Moyen-Orient : notre analyse

Moyen-Orient : notre analyse

Israël a fait l’objet de frappes de missiles iraniens le 1er octobre. Cette opération vient en représailles à celle exécutée le 31 juillet dernier, sur le territoire iranien. Israël avait alors violé la souveraineté de l’Iran en assassinant l’un des dirigeants du Hamas palestinien qui se trouvait à Téhéran. 

Quelques mois auparavant, le 1er avril, l’entité sioniste avait procédé à une frappe visant le consulat iranien en Syrie et provoquant l’assassinat de 16 personnes, notamment des diplomates iraniens qui se trouvaient dans ce bâtiment (territoire iranien selon la convention de Vienne). La riposte iranienne à cet acte avait été très mesurée. La nuit du 13 au 14 avril, une centaine de drones inoffensifs ont été envoyés vers Israël, dans une démonstration de force. Cette opération baptisée « Promesse honnête » s’est voulue inoffensive de la part de l’Iran. Elle avait pour objectif d’adresser un message de dissuasion à l’Etat hébreu. La disproportion de cette riposte a démontré, en toute objectivité, une retenue de l’Iran et sa volonté de ne pas envenimer la situation pour empêcher un embrasement régional. 

C’est la poursuite des actes internationalement illicites menaçant la paix et la sécurité de tout le Moyen-Orient, commis par Israël -notamment l’assassinat de Ismail Hanieh et les attaques contre le Liban qui assiste à une nouvelle invasion israélienne à l’issue de l’assassinat du chef du Hezbollah libanais- qui a conduit à cette opération de représailles. Il a été constaté que les frappes iraniennes ont épargné, au mieux, les civils en Israël, nonobstant quelques dommages collatéraux. Elles n’ont visé que des objectifs militaires et, notamment, les installations d’extraction du gaz dans la Méditerranée. 

Cet embrassement de la situation est déplorable dans la mesure où il pourra conduire à une guerre entre deux axes : celui des États-Unis et de leurs alliés impliqués déjà dans la guerre menée contre la Russie sur le territoire ukrainien, et celui composé par l’Iran, ses deux alliés russe et chinois ainsi que tous les pays opposés à l’hégémonie américaine, que ce soit sur le continent sud-américain, africain, européen (notamment les pays proches de la Russie en Europe de l’Est) ou asiatique, les pays du Moyen-Orient compris. 

Malheureusement, la position de la France, pays légal, est alignée à celle des États-Unis, au lieu d’être un catalyseur et un médiateur pour la paix. Les médias traditionnels jouent le jeu des États-Unis et de leurs alliés en attisant la haine et en diffusant des informations approximatives et propagandistes pour amadouer l’opinion publique et justifier cette position. 

Ainsi, pour avaliser l’assassinat de Hassan Nasrallah, dirigeant du Hezbollah libanais, et les attaques perpétrées contre le Liban en ciblant non seulement les positions de ce groupe (salué à l’époque par l’ancien président Jacques Chirac en 2000 pour avoir libéré le sud Liban de l’occupation israélienne), mais aussi les civils et les lieux de culte, les médias ainsi que certains de nos responsables politiques ont cherché à faire le lien entre le Hezbollah libanais et l’attentat du Drakkar commis contre nos soldats qui participaient à une opération de pacification du Liban en 1983, dans le cadre d’une force multinationale. Mieux encore, cette propagande cherche à mettre la responsabilité de cet attentat commis il y a 40 ans sur le dos d’Hassan Nasrallah. Or, en 1983, Nasrallah avait 22 ans. Il n’avait aucune responsabilité en particulier exécutive au sein du Hezbollah, fraîchement créé et en litige à l’époque avec les Palestiniens. À cette date et dans son litige militaire avec les groupes armés palestiniens qui se trouvaient au Liban, l’Iran envoyait des munitions pour soutenir ce groupe par l’intermédiaire de la frontière israélienne. Le contexte géopolitique était donc complètement différent à cette époque où l’Iran était en conflit avec l’Irak. Ce dernier était alors soutenu par la France et par d’autres pays occidentaux. Par ailleurs, jusqu’à nos jours, les commanditaires de l’attentat du Drakkar voire même la façon dont cette attaque a eu lieu n’ont pas été élucidés. Les rescapés de cet attentat ont remis en cause la version officielle d’une attaque par un camion piégé. Ils ont parlé d’une déflagration qui a été faite de l’intérieur de ce bâtiment qui était préalablement le quartier général des renseignements syriens qui occupait le Liban. Certains observateurs ont même accusé les services israéliens d’avoir commis cette attaque pour écarter la France du Proche-Orient et d’autre part, pour faire échouer l’opération de la force multinationale et, de ce fait, permettre à Israël qui avait envahi le pays du Cèdre en 1982, d’y rester. 

En effet et après cet attentat, Israël a maintenu son occupation du Liban jusqu’à l’an 2000, date à laquelle il a été forcé de quitter ce pays à l’issue des opérations de résistance du Hezbollah qui avait bénéficié d’un statut constitutionnel qui lui a été accordé dans les Accords de Taef, sous impulsion américaine. 

Ces Accords signés à Taef, en Arabie Saoudite, avaient mis fin à la guerre du Liban en permettant uniquement au Hezbollah de maintenir ses armes dans un seul objectif : celui de libérer le Liban de l’occupation israélienne. 

Malheureusement, les Occidentaux y compris les États-Unis et la France avaient fermé les yeux sur l’occupation syrienne du pays. Mieux encore, lors de la conclusion de ces accords en 1989, les Occidentaux avaient donné le feu vert à la Syrie pour maintenir l’occupation du pays du Cèdre jusqu’en 2004. 

