, pour le salut de l’ordre, pour la durée et les progrès d’une civilisation menacée, toutes les espérances flottent sur le navire d’une Contre-Révolution.

Charles Maurras
Source : maurras.net

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Écho d’Action Française

Écho d’Action Française

Edito du nouveau numéro

Chers amis d’AF,
La fin de l’été sonne et la reprise est rude. Nous aurons dans les semaines qui viennent de nombreuses activités et nous serons là, mobilisés comme toujours, pour défendre tant que faire se peut les intérêts du pays, au milieu du chaos général géré par le président de la « start up nation » et son personnel. Nous aurons à nous battre sur des sujets aussi grave que l’euthanasie ou le grand remplacement déjà en cours et nous aurons à nos côtés de nombreux Français de bonne volonté certes, mais qui pensent mal. Notre responsabilité est grande, notre devoir est de convertir à la monarchie les “nationaux” qui pensent possible une bonne république.

“Oui ou non l’institution d’une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée est-elle de salut public ?” : la question que pose Maurras dans l’Enquête sur la Monarchie est plus que jamais d’actualité. Nous répétons à satiété les mêmes vérités depuis plus de 120 ans, 120 années qui nous donnent raison !
Nous nous adressons à tous les Français. Il nous arrive très souvent d’être confrontés à des catholiques qui sans le vouloir, sans le savoir, participent à l’absence de progression de cette révolution nationale à laquelle nous aspirons tant. Beaucoup, dans ces milieux persistent à accuser l’Action Française de rabaisser les hautes finalités religieuses à un dessein bassement politique, de faire de l’Église un instrument politique. À ces “ralliés”, nous opposons l’enseignement de Saint Thomas d’Aquin : « si la fin est première selon l’intention, elle est seconde selon l’exécution. Trop de traditionnalistes refusent l’action politique pourtant essentielle, visant le régime, cet État fauteur de toutes les aberrations qui sape les fondements de la Cité. »

À propos des inventaires de 1905, Maurras rapporte la réponse de simple bon sens d’une militante d’AF à ceux qui, en pleine lutte contre les exactions anticatholiques des forces de l’ordre de l’époque, n’en répétaient pas moins : “pas de politique ! ” : “Ils m’amusent avec leur « pas de politique » -disait-elle-, est-ce qu’on se battrait à la porte des églises si nous avions le roi ? “. Poser la question c’est y répondre. Y aurait-il eu légalisation de l’avortement, si nous avions le roi ? Y aurait-il eu mariage pour tous, invasion migratoire, islamisation, abdication de la souveraineté de la France, oppression administrative, manipulations génétiques si nous avions eu le roi ?

Or, si nous possédons la doctrine du salut national, le travail est gigantesque : il s’agit comme aux premiers temps de l’AF de répandre en France un état d’esprit royaliste, seule condition d’un renouveau Français.
Alors aidez-nous sans tarder, donnez un peu de votre temps ou de votre argent à l’Action Française, personne ne le fera à votre place. Continuons le combat coûte que coûte, dans la fidélité à nos principes.
Nous vous attendons nombreux en Provence le 29 octobre prochain, à la grande journée d’amitié et d’Action Française “Pour un réveil Français”, organisée à l’occasion de l’anniversaire des 70 ans de la disparition du Maître de Martigues.

Vive le Roi !

Le Comité Directeur de l’Action Française

L’Écho d’Action Française, bulletin du nationalisme intégral, est une publication bimestrielle qui permet aux amis d’Action Française de garder un lien avec le mouvement. Il a été lancé en 2019, à la suite de la disparition de l’Action Française 2000 et est appelé à devenir un périodique important fidèle aux idées du nationalisme intégral.

Avec Philippe Champion, Gérard Bedel, Guillaume Staub, Jean-Pierre Papadacci, Michel Fromentoux, le Docteur Charles, l’abbé Thierry Roy, Guillaume Staub, Victor Legras, Anne Brassié, Monsieur K, Marion Sigaut, Stéphanie Bignon…

SOMMAIRE :

  • Editorial : « La France, la France seule »
  • Les chiens de gardes ne sont pas des nôtres par Monsieur K
  • Anti-France par Philippe Champion
  • Le libéralisme ou l’abandon du bien par Joël Hautebert
  • Trois livres : Charles Maurras, du félibrige au nationalisme intégral (Philippe Campion), Jacques Bainville, la sagesse politique d’un gentilhomme des Lettres  (Gérard Bedel) et Le petit monde de Léon Daudet (Philippe Champion)
  • Votre bel aujourd’hui par Michel Fromentoux
  • Entretien avec le philosophe Rémi Soulié : Les Âges d’Orphée par Guillaume Staub

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Jeanne d’Arc par Maurras

Jeanne d’Arc par Maurras

Les privilégiés qui disposent du Dictionnaire politique et critique de Charles Maurras pourront y relire les pages émouvantes et pertinentes consacrées dans le tome deuxième à la sainte de la Patrie :

– Jeanne d’Arc et les Républicains (Action Française du 5 juin 1913, Pp.347-349).