Enfin, concernant le Hezbollah, il convient de rappeler deux éléments occultés par les médias traditionnels occidentaux. 

-Le premier, concernant les négociations et les rencontres officielles entre Jean-Yves Le Drian, ancien ministre des affaires étrangères chargé de trouver une issue au blocage institutionnel au Liban, et le Hezbollah. Cet émissaire a rapporté, à maintes reprises, les positions les plus favorables du Hezbollah à l’initiative française par rapport aux initiatives américaines ou qataro-saoudiennes. De même, il convient de rappeler les réunions officielles entre notre chef de l’État, Emmanuel Macron, et Mohamed Raad, représentant officiel du Hezbollah pour les relations extérieures. Macron n’avait pas hésité à rappeler que le Hezbollah fait partie du paysage politique libanais et qu’il dispose de députés élus au Parlement libanais. En effet, ce parti avait conclu une alliance avec le Courant patriotique libre du Général Michel Aoun et avait permis à ce dernier d’être élu Président du pays en 2016. Au cours de la campagne électorale française, à l’instar du candidat Macron, Marine Le Pen avait tenu à visiter le Liban, pays lié à la France depuis Saint Louis, et rencontrer le Président Michel Aoun, l’allié du Hezbollah. 

-Le deuxième élément et pas le moindre qui est occulté par les médias, est relatif à l’engagement du Hezbollah dans la lutte contre Daesh en Syrie. C’est lui qui avait défendu les chrétiens de Maaloula contre ce groupe terroriste takfiriste et qui l’avait par ailleurs empêché d’émerger et d’attaquer le Liban notamment dans le Nord. 

Faut-il aussi rappeler que les principaux ennemis de Daech et d’Al Qaida sont les chiites considérés comme des hérétiques ? A ce sujet, nous constatons curieusement que Daesh ne s’est point attaqué à Israël, lui qui prétend défendre les musulmans. 

Or à Gaza, 85% de la population massacrée par Israël est musulmane de confession sunnite. L’État islamique s’est, en revanche, attaqué à l’Iran le 3 janvier 2024 en commettent un attentat à Karaman. De même, il s’est attaqué à la Russie en commettant une attaque identique au Crocus City le 22 mars dernier. 

Quel intérêt a la France de suivre aveuglément les Etats-Unis et l’OTAN dans leurs positions belliqueuses ? Comment peut-on reprocher à la résistance libanaise de soutenir les Palestiniens et empêcher une victoire d’Israël qui aurait sur eux des conséquences catastrophiques sur le pays du Cèdre avec un nouveau déferlement de réfugiés palestiniens sur son territoire à l’instar de ce qui s’est passé en 1947 et 1967 ? 

le Liban, en crise depuis 2019, accueille plus de 2 millions de réfugiés syriens sur son territoire. Cette donne pourra remettre en cause l’équilibre démographique libanais et entraîner le pays vers plus de problèmes socio-économiques. 

 Antoine AKIL

Correspondant de l’AF au Liban

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HÉRÉDITÉ ET CIVILISATION

HÉRÉDITÉ ET CIVILISATION

C’est l’hérédité collective d’une aristocratie recueillant la succession du Sénat de Rome qui donna la durée et la force à l’Empire romain. Des trois races de nos Rois, celle qui fit la France fut précisément celle qui évolua dans les meilleures conditions d’hérédité monarchique, lesquelles ont permis la régulière transmission, la continuité rigoureuse de leurs desseins.

La valeur de tout effort personnel est dominée par l’immense principe historique en vertu duquel les vivants sont « de plus en plus, et nécessairement, gouvernés par les morts », et chaque vivant par ses morts particuliers. Cette nécessité bienfaisante est la source de la civilisation. Mais il y a longtemps que la démocratie s’est insurgée contre cette condition d’un ordre civilisé ; elle a choisi la barbarie, elle veut se recommencer tout entière à chaque individu qui vient au monde, sauvage et nu. C’est à l’humanité des cavernes que la démocratie veut nous ramener.

Charles Maurras, Sans la muraille des cyprès (J. Gibert, 1941)

Le Sénat romain n’était pas élu, ses membres étaient, en quelque sorte, cooptés parmi les magistrats issus des grandes familles aristocratiques, et du sang neuf, les « hommes nouveaux », s’y introduisait au compte-goutte. Un ambassadeur reçu par le Sénat dit qu’il avait cru être introduit devant une assemblée de rois !

L’Empire romain semble, à première vue, ne pas avoir connu l’hérédité. Il l’a connue, en réalité, mais de manière cachée : la plupart des empereurs n’ont pu avoir de successeurs directs parce qu’ils n’eurent pas de fils ou que ces derniers moururent en bas âge ; mais une étude généalogique prouve que, dans l’ensemble, l’empire fut transmis par les femmes. Si les féministes apprenaient cela, le latin reviendrait à la mode !

Carolingiens, Mérovingiens, Capétiens, des trois races de nos Rois la dernière connut une hérédité heureuse qui fit la France. Après cette constatation, Maurras cite Auguste Comte qui n’a cessé de répéter : « les morts gouvernent les vivants ». Culte des ancêtres, coutumes des ancêtres, mos majorum, tous les peuples civilisés, et même la plupart des autres, ont vécu sur ces principes, et plus l’aventure humaine avance, plus, « nécessairement » l’expérience du passé a enrichi la civilisation.

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Mais Rousseau vint. Alors que toutes les sociétés, des primitives aux plus élaborées, avaient postulé que la civilisation était un capital transmis et augmenté, le citoyen de Genève piétina la plus belle réalisation du génie humain, la France d’Ancien Régime, et les privilégiés s’enthousiasmèrent pour ce faune, comme les bourgeois d’aujourd’hui, gavés et repus, accompagnent leur digestion d’un militantisme en faveur de la faim dans le monde. Rousseau chantait déjà la chanson impie : « du passé faisons table rase. »

La démocratie a choisi la barbarie. Rousseau ne disait-il-pas dans son Discours sur l’inégalité que l’homme qui médite est un animal dépravé ? Oui, la démocratie est une barbarie : le citoyen électeur ne cesse de dire, ouvertement ou in petto « moi, je pense que… », sans expérience ni compétence. Dès la prime jeunesse, le malheureux enfant de démocrate, futur électeur et futur fossoyeur de la civilisation, apprend à l’école rousseauiste à étaler, à exhiber, son petit moi barbare et inorganique : son barbouillage de gouache ou d’aquarellepassera pour une œuvre digne de Michel-Ange, et les premiers mots qu’il jettera sur un papier relègueront Homère au musée des vieilleries. Ne connaissons-nous pas, quand nous visitons certains musées subventionnés, « l’humanité des cavernes » ?

Né de parents inconnus et mort célibataire, l’homme dénoncé par Renan restait encore un malheureux instruit. L’école moderne a fait de son successeur un sauvage. Saluons une fois de plus la qualité d’analyse d’un Maurras. Il est tellement intelligent, son esprit de déduction est tellement puissant qu’il nous semble un prophète.

Rangés derrière son autorité, formons-nous à sa méthode.

Gérard Baudin

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Doctrine : science politique et morale

Doctrine : science politique et morale

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Certains catholiques ont reproché à Maurras de substituer aux lois de la morale les lois purement physiques de la politique.

Le grief ne résiste pas à une étude impartiale de la philosophie de Maurras qui, loin de supprimer les valeurs orales, les remet à leur juste place.« L’infaillible moyen d’égarer quiconque s’aventure dans l’activité politique, c’est d’évoquer inopinément le concept de la pure morale, au moment où il doit étudier les rapports des faits et leurs combinaisons. Telle est, du reste, la raison pour laquelle l’insidieux esprit révolutionnaire ne manque jamais d’introduire le concept moral à ce point précis où l’on a que faire de la morale. Il a toujours vécu de ce mélange et de cette confusion qui nuisent à la vraie morale autant qu’à la vraie politique. La morale se superpose aux volontés ; or, la société ne sort pas d’un contrat de volontés, mais d’un fait de nature ». (Démocratie religieuse, p. 246)

Maurras précise encore cette idée dans un texte moins connu : « Pour savoir ce que le sujet doit faire, il faut savoir ce que sa nature le rend capable de faire, comment il est constitué. Avant d’aborder le devoir social, discipline des volontés sociales, il fait connaître la structure de la société… L’étude de la structure politique des États ou des Sociétés ne peut se confondre avec celle de l’action politique, l’action est un fait volontaire, donc sujet à la morale, la structure sociale participe de la nature des choses. Ceci subit des lois, objet de pure connaissance, cela reconnaît des règles qui, une fois définies, sont objet de confiance et d’obéissance ». (Préface du livre de J.L. Lagor, La Philosophie politique de saint Thomas d’Aquin, Paris, 1948)

Politique et Morale sont donc choses distinctes. La confusion est cependant régulièrement faite par les démocrates-chrétiens et les progressistes, qui en profitent pour recouvrir du manteau d’une morale abstraite leurs partis pris idéologiques. Un des plus grandes thomistes de notre temps, le R.P. de Tonquédec S.J. a rétabli les distinctions nécessaires :

Toute sociologie correctement bâtie et complète enferme plusieurs parties bien distinctes, irréductibles les unes aux autres. D’abord une partie purement spéculative, toute d’observation et d’expérience, où la morale n’a encore rien à voir, qui fournit au sociologue les matériaux, l’objet même de son étude ; les phénomènes sociaux, tels qu’ils se déroulent en faits ; « c’est ainsi que les choses se passent ». Puis, une seconde partie, où le sociologue, s’il est chrétien, ou simplementhonnête homme, appréciera et jugera lesdites phénomènes selon le bien et le mal qu’ils comportent ; et alors il dira le droit, formulera les principes qui doivent régler la conduite humaine dans le domaine social comme dans tous les autres : « il faut faire le bien évitele mal ». Cette intuition, est d’un tout autre ordre que ce qui la précède. Ce n’est pas la perception sensible, la collection des renseignementsextérieurs qui la fournit, mais une lumière intérieure ; celle qui luit dans une conscience droite. Avec elle se dessine une frontière qu’on ne peut absolument pas effacer. Prenons un exemple vulgaire. Un homme en frappe un autre. C’est là un fait patent qui s’impose à tous les spectateurs et sur lequel aucun dissentiment n’est possible. Mais celui qui frappe a-t-il raison ? a-t-il tort ? Est-il dans son droit ? Cela ne se voit pas avec les yeux, ne se décide point par la description de l’incident. Et là-dessus es avis pourront se partager (bien qu’un seul d’entre eux soit juste). En tout cas, il s’agit maintenant d’un jugement de valeur, d’une qualification morale du fait qui n’a rien de commun avec sa simple constatation.