– Sainte Jeanne d’Arc (Action Française du 7 avril 1919, pp. 349-351 )

– La figure de la Patrie (Action Française du 8 mai 1927, pp. 35 1-354)

– Autres leçons de Jeanne d’Arc (Action Française du 13 mai 1928, pp. 354-355 ). Nous en donnons ici un bref extrait.

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“Un autre trait doit être observé par toute la vie tragique de Jeanne d’Arc. Trait non de classe, mais de race historique, particulier à tout ce qui s’inspire un peu largement des traditions orales ou écrites de la France : c’est la florissante vigueur, la jeune hardiesse, la souplesse de sa raison. Les amateurs de poésie pure croient que la raison sèche l’âme ou opprime le cœur. Mais ont-ils apporté une once de critique à la lecture de l’interrogatoire de Jeanne ? Face aux arguties captieuses, une logique ailée s’allie au jugement le plus délicat. Il est de Jeanne d’Arc, le grand mot par lequel est jugée éternellement la méthode de diffamation assassine et qu’elle a dû jeter à quelque valet de greffier qui lui reprochait de n’avoir servi ni l’Eglise ni la Patrie : – Ah! Vous écrivez bien ce qui est contre moi, mais vous ne voulez pas écrire ce qui est pour moi! “

Ainsi la reine vierge des bons guerriers d’Action française pourrait aussi servir de protectrice et d’intercesseur à ceux de leurs amis qui ont été conduits à faire un usage public des puissances de la persuasion et de la raison. Elle en prêche l’exemple, et elle en donne les leçons, qu’il s’agisse de distinguer ou de réfuter, de conclure ou de rectifier. Ce jeune chef de guerre dont les inventions stratégiques sur le champ de bataille frappent les hommes de métier d’une stupeur pleine d’admiration, la voilà sans arme et sans compagnon dans la geôle, dans le prétoire. Réduite à elle seule, sans avocat ni conseiller, elle invente cette défense qui répand des nappes de lumières égales, traversées de soudaines brusqueries comparables aux divines fulgurations. L’amalgame inouï du sublime avec le bon sens !

C’est contre cette enfant unique de la France, contre cet abrégé de tout ce que la chrétienté médiévale a produit et peut-être a rêvé de plus pur, que l’envahisseur étranger avait suscité toutes les autorités qu’il avait pu réunir, suborner, soudoyer. Je lis dans un discours, prononcé à la Cathédrale d’Orléans, par un évêque français, ce jugement terrible porté sur les juges ecclésiastiques par qui le bûcher de Jeanne fut allumé : Quels juges! Des hommes, a-t-on dit, dont la science théologique n’était qu’un moyen de faire leur carrière ; un Pierre Cauchon, devenu évêque et qui aspire au siège archiépiscopal de Rouen ; un Jean Beaupère, qui, lui, bien que manchot de la main droite, a su de la gauche faire râfle de riches prébendes ; un Nicolas Midy qui cumulait « tout, les titres et les bénéfices, les violences et les hontes » ; et d’autres personnages qui, quelques mois plus tard, au Concile de Bâle, feront figure de schismatiques.

“C’est devant un pareil tribunal que Jeanne subira d’interminables interrogatoires où par l’imprévu, la multiplicité et l’incohérence voulue des questions, on essaiera de la troubler et de la déconcerter. Quel drame! D’un mot, d’un geste, quand il semble qu’elle est perdue, elle écarte les subtilités dont on cherche à l’embarrasser, repousse les accusations mensongères, démasque les perfidies cachées et s’élève dans une atmosphère de pureté et de vérité”.

“Elle s’élève, c’est cela! Au-dessus des douleurs de la sentence. Au-dessus de la honte du tribunal. Dans cette vérité qu’elle sert et qui la défend. Une vérité qui la garde intacte, comme un cristal, comme un diamant, comme les pures flammes arrondies en bouquet autour de la martyre, au-dessus de la corruption et que rien ne saurait corrompre. Ce qui est, est. Ce qui a été, a été. Il n’y a rien de plus inviolable que les mérites et l’honneur d’un noble passé. Heureux qui appuie là-dessus les forces, les espoirs, les desseins du noble avenir !”