Quant à la cause d’où proviennent en suprême ressortla bonté, la justice des actions humaines, quant à la Fin vers laquelle toute vie morale se trouve, de ce chef, orientée, ce n’est plus l’observation pure ni même cette intuition du bien et du mal, commune à toutes les consciences droites, qui peuvent la découvrir, mais le raisonnement métaphysique ou la foi religieuse. Si, dans sa partie préceptive, une sociologie complète doit tenir compte de ces vérités transcendantes, cela ne suffit pas à les assimiler à son objet propre. Elles lui sontextérieures et supérieures. Subordination n’est pas identité. À partir de l’idée du bien et du mal humains, on peut s’élever jusqu’à l’idée d’un Bien absolu, et d’un Législateur suprême, déduire l’une de l’autre, mais toute déduction suppose des termes divers et le passage de l’un à l’autre. 

De ces trois parties, la second e seule appartient à la morale. C’est là son domaine propre, située entre les deux autres. Elle reçoit de plus bas qu’elle, de l’observation des faits sociaux, la matière à quoi elle devra s’appliquer. Elle ne la crée pas : une autre l’a préparée pour elle et la lui offre. A l’inverse, c’est au-dessus d’elle qu’elle trouverasa source, son fondement et les titres de sa légitimité.

La morale ne recouvre donc pas le champ entier des sciences sociales. Affirmer une identité absolue, une coïncidence rigoureuse entre elles, c’est brouiller les espèces.

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Le dogme de l’antiracisme – entretien avec Pierre de Meuse

Le dogme de l’antiracisme – entretien avec Pierre de Meuse

           

 

 

 

Pierre de Meuse

Les éditions DMM viennent d’éditer un livre qui fera certainement date – il ne peut en être autrement ! -, Le dogme de l’antiracisme. Origine, développement et conséquences écrit par Pierre de Meuse, lequel s’est déjà remarquablement illustré lors de précédents ouvrages à l’instar de son Idées et doctrines de la Contre-Révolution (DMM) ou encore de son petit opuscule consacré à la famille, La famille en question. Ancrage personnel et résistance communautaire (Editions de La Nouvelle librairie). Pierre de Meuse a cette formidable capacité de s’attaquer frontalement à tous les sujets importants qui agitent notre société en y apportant des réponses, certes, inattendues, mais salutaires. La pensée contre-révolutionnaire revenant sur le devant de la scène, il nous permettra aussitôt d’avancer la question centrale : celle de l’holisme et du personnalisme, celle de la place de la doctrine chrétienne. La famille est attaquée et les conservateurs la défendent, certes, mais est-ce que le christianisme ne porta pas le premier coup à cette institution ? A l’heure où le racialisme revient dans les discours des indigénistes en même temps que l’antiracisme est érigé en dogme inattaquable – à la fois par la gauche et par la droite qui hurle au racisme anti-blanc -, il saisit le sujet à bras-le-corps et ne cède rien au politiquement correct. Pierre de Meuse a cette vertu rare de traiter des sujets les plus brûlants en ne cédant rien, ni à la pensée dominante, ni aux dogmatismes de nos écoles de pensée. Un livre à mettre entre toutes les mains.

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L’Action Française : Cher monsieur, merci infiniment de nous accorder cet entretien. La première partie de votre ouvrage traite du chemin parcouru. J’aimerais que nous commencions par une question simple : peut-on tracer en quelques lignes une histoire de l’antiracisme et du racisme ? Il semble aujourd’hui extrêmement difficile de définir ce qu’est réellement la race, le racisme et l’antiracisme. Est-ce que cette histoire permettrait de mieux définir ces termes ?

 

Pierre de Meuse : Il y a deux interrogations dans votre question. J’y réponds donc successivement.

Sur l’histoire du racisme. Si la discrimination est aussi vieille que l’être humain, parce qu’elle est une attitude propre à tous les groupes naturels et leur permettant de survivre, le racisme posé comme une science est un pur produit de la modernité. Il est en effet la conséquence directe de la propension de l’esprit postcartésien à vouloir fonder le monde en raison. Les anciennes sociétés étaient hiérarchiques et connaissaient une multitude de déterminations et de barrières acceptées sans que quiconque les discutât, prenant en compte la puissance, la place dans le système des rangs, la richesse, la confiance en soi (la grande mine), l’ancienneté, l’éthique, le degré de dépendance aux autres. Et, bien entendu, le phénotype, mais la race biologique n’était qu’un marqueur parmi bien d’autres. Cependant lorsque l’économie de traite se met en place et que les cultures coloniales emploient des milliers d’esclaves désocialisés, les philosophes des Lumières comme Kant, Locke ou Voltaire considèrent leur infériorité comme une évidence et leur servitude comme la suite inévitable de cette place au bas de l’« échelle humaine ». C’est de là que procède l’anthropologie raciale qui, dans sa forme la plus affirmée, aboutit à faire de la race biologique le moteur de l’histoire. Pourtant, l’esclavage n’est pas l’application de ces théories : les traitants qui achètent les esclaves aux roitelets islamisés d’Afrique ne voient que la disponibilité de cette main-d’œuvre et les revenus que leur apporte le trafic du « bois d’ébène » et ne cherchent pas à justifier leur commerce. La traite négrière va être interdite dès le début du XIX° siècle, puis progressivement l’esclavage lui-même. C’est alors que vont prendre naissance les attitudes racistes, qui sont, selon l’expression du Pr Dupuy, un réflexe émanant des classes de Blancs pauvres face à l’égalité imposée ressentie comme une agression. Surtout que ces populations ne voyaient dans les masses négro-africaines que des concurrents, car elles n’avaient jamais possédé d’esclaves. Ces attitudes sont donc une réaction de défense des « petits Blancs », dans une société où l’argent devient la seule source de discrimination sociale. Ici, je voudrais signaler que, dès le XVIII° siècle, on constate la présence dans l’administration coloniale française, aux Antilles et aux Mascareignes d’une méfiance pour l’extension de l’esclavage, avec la présence d’une population servile devenue largement majoritaire ; une situation propice aux insurrections sanglantes qui ne manqueront pas d’arriver à Saint-Domingue et à la Guadeloupe, à partir de 1791.

            J’en viens maintenant à la définition de la race, du racisme et de l’antiracisme, qui est l’essentiel de la question. Car il n’y en a pas ou plutôt il y en a beaucoup, qui sont toutes incompatibles les unes avec les autres. Race dérive de ratio, qui signifie catégorie, c’est pourquoi elle peut désigner les subdivisions animales au sein de la même espèce, un certain type d’homme (la race des entrepreneurs), ou une famille identifiable, par exemple une dynastie, une caractéristique culturelle (la race latine). Et bien entendu, la même variabilité se retrouve dans le « racisme », compliquée en plus par le degré et la nature de l’affect qu’on y imprime. Ainsi se trouvent taxées de racisme aussi bien l’hostilité que la simple reconnaissance d’une altérité ou même l’affirmation d’une simple identité collective dont on se sent dépositaire. Cette imprécision est extrêmement grave, et elle est à l’origine, nous le verrons, du caractère mortel du piège qui nous est tendu.

 

L’Action Française : Permettez une petite digression, quelle fut dans cette histoire la position de l’Action Française ? Comment assuma-t-elle la notion de race ?

 

Pierre de Meuse : Je crois que là, il faut formuler la chose de façon plus directe, car la réflexion personnelle de Maurras est essentielle et directive pour le mouvement. Maurras emploie sans cesse dans ses écrits le mot « race », ainsi que le mot « sang », et toujours de façon laudative ; mais il exprime aussi sa méfiance pour les théories sur les races humaines lorsqu’elles se présentent comme des sciences et qu’elles prétendent avoir inventé la pierre philosophale : le moteur de l’histoire. Toute sa vie, il suivra cette ligne de crête en justifiant sa position par deux arguments : celui de l’incertitude (les savants ne donnent pas d’éléments probants pour étayer leur hiérarchie des races) ; et aussi celui de la piété filiale : on ne peut pas suivre des gens qui mettent les Français à un niveau inférieur aux Scandinaves, aux Anglais, aux Allemands. Le premier argument est de l’ordre de la connaissance, le second de la volonté. La pensée de Maurras est toujours très structurée.

L’Action française : Selon vous, quel élément déterminant instaura l’antiracisme comme un dogme inattaquable dans nos sociétés ? Il semble bien, en effet, que si une seule chose paraît inconcevable dans l’esprit des peuples, c’est de toucher à cette vérité première : « je ne suis pas raciste, je ne reconnais pas l’existence des races ». Et, de fait, si l’extension des  lois antiracistes peut gêner ou agacer nos concitoyens, ils ne remettent jamais en question le fondement de ces lois. Qu’est-ce qui fonde si solidement cette doctrine ? Allons plus loin : il semble que ce soit même l’antiracisme qui fonde le principe plus général de l’anti-discrimination et non l’inverse. En effet, la plupart de nos concitoyens, s’ils ne sont guère à l’aise avec le principe de non-discrimination, ne s’élèvent pas contre certaines de ses applications mais ce, tant qu’il ne s’agit pas de discriminations racistes !

 

Pierre de Meuse : Je réponds à vos deux questions successivement. L’antiracisme existe depuis fort longtemps, mais il a pris sa forme inquisitrice et dogmatique avec l’effondrement du III° Reich. Ce que je dis est un peu enfoncer une porte ouverte, car François Furet a développé ce thème avec plus de talent que moi. Sur le plan de la pensée normative on assiste alors à la polarisation quasi-religieuse entre les idées du Bien (celles des vainqueurs) et les idées du Mal (celles des vaincus). Or la doctrine hitlérienne est fondée sur un bricolage racialiste issu d’un digest des anthropologues anglais et allemands. Donc plus on s’éloigne du pôle du Mal, plus on va vers le Bien. Tel est le réflexe conditionné que la pensée de Gauche a favorisé, puis exploité. C’est absurde, mais cela fonctionne. Et l’antiracisme fut alors inventé comme une machine rhétorique au service des idées de la révolution. En s’appuyant sur le fait qu’aucune définition rigoureuse n’était donnée (et ne devait l’être) du racisme, les ennemis de la France et de l’héritage européen reprirent le schéma de l’antifascisme, qui avait fait ses preuves, lorsque la loi Pleven fut adoptée, en 1972.

Il avait pour but de mobiliser le Droit pénal au service d’une ingénierie sociale qui permettait de déclencher une accusation redoutable à laquelle aucune réponse ne pouvait être faite, parce que cette accusation ne connaissait aucune limite. C’est pourquoi ceux qui croient qu’il est possible de se disculper en prouvant que, non, croyez-nous, nous ne sommes pas racistes, sont conduits à des reniements sans fin.