N. B. Charles Maurras est encore l’auteur d’un petit livre introuvable Méditation sur la politique de Jeanne d’Arc, illustré par Maxime Real de Sarte. 

 

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Macron Réélu

Macron Réélu

Cinq ans de plus pour la clique de Macron. Assurément cinq ans de chaos. Certains de nos amis, malgré toutes les répugnances et le dégoût que pouvaient leur inspirer l’infâme démocratie que nous subissons, ont soutenu Marine le Pen. “Votez, je vote, votons tous. La devise de notre Action Française est d’agir, d’avancer, de manifester “par tous les moyens”, même légaux.” C’est en ces termes que Maurras achevait sa Chronique “Politique” dans l’Action Française du 27 mars 1908.

Il ne s’agissait certainement pas de donner un blanc-seing à celle qui a reculé sur tout et qui a mis à la porte, pour se faire accepter du système, un nombre important de patriotes sincères. Il s’agissait de faire tout ce qui était possible pour barrer la route à celui qui est l’incarnation la plus parfaite de l’anti France. Deux millions d’immigrés en plus, 600 milliards de dette supplémentaire, 20% des lits d’hôpitaux fermés, crise des gilets jaunes, gestion du covid et dictature sanitaire, humiliation diplomatiques, mépris permanent, destruction de la famille, allongement du délai de l’avortement à 14 semaines, laxisme judiciaire, soumission à Bruxelles, etc., tel a été le bilan de 5 ans de politique macroniste. Nous n’espérions pourtant pas grand-chose de cette élection tant nous sommes convaincus que jamais une victoire de la nation ne sortira des urnes. La victoire (frauduleuse ?) de Macron permettra-t-elle d’accélérer l’histoire ? Poussera-t-elle à des insurrections du pays réel significatives ? L’histoire nous le dira. Ce qu’il y a de certain, c’est que la vermine est le Président le plus mal élu de Marianne V et que l’abstention révèle un rejet de Système. Toute l’anti France était mobilisée pour la victoire du serviteur de l’étranger : la crasse médiatique, les associations antiracistes, la maçonnerie par la voix de Georges Serignac, Grand Maître du Grand Orient de France, le monde des artistes et du sport, l’administration… Macron devait gagner légalement ou par la fraude, il devait assurer la continuité du projet de destruction de la France.  

“Non seulement il ne vaut pas la peine de désirer une pareille République, mais il importe de la haïr comme le plus dangereux des pièges tendus à la France par nos ennemis du dehors et du dedans. Son rêve peut flatter l’imagination par un air résigné et conciliateur. Mais ce n’est rien qu’un rêve, médiocre en lui-même et, par ses conséquences, fou. Personne n’a le droit d’exposer la patrie pour un conte bleu. Il faut que les Français puissent s’en rendre compte. Disons-le leur, et rudement, pour qu’on ne les voie plus s’asseoir ni hésiter à ce carrefour de l’action”, disait encore Charles Maurras.

Que de temps perdu, que d’argent gaspillé (4,72 euros par Français inscrit sur les listes électorales sans compter les dizaines de millions empruntés par les partis), que d’énergies qui ont cru aux urnes… Et voilà une nouvelle fois la France fracturée et plus affaiblie que jamais. La réélection de Macron est une catastrophe pour le pays : recul de l’âge de la retraite, euthanasie, pillage du patrimoine industriel… Voilà quelques-unes des promesses d’un président qui a manifestement très envie « d’emmerder » les Français.

Fidèle à sa vocation, l’Action Française s’emploiera à dénoncer et à combattre par l’action les méfaits du régime. “La démocratie c’est le mal, la démocratie c’est la mort”, il nous faut rappeler haut et fort nos raisons contre la république et pour la monarchie, il nous faut convertir les “nationaux” en véritables nationalistes, il nous faut travailler à la diffusion d’une pensée droite qui s’attaque aux institutions meurtrières de leur république qui n’est autre que le règne toujours plus puissant de l’étranger. C’est aussi à une révolution mentale que nous devons aspirer, tout patriote digne de ce nom doit faire le deuil de ses illusions démocratiques. 

Des périodes de chaos peuvent surgir des surprises, parfois divines ! Sachons garder l’espérance, soyons d’AF : intellectuels et violents.

LE COMBAT CONTINUE, ON LES AURA ! 

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