Je rappellerai un souvenir déjà ancien. Après la publication d’une petite Lettre ouverte que j’avais commise il y a vingt ans, Pierre Pujo m’avait admonesté en me faisant remarquer que Maurras et Mistral, lorsqu’ils employaient le mot race, ne lui donnaient pas le même sens que celui que nous entendons aujourd’hui. Ce à quoi je lui avais répondu : « Tu as parfaitement raison, sauf que l’antiracisme criminalise tous les sens du mot, sans exception. »

            Alors vous me demandez ce qui fonde cette « doctrine ». Eh bien c’est la terreur, tout simplement, et tout l’enchaînement de concessions qu’elle nous conduit à faire, sans aucun espoir de nous glisser hors de la troupe des vaincus. Tout soupçon d’hérésie sera férocement sanctionné, et à ce titre, l’antiracisme s’est approprié le dogmatisme et l’universalisme des grandes religions messianiques.

            Vous constatez que le principe de non-discrimination est moins efficace que l’antiracisme et vous avez raison, mais c’est parce qu’ils n’ont pas la même origine : celui-là est issu du libéralisme anglo-saxon alors que la matrice de l’antiracisme, c’est tout simplement le terrorisme humaniste révolutionnaire et sa machine à écraser toute résistance.

 

L’Action Française : In fine, quel est le projet antiraciste ? Pourquoi s’impose-t-il et quelles sont les volontés de ceux qui le portent ?

 

Pierre de Meuse :

Le projet antiraciste, c’est l’indifférenciation. C’est-à-dire une société où toutes les différences humaines auront disparu, et où il sera même interdit de les voir. Personne n’aura plus le droit de nous demander de qui nous sommes les fils.

Les sociétés n’auront plus de mémoire spontanée et on ne pourra recourir à l’héritage culturel reçu des ancêtres parce que nous n’aurons plus d’ancêtres et que la filiation sera devenue une obscénité ; d’ailleurs une série de lois est venue depuis 1972 réduire le sens et la portée des patronymes. Toute diversité culturelle aura disparu. S’y rejoindront le rêve libéral d’humains mus par leur seul intérêt totalement standardisé et le rêve babouviste de l’égalité absolue des hommes. Ce projet est bien entendu une utopie, et il est irréalisable, ne fût-ce que par le fait que les Européens – et les Américains du nord – sont les seuls à l’appliquer, mais il a déjà réussi à accomplir de nombreuses destructions. L’antiracisme a bénéficié aussi de la culpabilisation sans limite de nos nations. De surcroît, ce projet, comme toute idéologie déductive, est imperméable à toute perception de la réalité : ses échecs ne sont jamais attribués à l’inexactitude de ses postulats, mais à la duplicité des méchants qui lui sont insuffisamment soumis. Ainsi, alors que les lois antiracistes existent depuis cinquante-trois ans et n’ont pas cessé d’aggraver leurs peines, les partisans du woke affirment que leur échec est la conséquence d’une culture sous-jacente conduisant les Blancs à discriminer les racisés de manière semi-consciente. Autrement dit, on n’a pas assez sanctionné !

dogme antiracisme

L’Action Française : Votre deuxième partie traite de la réaction que nous pouvons avoir face à l’antiracisme. Ma première question est toute simple, les races existent elles et ont-elles un lien avec la culture d’un peuple ? Autrement dit, existe-t-il un lien entre nature et culture ?

 

Pierre de Meuse : Oui, les races existent, mais la perception en est culturelle. Les anthropologues et les biologistes au service de l’antiracisme passent leur temps à répéter que la notion de race humaine est fausse et discréditée. Ils énumèrent des marqueurs génétiques qui, disent-ils, sont communs à toute l’humanité comme le groupe sanguin, le trou occipital, la forme du crâne etc… Et constatent que ces marqueurs sont présents dans toutes les races. Par conséquent, assènent-ils, « les races n’existent pas. » Mais c’est une acception arbitraire de la race, qui cache en réalité une autre maxime : « les races ne doivent pas exister ». Car s’il existe des humains de race africaine ou asiatique qui ont les yeux clairs, par exemple, ils n’en sont pas moins extrêmement rares. Le résultat est que la race est perçue par celui qui en fait partie comme par celui qui appartient à une autre race et qui va lui attribuer un nom collectif. Ayant vécu douze années en Afrique, travaillant dans une entreprise en bonne entente avec les Noirs, je peux dire que j’étais identifié comme un toubab et qu’à aucun moment cette conscience ne nous a quittés, eux et moi.

            D’autre part, vous me posez la question de savoir si l’héritage racial détermine la culture des hommes. Eh bien je vous répondrai que je n’en sais rien et que les sciences n’ont pas apporté de preuve acceptable sur ce point, ni d’ailleurs sur le contraire. Ce qui est sûr, c’est que, contrairement à ce que pensaient les biologistes d’il y a cinquante ans, les prédispositions des hommes à l’égard des maladies, la durée de la grossesse, la résistance aux températures extrêmes et bien d’autres choses sont différentes selon les races considérées. Il n’est donc pas déraisonnable de penser que le postulat béhavioriste selon lequel l’esprit humain n’est qu’une table rase ne soit pas exact. En tout état de cause, la prudence devrait être la règle. Et, justement, puisque vous me parlez de nature et culture,

ne serait-il pas temps de relativiser cette frontière entre nature et culture. Car enfin la culture étant une production de la société reste un prolongement de l’instinct et ne peut se fixer pour but d’éradiquer cette même société. C’est un peu le problème devant lequel nous sommes placés. Revenons à Aristote qui disait que la société est un fait de nature et nous y verrons plus clair.

L’Action Française : Ceci étant dit, pourquoi est-il nécessaire que cette question revienne avec toute sa force dans notre débat politique et que les hommes politiques osent s’y attaquer avec courage ? Est-ce une question vitale pour la France ? Est-ce par essence, la seule question irréversible qui nous menace ?

 

Pierre de Meuse : Ne nous le cachons pas, l’antiracisme est une maladie mortelle de nos sociétés, car elle s’attaque à l’existence même des groupes humains. Elle est d’ailleurs une variante des idées fausses qui nous contaminent depuis le XVI° siècle. En combattant l’antiracisme, nous ne faisons que continuer la même guerre que nous menons depuis cinq cents ans, contre le même ennemi qui se cache derrière des masques différents. Et aujourd’hui, c’est la réalité de la France qui est menacée de dissolution imminente. Dans vingt ans, dix peut-être, les français de souche seront minoritaires dans leur propre pays. Et alors l’héritage capétien sera évaporé car nous ne serons plus un peuple. Nous aurons subi le sort de centaines de nations défuntes : Sybaris, la Phrygie, la Lydie, l’empire Inca, et tant d’autres ; et il adviendra des Français ce qui advint aux Caraïbes et aux Arawaks, c’est-à-dire la submersion et l’oubli de soi. Il nous manque deux choses pour nous y opposer efficacement : la mobilisation de notre volonté, qui est une vertu, et la chance. Celle-ci finira bien par tourner en notre faveur. Encore faut-il la saisir !

 

L’Action Française : Selon vous, dans ce combat, quelle doit être la place d’un mouvement comme celui de l’Action française ? De quelles armes disposons-nous ?

 

Pierre de Meuse : Nous disposons de notre esprit critique et c’est par là qu’il faut commencer. Car le système actuel repose sur le mensonge. Depuis vingt ans, le mensonge a pris des proportions inouïes dans nos sociétés, et c’est logique, parce que la philosophie qui les sous-tend postule qu’il n’y a pas de vérité, dans les grandes questions comme dans les petites : il n’y a que des « narratifs ». Notre rôle est d’ameuter le peuple contre les menteurs. Et le jour où les explications fournies par les « narrateurs » patentés deviendront invraisemblables aux peuples, nous aurons gagné.

 

L’Action française : Merci infiniment pour vos réponses !

 

Pierre de Meuse, Le dogme de l’antiracisme. Origine, développement et conséquences, Poitiers, DMM, 2024, 278 pages.

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Colonel Alain Corvez : qui sera le maître de la Terre ?

Colonel Alain Corvez : qui sera le maître de la Terre ?

Ceux dont l’amour de la patrie et l’admiration pour l’œuvre accomplie par leurs aïeux au prix d’efforts héroïques coulent dans le sang, vivent des moments tragiques, car ils savent que la technocratie supranationale veut faire disparaître ce qu’ils ont de plus cher, au profit d’une gouvernance européenne nivelant les particularismes nationaux -qui sont l’âme des nations-, et liée nécessairement à l’OTAN, c’est-à-dire aux États-Unis d’Amérique comme les traités de l’Union Européenne le stipulent formellement.

Ce nivellement présenté comme inéluctable par ses thuriféraires est répété par les médias aux ordres de la direction atlantique.

Voir depuis des années la France, qui était en pointe dans de nombreux secteurs de l’activité humaine, détruite progressivement par des dirigeants médiocres ou corrompus qui ne croient pas en elle et en son destin universel, et ne voient d’avenir que dans la construction d’une Europe supranationale dissolvant les nations, leurs cultures et leurs souverainetés, soulève le cœur de ceux qui s’y refusent et comprennent qu’aucune opposition sérieuse ne peut émerger d’une technocratie surpuissante qui se protège pour conserver son pouvoir par la corruption de tout l’appareil politique.

Imposer à chaque fois la Présidente de la Commission de l’UE quand la Chine invite la France ou vient lui rendre visite est un affront fait à ce grand pays nous honorant de son intérêt et une nouvelle marque de l’abandon de la France au profit de l’entité apatride de Bruxelles, tête de pont sur le continent de Washington. 

Pour ajouter à l’infamie, le Président français et la Présidente allemande de la Commission ont parlé anglais au Président chinois dans la palais de l’Elysée !

Ces soumis à la gouvernance mondiale exécutent les plans diaboliques de destruction des atouts et des richesses multiples qui ont fait de la France, une des plus anciennes nations du monde, moteur central du monde gréco-latin- chrétien bâtisseur de la plus grande civilisation que le monde ait connue- d’après Malraux- berceau accueillant des artistes du monde entier et centre rayonnant de la pensée humaniste universelle, enfin, de nos jours encore grâce au Général de Gaulle, détentrice du feu nucléaire «  qui rend invulnérable », d’un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, et du plus grand domaine maritime mondial.

Pour les Etats-Unis, le retour de ce rôle singulier de la France serait une catastrophe : une Europe de nations souveraines coopérant entre elles et avec la Russie- un retour du projet gaulliste en quelque sorte- ruinerait leur domination du continent par le biais d’une UE soumise sous le parapluie nucléaire américain.

Pourtant nombreux sont-ils, sans doute majoritaires, qui revendiquent cet héritage, mais écrasés par un système oligarchique possédant financièrement les principaux médias et muselant leur parole.

Cette oligarchie financière basée à la City de Londres et à Wall Street de New York, a progressivement subjugué l’Europe de l’Ouest avec le plan Marshall de l’immédiat après-guerre, 

( voir l’excellent ouvrage de l’historienne Annie Lacroix-Riz : «  Les origines du Plan Marshall et «  La République des imposteurs » et « L’ami américain, Washington contre de Gaulle 1940-1970 » de l’historien Eric Branca, )

puis, après l’effondrement de l’Union Soviétique, l’ensemble du continent, dont elle contrôle désormais toutes les arcanes administratives, sociales, politiques, possède tous les médias qui n’informent plus mais diffusent la propagande visant à perpétuer cette domination. Toute la classe politique européenne est désormais soumise dans une obéissance servile à cette oligarchie qui s’enrichit de toutes sortes de trafics en faisant croire qu’elle lutte contre eux.

( voir à cet égard le livre de Jean-Francois Gayraud «  La mafia et La Maison Blanche » ainsi que « L’art de la guerre financière » et ses autres études qui documentent cette prédation mafieuse. Voir aussi Henri ROURE «  Dieu n’a pas béni l’Amérique » )

On voit des hommes brillants et cultivés trahir leurs convictions pour « faire carrière » et adopter les perversions morales que l’oligarchie promeut, ou, au minimum, s’en accommoder. Écartés par des complots mafieux sont ceux qui présentent des programmes patriotiques et proposent de remettre les choses à leur juste place.

La démocratie a été pervertie, ses tares fondatrices décrites par Tocqueville dans son observation de la jeune Constitution américaine, vers 1835, ayant subverti les systèmes politiques occidentaux. ( voir ci-dessous ). Il en résulte que seule une étincelle venue de l’extérieur sera susceptible de provoquer le coup de force qui remettra à leurs justes places les valeurs saines, sans doute de façon tragique.

Mais cette révolution européenne est inéluctable car elle est aussi «  un impératif catégorique »qui, tôt ou tard, rétablira les équilibres stratégiques logiques : l’Est et l’Ouest du vieux continent n’ont aucune raison de se menacer; l’Ukraine ne doit pas être la plate-forme anti-russe que l’Otan a constituée, provoquant l’intervention militaire russe devant le refus des négociations stratégiques demandées face à cette menace existentielle. La solution à la crise de Cuba en octobre 1962 par le respect des intérêts légitimes des deux blocs est l’exemple à suivre : la sagesse a évité la guerre et de nombreux morts. 

La destruction de l’œuvre du Mal qui imprègne toutes les sociétés occidentales ne peut se faire dans un processus électoral classique, biaisé avant même le scrutin, notamment par des sondages manipulés.

Nietzsche, qui annonçait à tous que sa pensée fulgurante ne serait pas comprise avant au moins cent ans, vers la fin de sa période productrice, à Siels-Maria en 1886, s’est interrogé avec insistance dans « Par delà le bien et le mal » sur :

Qui sera le maître de la terre ?

Et de passer en revue les Français épuisés par le socialisme, les Anglais, inintelligents, les Allemands, incapables. Il s’arrête un instant à vanter les avantages d’un métissage d’aristocrates prussiens et de femmes juives, mais il aurait plutôt confiance dans les possibilités non encore exploitées de la race russe .

Acceptons en l’augure : il se pourrait bien, en effet, que la chrétienté orthodoxe russe devienne le phare de la chrétienté globale, accomplissant par là les prédictions de Dostoeïvski – à peu près à la même époque -dénonçant l’attirance du Vatican pour « les idées du siècle », remettant à l’honneur les valeurs fondamentales qui fondent les civilisations, celles de la famille et de la dignité humaine.

Joint au respect des usages, de la tradition et des Anciens propre à la sagesse confucéenne chinoise, au sens de la transcendance chiite éprise de justice et en attente du Messie salvateur, ce corpus culturel et spirituel pourrait constituer le socle sur lequel la Russie, la Chine et l’Iran s’allieraient pour remettre de l’ordre dans les affaires du monde.

Chers amis Étrangers, il vous faut comprendre que la vraie France n’est pas celle des chaînes de télévision ni de ses représentations officielles, toutes entre les mains de l’oligarchie financière mafieuse.

Le peuple français a gardé son bon sens et ses racines culturelles et les manifeste sporadiquement dans des contestations corporatives indépendantes quand l’essentiel vital est menacé , car beaucoup des syndicats ont aussi partis liés avec le système mafieux; mais il a gardé le sens du destin commun, dans les villages et plus généralement en province.

Dans une bonne armée bien entraînée au combat il faut des chefs et des soldats liés par une confiance réciproque, chacun accomplissant sa tâche à sa place, comme il faut des ouvriers, des agriculteurs, des cadres et des dirigeants qui se portent un mutuel respect pour l’emporter sur les défis du progrès, dans la solidarité et la mise en commun des divers talents, chacun apportant sa pierre et son intéressement au succès de l’entreprise. En 1969, la classe capitaliste de l’époque, lassée des exigences du Général de Gaulle de souveraineté nationale, et surtout de participation des employés aux bénéfices de l’entreprise, l’a chassé du pouvoir.

Les différends mondiaux inévitables doivent se régler par la discussion et la diplomatie entre partenaires souverains respectueux.

La France et la Russie doivent naturellement coopérer, c’est un « impératif catégorique », au sens d’Emmanuel Kant, comme Chateaubriand et de Gaulle l’ont rappelé, quelles que soient les circonstances.

Dans le sillage de de Gaulle, la Chine et l’Iran doivent aussi être des partenaires privilégiés de la France, dans le respect des différences culturelles et dans l’intérêt mutuel. Une grande politique mondiale de la France en Europe, en Orient -Moyen et Extrême – doit s’appuyer sur les réalités géopolitiques. Notre héritage culturel au Liban et en Syrie, de même que nos possessions en Indo-Pacifique doivent nous imposer une coopération de bon voisinage avec la Russie, l’Iran et la Chine.

 Sans oublier de « marchemos la mano en la mano », « marchons la main dans la main » avec l’Amérique Latine. 

Colonel Alain Corvez 

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